Quelque part en elle, bien que la franco-coréenne avait la gentillesse de la rassurer, Abigail ne cessait de sentir mal de devoir faire porter sur leurs épaules, son fardeau. Le fardeau qu’elle avait prit soin, sans en avoir complètement conscience, de forger pendant des années et des années, seule – ou presque – dans son coin. Elle prit une grande respiration pour reprendre ses esprits avant de lever les yeux droits devant elle, Greedy dans son champ de vision.
Des gravats tombèrent non loin de là. En plus de briser le silence qui s’était instauré entre tous les membres du groupe, le son provoqué par la chute fit sursauter Abigail qui, vivement, se tournait vers la provenance du bruit. Lentement, elle déglutit, laissant ses yeux dériver sur les bâtiments qui se trouvaient autour d’eux. Non loin de là, alors que Greedy informait la position, la scientifique à la chevelure de feu vit une vague de pauvres gens contaminées déferler sur les rues détruites de la ville qui, autrefois, fut prestigieuse. Ne sachant pas manier l’arme aussi aisément que ses partenaires, Abigail ne savait que faire. Elle ne voulait tout de même pas prendre le risque de blesser physiquement ses compagnons. Tout de même, elle tirait de l’étui son arme à feu pour la tendre vers les infectés. Ses yeux passèrent des contaminés sur Soo-Yun et son ami qui, aisément, tiraient et tuaient avec facilité
Comme l’avait ordonnée Soo-Yun, elle n’avait pas bougé d’un poil ! Elle était restée plantée sur place, l’arme pointée vers la cascade de chair pourrie, un index sur la détente, les yeux vagabondant. Malgré son envie, elle ne parvenait pas à se mouvoir, pas même à changer de position. C’était la première fois, depuis le début de la contamination, qu’elle voyait autant de zombies d’un coup. Abigail fronçait les sourcils en se demandant combien de contaminés se trouvait dans le bâtiment. Puis, elle sentit la tristesse l’envahir. Peut-être aurait-elle pu sauver ces personnes en trouvant un remède. Le jour où elle trouverait ce remède, des centaines voire des milliers de gens seraient morts alors qu’ils auraient pu avoir encore la vie.
Pendant un moment, Abigail restait comme figée. Ses idées utopiques ne parvenaient pas à lui faire appuyer sur la détente. Si elle avait songé qu’il ne s’agissait qu’un amas de chair en putréfaction sans vie réellement, elle n’aurait sans doute pas eût autant de mal à tirer. Pendant tout le temps de l’assaut, elle gardait la même position jusqu’à ce que Soo-Yun et Greedy la sortirent de sa torpeur.
Elle sursautait se les regardait pendant quelques secondes, les yeux exorbités, clignant plusieurs fois des yeux comme si elle tentait de réaliser ce qu’il venait de se passer. Elle baissait ensuite la tête et posait la main sur son front puis se frotta le visage en s’excusant de ne pas avoir tirer. La femme regardait son arme et la glissait ensuite dans son étui rapidement en gardant le silence. Elle attendit que tout le monde fût prêt avant de reprendre leur route, ils ne devaient pas rester là s’ils ne voulaient pas avoir affaire à d’autres infectés qui pourraient débouler de n’importe où.
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La maison d’Abigail, ou plutôt la maison dans laquelle la mère d’Abigail avait vécu et y était morte, était maintenant devant eux. Ils étaient tous les trois face à un grand portail vert en ferraille qui tombait en lambeau. À moitié étendu sur le sol, les pics légèrement en l’air, il semblait avoir été forcé pour que quelqu’un pût entrer. Désespérée, Abigail soupirait longuement avant de les inviter à entrer d’un geste de la main.
Lentement, elle enjambait les détritus que des visiteurs avaient sûrement laissé, des herbes sortaient d’entre le pierres qui servaient de chemin en direction de la porte d’entrée maintenant inexistante. Autrefois, il y avait ici une grande porte en bois massif avec un grand verre coloré au milieu. La jeune femme rousse soupira et finit par entrer dans la dernière demeure de sa mère.
Comme des doigts pointés vers elle pour appuyer sur sa culpabilité, elle revivait les derniers souvenirs qu’elle avait de sa mère. Quand elle était partie de la maison comme quand elle était revenue, c’était des mauvais souvenirs. Lentement, elle marchait dans le long couloir qui donnait sur une porte vitrée cassée pour la cour arrière, là où se trouvait l’arbre qu’elle avait dédiée à sa mère. Elle jetait un rapide regard à sa droite dans la cuisine dont les meubles ensanglantés tombaient en ruine. Elle soupirait en posant une main sur la rampe et le pied sur la première marche qui grinça. Elle se tournait ensuite vers Soo-Yun et Greedy.
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Je ne sais pas s’il y aura quelque chose mais à la porte juste à votre gauche là, il y a un bureau. En face de la porte, derrière le bureau, il y a un cadre de mon arrière-grand-mère et un coffre-fort. Ma mère y cachait des médicaments, de l’argent et de la nourriture dedans, elle se préparait toujours à une guerre, je la trouvais parano… Mais, maintenant, je me dis qu’elle avait complètement raison… Encore une fois… Si jamais vous pouvez regarder s’il reste quelque chose, ça pourrait toujours être utile… Le code est 2202.Elle leur offrit un sourire sans préciser la raison de ce code puis elle montait à l’étage faire quelques recherche, espérant trouver des choses qui pourraient leur être utile. Ensuite, quand elle aurait récupérer tout ce dont ils auraient peut-être besoin, elle pourrait aller « embrasser » sa mère avant de repartir pour le centre dans ses travaux dont elle ne voyait pas la fin.
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