Dead Air | Stephane

Dead Air

Soo-Yun détestait le manque d'effectif qui régnait au sein de l'Espoir. Tout le monde, les militaires, ils avaient tant de choses à faire chaque jours qu'il était difficile de laisser les soldats se reposer un tant soit peu. Elle venait de finir de se préparer et de quitter l'armurerie, ses chaussures solidement lacées, ses sacoches pleines de munitions, ses armes chargées, un petit sac à dos tactique, quelques fumigènes et une radio pour les choses les plus importantes. Ce jour s'annonçait déjà très difficile. Le centre était peut-être doté de générateurs puissants pour fournir de l’électricité de manière stable et pour faire continuer de travailler les scientifiques, le carburant commençait à se rarifier. Ils ne restait plus énormément d'endroits où en trouver sans quitter la capitale. La décision avait été prise d'orienter les recherches vers l'aéroport.

L'un des pires endroits où se rendre, entre autre.

Soo-Yun venait d'enfiler son bonnet et d'ajuster ses lunettes sans verres et se rendit vers l'entrée du centre, pour rejoindre le reste de l'équipe. Pour cette mission la militaire avait en plus de son fusil de sniper une mitraillette MP5 au lieu d'un simple pistolet. Ce n'était pas son arme de prédilection mais il faudrait faire avec. Sortant, elle retrouva immédiatement Greedy armé de son Famas ainsi que l'un des autres soldats de l'escouade de cinq hommes qui devrait partir. Elle en était la seule femme, comme presque toujours. Elle ne connaissait pas bien l'autre soldat présent, un certain Stephane, ce qui était sûr, c'est qu'il était immense.

- On va encore passer une bonne journée tiens.. commenta Greedy en voyant Soo-Yun approcher, histoire de faire la conversation.

Sa tentative fut un échec, Soo-Yun ne répondit rien du tout et se contente d'attendre. Elle avait hâte de partir pour en finir. Pour une fois, Greedy sembla plus ou moins compréhensif et ne chercha pas à ajouter quoi que ce soit. Le canadien devait être tendu lui aussi, l'aéroport était devenu un véritable charnier quand l'épidémie à sérieusement éclaté et que tout le monde avait tenté de fuir par avion.
Aujourd'hui encore la majeure partie d'entre eux y étaient encore. Tout comme des appareils cloués au sol, certains en parfait état et d'autres calcinés après un des incendie ayant éclaté, ou alors d'autres qui s'étaient écrasés. Rien que la route pour s'y rendre serait une épreuve à surmonter..

Codage par Libella sur Graphiorum

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L'escouade n'eut pas longtemps à attendre les deux derniers soldats pour enfinse retrouver au complet. Soo-Yun les connaissait tout aussi vaguement que Stéphane, mais comme pour tous les autres militaires du centre, elle avait confiance en eux et n'hésiterait pas à confier sa propre vie à chacun de ces hommes. Bien sûr, ce serait tout de même mieux qu'elle n'ait pas à le faire et qu'elle garde ce monopole, mais tout pouvait arriver. Très vite. La seule femme du groupe était même certaine qu'il allait y avoir un certain nombre d'embûches pour cette mission et que c'était peut-être l'une des missions les plus dangereuses, sinon la plus dangereuse qu'il lui eut été donné d'accomplir.

La route pour l'objectif était plutôt longue, mais elle ne poserait aucun véritable problème en toute logique. Il fallait traverser une bonne partie de Paris à pieds, mais les soldats avaient l'habitude de ces terrains. Ils savaient contourner les menaces, évaluer les situations, trouver des routes de secours, des détours, des raccourcis. Il y avait même la possibilité de croiser des survivants amicaux sur la route. Le vrai challenge allait résider dans la partie principale, l'aéroport. Les soldats étaient entraînés au combat confiné, en intérieur, mais on leur avait toujours fortement déconseillé de se rendre dans des bâtiments infestés. Lever cette consigne du jour au lendemain ne rassurait personne. Surtout pas Soo-Yun qui excellait dans le combat à distance, pas dans le corps-à-corps.

Personne ne semblait avoir été désigné comme chef de groupe, ou alors cette personne ne s'était ps manifestée. Soo-Yun serait la dernière personne à vouloir se retrouver avec cette responsabilité.

L'escouade avançait rapidement mais silencieusement. D'une part pour éviter d'attirer l'attention des contaminés, d'autre part à cause du trac, très certainement à cause du trac, surtout. Au bout d'une demi heure, Greedy se racla la gorge et décida de rompre le silence.

- Quand on arrivera là-bas, je suggère qu'on évite de canarder à tout va, n'est-ce pas ? Sauf si certains d'entre vous ont des suppresseurs sur leurs armes.. J'en ai un sur mon arme de poing, mais c'est tout. Vous ?

- J'en ai deux. La MP5 et le fusil. rétorqua-t-elle.

C'était à croire qu'ils voulaient qu'elle prenne tous les risques, au QG du Centre. Enfin, après il y avait Wilfox qui lui n'avait absolument aucune arme à feu. Ce qui le rendait particulièrement efficace pour cette mission en intérieur, tant que le nombre de contaminés restait faible et qu'il était couvert par les autres.

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Soo-Yun avait balayé du regard le reste de son escouade pour se rendre compte de qui était équipé d'un silencieux ou non. Bien vite, elle s'était rendue compte que si on oubliait Wilfox qui n’était équipé d’aucune arme à feu, elel faisait partie des deux seuls soldats capable de se débarrasser d’infectés de manière silencieuse. Même si les tirs d’armes avec un suppresseurs étaient toujours audibles dans un certain rayon, et que les infectés pouvaient les entendre et s’y intéresser cela restait largement moins dangereux que de tirer sans. Les ondes se répercutant partout en intérieur surtout, un coup de feu dans l’enceinte de l’aéroport et leur position serait compromise. Un peu comme donner un grand coup de pied dans une ruche d’abeilles. Ruche dans laquelle ils se trouveraient même déjà. Stéphane avait justement fait part de son intention d’être le fer de lance de l’opération grâce à son arme de corps à corps. Tant mieux, pensa la franco-coréenne, tant que ce n’était pas elle.

Soo-Yun l’aurait fait, s’il avait fallu que ça lui tombe dessus. Mais elle ne se serait pas proposée, et elle n’aurait guère plus apprécié de se retrouver en queue de file. Couvrir les arrières c’était son domaine, mais de loin. Généralement elle était en sécurité, elle. Seule. Dans une pièce barricadée par ses soins ou sur un toit accessible par une échelle, ou une lourde porte de sécurité. Elle n’avait pas besoin de garder un oeil dans son dos pour les contaminés. Là, il faudrait le faire. En plus de ça, il aurait fallu surveiller tous les autres ? Très peu pour elle. La militaire se sentait plus à l’aise et à sa place au centre du groupe, parmi les autres. Chacun surveillant les arrières des autres. Elle se savait couverte et c’était une bonne chose, rassurante.

Sans trop de peine, le groupe arriva au abords de l’aéroport. Soo-Yun frémit presque en apercevant le bâtiments dégradé et laissé à l’abandon depuis bien longtemps par les vivants. L’endroit puait la mort, l’ambiance était terne, oppressante, aucun animal ne semblait présent dans les décombres et les alentours. Pas un rat, pas un pigeon, et dieu savait qu’ils étaient nombreux ceux-là dans le reste de Paris.. pas non plus un aboiement , rien. Juste de lointaines plaintes de morts-vivants errants. Le groupe s’immobilisa et Stéphane s’occupa d’établir une marche à suivre que le reste du groupe écouta sans discuter. Le plan était plus que simpliste, mais plein de bon sens. Le bâtiment principal, en plus d’être un charnier sans nom, devait être une véritable bombe à retardement quant au nombre de morts piégés à l’intérieur. De plus, il ne devait pas y avoir grand chose d’utile là-dedans. A l’extrême limite dans les quartiers de la sécurité, peut-être quelques armes intouchées, des munitions, peut-être que l’armée française avait essayé de s’y établir, peut-être restait-il quelque chose.. Mais clairement pas assez pour justifier les risques qu’ils devraient prendre pour y entrer.

Atteindre les hangars par les pistes était une riche idée et Soo-Yun acquiesça.

D’un seul homme, l’unité se remit en marche après quelques précautions de camouflage. La militaire n’avait jamais vraiment jugé utile de masquer son odeur mais pour le coup, il n’y avait rien à perdre à essayer.

L’accès en question n’était pas très loin. Mais déjà, le nombre d’infectés dans le secteur étant croissant. C’était mauvais. Dégager la voie sans coup de feu s’annonçait compliqué mais pour le moment, tout le monde parvenait à faire profil bas et aucune erreur ne fut commise. Les mains de la femme étaient crispées sur sa mitraillette.

Aux abords de l’accès, Soo-Yun repéra par dessus les épaules des deux hommes devant elle des traces de présence militaire passée. Il y avait des barrières, des véhicules blindés couverts de poussières et de douilles vides, une arme montée semblant inutilisable, et une marée de cadavres criblés de balles sur lesquels ils marchaient déjà presque. L’armée avait tenté de tenir, mais le flot constant de contaminés avait dû finir par avoir raison d’eux. Le spectacle devait être cent fois pire aux portes principales de l’aéroport.

- Oooh, moi j’aime pas ça.. commenta Greedy d’une petite voix.

- Tais-toi. rétorqua la militaire.

Partout autour d’eux, les contaminés se mouvaient, hagards. Certains les voyaient, beaucoup, mais ils n’avaient pas encore réalisé qu’ils regardaient des gens saints. Elle avait peur qu’ils ne s’en rendent compte, dès que l’un d’eux s’en serait rendu compte, tous les autres suivraient sans même comprendre.

Il suffisait que tout le monde garde son calme. Le bruit agaçant du métal des douilles vides au rythme de leurs pas n’aidait pas à rester discrets. En plus, Soo-Yun commençait à voir ce qu’elle détestait le plus au monde, des soldats français infectés. Certains portaient même encore leurs fusil en bandoulière.

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En faisant attention, on devrait pouvoir passer sans attirer l’attention, avait-il dit. Tout se passait selon le plan au départ, deux infectés mis hors d’état de nuire dans les plus brefs délais, les trois suivants étaient bien partis pour suivre le même sort mais comme Soo-Yun s’y attendait, quelque chose se mit à clocher et le plan tomba à l’eau. Ce n’était nullement la faute de Isaac, même si en soit c’était son arme qui était tombée. Mais il fallait reconnaître que si ça n’avait pas été lui, ça aurait été quelqu’un d’autre. L’un des autres membres du groupe aurait forcément provoqué une réaction en chaîne involontairement et attirant les autres infectés. Cela aurait pu être plus tôt, comme cela aurait pu être quelques minutes plus tard. La femme aurait bien sûr préféré que ça n’arrive le plus tard possible, mais bon.

Le cri rauque, semblable à une plainte pleine de rage lancé à l’unisson par les contaminés la fit frémir. Il se répercuta pendant quelques secondes et raisonna. D’autres avaient forcément dû l’entendre et même s’ils ne savaient pas pourquoi, ils étaient sans doute en chemin. Il fallait faire vite.

Wilfox sembla le comprendre, ça, mais ne l’interpréta pas de la même manière que Soo-Yun. L’homme se rua sur le premier infecté venu pour l’éliminer. Le fait qu’il n’avait sur lui aucune arme à feu sortit un instant de la tête de la militaire. Elle était déjà sous pression, le nombre d’infectés alentours était totalement inconnu et ça ne lui plaisait pas, d’autant plus qu’elle n’était pas en couverture, elle était dans la mêlée. Réfléchissant vite, la tireuse d’élite leva son arme d’un geste vif et assuré malgré le manque d’entraînement aux armes automatiques et abattit d’une courte rafale ce qui autrefois semblait être un pilote ou alors un stewart. Son vêtement sale et en lambeau ne lui permettait pas d’en être sûre.

En plus, elle s’en fichait.

Greedy avait lui aussi troqué son Famas pour utiliser son pistolet équipé d’un silencieux. Stéphane avait bien compté, il y en avait neuf à proximité immédiate, mais certainement le triple, voire pire, en approche. Malgré l’étouffement des tirs, dans le calme ambiant tout ceux sur un rayon de cinquante mètres avaient définitivement entendu la bataille éclair qui venait d’être livrée.

- Il faut qu’on change de position et vite. Dans trois minutes cet endroit va grouiller de monde, et quand ils se disperseront ça sera pire encore. déclara Soo-Yun, la tête froide.

Elle ajusta ses lunettes dénuées de verres. Entendant déjà les premiers contaminés sur leurs traces. La femme reprit la direction indiquée plus tôt au moment de l’élaboration du plan, Greedy était juste là derrière elle. Les autres probablement très proches aussi. Ce qui comptait pour elle à ce moment précis était de prendre une distance de sécurité. Les infectés arriveraient et ne trouveraient rien. Ils se disperseraient vite, ou alors ils resteraient en meute pour traquer l’origine du son. Dans les deux cas, mieux valait éviter de rester sur zone. La militaire longea le mur. Franchissant les barrières des soldats laissées à l’abandon. Finissant par arriver à un angle, elle se colla méthodiquement au mur et se pencha, la voie était certes libre d’infectés à proximité immédiate mais elle en voyant un bon nombre un peu partout les pistes. Pourquoi ? Elle découvrit que sur la plupart des pistes un camp avait été érigé, probablement ce que les soldats avaient cherché à défendre. Un petit avant-poste militaire, des tentes, certaines encore debout, il devait y avoir une infirmerie de fortune pour les soldats blessés, un centre radio, très certainement armes et munitions, mais surtout un gros paquet d’infectés entre eux et ce fameux camp.

Dont certains qui arrivaient à pas lents à cause des sons. Soo-Yun l’indiqua d’un geste de main.

- Ces pauvres gars.. commenta Greedy, imaginant probablement le bain de sang qu’avait dû être cette zone à sa chute.

Le nombre de corps jonchant le tarmac était conséquent. Et plus loin, beaucoup plus loin, un avion laissé à l’abandon, et bien sûr plusieurs hangars promettant carburant en quantité. Leur objectif primaire.

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La tranquillité relative qui s’était établie sur la zone venait tout juste d’être perturbée par la voix de Wilfox. Ce dernier avait remarqué quelque chose pouvant arranger un peu tout le monde. Soo-Yun, tout du moins. Même si le début n’avait pas été très encourageant, l’idée de se séparer déplaisait toujours à la militaire, sauf lorsqu’il expliqua le fond de sa pensée. Elle remarqua l‘échelle, analysa un peu l’idée et hocha la tête. L’air déterminé, se sentant finalement dans son élément. Sur le front mais en arrière, en couverture derrière la lunette de son fidèle fusil de précision.

- Je seconde cette proposition. Je n’aurais besoin que d’une personne pour assurer mes arrières, depuis là haut j’aurais une vue quasiment parfaite sur tout ce terrain, cependant si je suis amenée à tirer ne serait-ce qu’une seule fois, il faudra agir vite, je n’ai pas de silencieux. expliqua la tireuse d’élite.

Greedy semblait lui-même visiblement rassuré à l’idée d’être sous la protection de Soo-Yun, il avait confiance en ses capacités plus qu’en n’importe qui. La seule chose qu’elle ne pourrait évaluer avec certitude serait l’intérieur des bâtiments, pour ça ils seraient probablement moins enclins à recevoir de son aide, mais ça pouvait se jouer grâce aux fenêtres. Elle s’adonna à régler sa radio sur la bonne fréquence et somma à l’un des deux frères de la suivre pour monter sur le toit. Avant tout, elle jeta un regard bref à Stéphane et sa hache. Finissant par porter une main sur la bandoulière de sa mitraillette pour se préparer à la passer machinalement par dessus son épaule pour la retirer, elle ajouta.

- Je n’aurais pas besoin de ça là-haut, ça vous sera certainement plus utile. Attention au recul, la cadence est fourbe. précisa-t-elle d’une voix neutre.

Ceci fait, elle s’accroupit pour ouvrir l’une de ses deux sacoches de munitions pour son arme secondaire et extirpa plusieurs chargeurs pour les lui tendre de quelques mouvements rapides et précis. Reproduisant la même chose avec sa seconde sacoche, elle se sentait déjà plus légère sans cette arme, et sans ces munitions encombrantes. Le grand soldat avait un drôle d’air avec une arme aussi petite à sa disposition. Sans perdre davantage de temps Soo-Yun commença son ascension de l’échelle, suivie de près par le prénommé Isaac. Il ne lui fallut pas très longtemps pour arriver jusqu’à une position au bord du toit qui lui parut favorable. Elle s’y allongea rapidement, mais précautionneusement, préparant les chargeurs de son fusil de précision sur le côté, déployant son bipied, au final, à peine trois minutes de préparation avant qu’elle ne prenne sa radio en main.

- Nous sommes en position, rien d’alarmant pour le moment, faites attention là-dessous, terminé.

La militaire se sentait de nouveau respirer à pleins poumons depuis son nid de sniper. Sa vision surplombant tout ce qui se trouvait face à elle, rien ne lui échappait, aucune donnée ne lui était inconnue ou presque. Tout ce qu’elle aimait.

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Greedy était un homme doté d’un courage exemplaire, avec un mental d’acier à toutes épreuves, certes. Mais il n’était pas suicidaire et complètement stupide, alors plus ça allait, plus cette mission là commençait à lui apparaître comme étant une opération suicide. En plus de potentiellement perdre cinq de leurs effectifs, l’Espoir n’aurait pas une goutte de carburant à disposition. Cependant, il suivrait les autres peu importe où ils iraient, sous aucun prétexte Greedy ne se sentait capable d’abandonner quiconque à un aussi triste sort et de juste tourner les talons pour préserver sa propre vie. Dès l’instant où le canadien pénétra le vaste hangar sa gorge se noua, tout d’abord à cause de l’odeur épouvantable de renfermé, de mort, de décomposition et de carburant. Toutes ces odeurs mêlées ensemble ne se mariaient pas forcément très bien.

Le premier réservoir atteint sans encombres, c’était lui qui s’était emparé du premier jerrycan qu’il avait pu trouver et il ne leur fallut que quelques secondes pour récupérer du carburant. Trop peu, évidemment. La pompe avait tout de même fait un peu de bruit perturbant le silence global du hangar, mais par chance le son se réverbérant partout à l’intérieur les contaminés ne semblaient pas capables de localiser leur position exacte. Cela les avait seulement excités un peu, sans plus. Malheureusement la quantité de carburant récoltée était très loin des besoins de l’Espoir. Stéphane ne tarda justement pas à en faire part aux deux soldats postés en surveillance. Par la même occasion, il demanda un briefing sur leur situation.

Là-haut, Soo-Yun avait eu tout le temps de contempler les mouvements des groupuscules de contaminés les plus proches et les plus actifs. Certains s’étaient lentement éloignés, devenant de moins en moins menaçants, mais d’autres erraient sans but réel jusqu’à eux. Pas directement, pas comme s’ils les avaient repérés ou entendus, mais ils vagabondaient par là et c’était déjà trop pour elle. Cela ajoutait environ vingt à trente hostiles potentiels sur les bras. En plus, elle ne pouvait rien y faire, un seul coup de feu et c’était tous les infectés sur un rayon d’au moins un kilomètre et demi qui seraient sur leurs traces. Le message de Wilfox lui parvint et la militaire quitta la lunette du regard pour porter la main à sa radio à son tour.

- Rien d’urgent à signaler. Il y a seulement plusieurs contingents de contaminés qui s’approchent de plus en plus. Je vous donne environ.. Dix minutes, avant que vous ne soyez obligés de sortir par la force si ces choses continuent leur approche. Peut-être moins. dit-elle d’un ton monotone qui ne trahissait absolument pas son anxiété.

Un petit détail lui revint alors, détail qu’elle avait repéré lors de sa surveillance juste avant que le message radio ne lui parvienne.

- Aussi, je ne sais pas ce que ça vaut mais il y a un camion citerne laissé totalement à l’abandon, plus loin, au pied d’un des avions cloués au sol là-bas sur le tarmac. Il devait probablement ravitailler ce dernier avant son décollage mais puisqu’il est encore là.. Il reste peut-être assez de carburant. Le secteur autour du camion est complètement dégagé, Isaac s’est proposé d’y aller mais je voulais avoir l’accord de tout le monde avant ça. A vous. ajouta-t-elle.

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La tireuse d’élite et son équipier du moment échangèrent un regard après la réponse approbative du reste de l’escouade. Tout le monde avait envie de rentrer au centre de recherches en un seul morceau, bien évidemment. Soo-Yun avait seulement presque oublié que deux frères étaient dans cette équipe formée à la va vite. Peut-être pas la meilleure décision qui soit, après tout. Si l’affectif prenait trop de place dans la mission, tout pouvait vite tourner au désastre pour diverses raisons. Il suffisait que l’un des deux soit en difficulté pour que l’autre ne réagisse pas avec le sang froid qu’un soldat expérimenté se devait de fournir. La femme le comprendrait, bien entendu. Elle avait tenu bon dans un appartement en plein Paris contaminé avec sa mère de 84 ans et sa soeur cadette. Elle avait fait le deuil de sa mère après la chute des bombes mais n’avait pas quitté la capitale, sa soeur étant trop faible pour franchir les barrières des quartiers en ruines. Elle avait assisté au résultat de la pendaison de Marie et avait passé une après midi à barricader l’appartement dans lequel elles avaient passé la nuit pour lui offrir la plus décente des sépultures de fortune non sans avoir gardé un souvenir d’elle, souvenir qu’elle gardait sur son nez, les lunettes.

Elle ne comprenait que trop bien la crainte de perdre un être cher. Mais surtout, elle connaissait déjà la peine que c’était d’avoir effectivement perdu un parent, une soeur. Elle ne souhaitait cela à personne, mais ne pourrait pas forcément l’empêcher. Lorsqu’Isaac s’éloigna pour rejoindre l’échelle, bien décidé à récupérer un peu d’essence pour apporter sa pierre à l’édifice, Soo-Yun poussa un soupir semblable à une plainte exaspérée. Cette journée ne lui plaisait pas le moins du monde. Vraiment pas.

Quelques minutes passèrent tranquillement. Minutes durant lesquelles Greedy, en contrebas s’était occupé de la couverture de Lloyd. L’efficacité du trio de récupérateurs dans le hangar n’était plus à prouver. Tous les trois savaient ce qu’ils faisaient, sans savoir pourquoi cependant. Mais ils le faisaient tous très bien.

En entendant la porte s’ouvrir subitement, Soo-Yun se redressa et pointa son fusil en direction de cette dernière, soulagée de voir ses camarades rappliquer, agacée de ne pas avoir été prévenue.

- T’as même pas préparé le café. tenta de plaisanter Greedy pour la détendre, ce qui ne fonctionna pas, mais elle ne rétorqua rien et retrouva rapidement sa position allongée pour veiller sur Isaac, bien plus loin sur le tarmac.

- Tout se passe bien, il ne s’est pas fait repérer. Il est presque arrivé à la citerne. annonça-t-elle simplement.

Les minutes s’écoulèrent, Isaac était parvenu à trouver un jerrycan et par miracle, la pompe semblait en état. Un second miracle avait fait que presque aucun infecté n’avait daigné tourner la tête vers la pompe subitement actionnée, déversant son carburant. Depuis le hangar, Soo-Yun et les autres militaires n’entendaient qu’un vague vrombissement lointain. L’oeil vif de la franco-coréenne scannait régulièrement les environs à l’affût de tout mouvement suspect, et c’est finalement ce qui arriva.

Fronçant les sourcils, la tireuse d’élite remarqua des mouvements dans un angle, trop coordonnées pour être un groupuscule de contaminés, même récemment infectés, même en chasse. Les infectés ne se plaquaient tout simplement pas au murs pour guetter.

- Il y a des vivants. Quatre.. Non, cinq. Peut-être plus en arrière. Ces gens ne semblent pas très bien armés, mais l’un d’eux à un fusil de chasse. Hm. Mais qui sont ces crétins.. s'interrogeait Soo-Yun sans attendre de réponse.

- On bouge ? Ils sont hostiles ? s’enquit Greedy.

La militaire ne répondit pas, concentrée sur les mouvements. Ces hommes parlaient, discutaient. Ils voyaient la citerne, mais pas Isaac. Le son de la pompe les avait peut-être attirés. Sans doutes, même. Celui armé s’avança, le viseur de la lunette parfaitement aligné sur son torse, Soo-Yun le surveillait de près. Elle rétrécit le zoom pour avoir une vue plus large, espérant avoir tout le monde à l’oeil mais c’était devenu impossible. Seul le survivant armé  du fusil l’importait. Il venait de faire le tour de la citerne et la confrontation se faisait désormais. Isaac avait levé son arme, le type, apeuré, avait fait de même.

Il y avait clairement un échange vocal entre les deux. Peu courtois à en juger par les expressions faciales. Les imbéciles parlaient trop fort, les infectés se tournaient lentement vers eux. Trop de sons, surtout les voix, ça ne manquait pas d'appâter tout le monde. Soo-Yun pesta silencieusement.

Elle voyait tout le monde de profil, elle observait la main de l’homme, son doigt proche de la détente. Dès l’instant où elle le vit à peine effleurer la gâchette, elle tira.

La détonation fut assourdissante, le recul du fusil se ressenti dans tout son corps comme à chaque fois, son épaule avait correctement reçu et amorti le choc. L’homme était très certainement touché en plein coeur et s’il n’était pas mort, il mourrait dans quelques secondes. Elle n’avait aucun moyen d’être sûre que l’autre allait tirer, absolument aucun, peut-être que son doigt était engourdi, peut-être était-il nerveux, peut-être n’aurait-il jamais tiré.

Peut-être qu’il n’avait jamais eu aucune cartouche dans son fusil.

Mais ça n’importait pas. Isaac était en vie, et c’était tout ce qui comptait.

- Déployez vous, rejoignez le. Je vais vous couvrir. lâcha Soo-Yun sans même esquisser le moindre mouvement.

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Et il ne fallait pas le lui demander deux fois. Soo-Yun n’eut pas le besoin de répondre à la transmission lancée par Wilfox, sur le front avec les autres. La situation venait de prendre une tout autre tournure et la tireuse d’élite ne devait surtout pas se laisser distraire par quoi que ce soit. Dans la lunette de son viseur, la femme essayait de suivre les mouvements des survivants supposés hostiles, d’un geste vif et précis, elle ajusta le zoom de la lunette, sa respiration était méthodiquement lente, comme si elle ne respirait presque pas. Or, Soo-Yun avait le contrôle total de son corps en cet instant, tout ses muscles lui obéissaient au doigt et à l’oeil, avoir tué un être humain ne lui faisait pas plaisir, mais rien ne lui aurait plus déplu que d’avoir laissé à ce type l’occasion d’abattre Isaac un peu plus tôt. S’ils voulaient venger leur ami, eh bien, ils allaient s’en mordre les doigts. Les soldats étaient peut-être moins nombreux mais aucun civil n’avait l’expérience des militaires, et ils n’avaient pas la couverture d’un sniper.

Seul problème.

L’agitation générale que tout cela avait créée. Il ne fallait surtout pas oublier les morts. La scope de Soo-Yun était évidemment dirigée sur les cibles prioritaires, les humains. Eux étaient dotés d’intelligence, de capacité de réflexion. Ils pouvaient élaborer des stratégies, et même si avancer vers des soldats armés n’était pas la meilleure des solutions à leur problème, c’était toujours dangereux. Par contre, elle savait que les contaminés environnants avaient été appâtés par son premier tir, et qu’une majorité des regards s’étaient désormais dirigés vers les vivants sur le tarmac.

Son second tir sembla faucher l’un des survivants. Touché en plein sur le genou, celui-là ne pourrait plus jamais marcher de sa vie s’il en sortait vivant. Elle avait volontairement tiré sur celui qui était le plus reculé, peut-être avait-il eu plus peur que ses comparses, et hésitait à avancer, mais Soo-Yun voulait seulement créer une diversion. D’une part, ses alliés allaient se retourner pour lui porter secours, logiquement, ou tout du moins tourner la tête pour le voir. D’autre part, les morts. Les morts allaient le rejoindre plus facilement, rampant pour sa survie, il faisait une proie de choix pour eux. Avec un peu de chance, les survivants hostiles allaient perdre du temps et de l’énergie à tenter de porter secours à leur blessé. Soo-Yun cessa de regarder dans son viseur et posa les deux coudes sur le toit, observant des ses propres yeux en ayant cette vue d’ensemble.

Il y avait un sacré paquet d’infectés, mais elle, elle était sûrement la plus en sécurité. Sa mission était de maintenir celle des autres.

- J’effectue un dernier tir sur les vivants devant vous puis, je me concentre sur les contaminés les plus proches, ça risque de devenir critique pour vous, sinon. Plus besoin de rester discrets maintenant.

Elle aurait bien ajouté que, foutus pour foutus, autant y aller désormais.

Un tir bien placé dans le ventre cloua un homme du groupe au sol, choisi totalement au hasard. L’instant d’après Soo-Yun chercha du regard les infectés les plus menaçants et continua de vider son chargeur sur ces derniers.

De son côté, Greedy avait lui aussi préféré tirer sur des infectés plutôt que sur les vivants, utilisant désormais sa Famas, il avait le plus grand mal à se résoudre à tirer sur des vivants..

J'étais rassuré que les infectés étaient géré par mes deux camarades. Je pris une grande inspiration avant de sortir de ma couverture en pointant les survivant avec la mitraillette. Ils étaient désormais en sous-effectif, avec un mort et deux sacrément blessé. L'un d'entre eux s'occupait de celui à la jambe touché, tandis que celui touché au ventre agonisait sur le sol. Je pris la parole en hurlant.

-Je n'hésiterais pas à vous descendre au premier geste offensif ! Je veux savoir qui vous êtes ! Et qu'est-ce que vous faites ici !

L'un d'entre eux se tourna vers moi et me regarda dans les yeux, son regard était glacial, et je pressentais qu'il allait agir connement. Il prit la parole à vive voix.

-Nous sommes un groupe de solitaires qui cherchent à survivre dans ce monde en ruine par tout les moyens ! On est venue ici afin de trouver des vivres pour passer la nuit, même si par votre faute... On sera en nombre réduit ce soir !

J'ai soupiré en l'écoutant, je gardais un œil sur lui pendant que j'attrapais la radio afin de transmettre ce qu'il venait de me dire à Soo-Yun. Cependant, avant que je ne termine la retranscription, je vis l'homme qui se trouvais en face de moi en train de lentement prendre son arme. J'ai laissé la radio tombé sur sol, avant de lui tirer dans les jambes. Il tomba sur les genoux en hurlant de douleur, à cette porté il y a de forte chance qu'un de ses tibias soit parti en éclat. Il me regarda dans les yeux avant de commencer à m'insulter.

-Sale fils de pute ! Je vais te faire la pe....

Il ne pus terminer sa phrase, Loyd venait de lui coller une balle en plein crâne. Il ne restait plus qu'un seul d'entre eux debout, celui touché au ventre avait cessé de bouger... Le tir de notre sniper l'avais mortellement touché, tandis que le blessé au genou avait été placé contre un mur. Le dernier debout nous regarda sans dire un mot. Il attrapa l'arme à sa ceinture avant de la faire tomber sur le sol, il leva les mains par la suite avant de dire.

-Faite ce que vous voulez, je n'en ai plus rien à foutre de toute manière.

Sa voix était pleine de désespoir, je commençais à m’approchai lentement vers lui tout en l'ayant dans mon viseur. Je fus stoppé net, un coup de feu venait de retentir... l'homme que j'approchais tomba raid mort sur le sol. J'ai regardé Loyd avant qu'il ne pointe l'homme blessé avec son arme. Se dernier venait de ramasser l'arme de son confrère et l'avait abattu d'une balle dans le crâne. Il me regarda, un large sourire aux lèvres, avant de coller le flingue sur sa tempe. Il ferma les yeux, avant de se suicider.

Je dois dire que je m'attendais à tout sauf à cela... Mais ce qui est fait est fait.... J'ai demandé à Loyd de faire signe à Soo-Yun qu'on était prêt à partir. Pendant ce temps, je suis allé fouiller tous les corps afin de récupérer leurs munitions, avant de tous les traîner afin de les mettre côte à côte.

Dead Air

Les minutes passèrent longuement pour Greedy. L’homme avait fait pleinement confiance en ses équipiers pour s’occuper du problème que posaient les survivants hostiles et, à l’image de la tireuse d’élite loin derrière, s’occupait de contenir les morts en approche. De quelques rafales maîtrisées il avait réduit leur nombre de manière significative. incapable de lever son arme pour abattre des hommes. Il n’avait pas du tout aimé ce qu’il avait entendu. Apparemment, ces types n’auraient pas été hostiles s’il n’y avait pas eu de premier coup de feu. Il en voulait à la militaire sans vraiment lui en vouloir, c’était inconscient. Il aurait préféré que tout se passe autrement, mais il ne pouvait pas remonter le temps. La décision n’avait pas été la sienne, et puis au final.. Qu’en savait-il, Greedy ? Isaac aurait peut-être tiré, lui aussi ? Ou peut-être cet homme aurait tiré ? Il en dormirait mal ce soir, et il le savait. Des dizaines de questions se heurtaient déjà dans sa tête. Malgré la réponse de l’homme qui avait fini en charpie sous les tirs de Stephane et Lloyd, ils étaient des solitaires.

Mais étaient-ils tous là ? Avaient-ils des non-combattants quelque part en arrière ? Des femmes, peut-être que l’un d’eux avait un gosse, quelque chose du genre.. Pour le moment, le canadien déconnecta son cerveau de la réalité et se contenta d’abattre les contaminés alentours. Un par un, méthodiquement, comme à l'entraînement. Exactement comme Soo-Yun, sur le toit du hangar. De son côté, aucun remord, ou presque. Elle n’était pas fière, mais tout était déjà établi dans sa tête. Elle préférait mille fois ce scénario dont elle était sûre à tous les autres au trop grand nombre d’inconnues. Isaac était vivant, ces types non, mais qu’importe.

Un bon nombre d’infectés étaient neutralisés, les plus loins seraient longs à rejoindre la zone du conflit. Cela laissa visiblement le temps à Stephane et les autres de se remettre de leurs émotions, de fouiller les corps. Greedy avait évidemment fait de même, mais sur les infectés. Les plus originaux en priorité. Le canadien avait trouvé la carte d’identité de ce qui lui semblait être un pilote, ou un steward français.. Difficile à dire avec son état de décomposition et ses vêtements en lambeaux. Greedy lu son nom et enfourna la carte sale dans sa poche de treillis, le regard blasé. Celui-ci tomba sur une radio, au sol, celle de Stephane, qu’il ramassa pour aller la lui rendre rapidement.

- Fais gaffe, ça coûte cher ces conneries. lui dit-il avec un sourire en coin légèrement surjoué.

Quelques instants après, la franco-coréenne les rejoignit au pas de course. A peine essoufflée, Soo-Yun avait descendu l’échelle et traversé une bonne partie du tarmac en esquivant les rares infectés sur son chemin. Des éclopés incapables de l’intercepter. Greedy lui afficha une mine attristée.

- Eh, c’que t’as fais tout à l’heure.. J’sais pas. C’était pas très.. Pro.

- D’accord. rétorqua simplement Soo-Yun qui avait visiblement oublié d’en avoir quelque chose à faire.

Greedy laissa couler.

- Bon. On en est où, niveau carburant maintenant ? ajouta la militaire, à cheval sur la mission.

Et ayant surtout très envie d’en finir avec cell-ci.

Je suis retourné auprès de mes camarades, Soo demanda où on en était niveau carburant. Loyd et Isaac ont alors apporté les deux Jerrycan, et on pu agréablement constaté qu'on en avais plus que convenu.

-Bon.... Et bah, je pense qu'on est bon pour rentrer au bercail ! Avec ça, on devrait être tranquille pour un moment.

J'étais plutôt fière de cette journée, même si j'ai dû abattre des survivants... Cependant, on était tous en un seul morceau et c'était le principal. On récupéra les deux bidons avant de se mettre en route pour le retour, on avait également ramassé diverses munitions et ce n'était pas négligeable.

On était à mi-chemin, la route était longue et non sans risque... On pouvait apercevoir le soleil ce coucher au loin, la journée fut longue et fatigante et j'avais qu'une seul hâte... C’était de m'affaler sur un lit et ne plus bougé.  

Dead Air

Elle aurait presque pu lâcher un soupir de soulagement, Soo-Yun, mais cela n’arriva pas. Elle n’en demeurait pas moins largement satisfaite. L’espace d’un instant la tireuse d’élite se dit qu’ils auraient pu ramener le camion citerne plus proche du centre de recherches, mais la route entre l’aéroport et la base était bien trop impraticable, le moteur du poids lourd ferait bien trop de bruit et ils amèneraient trop de contaminés avec eux. Alors non, ils feraient la même route que celle pour venir à pieds.

Ils étaient tous partis un peu à la hâte sans attendre leur reste. Les morts seraient encore très agités dans ce secteur après une telle fusillade et les tirs de sniper. Globalement Soo-Yun était soulagée que tout le monde s’en soit sorti indemne, plus de peur que de mal en somme. Elle ne songeait déjà plus ou presque aux survivants déchus de la journée. Elle était fatiguée, elle ne voulait que rentrer et profiter d’un peu de repos. Chose rare, habituellement le plus clair de son temps en mission et en extérieur, Soo-Yun avait décidé de s’accorder une pause. Quelques jours de repos, peut-être. A voir si elle ne changerait pas d’avis en plein milieu de la journée suivante.

Greedy, lui, marchait à ses côtés arborant un visage fermé. Déçu de la tournure des événements.

Aux abords de la base, l’escouade s’annonça par radio, histoire de ne pas se faire abattre par les leurs. Dans l’obscurité de la nuit tombant, il était difficile de bien les distinguer. L’escouade fut autorisée à entrer, le carburant remit en sûreté. Tous étaient prêts à se changer, retirer leurs bardas de soldats, avant de se séparer des hommes pour se changer seule, Soo-Yun s’adressa aux autres.

- Je m’occuperai du rapport, messieurs. Bonne nuit.

Rester à la base, oui, mais Soo-Yun voulait au moins que faire quelque chose de sa journée du lendemain et ne pas rester oisive du matin au soir.