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Duel au sommet [Rp Anton] - Terminé

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Sarrah
Sarrah
Survivant
Dim 18 Déc - 1:09
Sarrah

ft. Anton Pendragon

ft. Sarrah

「 Duel au sommet. 」


Du sang, des larmes, de la sueur, du bruit et du fric : tous ces adjectifs collent parfaitement au Deadly Struggle.



Dès que je fus intégrée au Service de Sécurité de la Citadelle, je m’étais irrésistiblement sentie attirée par ce lieu.

Il me rappelait avec une certaine nostalgie le club clandestin ou durant quelque temps, j’ai été une compétitrice. Au milieu des requins de la finance en mal de sensations, des truands de la pire espèce et des richissimes adeptes de ce spectacle, je m’étais livrée à bon nombre de combats. En manque d’adrénaline dû à des compétitions trop maniérées, ne voyant aucun avenir en cette France en pleine crise économique, j’avais fini par accepter la proposition d’un baron du monde souterrain. De ceux qui tirent les ficelles dans l’ombre et façonne doucement, mais surement un monde idéal ou leurs règles sont lois. Contre des sommes astronomiques et la promesse de défis trépidants, j’avais accepté.

Des étoiles pleins les yeux et la hargne au ventre.

 
Deux ans plus tard, je commençais à en avoir inconsciemment assez. Une vie décousue, nocturne, rempli d’excès et de violence. J’aspirais à autre chose. Du duel de boxe classique, à celui à armes réelles, j’ai toujours su m’en tirer. Mon sponsor finit par me faire monter en niveau : il me fallait participer à des combats à mort. J’avais accepté. Je n’ai aucune excuse. Je pourrais prétendre qu’on m’ait forcé la main, mais ça serait que pur mensonge. Quand je repense à cette époque, une montée de bile me vient sentencieuse. Je fessais peur à voir. Bourrée très régulièrement, parfois défoncée, je naviguais dans un monde de luxe. Une belle vie surement pour certains. Sauf qu’il y avait autant de fissures à cette illusion que de beaux masques. Traîtrise, hypocrisie, complots, j’ai vu beaucoup de choses. D’une certaine manière, j’en ai beaucoup appris. L’une d’elles a toujours été de me méfier des belles paroles, des beaux parleurs et des aspirations de ceux qui tiennent les rênes. Il est des choses pour lesquelles il faut mieux éviter de se retrouver mêler.

Quel fut le déclic pour quitter ce milieu et retrouver la lumière du jour ?

La mort d’une personne. De ma main. Impossible de me souvenir de son nom, de ses traits avec précisions, mais elle fut mon réveil.

Les mains vermeilles, un carnage à mes pieds à peine reconnaissable, les yeux d’un être qui s’éteignent, les hurlements bestiaux des spectateurs ravis.

Je me revois me lever. J’entends encore les applaudissements excités. Je ressens encore l’étreinte de mon boss qui sait que son portefeuille et son influence viennent d’exploser. Je sens encore sur ma peau les tapes chaleureuses des hommes de main. Pourtant, je gardais le silence. Il ne m’était jamais arrivé d’être dégoûté de moi-même, de mes actes. Cette nuit-là, oui. J’avais tout juste eu le temps de me précipiter aux toilettes immondes du club pour vomir tout mon soûle. Dégrisée, réveillée, les larmes coulaient sur mes joues.

Depuis cette triste nuit, j’ai fui. Fuis, cette vie instable aux conséquences atroces. J’ai tout laissé derrière moi. Argent, appartement, téléphone. J’ai fait profil bas pendant un moment. De toute manière, je n’étais pas en état de faire quoique ce soit. J’étais au plus mal.



Mais ceci est une autre histoire.








Maintenant que l’ancien Paris n’est plus que cendres et infectés, le Deadly Struggle est le dernier lieu où je peux pratiquer la boxe full-contact avec d'autre personne.



Que ce soit contre des êtres humains ou des infectés.

De nombreux combattants viennent tous les soirs participer aux joutes pour tester leur niveau. De ceux qui parviennent à vaincre par la ruse, la force, la détermination ou les compétences, les profils sont très variés. J’aime cette diversité. Jamais deux fois, je n’ai croisé la même personne. Le public apprécie aussi visiblement. Les gradins sont souvent pleins à craquer et l’argent des paris coulent à flot.

Étrangement, le Deadlys Struggle n’est pas une arène sauvage sans codes : interdiction de tuer son adversaire sauf les infectés. Les armes durant les combats entre deux êtres vivants également. Les combats mixtes étaient autorisés ce qui me plaisait beaucoup. De jour comme de nuit, l’arène était ouverte : en journée, elle accueillait des combats individuels et en soirée un tournoi quotidien. On classait les participants de ce dernier en quatre groupes :

-La première réunissait les Nouveaux-venus qui cumulaient de zéro à dix tournois remportés.

-La seconde qu’on dénommait les Habitués, rassemblait les personnes qui avaient gagné plus de onze tournois.

-La troisième rassemblait l’élite. Ceux qui cumulaient plus de quarante victoires. Ils se comptaient sur les doigts de la main. Ils avaient des compétitions restreintes deux fois par an qui permettait de définir un classement parmi eux. On les appelait les Favoris.

-La quatrième était constituée des Voyous. Ces derniers étaient ceux condamnés par la Citadelle pour vol ou agression et capturés vivants. Ils sont obligés de se battre contre des zombies.

« Ahhh ! Sarrah ! Ravie de te revoir ! Ça fait quoi, deux semaines que tu n’es pas venue ? Comment vas-tu depuis tout ce temps ? »


« Bonsoir Sonia. Plaisir partagé. J’ai bien besoin de me défouler ce soir… Sinon, ça va. Alors les nouvelles têtes valent-elles le coup ? »

Sonia était la personne à contacter si l’on souhaitait participer au tournoi du soir.

De petite taille, des formes généreuses à faire pâlir d’envie bien des hommes, elle régnait en maître dans les coulisses du Deadly Struggle. De sa douce voix qui tranchait avec son minois hargneux et marqué de deux belles cicatrices, elle organisait le passage des concurrents, contrôlaient les plus véhéments des participants. Ne vous fiez pas à son apparente fragilité, sa hache fièrement exposée dans son dos avait tâté bien des naïfs lubriques, des énergumènes bestiaux et des tricheurs invétérés. Avisiez-vous de la provoquer et les conséquences ne tarderaient pas à arriver. Pour l’avoir vu faire de nombreuses fois, elle était des personnes contre lesquelles, lors d’un combat, je n’étais pas sûre de gagner. Ce n’était pas rien.

Me souriant, ses yeux noisette pétillants, elle me parla comme à son habitude des participants au tournoi de ce soir. Elle le faisait avec chacun des compétiteurs. Huit en tout, nous serions.

« Il y a une fille : Anne. Grande, les membres délier, elle est très rapide, elle a remporté deux tournois, perdue le troisième. Elle était à ça d’être championne de l’arène dimanche dernier. » Commença-t-elle en guettant mes réactions. « Ensuite, on a John, tu dois le connaitre de vue, c’est un habitué, seize fois champion de l’arène sur les deux derniers mois et un égo aussi surdimensionné que le diamètre de ses bras. » Son ton, c’était fait mauvais. J’arquais un de mes sourcils, intriguée. « Un vrai caïd des cités. » Un mince sourire s’étira sur mon visage, féroce. « Après, Vincent vient de débuter : pas encore champion. Il semble prometteur. Nous avons également un inconnu ce soir, un certain Anton. Il fait sensation. Il a débarqué avant-hier d’on ne sait où et les deux derniers jours a été champion de l’arène. Des victoires assez impressionnantes. Les trois derniers compétiteurs sont Jarod, Mohamed et Laura. Laura a été championne cinq fois, Mohammed dix. Jarod, est aussi un habitué avec vingt victoires. » Fit-elle avec un sourire malicieux.

Du beau monde. Ça allait être une chouette soirée.

Je lui payais les cinquante capsules réglementaires avant de la suivre à l’intérieur de la salle d’attente et de préparation. Mannequins d’entraînement, des lits, des chaises, de la nourriture et des boissons, des casiers individuels avec cadenas, une belle vue sur le cours de l’arène, tout y était. Et rien n’avait changé. La même odeur un peu renfermée, le même éclairage laiteux, le même silence religieux. Je fis rouler mes épaules : c’était un peu un deuxième chez moi au sein de la Citadelle.

Tous les autres compétiteurs étaient réunis devant un tableau et une urne d’élection transparente. Je me suis toujours demandée où le Deadly Struggle avait pu la dégoter. Sonia franchis le demi-cercle, puis se retourna vers l’assemblée.

« Nous allons maintenant procéder au tirage au sort pour déterminer contre qui vous allez vous battre pour le premier tour. À la fin, il n’y aura plus que quatre compétiteurs et nous referons un tirage au sort. Je vous rappelle que chaque match est limité à vingt minutes. Si à la fin du temps imparti aucun des deux combattants ne prend le dessus sur l’autre, le match est déclaré nul. Une fois terminé le premier tour, il y aura une pause de vingt minutes. C’est moi qui décide quand votre binôme entre dans l’arène et personne d’autre. Pas de bagarre ni de tuerie dans cette pièce. N’obéissez pas et vous allez faire la rencontre de ma jolie Mathilda dans mon dos. » Finit-elle goulûment en désignant du pouce sa hache dans son dos.

Tous hochèrent la tête docilement face à son autorité.

« Maintenant inscrivez sur ce papier votre nom et pliez le en quatre. Déposez ensuite votre papier dans l’urne. Bien. »

Une fois que tous les participants eurent agi selon ses indications, elle prit l’urne des deux mains et la secoua dans tous les sens. Ceux qui étaient la depuis peu la regardait avec un mélange de scepticisme et d’étonnement mêlés. J’en profitais pour jeter un œil aux autres candidats. Plusieurs étaient plus grands que moi. Trois pour être exact. L’un était très mince et fluet, l’autre plus baraque était accompagné d’un chien. Un beau et gros chien. On en voyait très rarement de vivant à la Citadelle. Il était sagement assis, attendant sans doute un geste ou un ordre de son maître. Le dernier était une femme. Anne. Du côté des autres membres de notre assemblée, un homme aux bras de bûcherons respirait la suffisance, sans doute le fameux John. Les quatre autres étaient soit plus petits ou de la même taille que moi. Plusieurs regardaient mes tatouages sur toute la surface de mes bras et mon cou, d’un air un peu perplexe. Ils doivent se demander si je ne suis pas un Agent du Service de Sécurité... Je soutins leurs regards sans ciller.

« Alors, alors ! Premier duo : Anne et John. » L’homme sourit férocement, sa partenaire semblait intimidée. "Second duo : Anton et Vincent. Le troisième : Laura et Sarrah. Le dernier duo : Jarod et Mohammed. Dix minutes d’échauffement, le temps que j’aille tâter la température du public. À tout de suite. »

Elle s’en alla gracieusement, laissant derrière elle un silence tendu.

Sans me préoccuper du reste, je m’éloignais et commençais à m’étirer. Quelques minutes plus tard, la salle résonnait des coups lancés à des punching-balls, des bruits de course, des respirations se préparant à la lutte qu’elles allaient mener. Alors que je terminais un enchaînement d’un uppercut suivi d’un swing et d’un roundhouse-middle-kick, Sonia revint dans la salle.

« Sarrah et Laura ! A vous l’honneur de commencer ! » Elle m’adressa un clin d’œil discret.

Je serrais davantage les bandages réglementaires sur mes mains avant de m’avancer sans une hésitation.



Son sens du spectacle...







« Mesdames et Messieurs, un tonnerre d’applaudissements pour le premier duel ! À votre gauche, la jolie Laura ! Cinq fois championne du tournoi, cette jeune femme prometteuse va-vous en mettre plein les mirettes ! » Beugla un homme dans un mégaphone.



Des applaudissements furieux fusèrent ainsi que des cris. Sonia avait bien fait son boulot...

« A votre droite, vous la connaissez tous ! Vous l’avez vu se battre ! Vous en avez l’habitude ! Cinquante-cinq victoires à son actif, elle fait partie du top ten du Deadly Struggle ! Mesdames et Messieurs, une ovation pour Sarrah ! »

Un grondement sourd monta des tribunes sous la force des pieds des spectateurs qui les abattaient en rythme en même temps que d’applaudir. Le bruit devint assourdissant. Laura et moi nous plaçâmes face à face une fois rentré dans la cage. J’évitais pour le moment de la fixer. Fermant les yeux, je chassais les émotions et les pensées nuisibles pour me mettre dans un état de calme et de concentration optimal.

Au coup de sonnette indiquant le début du match, je les rouvris brusquement et fonçais sur mon adversaire.

Dix minutes plus tard, Laura à terre, l’arbitre siffla la fin du combat.

Le rugissement de la foule réunie avait la force d’une avalanche.

Retournant dans les coulisses, je laissais derrière moi une multitude surexcitée.

« Anton et Vincent, à vous et ne nous faites pas honte! » Lança sur la rigolade Sonia.

L’homme au chien s’avança après avoir dit à ce dernier de rester tranquille. Son adversaire se plaça à ses côtés. Il s’agissait de l’autre homme de très grande taille, mais fluet. Je me demandais si sous cette apparence ne se cachait pas une force insoupçonnée. Après être allé chercher une bouteille d’eau, je m’installais près du chien qui avait trouvé une bonne place pour observer l’avancer des concurrents jusqu’au ring.



« Mesdames et Messieurs ! Il vous a sifflé le clapet ces deux derniers jours, déjouant les pronostics comme ses adversaires, un tonnerre d’applaudissements pour Anton ! »



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Anonymous
Invité
Invité
Dim 18 Déc - 20:04
Invité
Et un dernier coup dans le nez pour faire bonne mesure ! Mon adversaire glisse au sol, je visage en sang et avec une profonde expression de douleur sur le visage. Pauvre gars, il avait fait six mois de karaté et pensait pouvoir se balader avec sa ceinture bleue. C'était d'un risible... Comment était-il arrivé en finale ?  Question que je me posais et que devait se poser aussi le publique car l'affrontement tenait plus de la correction en bonne forme que d'un réel combat de gladiateur. Mais je crois qu'ils avaient aimés ça les cons ! Faut dire que quand je me bats, je suis méthodique et calme. Je garde l'esprit clair et je semble imperturbable.  

En tout cas, peu importe ce que j'ai fait durant les combats mais à la fin, Sonia vint me voire pour me féliciter chaudement. Elle semblait ravi du spectacle :

-Je sais pas d'où tu viens, mais ça fait plaisir de voir de nouvelles têtes, surtout quand tu démontes quelqu'un avec la précision d'un chirurgien. Tu fais vraiment forte impression. Tu voudrais remettre ça un troisième soir ? J'ai déjà quelques inscrits; ils seront d'une autre trempes que ce type.  

C'était une proposition tentante ! De meilleurs adversaires voulaient dire une meilleure paie... Et puis pourquoi pas ? J'avais rien de mieux à faire ! Mes poches débordaient de capsules, j'avais assez de balles et de provisions pour un mois en pleine nature. Et puis ce serait un bon entrainement de me confronter encore à des humains.

-Ok, mets moi sur la liste, on se voit demain soir.

***  

Ce soir, je ne sais pas pourquoi mais je pense que le challenge sera présent ! Dans la salle d'attente, je voyais quelques têtes connues. Car même si je n'avais jamais participé, il m'était arrivé de regarder des combats. Jarod et John avaient une carrure plus imposante encore que la mienne et étaient de sacrés cogneurs, mais je trouvais qu'ils manquaient de techniques. Ils seraient des adversaires coriaces, mais pour moi, la vraie menace prenait la forme d'une touffe de cheveux blancs, Sarrah... 50 victoires à son actifs, du moins elle en avait 50 la dernière fois que je suis venue. Visiblement c'était une ancienne boxeuse  et une sacrée au vu des carnages qu'elle produisait dans l'arène ! En un mot :REDOUTABLE.

Il y avait d'autres combattants, mais je les trouvais un peu pathétique, une fille, une perche, 2-3 mecs sans intérêts. Pas de quoi faire bouger ma braguette. Certains me regardait avec un drôle d'air. Ouais les gars, moi mon chien je l'ai pas mangé ! Pendant le tirage au sort, je me posais sur une chaise et je caressais tranquillement Téméraire. Quand le sort désigna mon adversaire, je retins un léger sourire. Quoi qu'il se passe ce soir, je repartirais bénéficiaire. La perche allait me servir à sauter jusqu'à la finale !

On nous laissa quelques minutes pour nous échauffer, mais moi je restait assis à jouer avec Téméraire et à observer les autres.  Encore une fois, cette Blanchette de Sarrah semblait rapide comme la foudre, fallait m'en méfier !  

Le premier combat Sarrah vs "grosse victime random" se déroula très vite. Mais je sais pas pourquoi, j'avais l'impression que la boxeuse s'était amusée un peu avant d'achever son adversaire.  

Anton et Vincent, à vous et ne nous faites pas honte!

Elle semblait de bien bon humeur la Sonia, faut dire que le casting envoyait du rêve ce soir, bah ouais j'étais dedans ! Comment me résister ?

-Téméraire, reste calme ! J'en ai pas pour longtemps.

Tel un gladiateur, je m'avançais de l'arène. Vincent me rendait presque 10 cm mais semblait bâtit comme une paille. A mon arrivé dans la cours, le présentateur beugla un rapide portrait de moi-même. C'était plaisant à entendre. Mais ils n'avaient encore rien vu. Juste avant que le combat ne commence, je vis Blanchette s'installer à côté de mon fidèle bouvier.  Elle n'a pas intérêt à lui faire du mal sinon je lui ferais une teinture gratos avec son propre sang ! Juste le temps de péter les dents à la perche.

Driiiiiing


Le match débuta sur une mante religieuse rugissante qui se jetait sur moi. Il semblait bien léger pour sa taille et il portait une ceinture... Ok !  
Quelques instant plus tard je l'avais choppé par le col et la taille et le tenait presque à bout de bras, pendant qu'il battait des jambes comme un con.  je vous caches pas qu'il était lourd et que je souffrais quand même. Aussi, j'eu tôt fait de le balancer par terre et de poser une ranger sur sa gorge et une autre sur ses doigts, appuyant assez fort pour prévenir toute tentative de riposte:

-Abandonne.


Il me répondit avec une voix étranglée

-Ouais, je crois aussi. J'abandonne !

Des hurlements enthousiastes et/ ou rageur accueillir ma victoire. Peut-être que j'étais trop rapide pour rendre ça intéressant ? Bah, on verra ça au prochain tour. Je retournais me poser à proximité de Téméraire, qui ne m'accorda que peu d'attention. Non, il regardait Sarrah avec attention. Puis, comme si de rien n'était, il lui lécha la main !  

-Désolé, je crois qu'il vous aimes bien.

Bon, en fait j'étais pas du tout désolé, mais fallait-il que toutes mes conversations avec des filles commence par mon chien ?
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Sarrah
Sarrah
Survivant
Mar 20 Déc - 0:28
Sarrah

ft. Anton Pendragon

ft. Sarrah

「 Duel au sommet. 」




Le combat entre Anton et Vincent ne dura que peu de temps.



La différence de niveau était beaucoup trop importante.

Sonia avait parlé de quelqu’un de prometteur, mais le match entre ces deux-là n’avait pas permis de voir son potentiel. Je jetais un œil à Sonia. Elle avait le regard rivé sur la foule : de celle-ci commença à monter une clameur légèrement exaspérée. La lutte trop rapide n’avait pas repu les gradins en coups techniques, impressionnants ou sadiques. La Boss des coulisses le sentait et faisait une moue tendue.

Sans que je m’en rende compte, je me mis à gratter du bout des doigts pensivement la tête de l’animal à mes côtés.

Son poil soyeux était un régal pour mes doigts : une longue période était passée depuis que j’avais pu toucher quelque chose d’agréable au toucher. Je jetais un œil au chien. Il me fixait de ses grands yeux marron. Il me rappelait les chiens qui venaient parfois à la MECS où j’avais passé la majorité de mon enfance. Les éducateurs appelaient ça des ateliers de zoothérapie. Il s’agissait d’amener un animal auprès d’un groupe et laisser les enfants interagirent avec lui. Ces séances avaient sur moi un effet apaisant et j’en gardais un bon souvenir. Pour autant, je n’étais pas vraiment habituée à la présence d’une telle bête aussi docile fuse-t-elle. Une partie de moi restait prudente.

« Ton maître ne semble pas pratiquer l’art du spectacle. »

Au vu de la déculotter de Vincent, on ne pouvait qu’admirer l’efficacité quasi-chirurgicale d’Anton.

Sa manière de combattre ne tendait que vers un seul but : annihiler toute menace. Ce n’était pas un style que l’on trouvait en salle, mais davantage auprès des soldats. Serait-ce un militaire ? A part le Big Boss du Service de Sécurité de la Citadelle, je ne connaissais aucun autre militaire… À croire qu’ils s’étaient tous enfuis, décédés ou cachés. Les souvenirs des premiers temps de l’apocalypse me revinrent à l’esprit et plus particulièrement de la période avant les bombardements. Alors qu’Eric était encore en vie, nous ne faisions que suivre un bout de l’armée qui sillonnait les rues à la recherche d’on ne sait quoi. J’aurais donné cher pour savoir quel objectif poursuivait cette troupe, mais les Russes avaient brisé tout espoir de connaitre le fin mot de l’histoire.


Un violent pic de tristesse me serra le cœur et je grimaçais face à ces souvenirs nébuleux.

Le chien se rapprocha alors de moi et me poussa du museau comme pour me ramener dans l’instant présent. Sentait-il ma brusque détresse ? Les animaux étaient doués d’une sensibilité insoupçonnée, j’en avais toujours été persuadée. Cachant mon visage dans sa fourrure, je tentais de calmer mes pensées. Sentir la chaleur et la douceur du chien me fit un bien fou. Le début de crise sembla s’éloigner. À chaque fois que je me remémorais certains souvenirs d’avant, ma mélancolie naturelle et ravageuse refaisait surface. Elle m’entraînait souvent au fin fond des abimes de mon être et je ne sortais de mon état second que quelques jours plus tard. À croire que j’étais née ainsi. Même enfant, il m’arrivait de faire ces crises passagères.

L’homme au mégaphone hurla pour la dernière fois le nom d’Anton.

Je m’écartais du chien. Le compétiteur retourna d’un pas nonchalant dans les coulisses. Son adversaire toujours au sol, semblait complètement sonné.

« Évacuez-le et fissa ! » Hurla mécontente Sonia à deux hommes de main. Crapahutant jusqu’à la cage, ils tentèrent de le relever sans succès.

Un rire gras me fit me retourner : John contemplait lui aussi la scène en se bidonnant. Je n’aimais pas ce type. Son adversaire semblait plus intimidée que jamais et se dirigea alors vers les toilettes. L’homme la regarda des yeux salacement avant de la suivre. Personne ne remarqua leur disparition. Le chien avait suivi mon regard et s’était mis à légèrement grogner. Je le calmis de quelques caresses.

« On est du même avis l’ami. » Chuchotais-je et l’animal tendit l'oreille.

« Dix minutes de pause et ce sera au tour de John et Anne. » Indiqua sans se retourner voir si ses paroles avaient trouvé leurs interlocuteurs. « Je m’en vais faire languir le public. » Elle passa en furie devant Anton sans s’arrêter.

Son maître revenant, je m’écartais du chien et fixais le manège de Sonia au loin.
C’est alors que la langue humide de l’animal ramena mon attention sur lui.

« Désolé, je crois qu’il vous aime bien. » Dit son maître.

Il semblait un peu étonné du comportement de son compagnon, autant que moi pour son vouvoiement à mon égard.

En réaction à sa tirade, je fourrageais joyeusement le pelage de son chien et celui-ci en réaction agita follement sa queue. Puis sans se soucier de son maître, il hissa ses pattes avant sur mes cuisses avant de s’agiter tout-fou, tout gamin. Tellement que sous son entrain ma chaise bascula en arrière et je me retrouvais les quatre fers en l’air dans un grand fracas. Il y eut un long silence ponctué des léchouilles que me fessaient le chien. Son maître éberlué s’était figé, ne sachant quoi faire. Mon rire explosa l’instant de surprise. Je n’en pouvais plus. Bientôt le reste de l’assemblée suivie.

Pour m’aider, Anton rappela son compagnon après de lui, mais ce dernier continuait après s’être assis de secouer en tout sens sa queue. Il était content de sa blague le gredin. Finissant d’être secouée de mon fou rire, je pris une profonde inspiration avant de lancer :

« Ah ça fait du bien ! »

Je repris ensuite une expression lisse. Je me sentais mieux. Me rapprochant d’Anton, je plantais mon regard dans le sien.

« Es-tu un militaire ? Tu pratiques le Krav Maga ? J’ai déjà eu des adversaires qui l’utilisaient. »

C’était dans une autre vie, au cours de mes combats clandestins.

On trouvait toute sorte d’adversaires, de milieu et de pays très différents. Je me rappelais un mercenaire nigérien qui combattait de cette manière. Il ne s’embarrassait ni de la technique, ni de la morale. Coup en traitre, dans le dos, il avait utilisé tout son environnement pour me terrasser. J’avais pu le battre parce qu’il avait fait une erreur. Une seule. C’était souvent comme ça. Un combat rude oui. L’homme qui me servait d’entraîneur à la solde de mon sponsor m’avait ensuite montré quelques combines pour saisir chaque occasion et esquiver ses coups.

« Une manière de combattre propre à annihiler la menace le plus rapidement possible. » Je laissais une pause avant de reprendre. « Oui, c’est ce à quoi je viens d’assister. »

Pas étonnant que Vincent se soit aussi vite fait vaincre. Je me rapprochais très près d’Anton pour me rapprocher de son oreille et lui chuchoter : « Aussi efficace soit-il, sois sûr que les adversaires les plus forts réunis ici ont repéré ton style. Regarde comment te jaugent Mohammed et Jharod. Ils connaissent cette discipline. »

Lui laissant le temps de leur rendre la pareille, je tournais mon attention vers Sonia qui revenait vers nous. John revint aussi rayonnant et satisfait. Je le fixais d’un regard mauvais, tous les muscles tendus. Le chien au pied d’Anton me fixa intensément avant de venir se coller à moi.

C’est d’une rage mal contenue que j’ajoutais en direction d’Anton : « Ne les sous-estime pas. Je ne te connais pas bien sûr. Ni toi. Ni ton histoire. Ni ton expérience en combat. »

« Anna où es-tu !? » Cria Sonia. « C’est ton tour ! Dépêche-toi de sortir. »

John ricana. La femme sortie des toilettes en tentant de faire bonne figure. Elle était pale comme un linge et les yeux un peu rouges.


Le regard de l’homme croisa le mien.

Une envie de meurtre monta en moi. Sans plus de sommation, je le désignais de l’index avant de mimer un égorgement du pouce. Le message était clair, même Sonia me fixait. Il était ma cible.

Sans me préoccuper de la réaction de John, je ramassais la chaise au sol avant de m’installer pour ne rien manquer du combat qui allait se réaliser. Anton vint s’installer à mes côtés, le chien près de lui.


« Regardons le massacre qui va se jouer… » Soufflais-je.


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Anonymous
Invité
Invité
Mar 20 Déc - 18:25
Invité
Hum ! On dirait que Sonia n’est pas contente de ma performance… Elle n’avait qu’à me donner un adversaire plus coriace et moins fragile ! J’étais cependant surpris par sa réaction agressive envers moi. Il ne me semblait pas avoir fait preuve de plus de spectacle hier soir pourtant. Mais mon attention fut reporté quand Téméraire se mit à jouer au chiot avec Blanche neige. Hé mec, c’est moi que tu dois câliner ! Pas une inconnue ! Etais-je jaloux ? Peut-être bien, moi aussi j’aurais aimé pouvoir faire ça aux gens que je trouve pas mal. Faut dire que la grande taille et les cheveux blancs avaient un certain charme sauvage. Mais je pense que j’avais beaucoup plus important à faire que de fantasmer sur une boxeuse pouvant m’envoyer au tapis :

- Reviens là maudit Bouvier ! Laisse la tranquille ! Reste calme.

Beaucoup de gens avaient vu « l’agression » et je pense ne pas me tromper en disant que beaucoup étaient surpris en voyant rire cette fille. C’était tellement diffèrent de son attitude ordinaire. C’est en effet considérablement déridée qu’elle se rassit et me regarda avec un petit sourire avant de lancer une petite conversation. Elle me demanda si j’étais un militaire puis elle me fit part de ses conclusions et observations sur moi.

J’ai longtemps hésité avant de répondre, en fait je suis resté silencieux pendant son monologue. Je ne savais pas vraiment quelle démarche adopter avec elle. Devrais-je sympathiser avec alors que je serais amené à lui taper dessus d’ici une heure à peine ? Ce serait dommage de passer cependant à côté d’une potentielle amitié juste pour ça… Tant pis, discutons un peu. J’aviserais sur le moment :

- Oui, je suis militaire, du moins je l’étais. J’ai appris un peu de krav maga en effet. Je  vous remercie de me prévenir. Je ferais bien attention lors de mon prochain combat, jamais je prendrais une menace à la légère.

Vous devez savoir que techniquement, je n’ai pas mentit à Sarrah. En tant que membre du GIGN j’étais réellement militaire et j’ai effectivement appris « un peu » de Krav maga. En revanche, elle ne sait pas que mon entrainement était un poil plus poussé que celui des bidasses premières classe. Devrais-je aussi ajouter que j’avais en revanche une ceinture noire en jujitzu et des notions de boxe française ? Car oui, j’étais tenu de prendre un autre art martial au GIGN et je peux vous dire que les instructeurs étaient bien vénères lors des leçons.

Notre conversation fut interrompue par le passage de Mr big bras, John. Le mec avait intimidée son adversaire dès le moment où ils furent tirés au sort. Téméraire le regarda passer et grogna de façon fort peu discrète dessus, vous rajoutez à cela le regard meurtrier de Sarrah et vous avez un homme avec une cible sur le dos. En ce qui me concerne, je ne lui tenais pas vraiment rigueur de son acte, la guerre psychologique était importante. Mais son comportement général semblait détestable. Je vins m’assoir à côté de Blanche neige, téméraire entre nous.

Le regard de la petite Anna semblait clairement annoncer son incapacité à se battre.

- John a déjà gagné, Anna devrait abandonner, je ne suis pas un expert mais il est clair qu’elle a trop peur pour se battre correctement. Espérons que ce mec aura la dignité de ne pas la torturer.

Je disais cela à Sarrah, mais son regard meurtrier semblait dire que c’était exactement ce qu’il comptait faire. La cloche sonna et cette montagne de muscles se jeta sur Anna pour la gifler. Elle roula au sol et se releva tant bien que mal. Elle tenta une timide contre-attaque avec un mawashi manquant de punch. Elle se retrouva bien vite le nez en sang et ballotée au grès des coups de John. Dans ma barbe je murmurais :

- Mais abandonne putain, insiste pas !

Téméraire sentait que je m’énervais doucement, il cessa de faire des avances à Sarrah et me regarda avec ses grands yeux inquisiteurs.

« Calme toi, ce n’est pas utile de rager et en plus, Sarrah a dit preums’ »

Cependant, je crois que Blanche neige et moi avons failli bondir de nos chaises quand John déchira consciemment le t-shirt d’Anna, dévoila sa poitrine à la foule. Celle-ci rugit dans un tonnerre infernal. Finalement John se décida à achever sa pauvre victime en lui écrasant son genou sur le visage. Ok ! C’est décidé, moi aussi je veux sa peau à ce fumier.

De mon ancienne vie, j’ai un principe tenace qui m’ait resté : Le sens de la mesure. Caracoler comme il avait fait ne passer juste pas et humilier son adversaire ainsi n’était pas acceptable pour moi. Quand John revint vers les vestiaires, Téméraire se plaça devant lui et aboya de façon très bruyante et agressive. Si vous connaissez un peu les chiens, vous savez que les bouviers ne le font presque jamais encore plus si celui-ci a été élevé au K9 de la gendarmerie. John se tourna vers moi et dit :

- Ton chien à un problème ?

Je me levai de ma chaise pour attraper le collier de mon compagnon et éviter un accident regrettable. John était légèrement plus  petit que moi mais beaucoup plus baraqué. J’avais déjà vu pire adversaire, sans mon démonter, je lui répondis :

- Lui non, par contre, toi oui. J’espère vraiment que tu tomberas contre moi et pas contre Sarrah. Elle va te démolir, moi je me contenterais de te casser les deux bras.


L’espace d’un instant, j’ai cru que le combat allait avoir lieu ici même. Ce fut finalement Sonia qui nous sépara en faisant briller son arme à la lumière :

- Pas de ça messieurs ! Les combats c’est dans l’arène ! A moins que vous vouliez en discuter avec ma hache !

Je revins à ma place, je lançais un regard à Sarrah. Vis-je une lueur d’approbation ? Je ne saurais le dire, mais j’étais sincère en disant ça :
- Il n’a pas l’ombre d’une chance contre toi. J’ai vu des mecs comme ça dans le passé. Il a de vagues notions de combat, mais sa seule force elle est physique. Il n’a aucune qualité martiale.
Pendant que nous discutions et que je tentais de calmer Téméraire, le combat suivant Jharod contre Mohammed se préparait. Ces deux célébrités en donneraient probablement aux spectateurs, ils étaient d’un niveau équivalent et semblaient s’être déjà affronté par le passé. J’avais cependant une légère préférence pour Jharod, je le trouvais plus élancé et plus agile :

- Je mise 5 capsules sur Jharod. Tu prends le pari Sarrah ?

La cloche sonna le début de la rencontre ; les deux adversaires s’élancèrent.
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Sarrah
Sarrah
Survivant
Sam 24 Déc - 10:23
Sarrah

ft. Anton Pendragon

ft. Sarrah

「 Duel au sommet. 」




L’homme à mes côtés était donc bien un militaire et avait visiblement décidé de converser en employant le « vous »...




Quel personnage étrange.

J’allais finir par croire que je l’intimidais. Était-il un Solitaire ? Probablement. Peut-être savait-il où se trouvaient les ersatz de l’armée. En tout cas, il semblait prudent, lucide et pragmatique. Bien loin de la plupart des jeunots qui après trois-quatre victoires lors des tournois ne se sentaient plus. Ils prenaient la grosse tête et souvent, la réalité revenait au galop sous la forme d’un compétiteur plus coriace. Ils se prenaient une raclée et parfois, on ne les revoyait plus. Leur orgueil en ayant pris un trop grand coup. Dans l’arène, il y avait une chose à savoir et à garder à l’esprit : il y a toujours plus fort que soi.

L’aboiement de l’homme au mégaphone ramena mon attention sur le ring.

Il lança un pitch d’accroche très en faveur de John. Celui-ci se pavanait en se baladant et en saluant le public. Son comportement me fessait bondir. Limite, il n’avait pas déjà gagné le tournoi. Mes yeux prirent un éclat dangereux et un rictus naquit sur mon visage. Attend de voir, attend de voir. Anne quant à elle, ressemblait de plus en plus à un zombie. Elle était trop faible mentalement. Pour autant, elle avait fait preuve de courage et de pragmatisme en poursuivant. Certes, elle était condamnée, mais elle ne mettrait pas en péril son futur au sein du Deadly Struggle. En effet, un abandon au dernier moment lors d’un tournoi et vous écopez de l’inimitié éternelle de Sonia. Elle ne blaguait vraiment pas avec ça.

« John a déjà gagné, Anne devrait abandonner, je ne suis pas un expert, mais il est clair qu’elle a trop peur pour se battre correctement. Espérons que ce mec aura la dignité de ne pas la torturer. »

Je lâchais un ricanement à sa tirade. Oui, il avait gagné. Tout le monde le savait. Il ne fessait qu’évoquer une évidence. Je ne répondis rien, dardant un regard haineux sur John. Sois-en sûr, il va faire durer le plaisir... Le public et Sonia seront contents. Parler de dignité au sein de la Citadelle était souvent superflus. Qu’il aille donc chez les Humanistes s’il comptait en trouver. Je serrais le poing rageusement.

Un coup de sonnette et les deux adversaires se précipitèrent l’un vers l’autre.

Enfin pour être plus précise, John chargea comme un taureau Anne. La foule explosa joyeusement lorsque ce dernier mit une gifle magistrale à la combattante. Celle-ci se retrouva culbuter au sol. Se relevant, la lèvre égratignée, elle continua de faire face. Elle ne se laissait pas pour autant faire. Bien. Cette fille était courageuse. Continue de te battre, essaie malgré tout. Tu vas perdre, mais au moins ce sera la tête haute. Mais, son mental commençait à réellement flancher. Elle atteignait ses limites. En effet, sa contre-attaque manquait de volonté. Une partie d’elle devait sans doute vouloir que le combat se finisse le plus vite possible.

La boucherie débuta dès l’instant où John repris la main sur leur face-à-face.

Lui administrant une pluie de coups d’une force redoutable, Anne se retrouva bientôt en piteux état. Son nez parti dans un grand craquement de travers. Je serrais les dents pour elle. Pourtant, elle tenait debout. Continuellement. S’il la faisait tomber, elle se relevait à chaque fois. C’était moche à voir, vraiment. Je lançais un coup d’œil à Sonia qui tourna la tête vers moi, se sentant observée. Elle dut sentir combien j’étais en colère, car elle détourna immédiatement les yeux et ses épaules s’affaissèrent légèrement. Ce combat était tellement inégal. Ce n’était pas un match, c’était une séance d’humiliation et de torture gratuite. Elle s’en rendait compte.

« Mais abandonne putain, n'insiste pas ! » Siffla discrètement Anton.

Je le fixais alors. Il commençait à s’énerver. Son chien le sentant, se rapprocha de lui. Mon attention se reporta sur la femme en train de tenter d’esquiver ou de parer les coups de son agresseur. Souvent sans succès. Elle avait maintenant un gros coquard à l’œil gauche. Elle tenait le coup. Malgré les larmes s’écoulant sur ses joues, malgré le manque de contre-attaque. Sans plus rien tenter, elle se contentait de tenir. Tenir un peu plus, toujours plus. Pour prouver au public qu’elle n’était pas qu’une femmelette et qu’elle avait des couilles. De l’honneur. De la fierté. De la volonté. Parce que je comprenais ça, je respectais sa décision. Peut-être sera-t-elle dans un sale état pendant plusieurs jours, mais qu’importe. Elle n’était pas une victime. Le public perçut sans doute les choses ainsi, car un silence s’empara peu à peu de la salle. La correction se poursuivait inlassablement. Anton ne semblait pas voir la situation sous le même angle.

« Elle va tenir. Faire face. Il faut respecter ça. C’est son choix. » Lui lançais-je. « Rester debout, les yeux dans les yeux, à défier ce qui semble inéluctable. Elle est forte, plus forte que lui. Et regarde, il le sent et ça le met en rage. »

En effet, l’homme hurla un monceau d’insanités avant de redoubler d’ardeur.

Jusqu’à ce qu’il fît une chose qui marqua bien des esprits ce jour-là. Il propulsa d’un coup de pied dans le ventre Anne. Celle-ci s’étala de tout son long. Et alors qu’elle allait une énième fois se relever, John l’écrasa sous son poids en se mettant à califourchon sur elle. Cette dernière le fixait maintenant dans les yeux. D’un geste, il lui arracha son T-shirt, exposant sa poitrine à la vue de tous. Tous les hommes de la salle beuglèrent. J’avais failli me relever et me précipiter pour massacrer John, mais mes mains étaient tellement agrippées à ma chaise que je ne le pouvais. Mes jointures en étaient blanches. Sans elle, il y aurait eu un meurtre. Sonia elle-même l’insultait de tous les noms, mais couverte par le tintamarre ambiant, seuls les autres concurrents et nous-même l’entendirent.

Finalement, il acheva son adversaire d’une manière très dangereuse : un coup de genou dans le visage.

Anne s’évanouit. Elle ne s’en tirerait pas sans au minimum une commotion. Je grinçais des dents. Des acclamations fusèrent de la foule et alors que le commentateur chantait ses louanges, John recommença à parader, bombant le torse et envoyant des œillades appuyées à des femmes dans l’assistance. Deux assistants des coulisses se précipitèrent avec un brancard et embarquèrent Anne. Ils la transportèrent précautionneusement, preuve suffisante de la gravité de son état. Je me levais et dans un même élan, Sonia et moi nous nous dirigeâmes vers la blessée. La Boss des coulisses fit une grimace éloquente en regardant Anne. J’eus la même réaction. Elle serait probablement défigurée à vie : son nez en lambeau ne se ressouderait pas naturellement. Il n’était pas nécessaire d’être médecin pour s’en rendre compte. Délicatement, je lui tournais la tête. Un saignement à l’oreille me fit craindre le pire. Sonia me regarda gravement. Elle savait que le Deadly Struggle ne pourrait pas soigner Anne. Il n’en avait pas les moyens ni les compétences. Peut-être, peut-être que…

« Vous. » Fis-je en désignant les deux assistants. « Emmenez-là au QG des gardes et demandez à voir Le Rebouteux. Si on ne vous laisse pas passer, dites que vous venez de ma part. De la part de Sarrah. Donnez-leur ça. » Je leur tendis mon insigne. L’un hocha la tête et la prit. « Ça devrait le faire. Ils connaissent le risque de me mettre des bâtons dans les roues. » Achevais-je hargneuse. C’était le cas de le dire…

Ils disparurent.

M’adressant à Sonia, je lui déclarais, sinistre : « Si Le Rebouteux ne peut rien, elle est finie. »

C’était sans doute le type le plus dérangeant qu’il soit, mais aussi le plus compétent en médecine de toute la Citadelle. Ancien médecin militaire, il avait l’habitude de traiter les blessures les plus graves dans des situations de dénouement extrême. Mais même lui avait des limites. Une hémorragie interne était difficile à opérer d’habitude, alors une au cerveau… Je retournais auprès d’Anton, la mine sombre.

C’est alors que John revint triomphalement dans les coulisses.

Le chien d’Anton se plaça alors devant lui et lui aboya violemment dessus.

« Ton chien à un problème ? » Gueula John.

« Lui non, par contre, toi oui. J’espère vraiment que tu tomberas contre moi et pas contre Sarrah. Elle va te démolir, moi, je me contenterais de te casser les deux bras. » Lui répondit du tac au tac son maître.

La tension entre les deux hommes était plus que palpable. D’une seconde à l’autre tout allait dégénérer.

« Pas de ça messieurs ! Les combats, c’est dans l’arène ! À moins que vous vouliez en discuter avec ma hache ! » Interrompis Sonia en faisant tournoyer sa hache de manière menaçante.

En rechignant les deux hommes obéirent. Ils ponctuèrent leur retraite de regards assassins, emplis de promesses de mort. Anton me regarda. J’espère qu’il y lut mon approbation.

« Il n’a pas l’ombre d’une chance contre toi. J’ai vu des mecs comme ça dans le passé. Il a de vagues notions de combat, mais sa seule force, elle est physique. Il n’a aucune qualité martiale. »

Pour toute réponse, un sourire dangereux s’afficha sur mon visage d’un air de dire : il n’attend rien pour voir. Le chien d’Anton continuait de grogner en fixant John. Son maître essaya de le calmer en le caressant et en prononçant des paroles douces. Ce qui me fit penser à une chose.

« Comment s’appelle ton chien ? » Lui demandais-je. « De quelle race est-il ? »

Voyant enfin le chien s’asseoir, je poursuivais curieuse : « Je n’ai jamais vu un chien aussi docile et obéissant. Pour autant, il est taquin. » Puis observant attentivement Anton, ses traits, son air et ses manières, j’ajoutais : « Vous vous ressemblez beaucoup. »

Oui, la même assurance tranquille, la même impression narquoise, le même regard aux aguets. Sans doute est-ce pour ça que l’expression « Tel maître, tel chien. ». Regardant plus attentivement l’équipement de l’animal et de son maître, je m’aperçus qu’il était très fonctionnel. Le harnais de la bête pouvait lui permettre de transporter pas mal de choses. Pratique pour des excursions prolongées à l’extérieur de la Citadelle et pour débusquer des reliques dans des endroits oubliés.

« Serais-tu un Solitaire ? »


Nous poursuivîmes ainsi tranquillement notre conversation alors que Sonia appelait les deux derniers combattants à se rendre dans la cage.

Les deux hommes se ressemblaient pas mal. De même stature, une démarche similaire et une expérience de l’arène qui s’égalisait. De nombreuses fois, ils avaient combattu ensemble et l’un ou l’autre gagnait de justesse.

« Je mise 5 capsules sur Jharod. Tu prends le pari Sarrah ? »

Hum, Anton préférait sans doute l’agilité assurée de Jharod. Cependant, Mohamed possédait un style de combat éclectique et imprévisible qui m’impressionnait souvent. La seule fois où nous étions en face-à-face, ses contre-attaques fulgurantes m’avaient donné du fil à retordre. De plus, on avait souvent tendance à sous-estimé Mohamed face à Jharod parce que ce dernier comptabilisait vingt victoires. Seulement, Mohamed participait aux tournois depuis moins longtemps que Jharod et son palmarès ne cessait de s’étoffer. Le seul bémol était sans doute un manque d’expérience et une tendance à laisser filtrer des ouvertures quand il sent qu’il a l’avantage. A part ça, il continuait d’apprendre et de s’améliorer. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne devienne plus que redoutable.

« Je suis, mais mise sur son adversaire. Ne sous-estime pas Mohamed. Je ne sais pas où il a appris à se battre comme il le fait, mais c’est du costaud. C’est un jeunot comparé à Jharod, mais il apprend vite. Dans tous les cas, quel que soit le vainqueur, si tu tombes sur eux, ça sera un combat d’un autre niveau qui t’attendra. Ils sont rapides, ingénieux et peu conventionnels. Un sacré cocktail Molotov. L’issue sera bien plus incertaine que lors de ton précédent match. » Concluais-je, l’œil perçant.

Les deux hommes face-à-face, sautillaient sur place, prêt à en découdre. Deux oiseaux de proie fondirent l’un sur l’autre au coup de départ.




Un combat autrement plus agréable aux yeux commença, dans la chaleur et la ferveur habituelles du Deadly Struggle.




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Anonymous
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Sam 24 Déc - 19:42
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Heureusement pour la pauvre Anna que Sarrah était quelqu’un de sympa. Enfin elle me semble sympa quand elle ne meule pas la tête de quelqu’un lors d’un match. Je voyais bien qu’elle était détendue et qu’elle cherchait réellement à faire connaissance avec moi, d’un combattant à un autre.

C’était très agréable de parler ainsi. Je dois dire que ça arrive assez rarement pour être signalé. Je veux dire, la quasi-totalité de mes conversations tournent autour d’un bénéfice quelconque. Mais là, nous n’avons rien à gagner à part passer le temps.
Même si je pense que c’était surtout Téméraire qui lui plaisait. Il plait à tout le monde aussi ! Evidemment, vu que c’est une grosse peluche ! Enfin, sauf quand je lui demande de bouffer le pied de quelqu’un… là c’est une autre affaire. Une fois un certains calme revenu et dans l’attente du prochain match, elle me posa quelques question sur mon chien et moi-même :

- Il s’appelle Téméraire. C’est un bouvier bernois. Je l’ai reçu comme cadeau pour ma promotion au grade d’Adjudant. Une idée de mon commandant de caserne, il parait que j’étais un peu trop renfermé sur moi-même.

Sa remarque sur son obéissance et notre ressemblance me fit cependant rire. Il faut dire aussi qu’elle ne devait pas avoir souvent croisé de chiens membres de l’armée ( bien que ce soit officieux) :

- C’est normal, je me suis arrangé pour que mon petit ami soit éduqué au sein d’une unité K9. Hein mon grand ?

Je ne pus m’empêcher de secouer vigoureusement la tête dudit chien. Fort heureusement, il avait retrouvé sa bonne humeur et jappa doucement de plaisir en remuant la queue. Oui, je trouvais aussi qu’il me ressemblait :

- Nous sommes un peu pareil, oui, une attitude neutre entrecoupée de petits instants d’actions. Il me fait confiance et je lui fais confiance, en tant que solitaire c’est une des meilleures assurances vie qui existe. Oui, c’était bien deviné.

Attendait-elle que je lui parle de la vie dehors ? Cela la préoccupait-elle ou simplement l’intéressait-elle ? Bah, au pire elle pourrait toujours me dire de me taire, elle n’a pas la réputation d’avoir sa langue dans sa poche Blanche Neige.

- J’ai opté pour ce choix de vie car il m’accordait la liberté que je me suis refusé durant tant d’années au sein des forces de l’ordre. Juste lui et moi, et un terrain de jeu infinie. La citadelle me donne tout ce que je veux encore de la part de la civilisation. Le reste je le trouve en vivant au jour le jour.

C’était une tirade presque poétique. Un peu cliché sur les bords mais je pensais réellement ce que je disais. Je me sentais libre et heureux, en un sens c’était un peu le paradis maintenant. Une vie d’efforts pour une éternité de plaisir. Je m’apprêtais à questionner Sarrah sur sa propre vie  mais je fus interrompue par une Sonia appelant Jharod et Mohamed. Les gens semblaient fou, en effet, j’avais cru comprendre, et Sarrah le confirma, que les deux étaient des rivaux de forces quasi-égales. Ce serait probablement le premier gros combat de la soirée. Il faut dire que les autres tenaient plus de la correction voir de l’exécution pour le moment.

Très bien, Blanche Neige suivait mon pari, il n’y avait plus qu’à voir comment ça tournerait. La cloche sonna et un déchainement de cris et d’encouragement accompagna les premiers coups. Ils étaient incontestablement rapides, ça sentait les combattants réguliers. Mais ils semblaient avoir fait plus de sports de combats que d’arts martiaux. Pourquoi je remarque ça ? Aucune idée, mais c’est la seule chose qui me saute aux yeux quand je vois les coups s’enchainer de cette façon. Mohamed semblait avoir la technique d’un boxer poids lourd, tel Ali. Par contre Jharod lui se battait plus comme un adepte de lutte. A leurs styles respectifs, ils ajoutaient des mouvements, coups et prises empruntés à d’autres sports de combats :

- Ouh ouais, je crois que tu as raisons. C’est clairement des bons combattants. Ce sera certainement  intéressant.

Jharod essayait de briser la distance entre lui et Mohamed, là où il aurait l’avantage mais l’autre prenait souvent du champ pour le pilonner autant que possible et le fatiguer :

- Pas fou le Mohamed, il connait bien ses faiblesses.

Au moment où je disais ça, Mohammed réussit à placer un coup particulièrement dévastateur dans le plexus de Jharod. Juste sous le sternum, en ce qui me concerne c’est presque l’équivalent d’une victoire. Ce coup, peu importe l’entrainement est toujours très douloureux. Les quelques secondes de flottement qu’eut Jharod se révélèrent fatales. Mohamed lui décrocha une série de coups rapides comme la foudre et envoya Jharod au tapis en un instant.

Aie ! Je me trouvais à applaudir la performance. C’était un beau combat et Mohamed, peut-être n’avait-il pas apprécié le comportement de John, se montra très sport et aida Jharod à se relever. Là tout de suite je rêvais de tomber contre John au tour suivant. C’était le plus faible de nous trois et j’avais un compte à régler avec lui. Téméraire ne l’aime pas, c’est suffisant pour lui casser la bouche.

- Bien, j’ai perdu le pari, voilà ton dû. Maintenant, dis-moi, pourquoi avoir choisi les forces de sécurité de la citadelle ? J’imagine que tu t’y sens heureuse. Car c’est bien l’avantage de l’apocalypse, ça nous donne l’occasion de faire ce qui nous plait.

J’espérais ne pas mettre montré trop curieux, je veux bien croire que certaines personnes soient gênées devant ce genre de questions un peu personnelles… Sonia nous appela tous au bout de quelques minutes pour procéder au tirage au sort suivant. On a donc répéter la manœuvre des petits bouts de papier. La patronne tira le premier nom : « Sarrah » puis elle plongea sa main pour saisir un deuxième nom. Volontairement, elle fit durer le plaisir. Dans ma tête je suppliais le dieu des barbes qu’elle tombe sur Mohamed et que je sois épargné un tour de plus.

« John ! »

Je lâchais un monumental et sonore :

- Hé merde !

Sarrah eut un rictus, elle semblait ravie du résultat. Mohamed lui semblait soulagé de tomber contre moi. Attends mon petit, j’ai gardé quelques tours dans ma manche. On verra si tu seras toujours soulagé quand je t’aurais cloué au sol.
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Sarrah
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Survivant
Ven 30 Déc - 0:24
Sarrah

ft. Anton Pendragon

ft. Sarrah

「 Duel au sommet. 」


Téméraire, bouvier bernois et chien militaire...




Je fixais alors le chien qui me rendit mon regard. Des yeux où perçait une lueur pleine d’intelligence et de sensibilité.

Anton avait beaucoup de chance.

« Une idée de mon commandant de caserne, il parait que j’étais un peu trop renfermé sur moi-même. »

Je reportais mon attention sur le militaire.

« Un choix judicieux. Là où j’ai grandi, on utilisait les chiens comme interaction, comme moyen d’exprimer ses émotions. Par les temps qui courent, un tel animal est une bénédiction. Ton chef était un peu visionnaire.» Après une courte pause, j’achevais : « Tu as dû beaucoup changer grâce à lui. »

Énormément même. Au vu de son assurance tranquille qu’il dégageait et de la sociabilité qu’il avait à mon égard, on pouvait difficilement imaginer qu’il puisse avoir été renfermé sur lui-même un jour. Les animaux possèdent quelque chose d’extraordinaire pour faire ainsi évoluer certain humain. Le regard d’Anton était perdu dans ses souvenirs. Il transparaissait alors de son être une profondeur insoupçonnée qui me donna envie de mieux le connaitre. Quelle avait pu être sa vie avant l’épidémie ? Comment était-il maintenant ? Avait-il évolué en mieux, en pire ? Qu’en pensait-il lui-même ? Autant de questions que je me posais également sur mon propre cas dans les moments où ma quête de sens m’assaillait.


Le plus souvent, je ne trouvais pas de réponse et je filais dans un bar effacer de ma mémoire ce questionnement acide.

« C’est normal, je me suis arrangé pour que mon petit ami soit éduqué au sein d’une unité K9. Hein mon grand ? Nous sommes un peu pareils, oui, une attitude neutre entrecoupée de petits instants d’actions. Il me fait confiance et je lui fais confiance, en tant que solitaire, c’est une des meilleures assurances vie qui existe. Oui, c’était bien deviné.»

Il cajola joyeusement son chien. Oui... La meilleure probablement. C’était une bien étrange conversation. De celles rares où il n’y a pas de but à atteindre, pas de sous-entendus cachés ou d’enjeux. Je n’en avais plus l’habitude pour tout dire. J’étais détendue. Il poursuivit sur sa lancée et je l’écoutais attentivement.

« J’ai opté pour ce choix de vie, car il m’accordait la liberté que je me suis refusée durant tant d’années au sein des forces de l’ordre. Juste lui et moi, et un terrain de jeu infini. La Citadelle me donne tout ce que je veux encore de la part de la civilisation. Le reste, je le trouve en vivant au jour le jour. »


Un terrain de jeu infini et la liberté.

Un exemple d’adaptation au nouveau monde. Bien peu auraient le cran de dire que ce nouvel univers permettait de commencer une nouvelle vie sans regrets et qui arrivait à combler l’absence de ceux trop vite disparus. Qui arrivait à combler une vie de ses bienfaits. Impossible pour beaucoup, pour cet homme si. Il pensait ses paroles. Anton était la première personne que je rencontrais à sembler satisfait de son existence. En même temps, elle avait de quoi plaire. Il avait un compagnon fidèle et sans peur à ses côtés, visiblement les capacités de ne compter que sur lui-même. Il avait su se forger une existence à son image. Une personne exceptionnelle en somme.

Une question me brûlait les lèvres, mais il était temps de faire place au combat entre les deux derniers combattants du tournoi. Après avoir lancé le pari, nous contemplâmes concentrés le duel. Le poids lourd contre l’agile. Ils étaient vraiment bons ces deux-là. Rapides, enchaînant sans ciller les coups techniques assaisonnés de leur petite touche personnelle. Du joli. Qui fit grimper mon taux d’adrénaline de manière vertigineuse. Mes mains me démangeaient. J’avais envie de les rejoindre, j’avais envie de goûter au sang de mon prochain adversaire. J’avais envie de m’oublier en donnant tout sur le ring.

Mes yeux brillèrent un peu plus fort.

Je croisais alors les yeux d’Anton. Il y avait la même lueur. La même lueur de sauvagerie, d’excitation presque animale et peut-être inconsciente chez lui. La foule nous suivit en émettant un grondement de satisfaction. Sonia sautillait sur place, tapant des mains et sifflotant, contente.

« Ouh ouais, je crois que tu as raison. C’est clairement des bons combattants. Ce sera certainement intéressant. » Fit Anton.

« Ferme ta gueule. » Répliquais-je. « Contemple. Ressens. Apprends. » Fièrement, j’achevais sans quitter des yeux la cage : « Bienvenu Anton. Bienvenu au Deadly Struggle. »

Quand deux guerriers se rencontrent au Deadly Struggle et offre un beau combat, une ferveur implacable s’empare alors de tout le bâtiment. Au fil des coups échangés, au fil des gouttes de sueur qui accompagnent chaque mouvement des duellistes, elle monte. Grimpe. Surmonte. La foule rugissante, assoiffée leur rend alors hommage. Douce mélopée pour les oreilles connaisseuses et désireuses. C’est ainsi que certains deviennent accro au Deadly Struggle. Parce que les combats fédèrent, nous fédèrent tous au sein d’un même lieu. Au-delà des mots, de l’argent, du désir ou de la religion, le Deadly Struggle nous rassemble grâce à des gestes, grâce au sang versé en son sein.

Ce soir, cette ferveur est présente. Nous submerge tous.

Des frissons extatiques me parcourent. Mes muscles sont tous tendus, près à me précipiter. Jharod et Mohammed souriaient comme des gosses. Eux aussi étaient emportés. Leurs coups se firent encore plus rapides, plus précis et forts. Je retenais mon souffle, scotchée face au spectacle sous mes yeux. Mohammed, impérial enchaînait à la perfection attaque-esquive-défense. Jharod ne parvenait pas à passer sous sa garde, à la briser. Il comptait sur sa vitesse et les erreurs de son adversaire. La chance ne lui sourit pas.

« Pas fou, le Mohamed, il connaît bien ses faiblesses. »

D’un mouvement rapide et plein de force, je plaquais ma main sur la bouche du militaire sans quitter des yeux le ring pour le faire taire.

« Message reçu ? » Balançais-je sans émotion.

Il hocha la tête et je reposais tranquillement mon bras sur mes cuisses. Il faisait de plus en plus chaud ici-bas. Je fis rouler les muscles de mes épaules. Mes tatouages luisaient sous la lumière des néons.


Mohammed gagna alors le combat.

Un coup dans le sternum. Un coup puissant, très puissant. Qui ne laissa aucune chance à son adversaire. Se pliant en deux sous la douleur, Jharod ne put parer ou esquiver l'enchaînement suivant de Mohammed. Il s’effondra au sol.


La foule explosa, ravit.

Tout devint assourdissant au moment où Mohammed dressa son poing vers les cieux en signe de victoire. Tous, nous nous levâmes alors de notre siège et applaudîmes comme un seul homme. Même Anton. Mohamed aida peu après Jharod à se relever sous les acclamations de la foule et les compliments surexcités du présentateur. Ils revinrent ainsi dans les coulisses, bras dessus, bras dessous tels deux frères. Sonia les attendait, deux bouteilles d’eau dans les mains et un infirmier à ses côtés. Ils se précipitèrent tout deux vers les combattants. Sonia, volubile ne cessait de déblatérer des félicitations et des compliments aux deux hommes. La soirée venait officiellement de commencer. Je lançais un regard à John. Mes yeux le fixèrent durement, semblant lui dire : t’es le prochain sur ma liste. Il ne soutint mon regard que quelques secondes avant de s’en aller plus loin.

« Bien, j’ai perdu le pari, voilà ton dû. » Anton attira mon attention en me tendant les cinq capsules.

Je hochais la tête, satisfaite. J’aime les personnes qui tiennent parole. Sans me laisser le temps, il enchaîna.

« Maintenant, dis-moi, pourquoi avoir choisi les forces de sécurité de la citadelle ? J’imagine que tu t’y sens heureuse. Car c’est bien l’avantage de l’apocalypse, ça nous donne l’occasion de faire ce qui nous plaît. »


Je le contemplais, le regard vide. Le silence se fit tendu avant que je ne réponde.

« Une opportunité que j’ai saisie alors que j’étais une Solitaire. » Une autre époque, un autre monde. Ça faisait combien de temps maintenant ? « Un an et demi, déjà. » Repris-je, davantage pour moi-même que pour mon interlocuteur. « Heureuse ? Une occasion de faire ce qu’il nous plaît ? Pour toi, oui. Pour moi, je fais ce que j’ai toujours fait et su faire. Être un Garde, participer au Deadly Struggle ne s’éloigne pas de ce que j’ai toujours été. De ce côté-là, apocalypse ou non, rien n’a changé. » Je me perdis dans le vague. « Être heureux... Doux but qui n’est pas le mien. Il l’a peut-être été un jour, l’a-t-il vraiment été en fait ? » Je ricanais. « Tu abordes un sujet dont je ne parle qu’avec un verre dans la main. Changeons de sujet. »

Nouveau silence, devenu plus détendu.

« Pourquoi t’engager en tant que militaire si tu aimais être libre, ne pas être subordonné ? » La question brûlante m’avait échappé, songeuse.

Pourquoi accepter de porter certaines chaînes ? Anton semblait être quelqu’un de fort et de stable. Avant la chute de l’Ancien Monde, il aurait très bien pu s’en défaire et trouver cette liberté qu’il possède maintenant. Les choses n’auraient pas été aussi simples, mais possibles. Pourquoi attendre ? Par manque d'un déclic? Par crainte face à l'inconnu incertain?  À la place de la menace constante des infectés, cela aurait été celle du loyer, des factures à payer dans les temps. Mais cette liberté qu’il semble tant chérir, il aurait pu aussi l’avoir. Comme aujourd’hui, ça aurait pu être un choix de vie, avec des conséquences, mais un choix tout de même.

Sonia nous interpella ensuite, sans nous laisser le temps de poursuivre cette découverte mutuelle.

« Second tour mes jolis. Faites comme au premier. Ok. Alors, le prochain duel réunira : Sarrah ! Et... » Un air goulu apparu sur son visage et elle me fixa. Elle fit durer le plaisir quelques instants de plus. « Et John. »

Un rictus sauvage retroussa mes babines.

« Et merde ! » Lâcha élégamment le militaire.

Anton semblait déçu, mais je n’en avais que faire. J’allais réduire en charpie l’homme devant moi où à son front des gouttes de sueur étaient apparus. Oui, mon vieux, tu es mort. C’est à un autre type d’adversaire que tu vas te mesurer. Le même état d’esprit plein de combativité que celui de ton précédent duel, mais à des années-lumière question technique et expérience. Tu le sens mal, hein ?

« Anton et Momo, vous formerez l’autre duo. Vingt minutes de pause devant vous pour vous préparer. Ensuite, j’annoncerais quel duo ira dans la cage en premier. À plus ! » Elle disparut aussi vite en direction de la loge des VIP. Il devait y avoir du beau monde là-haut avec de grosses bourses remplies de capsules à vider.

John fut le premier à rompre le demi-cercle et partir de son côté.

Je félicitais chaudement Mohammed avant d’entraîner Anton dans un coin.

« Échauffe-toi avec moi. »

Nous échauffâmes rapidement nos muscles et les étirâmes. Au bout de cinq minutes, je lui fis signe de s’arrêter et de se rapprocher. Je pris d’abord des pattes d’ours et les enfilai.

« Chacun son tour. » Fis-je simplement.

Il enchaîna les mouvements qu’ils connaissaient. Lorsque je voyais des erreurs, je les lui indiquais et lui donnais quelques conseils. Ensuite, nous alternâmes. J’enchaînais les combos sans pitié, lui donnant leur nom et comment les effectuer et à quel moment. Enfin, nous terminâmes par le jeu de jambes. Prenant un bouclier incurvé matelassé, je lui fis signe de se bouger. Il prit ensuite le bouclier et je m’entraînais méthodiquement. Finalement, nous nous stoppâmes en sueurs, assit par terre, nous désaltérant en ne rompant pas le silence entre nous.

« Anton et Mohammed ! À vous d’entamer le bal ! Bougez vos jolis petits culs bien musclés. »

Sonia semblait particulièrement émoustillée...

Avant qu’Anton ne parte vers le ring, je le retins. Lui serrant fortement l’épaule, je captais son regard.

« Ne me fais pas faux bond pour la finale. »

Je le relâchais. Il hocha vigoureusement de la tête avant de suivre les traces de son adversaire.

Sa victoire semblait être incertaine face à Mohammed, mais mon petit doigt me disait qu’Anton avait plus d’un tour dans son sac.




Entame la première danse bonhomme, viendra ensuite mon tour. En attendant ne me déçois pas.


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Anonymous
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Ven 30 Déc - 16:44
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Alors ça ! Pendant le match, la miss semblait faire partie des gens à qui il ne faut pas parler ! Quel toupet ! Enfin, si en soit ça me faisait un peu rire. Elle ne vit probablement pas mon air interdit quand elle posa sa main sur ma bouche. Le combat fini donc sous un tonnerre d’applaudissements et là seulement notre conversation reprit ; d’abord enjouée puis j’ai posé LA question qu’il ne fallait pas…

Un silence un peu gêné s’installa entre Sarrah et moi. Visiblement j’avais touché un point sensible… Bien joué Anton Pendragon, tu as le don pour dire des conneries aux femmes ! La réponse de la boxeuse fut pour le moins surprenante. Presque… déprimante. Oui elle avait saisi une opportunité, mais ses talents, elle aurait pu les employer à autre chose ! Pourquoi s’enfermer dans un carcan, dans « une zone de confort » ? Mais ce qu’elle pensait me perturbait, ne pas être heureux, ne pas avoir comme objectif. J’ignore quel était la vie de Sarrah avant la fin du monde, mais visiblement, elle ne devait pas avoir eu beaucoup de chance.

Ouais, je comprenais qu’elle ne voulait pas en parler, peut-être si j’arrive un jour. Comme elle le disait, avec un verre dans la main ? Mais avais-je réellement envie de savoir ce qui s’était passé ? Probablement pas, ma vie de protecteur était derrière moi et parler de son malheur ne le ferait pas disparaitre. Mais j’eu à peine le temps de finir ces pensées que Blanche Neige me posa une question presque aussi « grave ». Pourquoi l’armée ?

- Je, comment dire ? Toute ma vie on m’a dit que j’étais quelqu’un de fiable, sur qui on pouvait compter. Je rendais service et j’étais quelqu’un « dans le rang ». J’étais terne et chiant, la seule chose qui me démarquait c’était mon humeur, toujours égale.

J’allais continuer à déballer ma vie quand Sonia nous appela, la suite vous la connaissez, je suis tombé contre Mohamed et Sarrah contre John. L’arabe sembla soulagé d’esquiver Sarrah, c’était surtout ça que je voyais.  Je n’avais pas encore fait mes preuves après tout, alors que se retrouver en face de la fille la plus dangereuse du deadly devait intimider.
Sonia nous laissa pour disparaitre dans un coin des estrades.

Elle avait bien compris les enjeux de cette soirée. La brute John, la guerrière Sarrah, le robuste Mohamed et l’expéditif Anton. J’imaginais mal être le favori de qui ce que ce soit. Mais j’avais un autre souci en attendant, la boxeuse me traina dans un coin pour m’obliger à m’échauffer. Par la  grande pizza, je déteste ça !  Après avoir fait souffrir mes pauvres muscles, elle saisit des pattes d’ours et les enfila :

- Chacun son tour.

Bon, je n’étais pas douée pour les enchainements de boxe, ma façon de se battre reposait sur des coups fulgurant isolés au milieu de manœuvres tels que des clefs de bras, de jambes et d’autres coups plus vicieux. En soit ce fut un exercice qui eut au moins le mérite de me vider l’esprit et de me détendre.

- Je me suis engagé car je pensais pouvoir servir le peuple, le protéger et l’aider. Ces règles et chaines, je les aie aimées pendant longtemps. Humrf ! Je me suis isolé dans cette idée chevaleresque de mon métier. J’ai rejoint un groupe anti-terroriste au bout de quelques années. Je te le précise car c’est là que j’ai eu Téméraire. Je le chérissais plus que tout à l’époque. Oui il m’a changé.


Sarrah finit par baisser les mains et nous échangeâmes les rôles. Sans pitié elle a pilonné mes paumes, j’en profitais néanmoins pour continuer à parler.

- Son arrivé à enclenché une prise de conscience en moi, j’ai vu le monde et ma place dedans. Je me suis rendu compte que sauver des otages, tuer un terroriste n’aidait pas vraiment. J’ai aussi vu comment les gens me traitaient. Cette prise de conscience fut longue mais maintenant je suis libre.

Devais-je lui dire que j’avais abattu la moitié de mon groupe tout simplement pour pouvoir aller le récupérer ? Avait-elle besoin de le savoir ? Non, certainement pas… De toute façon, l’entrainement suivant demandait beaucoup plus d’efforts, je ne dis plus rien et elle non plus. Le jeu de jambe non plus n’était pas ma spécialité, j’étais un combattant soit expéditif soit défensif et ça ne n’étais du tout ma tasse de thé. Je me demandais si c’était fait exprès pour me tester ? Après tout, elle ne savait rien de moi, alors que moi je l’avais déjà vu se battre.

«  Sérieusement, tu t’amuses en faisant ça ? »

J’allais lui répondre une phrase bien sentie quand Sonia entra pour nous appeler Mohamed et moi. Au moment de quitter Sarrah, elle m’attrapa l’épaule et me lança un regard pénétrant. Elle voulait se battre contre moi et  elle me le fit clairement savoir.

- Je ferais de mon mieux, toi aussi, ne me fait pas défaut.

***

J’étais calme en entrant dans le ring, mon sang et mon cœur me disaient que j’avais vu pire. Mohamed n’était pas là pour me tuer, il était là pour l’argent et s’amuser. Non pas que je devais le prendre à la légère, mais je me sentais rassuré. Seul mon honneur serait en jeu et j’avais laissé celui-ci dans le caniveau avec le sang de mes camarades.  Ma stratégie pour venir à bout de lui prit enfin forme et les quelques dernières secondes se firent dans cette bulle de temps déformée…

Encore une fois la cloche sonna et encore une fois un déluge de hurlement couvrit tout le reste. Ils en voulaient pour leur argente ? Ils allaient en avoir et pas qu’un peu. Plutôt que d’adopter la défensive et de le laissait venir, j’ai opté pour une méthode plus « violente »  et expéditive.

Je me ruais sur lui et au dernier moment je bondis pour décrocher un violent coup de pieds. Ses réflexes sont bons, il se tourna juste à temps pour prendre le coup dans la hanche et non dans le ventre. Mais c’était suffisant pour moi. J’ai enchainé les coups de pieds dévastateurs, l’obligeant à reculer et chaque coup prit lui arrachait une grimace. C’était une stratégie efficace, mais elle me demandait beaucoup d’énergie et la moindre erreur dans mon placement me rendait vulnérable.

Ce fut à cause de ça que je pris mon premier coup, un direct sur l’arcade. Bon sang ! Il cogne fort Mohamed ! Ce fut à mon tour de me retrouver en position défensive. Pour frapper j’avais besoin d’espace et il ne m’en laissait pas. Un coup particulièrement fort me fit tomber au sol, j’avais l’arcade entaillée et du sang au coin de ma bouche. Le boxer s’assit presque sur ma poitrine et frappa. Ma vision se troublait pendant qu’il me pilonnait, j’avais mal, très mal. Je ne pouvais pas riposter, au loin j’entendis des bruits plaintifs… Téméraire.

Je l’avais déjà entendu faire ça, quand j’avais été blessée par balle ou quand ma vie était menacée. Mohamed risquait-il de me tuer ? En tout cas je ne lui laisserais pas l’occasion d’essayer ! Je saisis la cheville de mon adversaire et je m’en servi comme levier pour le faire basculer. Je me relevais à toute vitesse, essayant de prendre autant de champs que possible. Je vis du coin de l’œil mon ami canin gronder, il semblait prêt à attaquer Mohamed s’il pensait que ma vie était menacée :

- Tu ne bouges pas ! Reste couché Téméraire ! N’interviens pas !

J’allais finir ce combat rapidement, j’avais très mal à la tête et Mohamed semblait s’être fatigué, il boitait également. Mais cela ne l’empêcha pas de me charger et de tenter un redoutable direct. Le coup était légèrement trop lent, je réussis à le dévier et à me retrouver au contact, là où j’aurais l’avantage.

D’un mouvement souple je réussis à enrouler mon bras autour du sien et à orienter son corps vers l’arrière. Laissant par l’occasion toute sa face vulnérable. En trois coups précis et puissant ce fut terminé, le ventre, le sternum puis le visage. Sonné, il tomba au sol et ne se releva pas. Je n’entendais que ma respiration et mon sang qui courrait dans mes veines. J’avais gagné ce match, j’étais en final !

Quelqu’un me poussa doucement vers les coulisses, on me passa une bouteille d’eau et on nettoya mes plaies. Téméraire vint me voir, je voulu le caresser, mais il se déroba pour me mordre cruellement la main ! Il relâcha aussitôt la pression mais du sang coula, puis il s’assit en face de moi, grognant sur Mohamed qui se remettait lui aussi du match. Sarrah qui se tenait non loin eut l’air profondément choquée par son geste. Pas moi, ce n’était pas la première fois qu’il le faisait :

- Par bien des égards, il est ma conscience, il a eu peur pour moi durant ce match et il me le fait savoir. Les gens oublies souvent qu’il est à plus d’un titre un être pensant et intelligent. Des fois moi même je le sous-estime

Je regardais ma plaie au bras, elle était légère, ce ne serais pas trop handicapant pour le prochain match. Je regardais Sarrah, ce serait probablement contre elle. Il ne fallait pas que Téméraire soit présent. Je devais le renvoyer :

- Mon grand, va voir Max. c’est bientôt terminé, je te promets de rentrer en un seul morceau.

En disant cela, je l’enlaçais pour le serrer fort. Je sentais à sa façon de respirer qu’il avait peur. Mais néanmoins, il m’obéit après m’avoir léché le visage. Il disparue en direction du New Born.

- N’ait peur de lui que le jour où tu me voudras du mal.

Le combat de Blanche Neige commencerait bientôt, j’avais hâte de la voir donner une leçon à John mais j’appréhendais de me retrouver contre elle. Même au mieux de ma forme ça aurait été un combat difficile. Il ne restait qu’à espérer que John oppose assez de résistance pour équilibrer le jeu de la fatigue.

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Sarrah
Sarrah
Survivant
Mar 3 Jan - 23:13
Sarrah

ft. Anton Pendragon

ft. Sarrah

「 Duel au sommet. 」



Alors qu’Anton se lançait à l’assaut de son adversaire, je repensais aux paroles que nous avions échangées.



D’un homme passif idéaliste, il avait repris en main sa vie grâce à son chien.

Un lien indéfectible devait donc les relier. Étrange comme certaines personnes arrivent à oublier leur propre individualité pour mieux accomplir une tâche qui leur tient à cœur. Il s’était de lui-même emprisonné, il avait de lui-même choisit quelles seraient ses chaînes. Était-ce aussi une forme de liberté ? Peut-être, mais à partir du moment où elles étaient devenues étouffantes, l’avaient séparé de ce qui faisait qu’Anton était Anton, son désir de servir et de protéger était devenue une prison. La sienne. Construite de ses mains rugueuses… Construite de toute pièce. Mais l’œuvre avait surpassé le maître. Jusqu’à ce que Téméraire surgisse.

Cette prise de conscience n’avait pas dû être facile… Son air torturé qu’il arborait vis-à-vis de mes paroles sur le fait que le bonheur, cette quête du Saint Graal pour la majorité, n’était pas ma priorité m’avait laissé songeuse. Il devait avoir du mal à concilier deux parties de son caractère : l’Anton protecteur toujours prompt à se soucier d’autrui et l’Anton libre, sans attaches et distant. Deux facettes d’un même être. Passé et présent. Irais-je même jusqu’à penser que le fait qu’il soit satisfait de sa vie actuelle ne soit qu’une façade et que derrière, il soit aussi perdu que le reste du monde ? D’une certaine manière, je le pressentais, mais je ne le connaissais pas. Les bribes qu’il aurait bien voulu partager permettraient sans doute de cerner Anton si elles étaient réunies ensembles. Pour l’heure, j’en savais peu et ne m’attendais pas forcément à en connaitre plus. Mes élucubrations à la Eric resteraient donc lettre morte et rien ne filtrerait de mes lèvres.

Vouloir jouer aux héros… Qu’est-ce qu’il avait bien pu vivre pour devenir ainsi ? Du temps de l’Ancien Monde, les chevaliers servants et autres conneries étaient déjà rares et le concept complètement désuet. Le plus souvent, ce type d’individus était naïf, trop gentil et honnête. Il se retrouvait entouré de sangsues qui profitaient pénardes de leur largesse. Visiblement, ça avait été la même chose pour lui. Dans la MECS où j’avais grandi, certains étaient comme ça parce qu’ils avaient peur de se retrouver seuls, d’autre parce qu’ils avaient vécu quelque chose d’injuste et qu’ils ne voulaient pas que ça se reproduise pour autrui. Certains éducs avaient ce dernier type de personnalité et avait donc choisit un travail où leurs convictions pouvaient se traduire en actes concrets. Oui… Des personnes aux valeurs et aux idéaux très prononcés qui n’hésitaient pas, malgré les parcours chaotiques des gosses et peu d’avancées mesurables, à continuer de mener le combat. À rester fidèles à leurs idéaux, quelles que soient les circonstances. Anton était probablement de ce genre-là, mais les coups de la vie pouvaient être retors. Enfin, s’il se sentait mieux grâce à son chien, c’était le principal.

Pour autant Anton semblait pensif en montant sur le ring et cette lueur dans son regard ne semblait pas vouloir s’effacer lorsque le combat commença.

Était-ce une certaine forme de rage que je percevais dans le premier assaut qu’il mena sur Mohammed ? Dans tous les cas, il fonçait tête baissée dans le tas. Heureusement pour lui, il était bon, très bon, mais face à Mohammed, cette stratégie ne serait pas bonne sur le long terme. Mohammed reculait en serrant les dents, mais il attendait son heure. Et elle advint. Une erreur et il saisit sa chance. Un direct atteint l’arcade d’Anton.

Téméraire se mit à grogner, inquiet. Pourquoi l’avoir amené avec lui ? La pauvre bête n’apprécierait jamais le spectacle de son maître recevant des coups… Anton était forcé d’être sur la défensive. Mohammed ne lui laissait pas d’espace ni de répit pour qu’il place une contre-attaque. La spécialité de Mohammed était probablement l’attaque. Sa force et sa précision lui permettaient souvent d’expédier ses duels. Anton finit par tomber sous l’un des coups puissants de son adversaire. Le militaire se mit à saigner et son chien à gémir de plus en plus fort. Mohammed fit ce qu’il y avait à faire, il s’installa sur son adversaire et le roua de coups. Le public se prit d’une frénésie soudaine et devint enragé. Voir ainsi l’homme si efficace et chirurgical se prendre une telle raclée ne pouvait que les combler. Téméraire devenait de plus en plus agité et jappait de manière insistante.

Anton dus l’entendre, car il reprit immédiatement du poil de la bête.

D’un geste plein d’une rapidité propre à ceux qui se savent sur le fil du rasoir, le militaire attrapa la cheville de Mohammed avant de le faire basculer. Sans que je n’aie eu temps de faire un geste, le chien s’était avancé vers le ring, très menaçant.

« Tu ne bouges pas ! Reste couché Téméraire ! N’interviens pas. »

Le chien arrêta son avancée, mais ses crocs restaient dénudés. Je restais à ma place, ne connaissant pas les réactions de Téméraire lorsqu’il était aux prises avec des émotions violentes. L’intervention d’Anton eut au moins le mérite de stopper le combat pendant une minute permettant aux deux adversaires de jauger leur état respectif. De la sueur dégoulinait du front de Mohammed qui semblait fatiguer. Le militaire semblait en piteux état également…

Les deux hommes se relevèrent. Ça sentait la fin du duel.

Mohammed chargea sans attendre son homologue. Il boitait et semblait plus lent. Il laissa une ouverture à Anton qui s’en saisit immédiatement. Déviant le coup qui lui était destiné, il se glissa sous la garde de Mohammed, s’empara de son bras et brisa net sa défense. Totalement à découvert, l’arabe tomba sous les trois coups chirurgicaux d’Anton. Il ne se releva pas. Finalement victorieux avec ce combat haletant et à l’issue incertaine jusqu’à la fin, le militaire resta debout au milieu du ring sans faire un geste de plus. La foule quant à elle silencieuse, jusque-là, explosa. En hommage au spectacle qui venait de se dérouler sous leurs yeux, les gradins se mirent à vibrer violemment sous l’effet des centaines de pieds le martelant.

Anton était en finale. Il s’agissait maintenant pour moi de faire de même. Lors-qu’Anton arriva dans les coulisses, deux assistants se précipitèrent vers lui pour s’occuper de ses blessures. On l’installa sur une chaise. Son chien s’avança vers lui. Il fit alors une chose qui me surprit beaucoup. Le chien mordit son maître jusqu’au sang avant de grogner comme un beau diable en direction de Mohammed. Ce dernier et moi-même froncions des sourcils, circonspects.

« Par bien des égards, il est ma conscience, il a eu peur pour moi durant ce match et il me le fait savoir. Les gens oublient souvent qu’il est à plus d’un titre un être pensant et intelligent. Des fois, moi-même, je le sous-estime. » Il poursuivit en redirigeant son attention sur son compagnon après m’avoir regardé d’une étrange manière. « Mon grand, va voir Max. C’est bientôt terminé, je te promets de rentrer en un seul morceau. » Étreignant son chien quelques instants, il le laissa quitter l’Arène.


« N’aie peur de lui que le jour où tu me voudras du mal. »




Je haussais simplement des épaules. Encore une évidence.









Les acclamations du public accueillirent l’arrivée de mon adversaire et de moi-même sur le ring dans un brouhaha assourdissant.




L’homme au mégaphone balança une fois de plus son speech d’introduction.

Au contraire de John devant moi, ses compliments me laissèrent de marbre. Les paroles du présentateur étaient dirigées vers les gradins pour augmenter un peu plus le montant des paris et l’excitation de la salle. Plus la raison laissait place aux émotions, plus l’argent coulait à flots. John ne semblait visiblement pas le comprendre et tout ce cirque ne faisait que renforcer son ego surdimensionné. Continu donc de sous-estimer toutes les femmes que tu rencontres bonhomme, mais tu viens de tomber sur un os.

Emporté dans son élan, il arborait un air crâne. Il s’approcha de moi jusqu’à ce que son souffle titille ma joue. Son grand sourire suffisant et la lueur dans ses yeux trahissaient ses intentions. Il escomptait me faire peur, m’intimider. Je restais placide, attendant inévitablement qu’il poursuive son manège.

Il se mit à beugler d’une voix forte : « Je te mets au défi femme ! Moi, John, terreur du ring, vais répondre à tes provocations et te faire regretter le jour où tu as posé ton pied dans cette Arène. Retourne donc écarter les cuisses à tous ceux qui accepteront de mettre un maigre prix pour te passer dessus ! » Une veine se mit à battre sur sa tempe à l’unisson avec son monologue.

Si je souhaitais une preuve de sa stupidité, j’étais servie.

Un machiste en puissance. Espèce malheureusement devenue légion au sein de la Citadelle. Était-il si inconscient ? Savait-il à qui il adressait ses dires insultants ? Roulant les muscles de mes épaules, j’étirais mes bras et échauffais mes articulations. Ce faisant, mes tatouages se retrouvèrent illuminés par les spots au plafond et sur les côtés. Le phénix dans mon dos musculeux étirait langoureusement ses ailes dorées. Je sentis le regard de John passer sur mes bras, mon visage et mon cou, à la découverte des dessins gravés dessus. Il ferma sa bouche et déglutis. Message implicite imbécile : tu viens d’insulter un garde de la Citadelle. Pour moins que ça, un autre agent t’aurait décapité. Gardant mon calme et prenant mon temps, je le fixais. Finalement, laissant ma colère et ma rage s’emparer de mon corps, je lui répondis sans brider l’intonation de ma voix.

En un murmure que lui seul entendit, je lâchais quelques mots.

Il pâlit et recula précipitamment. Reprenant les rênes sur ces deux émotions, je me mis en garde et attendis tranquillement le début du match. Savourant la chaleur provenant de mon ventre et le plaisir anticipé de la lutte qui s’annonçait, je me surpris à légèrement sourire. Bientôt viendrait le Ding annonciateur d’une vague d’adrénaline qui prendrait le contrôle de mon corps. J’allais l’exploser et cette certitude se lisait dans mes yeux. Il l’a senti et son visage se ferma. Il me prenait enfin au sérieux.


Vint enfin la fin de l’attente. La fin de l’anticipation.

À la sonnerie, nous nous lançâmes dans une valse dont l’issue serait fatale pour l’un de nous. Esquivant la moindre de ses attaques, je jaugeais mon adversaire. Comme me l’avait indiqué Anton, cet homme se basait davantage sur sa force que sur sa vitesse et la technique. Ses coups restaient prévisibles et bourrins. Avide de l’humilier autant qu’il l’avait fait pour Anne, pour tous ses actes qui m’étaient restés en travers de la gorge, je virevoltais autour de lui pour le fatiguer, le faire rager. Pirouettes, pas sur le côté, je virevoltais, insaisissable. Puis doucement, pour que la peur commence à envahir son cœur, je me mis à attaquer. D’abord aussi légers qu’une caresse, mes coups se firent de plus en plus durs, de plus en plus rapides. Il paniquait. Ses yeux exorbités s’affolaient en tout sens. Je me délectais de ce spectacle. Je m’en nourrissais. Ma colère, ma rage, l’injustice, ma tristesse, j’utilisais tout ce que j’avais pu ressentir durant les dernières heures pour alimenter chacun de mes gestes.

Si durant tout ce temps, j’ai supporté ma vie à la Citadelle, c’est grâce aux tournois, aux combats, au Deadly Struggle. Les ordres, les missions répétitives, les magouilles du Conseil et de Big Boss, la grisaille, la mort d’Eric, la folie meurtrière et imprévisible de mes collègues, tout disparaissaient. Ma fatigue, ma lassitude, ma mélancolie, l’absence évidente de but, de sens à ma vie, tout s’effaçaient. J’étais vivante ici. Vivante et maître de tous mes actes. Nul par ailleurs, je n’aurais souhaité me trouver. Nul autre endroit que celui-ci n’existait pour combler le vide béant de l’absence de ma lanterne. Peut-être comprenais-tu maintenant Anton. Comprends-tu que si je suis ici, à la Citadelle, c’est qu’il y a bien une raison, même minime, même si tu ne la connais pas. Il y a toujours une raison, une justification à tous nos actes. Souvent, elle nous échappe, car inconsciente, mais elle persiste et nous pousse à nous ancrer dans une réalité qui ne nous convient pas forcément de prime abord. C’est mon cas. Et ça me permet de ne pas aller me tuer au milieu des infectés.

John ne tentait aucune contre-attaque.

Il espérait sans doute que je me fatigue. Qu’il était lent. D’un Half Uppercut transperçant sa garde, je lui explosais le nez. Portant ses mains à son visage et contemplant le sang teintant ses paumes, il poussa un cri de rage. Me chargeant comme un bœuf, il me rua de coups. Esquivant la plupart, j’en parais certain. Sa force était impressionnante. Mes avant-bras touchés n’allaient pas tarder à virer aux violets. La bête était réveillée. Sa détresse s’était transformée en sursaut. Celui du condamné. À moi de le mater.

Prenant de la distance avec John pour échapper quelques instants à sa fureur, je me mis en position. Mettant mon pied pivot en diagonale, j’attendis que John soit à la bonne distance avant d’exécuter un Wheel-Kick fulgurant. Lancé dans son assaut, la garde baissée, mon pied l'atteint au niveau de la nuque. Parce que notre gabarit niveau poids était très différent, il ne chuta pas, mais resta sonné sur place légèrement baissé. Prenant mon élan, je m’appuyais sur sa tête pour exécuter un dernier coup : un Flying Front Knee Strikes. Son sang gicla sur moi. Il s’effondra. J’essuyai le liquide vermeil déposé sur mes joues, ne faisant que l’étaler davantage.

J’étais dans un état second.

C’était fini. Je redevenais aussi vide qu’auparavant. Les hurlements soudains explosèrent en vague dans l’audience, mais ne m’atteignirent pas. Sans plus attendre, sans un regard en arrière, je m’en allais. M’asseyant lourdement sur la première chaise que je trouvais, j’observais mes mains pourpres. Elles tremblaient. Une douleur cuisante me fit méchamment grimacer. Mes avant-bras avaient un sale aspect. De même, mon genou avait pris un sacré choc avec mon dernier coup. J’étais amère. Pensive. Tournée sur mon fort intérieur. Sonia papillonnait autour de moi, mais je n’écoutais pas ses propos. Pas pour le moment. Arrachant de la main d’un assistant une bouteille d’eau, je la vidais sur moi.

Si lasse…




« Dix minutes de pause. » Furent la seule chose que je saisis.




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Anonymous
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Mer 4 Jan - 21:37
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La blessure n’était pas profonde, mais elle était douloureuse au final et saignait beaucoup. Un infirmier me posa un bandage très serré sur la main. Il regarda d’un air désolé mon arcade et me dit qu’un point serait peut-être nécessaire. Ouais je me doute bien mon grand que je vais avoir besoin de points, mais de toute façon, j’ai un combat autrement plus dangereux qui m’attends. Reste à portée avec ta trousse de couture, j’en aurais besoin d’ici une demi-heure. Un peu de sang coulait le long de mon visage, le pansement qu’il m’avait posait en attendant était déjà imbibé

En attendant j’avais un match, une correction à regarder.  Comme je l’avais deviné, John n’avait pas spécialement de technique, il misait sur l’intimidation, la force et la résistance. C’était, en soit, pas un choix plus mauvais qu’un autre. Mais quand on n’avait presque aucune technique de combat et qu’un adversaire expérimenté faisait face ; la situation devenait vite tendue et risquée. Sarrah mena sa danse de coups mortels avec une rage et une précision que seule une ancienne sportive pouvait avoir. Pauvre John, j’aurais presque eu pitié de lui, presque…

Le combat fut presque à sens unique lui aussi, les coups que John n’étaient pas dangereux pour Sarrah, du moins pas pendant ce combat. Mais ses avants bras prenaient une délicate teinte violette au fur et à mesure du combat. La douleur ne viendrait pas tout de suite, mais quand elle serait là. Ce ne serait pas joli. A un moment, le regard de Sarrah quitta John et nos yeux échangèrent un bref instant. Au fond des siens je pouvais voir la colère, la joie, l’excitation. Un feu ardent et puissant, aussi déprimée qu’elle semblait être, se trouver dans l’arène à faire ce pourquoi elle était bonne lui procurait ce qui semblait être de la joie.  Non pas la joie d’un enfant devant un cadeau, mais la joie sauvage d’un prédateur face à une proie. Celle d’une Walkyrie face à un combat. Je crois en effet que c’est la meilleure appellation pour elle en fait, bien meilleure que Blanche-neige.  Cependant, à l’instant où John roula au sol vaincu. Cette lueur disparue, remplacée par…rien.

Sarrah avait les yeux vides quand elle revint vers les vestiaires. Je l’aurais bien félicité, mais elle ne semblait pas avoir envie de parler. C’est tout juste si elle réagissait à son environnement extérieur. Le combat commencerait sous peu. J’essayais de me concentrer comme je pouvais, mais une foule de petits détails me perturbaient. Le sang sur mon t-shirt l’avait rendu collant et peu agréable  à porter. Tant pis pour lui, je le retirais. Je me battrais torse nue, au moins une partie du publique trouverait son compte. J’allais affronter un adversaire puissant, il fallait que je trouve ses faiblesses et que j’adapte ma stratégie. Reste calme Pendragon, reste calme et souviens-toi de ce que tu as appris…

- En piste ! Vous avez chauffé le publique à blanc, faites les moi fondre maintenant ! La récompense au vainqueur sera considérable, j’ai rarement vu autant de capsules au même endroit. Evitez juste de vous tuer, je ne veux  pas perdre ma meilleure combattante et un redoutable challenger.

J’entrais dans l’arène sous un tel bruit que j’avais l’impression d’être de retour lors de l’attaque du 7 Juillets 2019. Si cette date ne vous dit rien, imaginez le 13 novembre 2015, mais avec 50 terroristes mais avec le GIPN, le RAID et le  GIGN pour taper dessus. Ce jour-là j’avais passé une des pires journées de ma vie, le danger constant, les armes à feu qui hurlaient en continu, le sang et les cadavres. Je vous en parlerai peut-être un jour en détail.
Ni moi ni Sarrah n’avons salués la foule, Celle-ci hurlait et le speaker semblait parler de deux dieux guerriers. Les secondes avant que la cloche sonne furent encore une fois longue et dilatées par mon esprit. Je ne quittais pas Sarrah des yeux, imperturbable, elle soutenait mon regard. Mais il était encore vide, même quand la cloche sonna.  Elle se jeta sur moi avec force et vitesse certes, mais ses gestes semblaient… mécaniques. Je parai la première attaque et combat commença

***

Sa première attaque fut un coup de pied latéral, que je réussis à esquiver de justesse avant de répondre par une claque sur l’oreille. En dépit de son regard morne elle réussit à esquiver mes coups. Je repartis à la charge, résolu dans une approche offensive, avec ses bras en sale état j’avais l’espoir de briser sa défense rapidement. Coups de pieds sur sa mauvaise jambe et coups de poings sur ses avant-bras. Frapper le plus vite possible, pour annihiler la menace. Il fallait que j’en termine vite !
Je prenais quelques coups bien sentit au vol moi aussi. En dépit de son manque de « feu », je sentais bien son expérience du combat. En particulier quand elle me décrocha un direct dans l’arcade, celle-là même déjà blessée lors du combat contre Mohammed. Mon torse se couvrait doucement de bleu là où de prenais de coups, mais j’avais l’impression qu’elle manquait de cœur dans ce combat.

C'était... vexant

A quoi peux-tu bien penser Sarrah ? Pourquoi je ne suis pas au centre de ton attention en ce moment ? Si le Deadly est si important pour toi, pourquoi te bas tu comme si tu pensais à autre chose ? Pourquoi je ne vois que la douleur lorsque tu pars mes coups ?
Je réussis à passer sous sa garde pour lui faire une clef de bras, j’en profitai pour lui glisser l’oreille :
- Tu es dans l’arène, ce n’est pas le moment de penser à ta vie en dehors !

J’aurais bien ajouté quelques choses d’autre, mais je me pris un bon coup au foie. Je reculais penché en deux quand elle tenta un de ces redoutable coup de pied descendant, le même qui avait sonné John. Mais contrairement à lui je savais me battre !
Je me détendis d’un coup et bondi pour l’attraper au vol. Mon bras gauche vint s’enrouler autour de son bras droit pendant que mon autre main trouver le chemin de sa gorge et que son dos s’abattait sur mon genou. Elle était à ma merci ! Je n’arrivais pas à le croire ! Je tenais Sarrah, la Walkyrie, la terreur du Deadly, je la tenais au creux de ma main !  Dans mon esprit, une voix me murmurait :

« Achève-la ! Fais comme avec Mohamed ! Trois coup sec et empoche la récompense. »

J’allais m’exécuter et la mettre au tapi quand mon regard croisa encore une fois le sien. A ce moment je ne sais pas pourquoi j’ai tout oublié en dehors de nous. Je voyais bien maintenant qu’elle n’était pas la tête au combat, elle semblait triste… et vide. Une autre voix dans ma tête parla à son tour :

« Elle n’est pas dans son état normal ! Aide là un peu, tu n’es pas un requin à ce point ? Une victoire comme celle-ci aurait-elle une réelle saveur ? »

« Elle aurait un gout de facilité, mais cette victoire te donnerais de quoi aller te consoler chez Max »


Durant mon débat mental, je gardais la main serré sur la gorge de Sarrah, assez pour la gêner mais suffisamment lâche pour qu’elle respire. Mon sang tombait de mon visage au sien, laissant des sillions rouges sur ses joues. Je trouvais enfin la force de murmurer :

- Pourquoi ? Pourquoi ne suis-je pas au centre de ton attention ? Tu sembles morte ! Où est la Sarrah qui m’a toujours soufflée ? Où est cette jeune femme pleine de vie avec qui j’ai sympathisé ?!

Pendant que je lui murmurais ça, ma main se serra un peu plus sur la gorge. Elle aurait pu riposter et me frapper avec sa main libre, j’étais mal placé, mon flanc s’ouvrait à un de ses dévastateurs crochet. Sa vie lui semblait si fade pour qu’elle vienne la pourrir dans le seul endroit où elle semblait vivante ? Non, je ne pouvais pas l’accepter ! Je ne voulais pas d’une victoire sur une morte-vivante ! je voulais une victoire contre la légende !

- Quand je suis entré au GIGN, on m’a dit, tant que tu as mal, c’est que tu es vivant. Tant que tu as peur, tu le resteras. Je ressens ta douleur, mais je ne vois pas ta peur. Crains-moi comme je te crains et que je crains la mort ! Défends-toi ! Prouve-moi que tu es vivante ! Nous avons à notre façon vécue au travers de l’adversité et d’elle uniquement ! Alors Prouve que tu es vivante et prouves moi que je le suis ! Prouve-le ! Même si tu dois me tuer ! Prouve-le !Si ta vie n'as pas le moindre sens, alors tu n'as qu'à mourir !

En disant ça, j’avais accentué ma pression sur la gorge, son dos et son bras. Subitement le monde se retourna et je sentis une très cuisante douleur dans mes côtes, elles irradiaient comme un feu. J’étais sur le dos, Sarrah n’avait plus du tous les yeux dans le vague, elle était redevenue elle-même. Le feu du combat était là, dans son regard et dans son sang. Je fis une roulade pour me mettre hors de portée. Je ne pus m’empêcher de lâcher une petite pique en me tenant les côtes :

- C’est bon ? Tu es décidée à te battre ?

En guise de réponse, elle se jeta sur moi avec férocité. Ses gestes n’étaient plus guidés par le seul instinct mais par un désir profond de me mettre une raclée. Les coups qu’elle me donnait étaient beaucoup plus forts, puissant et méthodique. Oui ! Ça c’est un combat digne d’une boxeuse. Elle se  battait pour de bon, mais à ce jeu, nous sommes deux ! Mais en dépit de ma bonne volonté et de mes connaissances en close-combat, je manquais d’expérience. Elle menait clairement la danse, les coups que je lui portais étaient rares, puissant certes mais rare.  Si voulais vaincre, je ne voyais plus qu’une solution : l’entrainer au sol et entamer un duel de lutte. Les prises et les clefs, voilà bien le seul domaine où j’étais certains d’avoir le dessus, aussi bien en technique qu’en force.

Mais avant que je ne puisse mettre à bien mon plan, elle réussit à me placer un coup de pied retourné en plein thorax, me projetant au sol comme si j’étais un fétu de paille. Elle s’approcha de moi pour m’achever. Mais avant qu’elle ne porte un coup fatal, je lui fis un croche pied et Sarrah chuta également. Dans la mêlée furieuse qui s’en suivit je parvins à me placer sur elle et à lui faire une clef de bras.

Si je parvenais à trouver un équilibre, je pourrais lui frapper les côtes avec mon genou. Je sentais que nous étions à un moment crucial du combat. Soit je parvenais à lui frapper les côtes et la victoire serait mienne, personne ne peux se remettre d’un coup comme ça. Soit elle se libérait et alors je serais à sa merci. J’avais tout donné pour ce combat et pour cette action, je n’avais plus rien sous le coude.

J’étais épuisé, physiquement et moralement. Mais j’étais heureux, je me sentais vivant, j’avais affronté la Walkyrie du Deadly et elle en avait chiée contre moi. Je souriais à Sarrah depuis ma position, mais soudain ma main glissa de son bras, rendu glissant par le sang qui s’écoulait de ma main…
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Sarrah
Sarrah
Survivant
Mar 10 Jan - 15:05
Sarrah

ft. Anton Pendragon

ft. Sarrah

「 Duel au sommet. 」




« En piste ! Vous avez chauffé le public à blanc, faites les moi fondre maintenant ! La récompense au vainqueur sera considérable, j’ai rarement vu autant de capsules au même endroit. Évitez juste de vous tuer, je ne veux pas perdre ma meilleure combattante et un redoutable challenger. »




Ces mots n’avaient aucune saveur et semblaient me provenir de très loin.

Telle une bulle partant de mon cœur pour me contenir tout entière et me séparer du reste du monde, je me sentais détachée. Détachée. Vide. Lasse. Les sons, les couleurs, les sensations, tout étaient ternes et sans vie.

Je savais ce qu’il se passait.

Je le sentais.

Une petite voix me soufflait tout bas qu’une fois de plus une ligne rouge avait été franchie.

Une fois de plus.

Une... Fois...

Je...


Ma boite de Pandore était ouverte.

Une boîte où cette partie de moi que je regarde toujours avec appréhension est contenue. La plupart du temps.

Parfois, sans prévenir ou insidieusement, la boîte s’ouvre et mes maux se répandent. Répandent tristesse et douleur. Tristesse, mélancolie. Tristesse.

J’ai mal.

Bientôt ça sera pire.

Bientôt, je ne bougerai plus.

Bientôt, je me noierais.

Bientôt, je...

Souvent, lorsque j’ai les yeux dans le vague, je cherche à savoir où tout cela a commencé. Toutes ses crises, tous ces jours passés à n’être qu’une loque. Cette mélancolie enracinée... Mais rien. Je crois que cette partie nécrosée de moi est présente depuis mon enfance. Depuis ma naissance ? Peut-être. Peut-être aussi que le fait de grandir sans père ni mère, sans ce type d’amour particulier prodigué depuis les tout premiers instants de ma vie, m’a marqué. Définitivement. Comment disait Eric ? Ah oui être sécure...

Je suis probablement un enfant insécure.

Un enfant dont son environnement ne répond pas de manière optimale à son besoin d’attachement, mais est pourtant présent pour lui. L’enfant s’adapte alors à travers des « stratégies » : des compromis entre ce dont il aurait besoin, et ce que son environnement peut lui apporter. Couplé à des facteurs de risque, un enfant de ce type peut développer au cours de son développement des dysfonctionnements : par rapport à l’estime de soi, la santé mentale, physique, les relations sociales et la cognition.

Quand Eric m’a baragouiné ça, je suis restée bouche-bée. Il m’a expliqué, bien sûr, ce que ça impliquait. Rien de bon. Ça s’est confirmé par la suite. Ma première grosse crise s'est produite à la suite de la mort de cette fille. De mon adversaire alors que je participais à des combats clandestins. De ma victime. Celle de mes actes et de leurs conséquences. J’avais alors fui cette vie souterraine.

J’ai sombré.

Eric m’a arraché aux ombres de mon cœur. M’a forcé à m’alimenter. M’a forcé à me relever. M’a transmis sa force tranquille et si vivifiante.

À la mort d’Eric, une autre crise.

Explosive.

Abyssale.

Que je traîne. Je ne m’en suis pas remise complètement.

Depuis, je fais de petites crises. À des intervalles plus ou moins réguliers.

J’ai quelque chose en moi. Fracturé.

Qui ne se réparera jamais.

Des hurlements. Des éclats blancs lumineux. Un visage devant moi.

Je le connais. Je crois le connaître. Je ne sais plus.

Il me fixe. Ne lâche pas mon regard.

Un autre visage se superpose.

Ne pas regarder mes mains.

Je...

Un liquide chaud qui coule, goutte à goutte.

Ne regarde pas. Pas vers le sol. Il – il y a quelque chose. Quelque chose de froid. Quelque chose qui ne se relèvera pas. Est-ce son sang sur mes mains ? Sur mes mains ? J-oui.

Ne pas regarder le visage de cet homme.

Du sang coule sur son visage. Des débits multiples se trouvent sur le sol.

Ne regarde pas cet homme !

Il-il te sourit. Il-Il prononce quelque chose.

Ses yeux si familiers sont éteints. No-non baisse les yeux.


Je me noie.

Une sonnerie. Un son strident.

Mon corps sait ce qu’il y à faire et agit en conséquence.

Mon corps se souvient.

Cette sonnerie. Elle précède une chose terrible. Quelque chose va arriver. De dévastateur. La sirène s’intensifie, se multiplie. Tout autour, tout tremble, se fissure et tombe. Des explosions surviennent un peu partout, éclatant de blancheurs. Des cris. Une course-poursuite.

Un homme blond et une fillette devant moi.

Il faut que je coure moi aussi. Je me retourne, quelqu’un est derrière moi. Il est si proche et pourtant mon cœur se serre, car il sait qu’il est déjà si loin.

Des débris tombent sur moi. Me font mal. Je riposte, balançant mes poings pour écarter ce que le plafond envoi. Mais il est déjà trop tard. Un mur s’abat. Nous sépare.

Tout n’est que poussière. Le sol vibre à une cadence inquiétante.

Un autre bruit. Assourdissant. Un autre cri. Familier.

Je me retourne et mon cœur saigne.

Il est là au sol. Je me précipite, l’extirpe, lui tiens sa tête sanguinolente.
Non…

Il me regarde une dernière fois. Me sourit une dernière fois. Prononce des mots pour la dernière fois.

« Vis. »

Une fraction de seconde, tout disparaît.

Une voix masculine. Rugueuse et pleine d’une sourde colère.

« Tu es dans l’arène, ce n’est pas le moment de penser à ta vie en dehors ! »

Que peuvent bien dire ces mots ?

« Vis. »

Je baisse les yeux. Le regard ancré dans le mien s’apprête à s’éteindre. J’ai si mal. Tellement mal. Infiniment mal. Je suffoque. Les larmes sont là. Je suis sur le sol. Mon corps me fait souffrir. Eric a fermé les yeux pour la toute dernière fois. Son visage est détendu, son sourire toujours sur ses lèvres.

Je-je n’ai rien pu faire.

Ma gorge est si serrée. Mes larmes continuent de perler, imperturbables. Le silence s’est fait autour de nous. Les bombardements sont terminés. Un murmure dans le lointain.

« Pourquoi ? Pourquoi ne suis-je pas au centre de ton attention ? Tu sembles morte ! Où est la Sarrah qui m’a toujours soufflée ? Où est cette jeune femme pleine de vie avec qui j’ai sympathisé ?! »

La main d’Eric ne bouge plus. Va devenir de plus en plus froide. Et je vais rester là. Incapable de bouger. Incapable de concevoir ce qui vient de se passer. Il va se relever hein, il ne me laisserait pas. Si j’avais été derrière lui, et lui devant, serait-il encore vivant ?

« Quand je suis entré au GIGN, on m’a dit, tant que tu as mal, c’est que tu es vivant. Tant que tu as peur, tu le resteras. Je ressens ta douleur, mais je ne vois pas ta peur. Crains-moi comme je te crains et que je crains la mort ! Défends-toi ! Prouve-moi que tu es vivante ! Nous avons à notre façon vécue au travers de l’adversité et d’elle uniquement ! Alors Prouve que tu es vivante et prouves moi que je le suis ! Prouve-le ! Même si tu dois me tuer ! Prouve-le ! Si ta vie n'as pas le moindre sens, alors tu n'as qu'à mourir ! »

Si ta vie n’a pas le moindre sens, alors tu n’as qu’à mourir. Si ta vie n’a pas le moindre sens, alors tu n’as qu’à mourir. Si ta vie n’a-...




Déclic.








En un autre lieu, en un autre temps.




Il fait chaud. J’ai l’estomac rempli. Je suis lovée dans une couverture douce et moelleuse.

Eric est à côté de moi.

« Alors dis moi Sarrah, quel sens donnes-tu à ta vie ? »

« Un sens ? » Ma voix semble si jeune et curieuse.

« Oui, un sens. Vers quoi tends-tu ? Quelle signification donnes-tu à tes actes ? »

Un silence, je ne sais que dire. Eric reprend :

« Vois-tu Sarrah, tant que tu arriveras à donner un sens à ta vie, à tout ce que tu réalises, tu n’auras pas de regrets. Tu saisiras fièrement toutes les occasions qui s’offriront à toi et tu avanceras. Ça n’enlèvera pas la peur de l'incertitude, de l'inconnu au-dehors, mais tu sauras toujours ce que tu fais. Tu fixeras toujours l'horizon comme étant le prochain objectif que tu devras atteindre et tu n'auras pas honte de tenir tête à autrui. Tu connaîtras l'échec comme nous tous, mais tu auras toujours la force de te relever et de te battre pour tes convictions. Voici la force du sens. La force de ceux qui vivent pour leurs convictions. La force de ceux qui sont vivants. La force de ceux qui décident par eux-mêmes et pour eux-mêmes ce qu'ils feront de leur vie. Qu'importe qu’autrui ne comprenne pas tes choix, tant que toi, tu sauras, continue de tracer ta route. Fièrement, férocement. Comme la Sarrah que je connais. Sans cela, nous ne sommes que des hommes morts. Vivants mais morts. Déambulant ici et là, sans être vraiment présent. »

« Et toi alors ? Quelles convictions t’animent ? » Fis-je quelques minutes plus tard.

« Celle de croire en la capacité de l’homme à évoluer. À changer, en mieux. Je crois profondément en la nature humaine. À son sens de l’adaptabilité. Je crois en mon prochain. Je tends ma main à mon prochain, car pour moi, chacun mérite une seconde chance. Mérite d’avoir une chance de vivre tout simplement. De vivre selon ses propres choix éclairés et conscients. Je crois en l’avenir. C’est naïf, je vois bien que tu le penses, mais j’en reste persuadé. Mes convictions me portent et me permettent de toujours rester moi-même. De toujours avancer. De ne pas baisser les bras. Je crois en toi Sarrah. »


Du sens.




« Vis. »








Une main sur ma gorge, Anton au-dessus de moi.




Je suis en vie.

Je dois rester debout.

Les derniers mots de ma raison de vivre sont devenus une injonction. Qui m’ont déjà sauvé lorsque j’étais encore une Solitaire. Ces mots sont les dernières choses que je possède de lui.

« Vis. »

Une ouverture. Enfonces-y toi.

« C’est bon ? Tu es décidée à te battre ? » Lâcha Anton après s’être éloigné de moi d’une roulade.

Je me précipitais sur lui. J’étais en vie. Chaque coup que je lançais, qui faisait mouche, que je recevais me le prouvait. La douleur dans mes muscles également. Je ne pouvais pas flancher maintenant. Je me devais de rester en vie. Pour lui. Pour Eric. Pour moi. Il fallait que je me batte. Parce que c’était là tout ce que je pouvais faire. Parce que c’était ce que je voulais. Parce qu’Anton méritait un adversaire digne de lui après m’avoir tiré de ce mauvais pas.

L’envie d’en démordre était de retour.

Pour combien de temps ? Peu importait. Je me savais capable de finir ce combat et c’était là le principal. Les crises reviendraient, j’en avais l’habitude maintenant. Mais ce combat, j’allais le remporter. Mon corps me faisait souffrir. Le sien aussi visiblement. Nous nous relançâmes dans un balai furieux. Question boxe, Anton était moins expérimenté que moi, mais son style imprévisible et sa carrure en faisaient un adversaire redoutable. Du genre que je n’ai pas croisé depuis bien longtemps maintenant.

Il ne fallait surtout pas qu’il me fasse chuter au sol. Le combat serait alors perdu. Il me serait très difficile de me sortir de l’étau de son corps. Tout en poursuivant les esquives et contre-attaques, j’attendis l'ouverture. Advenue, je balançais à Anton un Wheel-Kick bien placé. Il se retrouva au sol, mais riposta en me faisant chuter. Et merde ! Rageusement, j’essayais d’éviter à tout prix qu’il ne se place au-dessus de moi, mais il y parvint.

Je serrais les dents.

J’étais en mauvaise, très mauvaise posture. Tout se jouait maintenant. La victoire, la défaite. Les yeux d’Anton brillaient fortement. Il était parvenu à la même conclusion. Il se savait en position forte et souriait. Il semblait heureux. Concentré sur la lutte, il devait sans doute savourer le calme de ses pensées. La fierté, également, se disputait à la fatigue dans ses yeux. Tu le méritais Anton, mais jusqu’au bout, je ne lâcherai rien. Alors qu’il maintenait une pression forte sur mon bras et qu’il s’apprêtait à achever ce combat, il glissa. Le sang coulant de sa main sur mon bras l’avait trahi.

Immédiatement, je me servis de cette improbable opportunité pour me libérer et vaincre Anton. Percutant de mon poing libre son thorax déjà touché, je l’obligeais à libérer mon autre bras. Je continuais alors sur ma lancée, relevant brutalement l’un de mes genoux, je tentais d’atteindre ses parties intimes. Ce n’était pas joli, joli, mais c’était la seule option qui se présentait à moi pour pousser Anton à s’éloigner de moi. Dans un dernier réflexe, qui le fit rouler sur le côté, il esquiva en partie le coup. L’homme plié en deux, me laissa alors le temps de lui décocher un dernier coup de pied dans la tête. Anton s’abattit sur le sol, sonné.

L’arbitre compta dix fois et la sonnerie stridente annonçant la fin du combat résonna dans l’immense bâtiment.

Un long silence stupéfait lui répondit.

A bout de souffle, pliée en deux, je jetais un coup d’œil à Anton. Il semblait reprendre ses esprits et tentait de se relever. M’approchant de lui, je lui tendis ma main. Il l’a saisi. Son visage trahissait le harassement et la douleur qu’il ressentait. Une fois qu’il fut complètement redressé, je m’approchais de lui et lui vit une forte accolade. Profitant de ma proximité avec son oreille je lui soufflais :

« Merci. » Un mot exprimant toute ma gratitude. Tout le soulagement d’avoir échapper à cette crise. Il était bien rare ce mot. Bien rare. J’espérais qu’il le sentait. « Mais, je te butte la prochaine fois que tu hésites. »

Derrière nous, les acclamations commencèrent à monter des gradins. De plus en plus fort, de plus en plus rapidement. Le sol vibra ensuite en cadence. Le présentateur hurlait dans son micro que le combat du siècle venait de se produire ce soir même. Je n’en avais rien à faire. Là, maintenant, ma seule envie était d’aller m’installer dans un bar ou dans un coin et de boire. Boire pour oublier. Oublier la crainte de ce qui se tramait dans ma tête. De ce qui sournoisement se faufilait dans la moindre de mes failles et me déstabilisait totalement. J’avais envie de boire. Peut-être que…

« Un verre ça te tente ? A ma charge. Pour tes parties endolories, elles le méritent. »

Sans attendre sa réponse, je commençais à me diriger vers les Coulisses, ignorant les exclamations outrées du présentateur. En effet, la remise du prix devait se faire de suite et aux yeux du public. Je n’étais pas d’humeur et cette victoire était due à la chance plus qu’à mes compétences propres. Je n’avais pas le cœur à cette mascarade.


À l'énième remarque de l’homme au mégaphone, je fis un doigt d’honneur à l’assistance sans me retourner.




Qu’ils aillent se faire foutre. Un rugissement extatique de la foule ensevelit le bâtiment tandis que j’atteignais la zone de repos.



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Anonymous
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Jeu 12 Jan - 18:37
Invité
Le sol de l'arène était chaud, agréable. Je ne sentais rien d'autre que ce contact rugueux sur ma joue. J'étais loin tellement loin dans les vapes que je tout m'était étranger. Pourquoi j'étais au sol ? Pourquoi la lumière était si vive ? Pourquoi ? Que c'était-il passé ? Ah oui, je me souviens, enfin mon corps me rappel ce qu'il s'est passé. Ma main qui à dérapé le long du bras de Sarrah, et elle a profité de ma faiblesse pour me frapper l'entrejambe et me sécher. Ouais, je crois que c'est ça... En tout cas, c'Est-ce que je ressens car je souffre. Il fallait que je bouge, pourquoi les gens étaient silencieux ? Non, je n'aurais pas perdu quand même ? Non non non ! Je ne pouvais pas et je ne dois pas perdre ! Mais on dirait bien que si. J'en aurais presque pleuré, je m'étais défoncé pour vaincre, j'étais sur le point d'y arriver !  

Elle était à ma merci, une seconde de plus et j'aurais pu l'achever. Moi et ma grande gueule !
Un bras secourable vint à ma rencontre, le visage amical de Sarrah rentra dans mon champ de vision, la pauvre semblait aussi épuisée que moi, mais je ne sais pas pourquoi, je sentais aussi comme de la reconnaissance dans ses yeux. Je ne pensais pas un jour en voir dans le regard de la Valkyrie du Deadly. Elle me sera dans ses bras et me murmura le mot... elle ne devait pas le dire souvent, en tut cas je fus touché qu'elle me le dise. C'est vrai, ça faisait longtemps que je n'avais pas rendu service à quelqu'un, au détriment de ma propre personne. Elle serra son corps musculeux contre le mien dans une accolade puissante. Sa remarque à mon oreille me fit sourire, ce n'était pas la première fois qu'on me le disait et j'espérais que ce ne serait pas la dernière non plus.  

Enfin seulement je sentis le monde hurler autour de nous.  Le speaker parlait du plus grand combat de l'histoire du deadly. Moi je m'en fichais, mon esprit était un mélange de frustration, de bonheur et de douleur. Sarrah sortie comme une princesse de l'arène, ignorant royalement les commentaires et l'air médusé de la foule. Je la suivis quelques instant après, boitant et pressant une main sur ma coupure au visage. Putain que j'avais envie d’une bière ! La proposition  m'avait fait très plaisir et oui ! C'était évident que j'allais accepter:

-Ouais, j'aurais bien besoin d'un verre, je crois savoir que tu as les moyens maintenant !

Mais avant d'aller à l'underground, j'avais faire recoudre cette arcade et trouver des vêtements qui n'étaient pas plein de sang et de sueurs. En dépit de ses protestations et de son air revêche, Sarrah se soumit aussi à un examen de son corps. Il faut dire aussi que le violet semblait être devenue une teinte naturelle de sa peau tellement elle en avait. John et moi ne l'avions pas épargnée...  

Elle me proposait un verre, nous aurions largement le temps de discuter, y compris des choses dont elle ne voulait pas parler sans de l'alcool dans le sang. Mais j'avais envie de lui parler tout de suite aussi je me posai juste en face d'elle.  En plus, je détestai les points de suture, alors autant essayer de me changer les idées en communiquant:

-J'hésite pas souvent dans ma vie tu sais, mais étrangement, à chaque fois quelqu'un m'a dit que je mourrais la prochaine fois. Regarde.


Je lui montrais mon épaule droite, sous le sang on pouvait voir deux points. C'était une vielle blessures que j'avais eu lors d'une intervention particulièrement musclée.  

-j'ai pris deux balles de 9mm dans l'épaule, tirées par un gamin de tout juste 18 ans. J'avais hésité à le neutraliser, une seconde de trop et il a tiré en premier. Quand je suis sorti du bloc, mon chef, le même qui m'a donné Téméraire est venue me voir et il m'a passé un savon monumentale sur le fait d'hésiter en opération. Il m'a dit " la prochaine fois que tu hésites, je te descends moi-même". Je paraphrase un peu, mais c’est ce qu’il m’a dit.

J’eu un petit rire mais que j’étouffais bien vite tant j’avais mal aux côtes. De beaux hématomes violets fleurissaient.  

- Tu ne devrais pas te moquer, on a l’impression que tu as plongé tes bras dans de la peinture. Et tu portes un jolie collier dis-moi. C'est la tendance cette année ?

Par collier, j’entendais les jolies lignes colorées qu’avait laissé ma main lorsque j’avais voulu l’étrangler. L’infirmier m’ordonna de ne pas bouger pendant qu’il finissait mes points de sutures. Ce n’était pas agréable du tout mais je m’efforçais de ne pas lui enfoncer mon poing dans les dents. Enfin il me libéra et m’indiqua un coin où je pourrais me débarbouiller. C’était juste une bassine d’eau chaude mais que ça faisait du bien. Dans mon dos j’entendais Sarrah et Sonia discuter même si je ne comprenais pas un traitre mot de ce qui se disait. J’avais encore du mal à retrouver tous mes sens.  

Si bien que je n’entendis pas Sonia quand elle s’approcha de moi. Elle posa une main sur mon épaule me surprenant en plein dans mes pensées:

-Ce fut un combat merveilleux, je me doute que tu ne seras pas en état pour demain soir, mais j'ai hâte que tu reviennes. Quand tu te décides à te battre pour de bon, c'est plaisant à voir. Par contre, je me demandais, tu as dit quoi à Sarrah ? Sa réaction fut pour le moins étrange.

Je jetais un coup d'œil à Sarrah, je ne savais pas vraiment sur quel pied danser. Après tout, quelle était la relation entre les deux femmes ? Dans le doute, je dis une demi-vérité:

-Je l'ai provoqué, j'avais envie de m'amuser un peu. Elle manquait de punch.


-bah on peut dire que ça t'a réussis. Beau match en tout cas ! Encore félicitation Anton, tu nous as fait rêver ce soir. Je vais demander à ce qu'on t'apporte des vêtements propres.


Elle me tapota l'épaule puis repartit dans son coin, un des commis m'apporta un t-shirt gris et un pantalon de treillis. Je me changais sans aucune pudeur, abandonnant dans la poussière mon jean raidit de sang et de crasse. Quelqu'un trouverait une utilité j'imagine, je récupérais le reste de mes affaires, en l'occurrence un veste "légère". Pourquoi je met  des "" c'est car elle renforcée de Kevlar au épaules, sur les bras et dans le dos. Je me dirigeais vers Sarrah, elle aussi s'était un peu débarbouillée et changée. Elle semblait avoir une meilleur mine en tout cas et ça me fit très plaisir. C'est léger que je lui dit:

-Bien ! Le newborn nous appelle. Mon corps réclame à corps et à cris une bonne bière et un shoot de tequila bien fort. J'espère que tu es prête car j'ai besoin de lutter contre la douleur qu'est mon corps. L'alcool en bonne compagnie me semble être le meilleur des remèdes.

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Sarrah
Sarrah
Survivant
Lun 16 Jan - 20:28
Sarrah

ft. Anton Pendragon

ft. Sarrah

「 Duel au sommet. 」



Les yeux de Sonia contenaient plus d’étoiles que le ciel ne pouvait en contenir.




Elle m’accueillit avec un grand sourire.

Celui des beaux jours où elle sait que la recette du jour va exploser et atteindre un montant pharaonique. Elle ne connaît rien des déboires intérieurs qui m’ont secoué. Cela ne l’intéresse pas, tout ce qui lui importe étant de faire toujours plus de profit. Du moins, c’est ce que je pense. Ce que j’ai toujours pensé. Pourtant, dans son regard, une lueur que je ne lui connaissais pas s’y lisait. Inquiétude ? Soulagement ? Ma fatigue devait commencer à me jouer des tours...

Mes lèvres restèrent figées, mon visage ne trahissant rien des questionnements que son comportement entraînait. La manière dont elle avait de se mouvoir, d’essayer de briser la glace, d’entrer dans mon espace.

« Qu’est-ce que tu veux ? » Fis-je brutalement.

Elle n’eut pas le temps de me répondre. Anton arriva derrière moi, boitant légèrement, la main portée sur son visage. Quel tableau on formait. Heureusement que Téméraire n’était pas dans les barrages. Il m’aurait déchiqueté.

« Ouais, j'aurais bien besoin d'un verre, je crois savoir que tu as les moyens maintenant ! »

Les moyens ? Sonia rebondit sur ses propos pour me fourguer une grosse bourse pleine de capsules dans les mains. Je la regardais surprise.

« A chaque bon combat que tu gagnes, tu te tires sans attendre. Julien te hait pour ça. Je veux dire le présentateur. Mais les VIP adorent ! Alors, bon, j’anticipe maintenant. »

Je restais interdite.

Son sourire ne cessait de persister. Sans rien dire, je mis la bourse dans ma poche et m’éloignais pour m’asseoir sur une chaise. Immédiatement, un infirmier vint me voir. J’étais littéralement en train de virée au bleu-violacé. Plusieurs parties de mon corps me faisaient souffrir. Après plusieurs tentatives pour échapper aux mains froides et à l’inspection de l’homme, je finis par me résoudre à me laisser faire. Il palpa généreusement mes membres endoloris m’arrachant des grimaces. Entre-temps, Anton devait se faire recoudre l’arcade. L’aiguille et le fil du second infirmier étaient prêts. Sans attendre, il se mit au travail. Je regardais fasciner l’aiguille transpercée les chairs. Le militaire semblait supporter stoïquement le traitement, mais il avait visiblement envie de discuter un peu.

Installer devant moi, il prit la parole.

« Je n’hésite pas souvent dans ma vie, tu sais, mais étrangement, à chaque fois quelqu'un m'a dit que je mourrais la prochaine fois. Regarde. »

Il montra un point sur son épaule droite. Deux points à moitié cacher par le sang qui avait coulé depuis sa blessure à la tête. Deux vieilles cicatrices, antérieures à l’apocalypse. Des balles ?

« J'ai pris deux balles de 9mm dans l'épaule, tirées par un gamin de tout juste 18 ans. J'avais hésité à le neutraliser, une seconde de trop et il a tiré en premier. Quand je suis sorti du bloc, mon chef, le même qui m'a donné Téméraire est venue me voir et il m'a passé un savon monumental sur le fait d'hésiter en opération. Il m'a dit " la prochaine fois que tu hésites, je te descends moi-même". Je paraphrase un peu, mais c’est ce qu’il m’a dit. »

D’après ses dires sur son ancienne personnalité, il n’était pas étonnant qu’il ait dû hésiter.

Tuer un jeunot, devant soi-disant représenter l’avenir, devait lui avoir posé question. Qu’est-ce qu’un gosse pouvait représenter comme danger pour autrui ? Armé, mais sans doute paumé. J’en ai beaucoup connu de ce genre. Avides de sensations fortes, d’argent facile et d’échapper à un avenir sinistre pour lequel ils ne s’identifiaient pas... L’identité... Pour eux, elle était floue. La société dans laquelle il évoluait ne leur permettant pas de s’en forger une de satisfaisante ni de sentir intégrés en son sein. D’où les pétages de plombs, les suicides, les embrigadements, la violence, la drogue et les dérives. Rajoutez des parcours chaotiques, des problèmes de famille et vous obtenez de jolies bombes à retardement. J’étais comme eux.

La fin de sa réplique le faire rire. Un gloussement qui se termina en grimace carabinée. Il posa une main sur ses côtes violettes. J’eus une moue amusée.

« Tu ne devrais pas te moquer, on a l’impression que tu as plongé tes bras dans de la peinture. Et tu portes un joli collier dit-moi. C'est la tendance cette année ? »

Un sourire franc s’afficha quelques instants sur mon visage avant que je ne réplique. Je portais simultanément ma main à ma gorge.

« A toi de me le dire, l’eunuque. T’es normalement plus calé que moi question mode. »

Les infirmiers avaient fini leur travail. Celui qui s’occupait de mon cas m’informa de la chance de n’avoir rien de casser. Pour autant, il ne pouvait rien faire pour les hématomes à part attendre qu’ils ne disparaissent. De même pour la douleur. Les mouvements brusques et les sensations fortes étaient donc proscrites en attendant. Quelle veine. Heureusement que j’étais en repos les deux jours qui suivraient. Anton se leva alors pour aller se nettoyer un peu dans un coin.

Sonia revint alors à la charge.

« Ça va ? Rien de trop grave ? Ça serait bien que des combattants du genre d’Anton viennent plus souvent au Deadly. Ça serait bien pour toi, non ? Les combats avec les autres du Top Ten ne te manquent pas trop ? »

Trop de questions. Qu’est-ce qu’elle avait ? J’avais envie de stopper net cette discussion. Pourquoi se souciait-elle de mon sort ? De mon bien-être ? Je n’étais qu’une source de revenus. Pas besoin de faire du cinéma, je connaissais les intérêts virevoltants sur ma tête.

« C’est le Deadly qui tirera le plus de profits de la venue de personnes comme Anton. » Commençais-je, acerbe. « Mes envies personnelles entrent bien peu en compte. » Je me tus.

Elle me regardait toujours de manière étrange. Je ne voulais pas répondre à la dernière question. Bien sûr que ça me manquait. Seulement, depuis le temps où l’ensemble du Top Ten du Deadly était réuni au complet, l’eau avait coulé sous les ponts détruits de la Seine. Étaient-ils morts ? Pourtant, c’étaient de vrais coriaces, de ceux qui ne mourraient pas à cause d’une inattention. Pourtant, ils avaient disparu de la circulation. Presqu’un an était passé... Le Deadly avait ainsi perdu ses têtes d’affiche sans jamais réellement en trouver de nouvelles. Si Anton poursuivait sur sa lancée en venant très régulièrement au Deadly, il pourrait peut-être finir par en devenir une.

« Encore une fois, qu’est-ce que tu veux ? » Achevais-je agressivement.

Elle ne répondit pas. Se contentant de me fixer d’un regard qui me hérissa le poil. D’un coup d’œil mauvais, je m’éloignais d’elle pour aller me changer et me nettoyer.


Le contact de l’eau froide sur ma peau me fit le plus grand bien.

J’avais l’esprit plus clair. Moins embrumé. Je mouillais également mes bras pour faire luire mes tatouages. Je remis ensuite mon piercing sous ma lèvre inférieure puis j’enlevais mon débardeur taché de sang. Sommairement, j’humidifiais le haut de mon dos avant d’enfiler un crop top gris anthracite mettant en valeur mes abdos. Je me souciais comme d’une guigne qu’on me vit me changer. Au sein des dortoirs des gardes, l’intimité n’existait pas. On vivait les uns sur les autres. On apprenait vite à cesser de prêter attention aux copulations des uns et des autres la nuit venue, aux beuglements des fêtards bourrés et au corps nus de ceux prenant leur douche en même temps que soi. Un corps restait un corps que l’on sexualisait ensuite au grès d’une construction genrée inconsciente et d’une attirance plus ou moins assumée. J’enfilais enfin un pantalon cargo kaki et des baskets basses.

La voix d’Anton me fit me retourner. Il c’était également changé et avait enfilé une veste.

« Bien ! L’Underground nous appelle. Mon corps réclame à corps et à cri une bonne bière et un shoot de tequila bien fort. J'espère que tu es prête, car j'ai besoin de lutter contre la douleur qu'est mon corps. L'alcool en bonne compagnie me semble être le meilleur des remèdes. »

Je ricanais.

« Prête ? Toujours. Voyons si tu tiendras le rythme. »

Sans plus une parole, je me dirigeais vers la sortie des coulisses, Anton sur mes talons.



Je sentais dans mon dos le regard étrange et persistant de Sonia. Je hâtais le pas.









Le début de soirée venait de commencer au sein de la Citadelle.




Les marchands ambulants laissaient place aux vendeurs de drogues et à des trocs plus obscurs.

La journée venait de débuter pour l’économie souterraine au sein de la Citadelle. Le Conseil ainsi que Big Boss laissaient faire contre une partie des revenus des gangs en place. L’avidité humaine dans toute sa splendeur.

« Ah Babylone décadente qui ose défier le sort. » Murmurais-je pour moi-même.

Pour autant, la Citadelle étendait sa toile sous terre et n’essayait pas comme pour la ville antique de s’élever plus haut que les cieux pour atteindre les dieux. Rien que des insectes grouillant. Ça correspondait bien à l’idée que j’avais du reste de l’Humanité. Mes pensées partirent alors dans des circonvolutions aériennes, se demandant comment était la vie partout ailleurs qu’en France et à Paris. Étions-nous tous semblables à travers le monde à persister à survivre ou bien des cultures entières avaient-elles sombré et bientôt tomberaient dans l’oubli ? Je n’aurais jamais de réponse à cette question. Était-il nécessaire de se la poser ? Non, mais je me demandais si Eric n’avait jamais eu ce type de réflexion. Ça ne lui aurait fait que du mal remarque…

L’artère était sombre, la foule nombreuse peuplée de visages livides, creusés et mauvais.

Le silence s’était installé entre Anton et moi et ça me convenait parfaitement. Je n’avais qu’une seule hâte : m’installer au chaud, un verre de piquette dans la main. Les passants s’écarter de nous à la vue de ma mine revêche et de mes tatouages. Nous progressions vite. Plusieurs fois, je fis un signe de tête aux gardes que nous croisions. Ils avaient l’air concentré pour une fois. Ça sentait le briefing de Big Boss.

« Sarrah. » Je me retournais vers la voie familière d’Annaëlle.

Je lui rendis son salut. Elle fixait intensément Anton, drapée dans son imper noir cintré. Il n’était pas dans mes habitudes d’être accompagné et elle le savait.

« Anton, je te présente Annaëlle. Ma coéquipière. » Elle continuait de le regarder de son beau visage de poupée. « Anton est un combattant du Deadly. »

« Intéressant. » Fit-elle sur un ton magnétique et mystérieux.

« On va boire un coup. »

« Je vous rejoindrais peut-être. »

Je haussais les épaules et repris ma marche pour m’arrêter quelques mètres plus loin. Anton était resté en arrière, regardant la silhouette évanescente d’Annaëlle au loin. Et encore un de ferrer. Décidément.

« Fais gaffe à toi l’eunuque, c’est une vraie mante religieuse. »




Le brouhaha indistinct et les lueurs multicolores de l’Underground nous accueillirent alors chaudement.




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Anonymous
Invité
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Mer 18 Jan - 11:52
Invité
Je me plais souvent à dire que j’ai gardé une super forme depuis la fin du monde, que ce soit sur mes capacités ou sur la forme. Mais quand j’ai vu le pack de 6 que se traine Sarrah, j’en aurais presque complexé ! Enfin, je la suivais d’un pas tranquille en ignorant la douleur qui irradiait mes côtes. La nuit dans la citadelle ne m’était pas inconnue mais je ne sais pas pourquoi, je ne me sentais pas rassuré. Enfin, j’avais bien ma petite idée en fait, c’est juste que ce milieu était l’un de ceux que j’ai combattus durant des années. Je voyais des gens négocier des petits sachets de poudre, d’herbe et autre. C’était un milieu dont j’étais l’ennemi et instinctivement je ne me sentais pas à ma place. Je marchais un pas derrière Sarrah, elle semblait être furieuse contre Sonia. En tout cas, le regard noir qu’elle lui avait lancé me le faisait penser.

Il n’eut pas un mot durant le trajet, je n’essayais même pas de lui parler car je sentais que je me ferais jeter, au lieu de ça je me contentais de voir comment évoluait une Sarrah sauvage dans son environnement. Mes conclusions sont les suivantes :

La Sarrah est un être humain de sexe féminin, relativement grande, portant un petit piercing à la lèvre et plusieurs tatouage. Sa fonction au sein de la société est d’assurer l’ordre public, pour ce faire, elle utilise ses capacités avancées dans le combat à mains nues. Elle semble très respectée par ses pairs qui la saluent respectueusement et elle est également intimidante. Je place sa dangerosité à 8/10. D’autres conclusions absurdes sont à venir, telle sa tolérance à l’alcool ou sa résistance à ma stupidité.

Durant qu’on marchait, elle lâcha un petit commentaire pas vraiment audible, je compris vaguement quelques chose avec une histoire de « babylone ». Mais au vu de la tête qu’elle tirait ça ne devait pas avoir grand-chose en rapport avec la splendeur de ladite ville. Quelques gardes saluèrent respectueusement Blanche neige, oui je reviens à ce surnom car je n’aime pas l’ « Eunuque ». Mais l’une d’entre elle attira mon attention. Annaëlle, elle était une improbable image d’élégance avec cet imper noir impeccable. Sarrah nous présenta brièvement et je répondis poliment :

- Enchanté Annaëlle.

Je n’en rajoutais pas plus car ce n’était pas utile. En revanche, la façon dont elle me fixait était beaucoup plus parlante. Je soutenais son regard d’un air neutre, presque vide, mon regard habituel en somme. Elle est étrange cette fille… Elle s’éloigna et je la suivis des yeux un moment avant de rejoindre Sarrah. Cela ne manqua pas, je me pris une remarque de la part de la miss.  Non, je n’avais pas flashé ni même eut d’intérêt pour Annaëlle, mais elle était perturbante. De plus, ce soir, mon esprit était bien loin de ce genre d’attrait. J’avais une autre idée en tête et Annaëlle n’en faisait pas partie. Le fait qu’elle « vienne peut-être » allait m’obliger à la mettre en application bien plus tôt que prévu :

- Elle peut bien être ce qu’elle veut. Tant qu’elle ne le fait pas sur moi. J’ai eu assez de rapports musclées avec la gente féminine pour les six prochains mois.

Enfin les lueurs et la chaleur de l’Underground nous saisirent. Il y avait du monde, mais c’était raisonnable. Un espace libre au bar s’offrait à nous, et c’est sans vergogne que je m’assois sur le tabouret qui allait avec. La barmaid vint vers nous pour prendre notre commande, je me permis de devancer Sarrah :

- Salut Gwen, il n’est pas là Léon ce soir ?

- Non, il est en repos. Vous prenez quoi de bon ?

- Pour commencer, deux bières et deux shooters de Tequila. Tu me fais la remise ?

- Pas aujourd’hui, ce que tu nous as apporté est terminé, désolé.


Bon, ça voulait dire une nouvelle expédition dans un magasin perdu. Je pris note dans un coin de ma tête puis je donnais les anneaux nécessaires. Gwen revint rapidement avec ma commande et je tendis un exemplaire de chaque à Sarrah :

- Désolé, mais avant que tu ne me payes un verre et que tu me montres ton talent pour la descente de boisson, je voudrais te parler d’un truc. Pour commencer, déjà je lève ma Tequila à ta victoire sur John ! Et sur moi, accessoirement.

Je renversais la tête pour avaler le liquide, en temps normal brûlant pour mes chairs et ma  bouche. J’avais tellement mal aux côtes que je le sentis à peine passer. Pour être exact, je ne sentis qu’un doux feu réchauffer mon ventre. Voilà qui me donnerait du courage car ce que j’allais faire n’était pas facile pour moi, pas du tout ! Je fixais Sarrah presque à la dérobé, cherchant les bons mots. Je savais bien que ça ne servait à rien de tourner autour du pot, mais j’hésitais, encore !

- Je… Bon, écoutes… putain par où commencer ?! Ah je sais ! Déjà, ce n’est pas une déclaration d’amour alors tu n’es pas obligée de t’enfuir. Je veux juste te proposer quelque chose, d’ici quelques jours je vais faire un voyage et je voudrais que tu viennes avec moi.

Bon, peut-être que je devrais développer car au final ça ressemble quand même à une déclaration d’amour. On dirait que je lui demande de s’enfuir avec moi :

- C’est une sorte de pèlerinage que je fais, dans un lieu unique et que je tiens à garder secret. En fait, je repensais à ce que nous disions dans les vestiaires et… je ne sais pas je me suis dit que peut-être voir un peu le monde comme je le vois pourrais, pas t’aider… mais… Aaaah, ça pourrait être une expérience agréable ! Tu dis que tu ne cherches pas le bonheur et que tu n’es pas heureuse.

Anton, fais très attention à ce que tu dis dans les secondes qui arrivent. Pour une fois que tu peux parler à une fille et aborder un sujet un peu plus complexe que « combien tu prends ». Ne gâche pas la chance qui s’offre à toi :

- Je suis d’un naturel optimiste et je crois que voir le monde au-delà de la citadelle peut te servir. Je sais que nous ne nous devons rien l'un à l'autre et que nous nous connaissons à peine, mais je veux te rendre ce service. Or je suis l’un des meilleurs coureur de ruines, je connais exactement tous les chemins de la ville. Quand je suis là où je veux t’emmener, je me sens bien et libre, le monde m’appartient. C’est dangereux d’y aller mais c’est ce qui me fait sentir encore plus vivant une fois que j’y suis. Enfin… Voilà, je ne sais pas trop comment tourner ma proposition et vendre mon idée…Dis-moi, si ça t’intéresse. Dans le cas contraire, ce n’est pas grave, il y aura toujours de quoi boire.

Mon éloquence à toujours comptée parmi mes points forts mais là j’étais un peu perdu et je bafouillais un peu. J’ouvrias ma bière pour masquer ma tension et attendit une réponse la part de Sarrah.

- Quoi qu’il arrive, si tu pouvais éviter de parler de ma proposition à qui que ce soit… Je n’aimes pas l’idée que les gens savent que j’ai des faiblesses.Ni que je cherches à aider les gens. Ils pourraient en profiter.
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Sarrah
Sarrah
Survivant
Sam 28 Jan - 13:39
Sarrah

ft. Anton Pendragon

ft. Sarrah

「 Duel au sommet. 」



Que le monde est petit : Anton connaissait Léon.




En même temps, ses frontières s’étaient considérablement rétrécies pour un certain nombre d’entre nous.

Paris.

L’idée de me retrouver dans un vase clos sans pouvoir en sortir commençait à me faire suffoquer. Une simple pensée. Un simple effleurement de l’esprit. Le territoire que représentait la ville était immense. Pourtant, la Citadelle commençait à devenir le point de la carte où toutes les rencontres étaient possibles. En regardant Anton commander les boissons sans une hésitation, je ne pouvais m’empêcher de penser qu’en d’autres lieux, en d’autres circonstances, nos chemins ne se seraient pas croisés. Un militaire et un combattant clandestin. La vie est des plus étrange. La Citadelle encore plus pour arriver à garder la tête au-dessus de l’eau avec cet agglomérat hétéroclite d’individus.
Anton semblait s’être fait un sacré réseau de connaissances. Ils étaient rares ceux qui fouillaient les décombres des bâtiments sans être affiliés directement à la Citadelle. La plupart étaient au service du Conseil ou des plus gros commerçants de la ville. L’homme à mes côtés qui me tendait mes verres avait su rester neutre. Indépendant. Il devait sans doute avoir des contacts avec tous les groupes connus de Paris. Pratique. Utile. Big Boss serait probablement intéressé par un tel profil. Pour une fois qu’un type qui savait se battre n’était pas dingue et avait le sens de la diplomatie et du commerce... Une perle rare.

Je fermais les yeux : l’affiliation d’Anton ne me concernait pas.

S’il devait un jour choisir un clan, il le ferait. Depuis quand je jouais le jeu de Big Boss et des recruteurs ? Je m’ébouriffais les cheveux, légèrement agacée. Une bière et un shoot. Simple mais agréable. Pourtant, s’aurait dû être à moi de payer. À sa mine concentrée et sérieuse, je sus qu’il avait quelque chose à me demander. Rien n’est gratuit. Toujours. C’est en conservant un air fermé que j’attendis qu’il prenne la parole.

« Désolé, mais avant que tu ne me payes un verre et que tu me montres ton talent pour la descente de boisson, je voudrais te parler d’un truc. Pour commencer, déjà, je lève ma Tequila à ta victoire sur John ! Et sur moi, accessoirement. »

Il leva le bras vers moi. Je suivis le mouvement, restant aux aguets. La tension de mes muscles était revenue. Être prêt face à l’imprévu. Toujours. Le tintement de nos verres ne me détendit pas, ni la chaleur du liquide s’écoulant dans ma gorge. Que me voulait-il ?

« Je… Bon, écoutes… Putain par où commencer ?! Ah, je sais ! Déjà, ce n’est pas une déclaration d’amour alors tu n’es pas obligée de t’enfuir. Je veux juste te proposer quelque chose, d’ici quelques jours, je vais faire un voyage et je voudrais que tu viennes avec moi. »

Me serais-je trompée sur Anton ? Je restais figée, ne sachant que dire face à ce début. M’enfuir ? Déclaration d’amour ? Un voyage ? L’alcool commençait-il déjà à lui faire perdre le fil de ses idées ? Il se remit alors à parler, me permettant de mieux comprendre ce qu’il me proposait.

« C’est une sorte de pèlerinage que je fais, dans un lieu unique et que je tiens à garder secret. En fait, je repensais à ce que nous disions dans les vestiaires et… Je ne sais pas, je me suis dit que peut-être voir un peu le monde comme je le vois pourrais, pas t’aider… Mais… Aaaah, ça pourrait être une expérience agréable ! Tu dis que tu ne cherches pas le bonheur et que tu n’es pas heureuse. »

Il fit une courte pause, puis repris plus assuré.

« Je suis d’un naturel optimiste et je crois que voir le monde au-delà de la Citadelle peut te servir. Je sais que nous ne nous devons rien l'un à l'autre et que nous nous connaissons à peine, mais je veux te rendre ce service. Or je suis l’un des meilleurs coureurs de ruines, je connais exactement tous les chemins de la ville. Quand je suis là où je veux t’emmener, je me sens bien et libre, le monde m’appartient. C’est dangereux d’y aller, mais c’est ce qui me fait sentir encore plus vivant une fois que j’y suis. Enfin… Voilà, je ne sais pas trop comment tourner ma proposition et vendre mon idée… Dis-moi, si ça t’intéresses. Dans le cas contraire, ce n’est pas grave, il y aura toujours de quoi boire. Quoi qu’il arrive, si tu pouvais éviter de parler de ma proposition à qui que ce soit… Je n’aime pas l’idée que les gens savent que j’ai des faiblesses. Ni que je cherche à aider les gens. Ils pourraient en profiter. »

M’aider. Même s’il prétendait ne pas vouloir le faire, ces propos prouvaient le contraire. De l’aide... Prenant une belle gorgée de la bière, je ne pus m’empêcher de ricaner. De l’aide. Le chevalier Anton caché sous les traits de l’irascible et méfiant arpenteur des ruines venait de faire une apparition remarquable.

« Je ne fais pas du bonheur une quête ultime Anton. Peut-être le fais-tu, ça te regarde. Je ne cherche pas à te changer, ne cherche pas à le faire sur moi. Effectivement, on ne se connaît pas. Tu ne sais rien de mon parcours, de mes choix, de leurs conséquences. Moi de même. Je ne veux pas de ton aide ni de tes services. Commence déjà par te concentrer sur toi-même. Je me trompe peut-être, mais là-haut, dans ta tête, on dirait que deux Anton se battent. Que tu cours dans deux directions en même temps. Es-tu vraiment satisfait de ton existence ? Te comble-t-elle ? Ne serait-ce pas une façade derrière laquelle tu caches le fait que tu sois aussi paumé que tout un chacun ? Je ne veux pas de ton aide. »


Je continuais de siroter mon verre en le fixant intensément.

Mes mots sonnaient durement, mais je voulais en avoir le cœur net. Mes déductions étaient-elles justes ou fausses ?  

« Trouve un équilibre. Je ne veux pas connaitre l’Anton naïf, gentil, serviable et altruiste ni l’Anton opportuniste, calculateur, méfiant et cupide. Je souhaite en apprendre plus sur Anton. Dans son ensemble, non influencé par ces deux facettes. Sur qui tu es. Ce que tu es. De fait, parce que je le veux, j’accepte ta proposition. Pas pour que tu me viennes en aide ou pour me prouver quoique ce soit, mais parce que c’est un lieu où l’Anton qui m’intéresse peut s’exprimer. Je te suivrais. »

Contemplant mon verre vide devant moi, je me demandais ce que cela faisait d’avoir un lieu à soi, vraiment à soi. Du bout des doigts, je titillais les bords de la pinte, imaginant ce que ce lieu pourrait être pour Anton.

« Je me tairais Anton. À la Citadelle, si tu ne sais pas tenir ta langue, tu meurs. »

Nouveau silence. Un groupe de musiciens venait de faire son apparition. Elle avait été plus ou moins remarquée par les pauvres hères présents dans le bar. Pas un grand soir. Pas de ceux où les gardes devraient intervenir vers l’aurore pour calmer une rixe qui s’envenimait. Le prénommé Gwen lustrait des verres déjà propres et regardait avec un certain scepticisme le groupe sur la scène accorder des instruments qui n’en avaient que le nom. D’un geste, j’attirais son attention et lui commandais deux verres de scotch ou ce qui s’en rapprochait le plus. Le bruit mat de ma commande sur le comptoir en bois et le tintement familier des glaçons m’apportèrent un étrange sentiment de réconfort. Ça faisait très longtemps que je n’avais pas commandé cette boisson, son prix exorbitant dissuadant bien des buveurs. Ce soir, j’en avais les moyens, l’envie et une compagnie. Prenant une première petite gorgée, je laissais l’arôme puissant se déposer sur ma langue et me remémorais les longues nuits au Chat Noir, le club où je combattais clandestinement. Gwen, poussa alors un petit verre d’eau avec une cuillère à l’intérieur. Je m’en saisis et versais goutte à goutte l’eau dans mon verre avant de le sentir. Voilà, il était prêt.

Les premières notes de musique montèrent alors du fond de la pièce tandis que je reprenais la parole.




« Raconte-moi ton histoire, ton parcours et ta vie. »  



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Anonymous
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Dim 29 Jan - 18:33
Invité
C'était dans l'adversité que les gens se révélaient. Un adage très populaire au sein des armées et des organisations qui mettent la vie de leurs membres en danger.  Durant ce combat contre Sarrah, j'avais visiblement laisser des clefs paraitres... En tout cas, elle m'avait bien cernée et je ne voyais que ça comme explication. C'était perturbant de voir que mon mode de fonctionnement avait été éventé avec facilité. Peut-être devrais-je fuir tant que je pouvais ? Que se passerait il si Sarrah décidait de se servir de ma "dualité" ?  Elle ne semblait pas être ce genre de personnes, au contraire. J'avais envie de lui faire confiance... trouvez moi idiot si vous voulez, mais la façon dont elle me regardait en me fixant sans hésitation ni faiblesse. Je sais pas, je trouvais ça rassurant.

"trouver un équilibre, se préoccuper de moi avant les autres."

C'était des mots agréable à entendre, même si ils étaient dit avec une dureté et une force que je n'avais pas l'habitude de rencontrer. Je remuais le verre de whisky sans le boire, ignorant le regard scandalisé des amateurs du dit liquide. J'aurais peut-être du lui dire que j'avais horreur de ça ! Sans rire, c'est infect comme gout ! Ce serait cependant impoli de le refuser de boire ce verre. Je me fi violence pour avaler une gorgé de  l'ambre liquide. Le silence s'éternisait, elle m'avait posé une question et elle m'avait dit de nombreuses choses, mais je ne savais pas de quel côté commencer. Je soupirais en avalant une autre gorgée, heureusement que j'avais mal partout ! Le gout était infect, mais la brûlure était moins forte.  
Je soupirais encore une fois une fois avant de me lancer:

Ma vie, ma vie se résume à peu de chose tu sais. J'aimerais te dire que j'ai eu une vie dramatique, expliquant pourquoi deux facettes de moi s'affrontent. Mais la vérité, c'est que j'étais un mec chiant comme la pluie. Je suis né et j'ai grandit à Lille, j'étais le mec normal que tu croises partout. J'ai juste toujours eu un sens de la justice très vif en moi, du coup je prenais la défense des autres. J'en ai prit des raclés quand j'étais môme. Du coup, après avoir fini l'école, je me suis inscrits, presque par dépit plus que part conviction à un concour de la gendarmerie.  

C'était la vérité, à la sortie du bac, j'étais paumé, sans idée de ce que j'avais faire dans ma vie.  J'aurais pu n'importe quel métier tant que je me rendais utile pour la population. Alors certes, j'avais cette idée et ce besoin de justice mais je ne m'imaginais pas être gendarme. Je finis mon verre avant de reprendre:

Oui, j'ai un peu arrangé la vérité, je t'ai dit que j'étais militaire. En soit je t'ai pas menti, mais j'ai été gendarme. J'ai pendant pas mal de temps distribué des pvs pour excès de vitesse. Deux ans pour être exact, après, je suis entré au PSIG et là, là j'ai eu la révélation ! Les interventions, neutraliser ces menaces directement, c'est ça que j'aimais.  J'étais toujours sur la brèche, quand on partait en intervention, j'étais vivant.  Je ne sais pas si tu imagines  ce que j'ai ressentit quand on m'a proposer le GIGN. J'ai sauté sur l'occasion.

Mon verre était vide, je fis une grimace équivoque à Sarrah:

Je te remercie pour ce verre, mais je ne suis pas un fan de whisky, j'ai une préférence pour le rhum et la bière. Donc ouais, je suis entré dans le GIGN quand j'avais 23 ans, j'étais parmi les plus jeune du groupe, si ce n'est le plus jeune... Je ne sais pas trop quoi te raconter sur moi en fait, surtout à cette période. En fait, je ne vivais  qu'au travers de nos interventions et de la gendarmerie. Avec le recul, j'avais tellement peu de personnalité que je n'existait qu'au travers de cette institution.

La barmaid apporta deux nouveaux verres, j'eu la surprise de voir du rhum dans le mien. Sarrah ne me lâchait pas des yeux, elle semblait en pleine réflexion. Je me rendis compte soudainement que j'étais parti dans un monologue. Je me confiais et je racontais ma vie. Ok, elle me l'avait demandé mais j'avais l'impression de l'ennuyer si je continuais. Ce mec chiant que j'étais, j'avais peur de redevenir comme lui si je lui accordais le droit d'exister de nouveau dans mon esprit.

-Il y a eu cette affaire avec le gamin où j'ai été blessé. La première personne à être venue me voir ce fut le commandant de mon unité. Il s'était étonné que je ne sois pas avec un de mes camarades... la suite tu l'as connais, j'ai eu Téméraire et je crois qu'il m'a sauvé en fait. Je me suis un peu plus ouvert et j'étais moins "unidimensionnel". Mais je me suis rendu compte que les gens se sont servis de moi.

Je pris une lampé d'alcool avant de continuer, au point où j'en étais, autant continuer en espérant de pas dégouter Sarrah de ma personne.

Les membres de mon équipe ne me respectaient pas, certes en tant que combattant j'avais leur confiance et leur respect mais pas en tant que personne.  je m'en suis rendu compte un peu avant l'épidémie et je pensais poser ma démission mais les choses ont tournées dans une autre direction...  

Je triturais mon verre vide, j'allais arriver à une partie de ma vie que personne ne connaissait, je n'étais pas fier. J'avais fait des choses durant l'épidémie, par égoïsme principalement. Peut-être comprendrait-elle ? Quelle confiance je pouvais avoir en Sarrah ?
 
-Durant l'épidémie, mon équipe... non, tu ne veux pas entendre ça Sarrah, je ne suis pas prêt à te dire ce que j'ai fait pour survivre. Je me demande même si je le serais un jour. Je... je crois que la seule chose que je puisses te dire c'est que tu ne devras me craindre que le jour où tu voudras du mal à Téméraire.


Je pris ma tête entre mes mains, je repensais à ce que j'avais fait... major Jordan Lya, maréchal des logis Sylvain Breton. Adjudant Marine Morini. Commandant Clément Duguet... Je les avait tous tuer pour aller récupérer Téméraire. Tous, alors que nous allions être évacué avec le gouvernement. J'ai tout sacrifié juste pour lui. Des fois je regrettais ce geste, tellement que j'avais envie de me coller un flingue sur la tempe. Mais je me souvenais de la liberté que j'avais gagné et je me souvenais que la ville et la vie autour de moi était libre d'entrave. Que je pouvais être celui que je voulais et si je voulais discuter avec une charmante boxeuse aux cheveux blancs, j'étais libre de le faire ! J'eu un petit sourire:

Tu as déjà vu à quoi ressemblait l'ordre national du mérite ? C'est un peu une partie de ma vie aussi. J'ai eu cette médaille durant la bataille de Paris, l'attentat de 2019 tu sais. Les autres membres de mon unité ont reçus la légion d'honneur. La légion est la plus haute distinction française et l'ordre du mérite la deuxième.

Je sortis la médaille de mon portefeuille pour la montrer à Sarrah. Elle semblait douée pour me deviner et me comprendre, qui sait quelles conclusions elle trouverait avec cette médaille.  

-J'ai abandonné mon poste, on défendait un accès de l'Elysée pour faire justice, j'ai sauvé une douzaine de personnes ce jour là. On m'a mit à pieds pendant plusieurs semaines puis je me suis fait décorer. C'était mon commandant qui avait fait la demande. Je ne sais pas ce qu'il voyait en moi, mais il semblait me porter beaucoup d'attention.

Je n'avais plus grand-chose à raconter sur ma vie et mon parcours. J'écoutais les quelques notes dissonantes venir de la scène. Je renversais la tête pour mieux entendre et chercher mes mots:

-Après l'épidémie, j'ai vécu au jour le jour. Un monde sans règles arbitraire, ma conscience et mon entrainement pour seules limites. Téméraire avec moi pour la survie et la citadelle pour les plaisirs. J'aime ce monde, j'ai testé mes limites ce soir, et maintenant je me retrouve à boire de l'alcool en compagnie d'une légende du Deadly. Santé Sarrah !

Je relevais le coude assez pour avaler une nouvelle quantité d'alcool. Ce feu en moi brûlait et il fallait l'alimenter. Je savais que demain je n'oserais pas parler avec autant de facilité alors je comptais bien en profiter un maximum ce soir:

- Ce soir, j'ai vu que tu semblais perdue, ta vie à du être bien plus dure que la mienne, tu as dû souffrir. Tu verrais un inconvénient à m'en parler ou souhaite tu attendre encore ?  
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Sarrah
Sarrah
Survivant
Sam 4 Fév - 23:35
Sarrah

ft. Anton Pendragon

ft. Sarrah

「 Duel au sommet. 」



Les yeux d’Anton rivés dans les miens retranscrivaient les pensées qui l’animaient en ce moment même : faire confiance et se découvrir un peu plus ou se refermer de peur de se faire manipuler ?




Pourquoi cette certitude sur son questionnement ?

Parce qu’Anton me ressemblait sur ce point-là, tout comme Massial. À la place de mon interlocuteur, je pense que j’aurais fui. Éviter de me répandre davantage sur moi-même. J’aurais fui les paroles que j’avais prononcées. Seulement, Anton n’était pas moi et mes dires avaient atteint leur but. Et puis, lui aussi avait forcément compris certaines choses me concernant. Plus que moi-même ? Peut-être bien, il ne percevait pas le monde de la même façon ni ne réagissait similairement aux situations qui se présentaient à lui. Peut-être a-t-il vu certaines choses. Ai-je envie de l’entendre à ce propos ? Pas vraiment. Mais je venais de le faire avec lui. Prenant une nouvelle gorgée, j’essayais de calmer le flux de mes pensées. Le liquide flamboyant traversa mon corps et je fermais les yeux pour en ressentir davantage la chaleur.

Quand je les rouvris, Anton fixait son verre sans l’avoir encore goûté. Il ne devait probablement pas affectionner ce type de boisson. Je haussais les épaules, un peu dépitée. Faisant tourner le contenu de son verre, il finit par en prendre une gorgée en soupirant. Je ricanais en réaction de sa moue de dégoût qui apparut sur son visage à la suite de son geste. Bel effort, il fallait le souligner. La barmaid fixait Anton d’un mauvais œil, ses actes étant de vrais blasphèmes pour les puristes. Je repris une nouvelle gorgée. Il soupira de nouveau.

« Ma vie, ma vie se résume à peu de chose, tu sais. J'aimerais te dire que j'ai eu une vie dramatique, expliquant pourquoi deux facettes de moi s'affrontent. Mais la vérité, c'est que j'étais un mec chiant comme la pluie. Je suis né et j'ai grandi à Lille, j'étais le mec normal que tu croises partout. J'ai juste toujours eu un sens de la justice très vif en moi, du coup, je prenais la défense des autres. J'en ai pris des raclées quand j'étais môme. Du coup, après avoir fini l'école, je me suis inscrit, presque par dépit plus que par conviction à un concours de la gendarmerie. »

Je n’étais pas persuadé de la corrélation entre passif difficile et la double facette de son caractère. Ça me semblait arbitraire. Certains évènements de la vie entrainent l’apparition de nouveaux traits d’une personnalité, mais ça n’est pas forcément maladif. Il me semblait qu’Anton s’était plutôt adapté aux situations qu’ils avaient rencontrées, avait procédé à des changements à cause de son environnement. Simplement, dans ce nouveau monde, aucune de ses facettes ne lui convenaient pour appréhender de manière optimale les évènements. Ce malaise, lui seul le ressentait, à lui d’en trouver les causes et solutions.


Qu’en était-il de moi-même ? Avais-je réussi à m’adapter ?

Me rappelant mes crises de plus en plus récurrentes, je ne pouvais qu’admettre que ce n’était pas le cas. J’avais peur. De plus en plus peur de mon côté mélancolique qui ne cessait de se renforcer. Bien loin de l’impression innocente qu’elle m’avait laissée depuis toujours, cette partie de moi semblait vouloir me dévorer. Comme si une brèche s’était ouverte en moi, comme si une fêlure béante ne cessait de grandir. La mort d’Éric avait sans doute été l’élément déclencheur de cette décrépitude, mais le mal était probablement plus ancien, plus enraciné. Ces derniers temps, je repensais de plus en plus souvent à mes combats clandestins et à l’issue fatidique de cette période de ma vie. Lorsque j’ai tué cette fille, ma première crise est survenue. Je frissonnais violemment, tentant d’éviter de me retrouver une nouvelle fois face à ce souvenir. À le revivre.

L’esprit possède une incroyable maitrise de l’équilibre. Il en est toujours à la recherche et chaque nouvelle fissure est très vite comprise dans une équation complexe pour permettre à l’être de poursuivre toujours plus sa vie. Éric m’avait un jour dit que sans les moyens de défense de notre esprit, nous serions tous fous, psychopathes ou névrosés. Je me demandais alors à l’époque si nous ne l’étions pas déjà tous, indépendamment des « défenses » que nous avions chacun mis en place. La vie est une garce, le caractère de chacun influençant bien plus notre capacité d’adaptation que les événements qui échelonnent son parcours. Un événement unique peut aussi bien pulvériser un parcours qu’une succession d’évènements. Du moins, le percevais-je ainsi au vu du mien. J’avalais alors la dernière gorgée de mon breuvage, essayant de me recentrer sur les propos d’Anton.
Gendarme... Presque par dépit...

Il avait beau dire son passé n’avait pas l’air d’être des plus roses non plus. Mais pourquoi ce besoin de justice s’était-il manifesté aussi tôt chez lui ? À quoi était-ce lié ? Le son mat de son verre ramena mon attention sur mon interlocuteur.

« Oui, j'ai un peu arrangé la vérité, je t'ai dit que j'étais militaire. En soit je ne t'ai pas menti, mais j'ai été gendarme. J'ai pendant pas mal de temps distribué des pvs pour excès de vitesse. Deux ans pour être exact, après, je suis entré au PSIG et là, là, j'ai eu la révélation ! Les interventions, neutraliser ces menaces directement, c'est ça que j'aimais. J'étais toujours sur la brèche, quand on partait en intervention, j'étais vivant. Je ne sais pas si tu imagines ce que j'ai ressenti quand on m'a proposé le GIGN. J'ai sauté sur l'occasion. »

Honnêtement, je n’en avais rien à faire qu’il soit gendarme ou militaire. Il était un ancien symbole de l’autorité de l’État. De ma part, ça n’était pas vraiment un compliment. J’ai toujours eu des relations plutôt tendues avec l’autorité, surtout celle sous la forme de flics, de gendarmes ou de militaires. Pour moi, ils se ressemblaient tous. Usages de drogues, deal, conduite en état d’ivresse, violence, ... Les arrestations étaient régulières dans mon entourage et moi-même, j’avais plusieurs fois été au poste pour quelques voies de fait. Peut-être n’était-ce qu’une simple justification et que les hommes qui fessaient face à nos conneries n’avaient rien à voir avec notre situation, mais je trouvais que l’injustice se trouvait aussi de notre côté. Celle de ne pas être né dans la bonne famille, au bon endroit et que de ce fait, nous en payons le prix du début jusqu’à la fin de notre vie. Injuste. Juste injuste de payer les choix que d’autres ont faits.


L’égalité des chances, la non-discrimination : que de belles conneries.

De beaux mots et de belles idées qui ne se retrouvaient jamais dans les faits. Malgré tous les efforts des éducateurs à nos côtés et des autres professionnels, bien peu de mes anciens proches étaient optimistes quant à leur avenir. Combien en avions nous rencontré de ces anciens des foyers à mendier dans les rues ? Énormément. À en donner la nausée. Comme une impression d’un destin tout tracé. Rien que l’idée de destinée me donnait envie de vomir. Tout ce temps perdu d’avance, à enchaîner échecs sur échecs, incompréhension sur incompréhension, rupture sur rupture. Voilà mon avenir dans l’Ancien Monde et encore, j’étais chanceuse : Éric était là. Pour autant, depuis l’adolescence, une sourde colère brûlait en moi. Comme pour tous ceux qui partageaient mon sort. Une rage envers ce système. Que nous étions influençables tout de même, prêt à faire les quatre cents coups pour prouver notre valeur, notre courage à nos pairs. Ça n’avait comme seul résultat que de nous rendre encore plus déviants et marginaux aux yeux de la société dont au fond, nous souhaitions en être respectés et reconnus. Il m’a fallu bien longtemps pour me rendre compte de ça. Que trouver notre place quelque part était-ce que nous souhaitions le plus. Ce que je souhaitais le plus. D’ailleurs, le fait de me retrouver au sein de la Citadelle et des gardes n’étaient sans doute pas un hasard... Nous nous ressemblions tous. Des verres brisés et fêlés aux éclats tranchants et trompeurs. Un ramassis de personnes qui n’avaient souvent aucun avenir avant l’épidémie.


Lutter contre l’injustice et protéger les plus faibles...

Un brin scabreux à mon avis, mais au moins agissait-il. Ça n’était pas donné à tout le monde, certains préférant se complaire dans leur situation, injuste ou non. Remarque, avec le recul, c’était sans doute un choix comme un autre pour se faciliter la vie. Moi qui avais horreur de ça, ne le fessais-je pourtant pas maintenant ? Épineuse question...

Se sentir vivant, qui ne le souhaiterait pas ? L’adrénaline, le frisson de l’instant, le jeu d’équilibriste quand l’imprévu est à nos trousses. Oh que je comprenais ce besoin. Je le recherchais si ardemment. Faire partir de son unité devait lui procurer à gogo ses sensations enivrantes, je pouvais le comprendre. Il reprit alors la parole.

« Je te remercie pour ce verre, mais je ne suis pas un fan de whisky, j'ai une préférence pour le rhum et la bière. Donc ouais, je suis entré dans le GIGN quand j'avais 23 ans, j'étais parmi les plus jeunes du groupe, si ce n'est le plus jeune... Je ne sais pas trop quoi te raconter sur moi en fait, surtout à cette période. En fait, je ne vivais qu'au travers de nos interventions et de la gendarmerie. Avec le recul, j'avais tellement peu de personnalité que je n'existais qu'au travers de cette institution. »


Vingt-trois ans ? Diable quel âge a-t-il ?

Il est vrai qu’il devait sortir du lot par son âge. Ça n’avait pas dû être facile de s’intégrer. Ses derniers mots retinrent particulièrement mon attention. Il commençait réellement à se livrer. L’émotion dans sa voix, la tension visible de ses mains serrant son verre, l’intensité de son regard. Il fut alors interrompu par la barmaid qui nous servit deux autres verres. Le mien avait une étrange couleur violette virant par moment sur les bleus.

Un Blue lagon. Léon m’en avait fait plusieurs fois et j’en étais devenue une vraie férue. J’adorais ce cocktail étrange, car préparer avec tout sauf les ingrédients traditionnels. Ça en rebutait plus d’un, mais pas moi. Celui-ci avait quand même, une drôle de teinte comparée aux précédents… Mon compagnon semblait ravit du sien. Ils finissaient par connaitre leurs clients ces bougres de l’Underground et ils savaient jauger l’humeur de leur clientèle. Pour autant, mon attention était davantage tournée vers Anton que sur le récipient devant moi. Je ne le quittais pas des yeux, assimilant tout ce qu’il m‘avait dit. Une lueur de surprise sembla s’allumer dans son expression, bien vite remplacée par un masque lisse. L’instant était passé. Anton s’était refermé. Pour qui, pourquoi, je ne sais pas. Peut-être avait-il peur de davantage se laisser aller.

« Il y a eu cette affaire avec le gamin où j'ai été blessé. La première personne à être venue me voir, ce fut le commandant de mon unité. Il s'était étonné que je ne sois pas avec un de mes camarades... La suite, tu l'as connaît, j'ai eu Téméraire et je crois qu'il m'a sauvé en fait. Je me suis un peu plus ouvert et j'étais moins "unidimensionnel". Mais je me suis rendu compte que les gens se sont servis de moi. » Il prit son verre et en bu une longue rasade, avant de reprendre.« Les membres de mon équipe ne me respectaient pas, certes en tant que combattant, j'avais leur confiance et leur respect, mais pas en tant que personne. Je m'en suis rendu compte un peu avant l'épidémie et je pensais poser ma démission, mais les choses ont tourné dans une autre direction... »

Il s’arrêta une nouvelle fois. Plus hésitant que jamais. Sa dernière tirade était sortie de sa bouche comme du fiel, pleine d’une rancœur passée et sans doute encore présente maintenant. Ses collègues devaient s’être sacrément foutu de sa gueule en tout cas. Sa mâchoire crispée et son air dangereux cachaient un tas de souvenirs forts peu plaisant. Sa réticence à parler davantage venait probablement d’eux.

« Durant l'épidémie, mon équipe... Non, tu ne veux pas entendre ça Sarrah, je ne suis pas prêt à te dire ce que j'ai fait pour survivre. Je me demande même si je le serais un jour. Je... Je crois que la seule chose que je puisse te dire, c'est que tu ne devras me craindre que le jour où tu voudras du mal à Téméraire. »

Il avait dû se passer quelque chose et Téméraire y était intimement mêlé...

Ses collègues avaient-ils voulu faire du mal à son chien ? J’avais envie d’en savoir plus. Terriblement. J’avais envie de creuser son histoire, de creuser toujours plus loin dans les non-dits de son discours. Mais à son visage bouleversé devant moi, à cet homme normalement si maître de lui et détaché, je ne dis rien. Presque timidement, je lui serrais solidement l’épaule alors qu’il se tenait la tête en proie à une vive émotion. Il devait sans doute revivre ce qu’il ne voulait pas, ce qu’il ne pouvait pas encore dire. Je voulais lui signifier que je comprenais sa difficulté à parler et la nécessité que nous avions de survivre à n’importe quel prix. Avec l’épidémie, tous ceux qui avaient survécu avaient plus d’une fois commis des actes jugés auparavant barbares, bestiaux, dégénérés, criminels, lâches. Nous traînions tous de sacrées valises et nos mains étaient rougies du sang d'autrui. Pourtant, il fallait continuer à avancer. Malgré nos consciences alourdies, malgré les regrets, il fallait se relever pour voir de nouveau le jour. Tous ses événements atroces dans lesquels nous avions pris part étaient justifiés : nous ne voulions que vivre ou protéger ceux qui nous étaient chers. Jusqu’à notre mort, nous marcherons avec le visage de tous ceux à qui nous avions pris la vie volontairement ou involontairement. Jusqu’au bout, nous reverrons leurs derniers moments. Et rien ne pouvait changer ça, il fallait vivre avec. Pour nous-même, pour ceux que nous aimions. Dans tous les cas, s’il ne se sentait pas près à parler, qu’il ne le fasse pas. Je ne le forcerais pas. Jamais.


Le laissant reprendre pied tranquillement, il finit par continuer son récit, un léger sourire sur ses lèvres.

« Tu as déjà vu à quoi ressemblait l'ordre national du mérite ? C'est un peu une partie de ma vie aussi. J'ai eu cette médaille durant la bataille de Paris, l'attentat de 2019, tu sais. Les autres membres de mon unité ont reçu la Légion d'honneur. La légion est la plus haute distinction française et l'ordre du mérite la deuxième. J'ai abandonné mon poste, on défendait un accès de l'Élysée pour faire justice, j'ai sauvé une douzaine de personnes ce jour-là. On m'a mis à pied pendant plusieurs semaines puis je me suis fait décorer. C'était mon commandant qui avait fait la demande. Je ne sais pas ce qu'il voyait en moi, mais il semblait me porter beaucoup d'attention.»

« Il voyait un homme valeureux qui a préféré protéger des civils plutôt que tuer un extrémiste de plus. Il a vu un homme qui a préféré sauver des vies plutôt que d'en prendre une autre. Tu as agi en militaire. En vrai militaire censé et pas en une marionnette de plus... Nous vivions vraiment une époque de merde. Sanglante à souhait. Tu as apporté de l’espoir Anton. C’est ce qu’à vue ton commandant. C’est ce que je vois également. »

Rien à dire de plus. Dans les faits, cet énième attentat en plein cœur de Paris ne m’avait pas plus touché que ça. C’était si éloigné de mon quotidien que ça ne m’avait pas beaucoup affecté. Cet événement était survenue dans une France que je ne connaissais pas. A laquelle je ne m'identifiais pas. J’avais rapidement suivi un pitch à la radio et j’étais tombée au moment où l’on annonçait qu’un des militaires avait sauvé douze personnes. Je m’étais demandée qui cela pouvait bien être. Hasard, Cher Hasard, sur mon chemin se trouve cette fameuse personne. Buvant une nouvelle gorgée de ma boisson, je jetais un œil à la scène : encore un groupe de musicien assez bateau et banal. Question musique, on n'était pas gâté...

« Après l'épidémie, j'ai vécu au jour le jour. Un monde sans règles arbitraire, ma conscience et mon entraînement pour seules limites. Téméraire avec moi pour la survie et la citadelle pour les plaisirs. J'aime ce monde, j'ai testé mes limites ce soir, et maintenant, je me retrouve à boire de l'alcool en compagnie d'une légende du Deadly. Santé Sarrah ! »

« Santé. »

Le son de nos verres s’entrechoquant était fort plaisant. Depuis combien de temps n’avais-je pas partagé un verre avec quelqu’un ? Un léger sourire me vint, l’alcool commençant vraisemblablement à faire effet. Je finis mon verre avant de commander le même verre qu’Anton et de lui en reprendre un. C’était agréable. Cette soirée était agréable. La présence de quelqu’un à mes côtés me changeait. Comblait un peu l’absence.

« Ce soir, j'ai vu que tu semblais perdue, ta vie à dû être bien plus dure que la mienne, tu as dû souffrir. Tu verrais un inconvénient à m'en parler ou souhaites-tu attendre encore ? »

« Difficile ? Sans doute, mais je suis quand même là aujourd’hui... »

Je haussais les épaules avant de boire une gorgée de cette boisson. Du rhum. C’était bon. Sans que je ne m’en rende compte, je me mis à parler. Les mots s’écoulant de ma bouche doucement, sans rencontrer trop de résistance.

« Ma vie ressemble à un drôle de vieux cliché. J’ai été abandonnée à la naissance, placée dans un foyer d’enfants de mon genre et élevée par des éducs. Toute ma vie, j’ai vécu dans les banlieues de Paris à faire les quatre cents coups et à défier toute forme d’autorité. Flics, militaires, gendarmes, vous étiez tous les mêmes. Des types que les bourges envoyaient lorsqu’on attirait trop l’attention ou quand nous devenions trop dangereux. Ma jeunesse ressemble à un marais, plus je vieillissais, plus je m’enfonçais. Échecs scolaire et de placements, fugues, consommation de drogues, je n’étais pas un enfant de cœur. »

Un sourire nostalgique apparu sur mon visage. Que nous étions naïfs et innocents. Cherchant par tous les moyens à attirer l’attention. En y repensant, certaines de nos bêtises étaient marrantes, fort marrantes. Une époque où ne nous soucions pas encore de l’avenir. Nouvelle gorgée.

« J’étais en colère. Contre le monde entier parce que je ne comprenais pas pourquoi je n’avais pas de parents. Parce que je ne savais pas qui j’étais et ce que je voulais être. La bonne époque. C’est alors que quelqu’un m’a fait découvrir la full-contact. Ça a été une vraie révélation. Grâce à ce sport, ma tête est sortie de l’eau. J’ai découvert d’autres milieux que celui auquel, j’appartenais. D’autres manières de penser. Un nouvel espoir. J’étais douée. J’adorais ça. J’ai gagné pas mal de compétitions en France. Mais plus je grandissais, moins je voyais quel avenir je pouvais me forger... Pas de soutien familial, pas de diplôme, situation précaire quasi-certaine et chômage de longue durée. Tu sais le nombre de gosses de mon genre qui finissaient à la rue ? Beaucoup. Vraiment beaucoup. C’était effrayant. »


Nouvelle pause. Je reprends plus maussade après avoir bu.

« Les compétitions maniérées commençaient à m’ennuyer aussi... Dans mon entourage, des personnes pas très nettes, mais riches ont commencé à m’approcher. J’ai fait le choix de tenter ma chance avec eux. Des combats clandestins, violents, sans règles et où je pouvais gagner gros comme tout perdre. J’adorais ça. Une vie nocturne, pleine d’excès, de luxe et de fric... J’ai aimé ça. Un soir, mon « sponsor » m’a proposé un autre type de combat. J’ai accepté et gagné. Puis, j’ai disparu, parce que ce soir-là, j’ai compris la portée de mes actes. J’ai compris que chacun de mes choix entrainaient un certain nombre de conséquences que je pouvais plus ou moins prévoir. Aucun de nos choix n'est innocent, aucun ne devrait être choisi au hasard... Je me suis cachée et j’ai sombré. La même personne qui m’a fait découvrir la boxe m’a aidé à me relever. »

Eric. Alors que je me laissais mourir, il était apparu. Je ne sais toujours pas comment il a fait pour me retrouver ni pourquoi il m’a aidé. Il ne me devait rien. Mais c’était Eric, tout simplement. Mon sourire se fana.

« J’ai recommencé à pensé à mon avenir. À mener une vie normale. J’espérais que le monde souterrain m’avait oublié. Dans tous les cas, aujourd’hui la question ne se pose plus. Au cours de l’épidémie, je suis restée auprès de cette personne. Je me suis juré de la protéger, qu’il survive. C’était ma raison de vivre. Ma chandelle dans cette longue nuit. Si brillante... Peut-être as-tu déjà rencontré une personne de ce genre : de celles qui rayonnent, pleine de bonté et de chaleur humaine. De celles qui parviennent à toucher le cœur le plus endurci et à lui redonner de l’espoir. Il était comme ça.»


Le flux de paroles se tarissait.

« Nous avons cheminé ainsi alors que Paris sombrait. On a rencontré deux autres personnes. De bonnes personnes. Je ne comptais même pas les sauver, mais ils se sont révélés être des personnes de confiance. C’est alors que les bombardements sont survenus. Ma chandelle fut... Fut soufflée. » J’avais toujours autant de mal à le dire, de quelque manière que ce soit. « Et je me suis retrouvée séparée de nos compagnons de route. Ils sont chez les Humanistes maintenant. » Je ricanais, ironique. « Après ça, j’ai de nouveau sombré. Pour me réveiller à deux doigts de mourir au milieu d’une horde d’infectés. J’ai réussi à m’en sortir et j’ai fini par intégrer la Citadelle et le Service de Sécurité. Voilà ma vie. Ma raison de vivre a disparu. Je survis encore. Voilà tout. »

La brutalité de la fin de mon monologue laissa un profond silence entre Anton et moi. Je ne cherchais pas à l’apitoyer. La pitié, j’en avais suffisamment eu durant mon enfance. Étrangement, raconter mon histoire à un inconnu me faisait du bien. Je crois bien que c’était la première fois depuis l’épidémie que quelqu’un entendait mon bout de chemin sur cette terre. La première fois. Étrange. Réconfortant.

Comme une impression tenace de m’inscrire dans cette nouvelle époque.




L’air de musique avait changé. Devenait plus tendu et rythmé. À moins que l’alcool ne commence à faire effet. Je pris la dernière gorgée de mon verre, les yeux dans le vague.




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Anonymous
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Lun 6 Fév - 17:05
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Je ne sais pas si c'est l'alcool ou le combat, mais Sarrah avait ma sympathie et une certaine partie de ma confiance. Je m'étais en grande partie livré et quand je me suis sentit mal, elle a su exactement quoi faire. Une simple main sur mon épaule, pas besoin d'un discours complexe et complet. Bien qu'elle m'en fit un petit, un tout petit discours, mais il me toucha en plein cœur. J'en eu une larme à l'œil en entendant ça. C'était très plaisant, j'avais peut-être un début, incomplet et parcellaire, de réponse. Il affait fallut que ça qu'une simple rencontre pour élucider une des questions que je me posais depuis des années.

Elle m'avait écouté avec intensité et Sarrah avait su trouver quelques mots qui me touchaient. Elle aussi semblait avoir besoin de parler et c'est-ce qu'elle fit. Je lui devais le même effort et je me concentrais sur ses lèvres, analysant chaque mot qu'elle prononçait. Mais au fur et à mesure qu'elle parlait, je voyais que son regard et son air devenait de plus en plus sombre. Sa vie s'était résumée à une longue descente aux enfers et j'y étais très sensible. Elle était un peu la personnalisation, la Marianne des failles dans un système que j'avais défendu des années. Je ne pipai mot, il n'y avait rien à dire, rien à ajouter. Je ne voulais pas la couper dans son élan.

Mon air était lui aussi de plus en plus grave, je réfléchissais à ce qu’impliquait ce qu’elle me disait. Ses souffrances, ses remises en questions, ses actes… Un homme par altruisme l’aide à se relever une fois, mais d’autres, par pure avidité ont détruit son travail. Pourtant, cette lumière dans la vie de Sarrah était revenue à la charge, de nouveau. Il avait cru en elle et elle avait catalysé sa vie à travers lui. Quand nous nous battions, elle avait murmuré un prénom, je ne l’avais pas réellement saisit, mais j’imagine que c’était de lui dont elle parlait. Je ne lui ferias pas l’affront de poser cette question.

Quand elle eut fini de parler, je laissais le silence s’installer entre nous. Je ne savais pas quoi dire, ni ajouter, en tout cas rien qui ne soit pas un ramassis de banalités sans aucune personnalité. Elle méritait une vraie réponse… Je lui devais bien ça :

- Gwen, deux éthers s’il te plait.

La jeune Gwen en question partit nous chercher deux shooters de 8 cl. Dedans il y avait un mélange de sucre, de miel et éthanol pur. De l’alcool à 99.99% de concentration, deux fois plus fort qu’un solide whisky écossait. Pendant que notre commande se préparait, je regardais Sarrah dans les yeux, j’essayais de lui faire passer un message. Je ne me moquais pas de ce qu’elle disait, je cherchais juste quoi dire. Mais un détail attira mon regard :

- Tu as du sang séché dans les cheveux.

Je tendis le bras et je fis s’effriter le sang entre mes doigts. Ne me demandez pas pourquoi j’ai fait un geste aussi intime. Mais j’avais l’impression que ne serait-ce que pour un soir, j’avais un lien privilégier avec quelqu’un. Juste un soir, j’avais réussis à me confier à quelqu’un. Même Aimie en savait moins à mon sujet que Sarrah et visiblement, je devais être un des rares à en savoir autant sur elle maintenant. Les deux shooters trouvèrent une place devant nous. Ils étaient recouverts d’un petit couvercle pour éviter que l’alcool ne s’évapore. Boire ça revenait à se mettre la langue en feu, on ne buvait pas ça pour se faire plaisir, on buvait ça pour se faire mal. Or, je crois que Sarrah en avait envie et moi aussi. Je pris enfin la parole, d’une voix calme et posée :

- Il semblerait que nos vies soient l’exacte opposée l’une de l’autre et que pourtant, nos trajectoires soient communes. Le petit rouage parfait de la société et le rebus ne pouvant pas s’intégrer à celle-ci. En un sens, nous nous ressemblons, nous nous sommes laissé noyer par nos vies. Tu sombrais de plus en plus vers la violence et la déchéance et moi je devenais de plus en plus transparent, sans personnalité. Nous étions condamnés, sans avenir… Pas de la même façon, c’est évident, mais nos vies allaient droit dans le mur.

Je saisis mon verre du bout des doigts et j’invitais Sarrah à faire de même :

- Mais durant notre histoire, nous avons eu l’occasion de rencontrer quelqu’un croyant en nous. Nous avons eu la chance de réveiller en eux un instinct, instinct qui les a poussés à nous aider. Je lève mon verre en leur mémoire, au Colonel Delion, qui m’a offert une lueur d’espoir et je lève mon verre à cet homme, unique, héroïque, qui à réussit à te sauver la vie, de nombreuse façon. Paix à son âme.

Je fis sauter le petit couvercle de mon shooter et je renversais la tête pour le vider. La brûlure était infernale, comme un feu liquide qui descendait le long de ma gorge, le sucre et le miel n’apaisaient pas la douleur. J’eu un hoquet quand enfin tout se retrouva dans mon estomac, il n’aimait pas ce traitement. Moi non plus, mais si ça permettait de me saouler un peu plus vite, ça valait le coup. Pendant que mon corps protestait, je ruminais encore l’histoire de ma camarade et seulement je compris un des sous-entendus qu’elle avait glissés !
Elle avait tuée son adversaire dans un match à mort ! J’avais entendu parler de ce genre de pratiques mais à l’époque j’étais plus préoccupé par les terroristes que par ces gladiateurs.
De toute façon, ces histoires étaient du passé… les hommes l’ayant contraint à cela était probablement morts depuis longtemps. Il fallait se tourner vers l’avenir, si tant est qu’on puisse en avoir un de nos jours. Enfin, je retrouvais assez de contenance pour regarder Sarrah dans les yeux, puis je me lâchais. Sa confession et l’alcool me donnait envie d’aller un peu plus loin. Me jugerait-elle comme un monstre ou comprendrait-elle ? Je voulais avoir le cœur net :

- J’ai tué la totalité de mon équipe d’intervention pour aller récupérer Téméraire. Nous allions être évacués, mais je n’ai pas voulu partir sans lui. Un de mes camarades a essayé de me retenir. Je lui ai collé une balle dans la tête. Puis j’ai tué les autres, j’aurais pu m’enfuir, mais je l’ai tous tué. Je ne peux pas comprendre ta douleur Sarrah, je n’y arrive pas. Je n’ai jamais été dans cette situation, jamais je ne me suis attaché à un de mes semblables… pas au point de pleurer et de perdre gout à la vie sans lui…

C’était la vérité, je ne disais pas ça pour faire tirer une à Sarrah. Je me sentais plus léger d’avoir avoué ce « crime » :

- De toute ma vie, il est un des seuls regrets que j’ai. J’aurais dû m’enfuir, les abandonner. Peut-être ai-je perdu la raison ce jour-là… suis-je un psychopathe ? Je ne sais pas… c’est pour ça que j’aime ma nouvelle vie, je ne risque plus de faire de mal autour de moi et je suis libre, sans mes contraintes. Si je veux me laisser submerger par mes sentiments et aider, je peux le faire comme je l’entends et non pas en suivant des ordres. Des ordres qui parfois venaient d’hommes plus mauvais encore que ceux que j’arrêtais.

L’éther m’avait fait très mal, dans tous les sens du terme. J’avais la bouche sèche et mal à l’estomac. Mes pensées repartir loin dans mon inconscient et en sortir un souvenir marquant que j’avais. Sur le bureau du colonel Delion, il y avait un petit poème. Très court, quatre vers… Pourtant quand je pensais à Sarrah et que je la voyais. Ces mots me semblaient faits pour elle. Mais je décidais de ne pas lui dire pour l’instant, ce n’était pas le moment et j’avais besoin de sortir de ce cercle où nous exhibions nos vies. Je fis signe à gwen de me servir :

- Blue lagon pour moi ce coup-ci… Sarrah, ce soir, nous avons partagés douleurs, peine et souvenir, que ce soit physique ou moral. J’espère que nous sommes capable d’aller plus loin et qu’on a d’autre chose à se raconter.


Je cherchais un exemple dans ma tête, une anecdote une histoire ou n’importe quoi… Mais les musiciens sur la scène venaient de me donner un casus belli idéal. Le « guitariste » avait commencé une reprise lamentable d’un vieux morceau d’AC/DC. De ma place je lui hurlais :

- Hé ! La guitare ça se joue avec les doigts et pas ta bite gros branque ! Même Justin Bieber ferait mieux que toi !

Un nombre satisfaisant de rires gras fusèrent dans la salle et le pauvre bougre se retrouva le visage rouge et honteux. Avec un petit sourire, je revins vers Sarrah :

- On ne touche pas AC/DC !

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Sarrah
Sarrah
Survivant
Mer 15 Fév - 0:46
Sarrah

ft. Anton Pendragon

ft. Sarrah

「 Duel au sommet. 」



« Gwen, deux éthers s’il te plaît. »



La barmaid s’approcha doucement du duo que nous formions.

Son air grave et ses gestes tout en rapidité et en discrétion me firent penser qu’elle avait entendu une partie de notre conversation. Je la fixais alors dans les yeux, tentant d’y déceler une lueur que je ne voulais pas y voir : celle de la pitié ou de la compassion. Elle s’en garda bien et nous servit en silence, sans briser l’atmosphère de confidences entre Anton et moi. Je reportais mon attention sur lui. Ses yeux luisaient légèrement : étaient-ce due à l’alcool ou était-il ému des paroles que nous avions échangées ?

Qu’il était agréable de se confier sans se coltiner en retour un discours vide de sens, peuplé de beaux mots tous aussi creux les uns que les autres. Anton avait su m’écouter et je lui en étais reconnaissante. Il ne cessait, depuis que je m’étais tue, de me fixer du regard. Un regard insistant. Cherchait-il quelque chose à dire ? Peut-être, mais je n’en avais pas besoin. Mon histoire était ce qu’elle était. Elle ne pourrait plus changer et de mon point de vue, elle n’était pas si horrible que ça. Tous les choix, toutes les décisions que j’ai pu prendre, j’ai essayé de les prendre en toute connaissance de cause. J’ai essayé de les assumer jusqu’au bout avec les moyens que j’avais. Même si certaines avaient entrainé des conséquences fâcheuses, atroces, innommables et m’avait conduite à devenir une criminelle, elles restaient les miennes. C’est tout ce que j’avais : la certitude d’avoir agi en mon nom propre et seul, pour moi et pour personne d’autre. C’est tout ce que j’avais. Une certitude inscrite dans mon cœur qui m’avait permis de tenir toutes ces années. Qui m’avait permis de continuer à avancer, fièrement.

Oui, mon histoire était ce qu’elle était, mais c’était la mienne.

« Tu as du sang séché dans les cheveux. »

La main d’Anton traversa si facilement l’espace entre nous deux que je tressaillais légèrement à son contact. Si aisément. Ses doigts se posèrent tel un simple souffle d’air sur mes cheveux pour enlever ce qu’il y avait dessus. Si doucement. J’en fus surprise. Vraiment surprise. Les contacts physiques que je pouvais avoir avec quiconque étaient plutôt rares et toujours de mon initiative. Rencontre fortuite d’une nuit, soins médicaux prodigués à mon corps, coups et blessures dus à mes combats, à mon travail… Peu de personnes osaient autant s’approcher de moi lorsque les circonstances ne s’y prêtaient pas vraiment. Cet instant ne dura pas plus de quelques secondes, mais parut durer une éternité. C’était si incongru. Mes yeux écarquillés se posèrent alors sur les deux shooters qui venaient d’apparaitre. Recouverts d’un petit couvercle, ils étaient de belle taille.

« Il semblerait que nos vies soient l’exacte opposée l’une de l’autre et que pourtant, nos trajectoires soient communes. Le petit rouage parfait de la société et le rebut ne pouvant pas s’intégrer à celle-ci. En un sens, nous nous ressemblons, nous nous sommes laissé noyer par nos vies. Tu sombrais de plus en plus vers la violence et la déchéance et moi, je devenais de plus en plus transparent, sans personnalité. Nous étions condamnés, sans avenir… Pas de la même façon, c’est évident, mais nos vies allaient droit dans le mur. »

« Certes. » Soufflais-je, pensivement.

Quels choix aurais-je pris si Éric n’était pas intervenu plusieurs dans ma vie ? Sans doute, aurais-je finis par découvrir la boxe, mais j’étais à peu près certaine qu’au lieu de sortir du monde souterrain, je me serais fondue dans les ombres pour ne plus jamais réapparaitre.

Anton pris alors son verre dans sa main et d’un signe de tête m’invita à en faire de même.

« Mais durant notre histoire, nous avons eu l’occasion de rencontrer quelqu’un croyant en nous. Nous avons eu la chance de réveiller en eux un instinct, instinct qui les a poussé à nous aider. Je lève mon verre en leur mémoire, au Colonel Delion, qui m’a offert une lueur d’espoir et je lève mon verre à cet homme, unique, héroïque, qui a réussi à te sauver la vie, de nombreuse façon. Paix à son âme. »

« A eux. »

Éther, c’était le nom donné par Anton. Je ne connaissais pas ce shooter. J’observais alors Anton faire sauter le couvercle du sien avant d’en avaler d’une traite le contenu. À la vue de sa grimace et du hoquet qu’il émit, je devinais que ce mélange ne me ferait pas du bien. Mon instinct me soufflait que j’allais une nouvelle fois passer une ligne de non-retour. Que demain, j’écoperais d’une énième gueule de bois. Mais qu’importe ! L’amertume accumulée au cours de cette soirée empoissonnait chacune de mes paroles, chacune de mes pensées, chacun de mes gestes. Oublier, s’oublier ne serait-ce que le temps d’une soirée. N’était-ce pas là l’un des derniers plaisirs que pouvait procurer cette époque, cet ersatz de société humaine ?


Levant mon verre, je fis de même, avalant d’un coup ce liquide mystérieux.

Une brûlure infernale inonda ma bouche et traça sa route dans mes entrailles, laissant derrière son passage un incendie dévastateur. Plus d’une personne aurait recraché ce verre imbuvable. Plus d’une. Maintenant ma tête en arrière, je fermais les yeux, suivant le sillon enflammé que laissait le liquide sur son passage. Atteignant mon estomac, j’eus comme Anton un hoquet. Un sourire extatique naquit sur mes lèvres laissées à vif. Touchant mon estomac, j’y sentais le brasier intérieur qui avait pris place. Les effets de l’alcool agissaient et je savais que ça ne ferait que s’amplifier dans les heures à venir. Déjà, les sons me paraissaient plus étouffés, les odeurs plus suaves. Une douce euphorie commençait à apparaitre, mes membres semblaient plus légers, flottant.

« J’ai tué la totalité de mon équipe d’intervention pour aller récupérer Téméraire. Nous allions être évacués, mais je n’ai pas voulu partir sans lui. Un de mes camarades a essayé de me retenir. Je lui ai collé une balle dans la tête. Puis j’ai tué les autres, j’aurais pu m’enfuir, mais je l’ai tous tué. Je ne peux pas comprendre ta douleur Sarrah, je n’y arrive pas. Je n’ai jamais été dans cette situation, jamais je ne me suis attaché à un de mes semblables… Pas au point de pleurer et de perdre goût à la vie sans lui… De toute ma vie, il est un des seuls regrets que j’ai. J’aurais dû m’enfuir, les abandonner. Peut-être ai-je perdu la raison ce jour-là… Suis-je un psychopathe ? Je ne sais pas… C’est pour ça que j’aime ma nouvelle vie, je ne risque plus de faire de mal autour de moi et je suis libre, sans mes contraintes. Si je veux me laisser submerger par mes sentiments et aider, je peux le faire comme je l’entends et non pas en suivant des ordres. Des ordres qui parfois venaient d’hommes plus mauvais encore que ceux que j’arrêtais. »


Les paroles d’Anton cheminèrent dans mon esprit jusqu’à ce que je rouvre mes yeux sur lui.

Mes yeux devaient luire maintenant. Les couleurs étaient plus vives, l’impression persistante qu’elles étaient plus éclatantes, que le lieu était plus chaleureux… Bien vite pourtant, je redevins grave, car ce que venait de me dire mon interlocuteur n’était pas à prendre à la légère. Visiblement, il s’était senti suffisamment à l’aise pour me parler de ce qu’il ne pouvait me dire au début de notre échange. Me faisait-il confiance ? Mon léger sourire revint sur mes lèvres. Un sourire qui ne serait normalement pas présent. Un sourire assez doux. Les mots, eux, ne l’étaient pas tant.

« Tu connais une partie de ma douleur Anton. Une partie. Celle qui précède l’autre, plus tranchante, plus incisive. Celle de ne pas savoir où se trouve l’être que nous nous sommes juré de protéger. L’être que nous aimons plus que nous-mêmes, plus que d’autres pourtant plus semblables… Tu connais la même peur que j’ai connue : cette voix qui te souffle qu’un jour, tu pourrais être séparé de ce que tu chéris le plus. » Je fis une courte pause. « Anton, si Téméraire meurt un jour, tu vivras tout ce que j’ai déjà vécu. Peut-être ne t’es-tu pas attaché à un autre humain, mais tu t’es attaché à Téméraire. Profondément. Peut-être même intrinsèquement. Tu as tout fait pour qu’il vive, pour que vous soyez toujours ensemble. Tu as tué pour lui. Sur le moment, ça t’a paru être la meilleure option. Instinctivement.» Nouveau silence. « Tu le savais. Tu le sentais. Consciemment ou inconsciemment. Si tu avais laissé ces gens partir, tu aurais fini par le regretter. Peut-être même les aurais-tu recroisés au détour d’une ruine et eux, n’auraient probablement pas hésité. »

J’ai les yeux dans le vague maintenant, me remémorant le nombre de personnes que j’ai pu tuer pour sauver Éric, qu’ils aient paru inoffensifs ou non. J’avais toujours plus de sang sur les mains, mais c’était pour lui. Je dardais alors mes yeux sur Anton. Je n’avais pas de regrets pour les vies que j’avais pris pour permettre à Éric de survivre un peu plus longtemps.

« J’ai fait les mêmes choix que toi, Anton. J’ai tué pour Éric. Alors qu’on aurait pu fuir. Mais, si c’était à refaire, je le referais sans hésiter. Parce que mes choix ont permis à Éric de vivre plus longtemps. Vis avec ta culpabilité, Anton, mais ne te laisse pas submerger par elle. Avance. Avance ou Téméraire finira seul. Sans toi. Les regrets te suivront jusqu’à la fin de tes jours. Accepte-le. Au moins, tu as la preuve que tu n’es pas fou, ni psychopathe. »

Eric avait pour habitude de dire que les psychopathes ne ressentaient jamais de culpabilité pour leurs actes : il était normal pour eux d’assouvir le moindre de leur désir sans se préoccuper des autres. Anton était sain d'esprit. Plus stable que je ne pourrais jamais l'être probablement... Quelques paroles m’échappèrent encore, mais je sentais en moi-même que nous n’avions plus rien à dire sur nos vies. Il fallait passer à autre chose. Toujours. Accueillir l’instant qui arrive comme nous l’avions fait pour celui le précédant...

« Je ne t’apprends rien. Tu le sais. Une partie de toi le sait. Sinon tu ne serais pas là. » Achevais-je en ponctuant d’un sourire ironique.

Si opposés et pourtant si semblables.

Au moins, se sentait-il mieux dans cette nouvelle époque. L’ancien gendarme m’observa alors quelques minutes. Il semblait là sans vraiment l’être. Puis son expression changea. Quelque chose dans sa posture, dans la tension de sa mâchoire, dans le papillonnement de ses yeux. Ou était-ce l’alcool qui m’embrumait l’esprit ? Dans tous les cas, nous allions changer de sujet.

« Blue lagon pour moi ce coup-ci… Sarrah, ce soir, nous avons partagé douleurs, peine et souvenir, que ce soit physique ou moral. J’espère que nous sommes capables d’aller plus loin et qu’on a d’autre chose à se raconter. »

« Vodka. »

À peine avions-nous prononcés ces paroles que nos commandes apparaissaient dans nos mains. Cela me fit sourire. J’espérais être aussi rapide lors de mes combats...

« Hé ! La guitare, ça se joue avec les doigts et pas ta bite gros branque ! Même Justin Bieber ferait mieux que toi ! »

Le beuglement d’Anton me prit délicieusement par surprise et je me mis à rire. C’est vrai que cette reprise d’AC/DC était merdique. Plus que merdique. Blasphématoire. Un doigt d’honneur lancé depuis la scène le fit vociférer de plus belle. Cette soirée promettait d’être toujours plus joyeuse ! Était-ce moi ou les musiciens tentaient de jouer plus fort ? Un sourire goguenard se déploya sur mon visage quand je me retournais vers Anton.

« C’est vraiment de la merde ce qu’ils foutent. À quand un vrai musicien à la Citadelle ? Je crois que c’était dans les premiers temps où je venais d’arriver ici, j’ai cassé la gueule à un mec qui se prenait pour Lemmy Kilmister. » Je ricanais. « Il essayait de le copier. Il est passé ici, je n'ai pas supporté. Motörhead, on n'y touche pas. »

Durant toute mon enfance, j’ai écouté pas mal de métal et du vieux rap américain. À partir de mon entrée dans le club clandestin, je m’étais soudain trouvé un certain intérêt pour le rap français. Du rap conscient, pas une des innombrables daubes de l’époque... Une chose me revint alors à l’esprit.

« Qui est Max ? »

Il avait dit à Téméraire d’aller voir cette personne. Il devait avoir grandement confiance en elle pour dire à son chien de la rejoindre. Je pris à peine le temps d’écouter la réponse de mon compagnon de beuverie. La musique me manquait énormément. Pouvoir écouter des morceaux de mes artistes préférés des heures durant, le nez collé à la fenêtre à observer le ciel. Ça me manquait cruellement.

Je me surpris alors à fredonner un air que je connaissais, mais que je ne parvenais plus à situer.

Titillant mon verre de nouveau vide, je cherchais à me le remémorer. Les musiciens avaient changé et cet air... Oui, c’était ça ! Il fallait... Il fallait que j’y aille. Me levant d’un bond qui fit sursauter Anton et clapir la prénommée Gwen, je me dirigeais vers la scène d’un pas des plus résolus. Il y avait foule. Une foule gémissante, foisonnante, aussi ivre que moi. On aurait dit une mer peuplée de vagues informes et pourtant dissociables. Multiples. Et moi, pauvre nageur au milieu des éléments, je luttais contre une force immense tentant de me frayer un chemin à contre-courant. Au début, j’eus l’impression de me fracasser contre un mur de béton, mais plus les vagues offraient de la résistance, plus je redoublais d’efforts. La mer se démontait contre moi, mais imperturbable, je poursuivais ma route. Mon chemin. Je voulais... Je voulais...


Des grognements me parvenaient de tous les côtés comme si une tempête se préparait.



Je parvins enfin jusqu’à mon objectif quand le tonnerre gronda finalement au loin...



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Anonymous
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Sam 18 Fév - 11:02
Invité
Mon aveu n'avait pas fait fuir Sarrah, c'était un point positif. J'étais heureux de voir que des gens pouvaient passer outre ce genre d'actions. En fait, d'après ce qu'elle me disait et de ce que j'avais vu d'elle, je commence à comprendre qu'elle ait fait la même chose si ça avait permis de sauver son ami. J'étais à la fois rassuré, mais également inquiet. Elle parlait du jour où je me retrouverais seul, sans téméraire pour m'épauler de ses silencieux conseils. Si on pouvait comparer l'attachement que j'ai à mon chien à celui qu'elle avait pour son "Eric"… je me posais la question, aurais-je aussi mal qu'elle ?Aurais-je les mêmes crises qu'elle ?

Je m'étais toujours vanté d'avoir une grande force morale, il en faut pour entrer au GIGN, mais j'avais peur de ce qui se passerait si je me retrouvais seul. Mais comme elle disait, me laisser submerger par mes remords ne mènerait nulle part. Mais en fin de compte, j'étais heureux de trouver cette fille qui me comprenait. Partager un secret aussi lourd, ça faisait du bien je m'étais trop longtemps coupé de l'humanité et je voyais maintenant ce que j'avais manqué.

"Il y aura toujours quelqu'un pour vous comprendre", je crois que j'avais entendu ça pour une pub de site de rencontre. Sur le coup j'avais trouvé ça d'un nul... Mais avec le recul, je comprenais un peu le sens maintenant. je murmurais:

• Merci.

C'était simple et dit si bas que je doute qu'elle l'ai entendu. Mais il avait pour moi la même valeur que celui qu'elle m'avait dit dans l'arène. Mes émotions, amplifiées par l'alcool couraient en tous sens dans mon ventre, j'avais envie de pleurer, de rire, de serrer Sarrah dans mes bras. J'avais envie de nombreuses choses. A cet instant précis, j'étais heureux d'avoir enfin quelqu'un qui comprennent la nécessité de certains actes. J'allais répondre aux commentaires de Sarrah sur Motorhead, quand elle posa encore une question qui fit mouche:

"Qui est Max'

J'aurais préféré ne jamais avoir à répondre, je n'avais pas honte de Max ni de mon penchant pour ses charmes. Mais j'aurais aimé ne jamais avoir à me remémorer la raison de notre rencontre, car c'est là que j'ai honte. Certes, rien ne m'obligeait à dire la vérité à Sarrah. Mais le fait que je lui confie Téméraire, il fallait l'expliquer, surtout que Blanche neige savait à quel point je l'aimais. Tant pis, de toute façon, ce n'était qu'une histoire comme une autre pour elle:

• La première personne de la citadelle que j'ai croisée, c'est elle. Téméraire lui est tombé dessus alors que je dormais. Le temps que je me réveille et que je retrouve ce maudit chien, il avait commencer à jouer avec elle et elle à presque refusé de me le rendre. On a fait un bout de route ensemble et après on s'est séparé. Quand je suis arrivé à la citadelle, la première chose que j'ai faite c'est vendre mon arme de service et ensuite, j'ai foncé au new born.

J'eu un petit rire:

• Et voilà que je tombe sur Max. Je vais pas te faire un dessin. Je suis devenu un client régulier et comme téméraire l'aime bien, je lui confit de temps en temps. Il n'y a pas grand-chose à dire de plus.

Je n'eu pas vraiment de réponse de la part de Sarrah, si ce n'est que celle-ci chantonna dans sa barbe avant de partir comme une furie du côté de la scène. Pourquoi je vous précise comme une furie ? Car elle à eu la bonne idée de bousculer la moitié de la population présente. Un géant, encore plus grand que moi, allait attraper Sarrah pour lui faire payer quand un autre lui rentra dedans, repoussé par mon amie. Le géant rugit et envoya valser le projectile humain.

Ce fut le point de départ d'une bagarre général comme j'en avais jamais vu. Les gens semblaient attendre une excuse pour se frapper. Au milieu de tout ça, Sarrah bondit sur la scène pour arracher la vedette au "chanteur". Pour ma part, je bondis avec une joie sauvage dans la mêlée pour rejoindre la scène le plus vite possible. Si elle comptait chanter, je voulais voir ça de prêt ! En chemin, je balançais un magnifique coup de boule à un idiot ne voulant pas me céder le passage.

Le géant qui avait initié le chaos cherchait à atteindre la chanteuse auto-proclamée, je me précipitai sur lui et je bondis sur son dos. Nous roulâmes au sol en échangeant quelques coups maladroits. J'étais ivre, fatigué et je ne sentais plus grand-chose après le martellement de Sarrah. Par contre, lui il sentait encore bien la douleur et quand je me mit à lui tirer les oreilles de toutes mes forces il me vrilla les miennes en hurlant. Je réussis à me lever et à regarder comme je pouvais le chaos qu'était devenu l'underground. On aurait dit une tempête en mer du nord, le tout avec la voix fausse et éraillée pour faire office de tonnerre.

Autant la situation m'amusait, autant je crois que Sarrah avait sombré dans la folie tant ses yeux semblait luirent alors qu'elle chantait. Nos yeux se croisèrent et je ris à gorge déployée avant de repousser d'un coup dans les parties un ivrogne. Puis je réussis à prendre assez de champs pour observer la pièce. On aurait dit une mer déchainée un soir d’ouragan tant les gens semblaient avide de se battre, de laisser aller leurs pulsions. Et en guise de tonnerre, nous avions la voix fausse et éraillée de Sarrah qui donnait le rythme d’une chanson que je ne connaissais pas. Mais vu comment elle jouait de son organe, je crois que je ne l’aurais pas reconnu, même si c’était ma chanson favorite.

J’eu un rire dément, fort et sincère. Tout le monde était fou en fait ! Tout le monde est fou ! Nous sommes une irréductible trace de civilisation dans un monde mort. Nous sommes le village des fous et j’allais donner un peu de folie avant que le service d’ordre n’arrive !

- Bande de suce pine !

En hurlant ça, je replongeais dans la mêlée furieuse pour asséner des coups à tout le monde.


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Sarrah
Sarrah
Survivant
Sam 25 Fév - 1:47
Sarrah

ft. Anton Pendragon

ft. Sarrah

「 Duel au sommet. 」



La tempête faisait rage au sein de l’underground, le vent grondait de milliers de sons dantesques sous couvert du battement rauque d’une batterie sur la scène.



L’expression la plus pure des désirs humains.

Un regard depuis le contrebas de la scène. Un regard qui capte le mien. Qui l’enferme. Je sais qui s’est. Je viens de le rencontrer, mais je le comprends suffisamment pour savoir qu’il m’a suivi dans ma folie. Ivre, ballottant, outrepassant les barrières qui m’enserrent normalement, je m’oublie. Le poids qui étouffe mon cœur, mon âme et mon corps semble s’envoler. Pour une fois, je suis là. Entièrement là. Ni dans le passé, ni dans le futur. Je suis là. Pas seule. Anton est là. Je suis vivante. En vie. Intensément.

Anton, tu sais :



Je te souhaite le frisson de l’insouciance
De croquer l’espoir de nos chants de nos danses
Le soleil de petites joies immenses
De panser ta plaie délivrée de l’offense.


Le premier couplet est parti sans même rencontrer la moindre résistance de la part de mon cerveau. Comme s’il était naturel de chanter à deux trois heures du matin dans une salle surchauffée, peuplée d’ivrognes en train de se battre. Non vraiment, tout ceci était très naturel. Les paroles coulaient de ma bouche, d’une voix parfaitement fausse, mais je n’en avais rien à faire. Pas plus des poings et des pieds qui volaient dans tous les coins de l’Underground. J’avais réussi, on ne sait comment, à atteindre la scène surélevée. Le chanteur du moment m’avait regardé éberluer me hisser sur la scène et lui arracher son micro. Il n’avait pas fait mine de vouloir m’en empêcher et contemplait, dévasté, ce qui se passait en contrebas. D’un pas légèrement chancelant, je m’étais ensuite dirigée vers les musiciens à ses côtés. Aucun ne connaissait la mélodie que j’avais dans la tête. Rien à faire. Je ferrais sans. Comme toujours, à surmonter les obstacles, quelques ils soient.

Dire ce que je voulais dire.

Le dire tout simplement. Sans faux-semblant. Sans mauvaises pensées. Simplement donner ce que je pouvais. Transmettre plutôt. Oui voilà, transmettre. À toi.


Je te souhaite la main d’un ami
Une oreille, une épaule que te servent d’appui
Ne pas avoir peur, peur de la nuit
De pleurer comme on se lave nu sous la pluie.


J’aimais les orages. Les fortes tempêtes. Les vents violents. J’aimais les éléments torturés qui se déchaînaient jusqu’à plus souffle. J’aimais la pluie. Sa mélancolie liquide qui suintait en tout lieu lorsqu’elle s’abattait. J’aimais le son cristallin qu’elle émettait. Tout comme les bruits de la nuit. J’aimais la nuit. Ses mystères. Ses recoins sombres. Anton était de ceux qui se situaient entre chien et loups. L’aube ou le crépuscule. L’aube des possibles. Le crépuscule des espoirs brisés…


Je te souhaite d’en vouloir encore
Du ressort du panache dans les temps morts
Des bottes de sept lieues des boites de Pandore
De l’or dans les rêves quand la ville s’endort.


Bien que l’époque ne soit plus adaptée aux rêves d’antan, elle donnait la possibilité aux hommes de réinventer leurs rêves. D’une manière unique. Inédite. J’en étais incapable personnellement. Je n’en avais pas la force. Peut-être ne l’avais-je jamais eu, mais lui… Lui avait cette stabilité d’esprit pour ce faire. Peut-être n’avait-il juste besoin que d’une étincelle. L’apparition d’une loupiote dans ces ténèbres pour lui montrer le chemin ? Je souris à mes propres pensées. N’était-ce pas parfaitement ridicule d’élucubrer ce genre de choses ?


Je te souhaite de ne jamais te résoudre
De garder les crocs et l’envie d’en découdre
L’indignation, l’insoumission
La furieuse impression d’avoir deux yeux de trop.


Combien de fois avais-je écouté ce morceau ? Plusieurs centaines de fois. Elle était une bouée. Une vraie bouée à laquelle je pouvais me raccrocher. Où l’avais-je découverte ? Je ne sais. Garder l’envie d’en découdre. Les crocs. La rage au ventre. Toujours.


Je te salue ma rue
Je te salue ma rue
Je te salue ma rue


Tout tournoyait.

Anton n’était plus là où je l’avais vu. Il avait replongé dans la ruée mugissante. J’espérais qu’il m’entende. Je voulais qu’il m’entende. Qu’il m’écoute. Parce que c’était un cadeau. Pour lui. Ridicule, mais j’en avais envie. Peut-être nous ne nous reverrons jamais. Je doutais de le revoir bien qu’il en ait parlé. Le quotidien allait reprendre son cours. Imperturbable. Ce n’est pas que je ne le croyais pas. C’est juste que je ne voulais pas y mettre d’attentes, pour ne pas être déçue. Et que l’amitié était bien difficile à se développer ici-bas. Parlait-on vraiment d’amitié même ? Je secouais de la tête. J’en avais marre de réfléchir. Marre d’analyser. Marre d’être sur le qui-vive. Marre de penser aux conséquences. De peser le pour et le contre…


Je te souhaite des passions naissantes
Des minutes qui espèrent et des lendemains qui chantent
Des regards croisés par hasard
Tendres et bavards à en devenir fou et avare.


Les regards plus que les mots exprimaient tant de choses. On ne comprenait jamais totalement tout ce que contenaient les yeux, miroirs de l’âme. Miroir d’un univers qui se cachait derrière une simple boite crânienne. Les mots sont si limités pour tout exprimer. Chacun revêt un sens différent pour chacun, source de nombre de malentendus. Je préfère m’exprimer peu, usant de gestes plus que de la voix.


Je te souhaite des corps-à-corps, des corps à cœur
Le palpitant en fleur qui tourne à mille à l’heure
Des larmes de fou rire, la douceur d’un soupir
La jouissance et l’ivresse d’assouvir le désir.


L’amour, ah l’amour, très peu pour moi. Anton était-il du genre à aimer ? Aimer vraiment quelqu’un ? Bof, quel intérêt dans notre époque… Mais savoir que quelqu’un, quelque part, attendait notre retour, se souciait de nous devait être réconfortant…


Je te souhaite de tenir la distance
Tenir le choc de l’époque sans perdre le sens
Du silence des feux d’artifice
De récolter le fruit de tous tes sacrifices.

Oui, prends plaisir à savourer le présent. La mort viendra nous prendre bien assez tôt…

Je te le souhaite sincèrement
Simplement, sans faux-semblant, sans serment
Je connais le coût du repos, le prix du répit
Et le poids de mes deux yeux de trop.


Oui sincèrement Anton. Sans honte. Sans peur. Je sais que je me ridiculise, mais je n’en ai rien à foutre. Je le paierais demain. J’en rirais peut-être. Je secouerais ma tête en tout sens pour oublier se souvenir gênant. Mais bordel, ce soir, cette nuit, j’étais fière. Fièrement ivre. Qu’importe que ma voix chevrote, monte d’un coup dans les aigus avant de redescendre tout aussi vite dans les graves. Vraiment qu’importe.


Je te salue ma rue
Je te salue ma rue
Je te salue ma rue


J’entame les derniers couplets. Il n’y a rien à dire de plus.


Ton macadam ne me laisse pas indemne
J’ai le cœur en éponge et le feu dans les veines
Qui marque mon âme au fer rouge
Forge mon ego et ma rage
Deux yeux de trop.

Deux yeux de trop qui t’observent de près
Dévoilent le miroir et témoignent en retrait
Né sous les bombes, j’ai la corde sensible
Et sans étendard la bêtise pour cible.

Mélancolie mon pays mon Écho
Cette voix mélodieuse qui me souffle les mots
Me coule sous la peau mon alliée, mon recours
Toi qui charries les maux dans un flot sans retour
Et d’un battement d’aile, je m’élève dans le ciel
Survole le halo du chaos
Et la peine à ma traine
Égraine et rengaine son chant des sirènes
Et ses deux yeux de trop.


La chanson se termine.

L’instant sera terminé. Tout sera fini. Cette soirée. Cette rencontre. La bagarre s’éclaircit. Les gens se sont calmés. À moins que ce ne soit les derniers venus qui dispersent la foule… Ils semblent venir vers moi, ils semblent que je les connaisse. Un visage…


Je te salue ma rue
Je te salue ma rue
Je te salue ma rue
Je te salue ma rue
Je te salue ma rue
Je te salue ma rue
Je te salue ma rue
Je te salue ma rue


Je tombe à genoux. Je ne sais pas où est Anton. Tout est fini. Je ne veux que sombrer dans les bras de Morphée et cuver tout mon soule. Les bras se tendent. Des bras noirs et fins. Les manches noires d’un imper. Des cheveux noirs qui volètent. Des yeux soucieux. Des yeux hantés. Et je tombe. Il me semble voir au loin une haute silhouette qui me dit quelque chose. C’était pour lui que j’ai déclenché tout ce cirque. Des mains me rattrapent. Un corps amortit ma chute. Et je reste là les yeux ouverts à contempler le plafond sale et enfumer. Des doigts fins se posent sur ma joue. Essuie une larme insidieuse qui dévale la pente d’une de mes joues. Tout est fini. Je veux juste sombrer. Un cri dans le lointain. Une voix que je connais. Elle semble furieuse. Pourquoi ? Un spasme fait tressauter mon corps, puis un autre. Je ris à gorge déployée comme une enfant dans les bras de je ne sais qui. Je ris et j’ai mal. Tout mon corps souffre.

Ramenant le micro dans ma main près de ma bouche, je prononce mes derniers mots.



« Vis. Sans plus regarder le passer, sans plus regarder vers les ombres. Je te souhaite de vivre. Pleinement. Au revoir Anton. »



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Anonymous
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Lun 27 Fév - 16:55
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La salle ressemblait à une mer déchainée et moi j'étais comme un fier navire qui bravait les éléments. Mon esprit embrumé ne comprenait plus vraiment ce qu'il faisait, je voyais un visage, j'écrasais mon poing dessus. Je voyais un membre venir vers moi, je le parais. Tout cela était mécanique, la seule chose qui semblait clair pour moi était la voix fausse et éraillée de Sarrah.

Ces paroles me touchent, me sont-elles destinées ? Je le crois bien, je l'espère bien et je le voudrais bien. Je ris tel un dément devant la situation, pas un ne fait le poids, tous on peur de moi. Petit à petit, la bagarre se calme, les gens semblent déjà fatigués ou blasés. Après tout, à part nous défouler nous n'avions rien à gagner dans cette mêlée furieuse. De plus, je vois à l'entrer de l'underground des formes pour le moins sobres et agressives... A leur tête, un imper noir fendait la foule en direction de Sarrah. Celle-ci avait une sacrée allure, sur la scène, avec ses cheveux blancs, ses blessures et sa musculature. Je m'étais éloignée d'elle durant ma folie bagareuse et je voulais me rapprocher d'elle avant la fin de la chanson.

J'essayais tant bien que mal d'avancer, mais ma tête me tournait de plus en plus. Je n'avais pas été raisonnable avec l'alcool ce soir. Je le sentais, d'ici quelques minutes je me sentirais fatigué, immensément fatigué. Je voulais dire à Sarrah ce que je pensais des paroles de sa chanson ! J'en avais besoin. Hélas, c'est comme-ci toute la population avait décidée de s'interposée entre nous. J'ai beau essayer d'avancer, j'ai l'impression de faire du sur-place. Quand je réussis enfin à m'approcher de Sarrah, je lui lançais un:

• Compte sur moi pour m'en souvenir.

Juste après, elle s'effondra, tombant presque dans les bras d'Annaelle. Un sourire béat sur ses yeux, pour une buveuse régulière, elle semblait avoir mal vécue sa petite cuite. Je n'étais pas certains qu'elle m'ait entendue car en plus Annaelle lui hurlait dans les oreilles pour lui dire de ne pas jamais recommencer. Sourde même à son amie, blanche neige dit:

"Vis. Sans plus regarder le passer, sans plus regarder vers les ombres. Je te souhaite de vivre. Pleinement. Au revoir Anton."

Elle ferma les yeux justes après, moi quand je vis le regard de sa coéquipière, je décidai de battre en retraite pour ne pas me prendre un coup mal placé. Je sortis de l'underground en titubant, d'un pas mal assuré, je cherchais à retourner au New born. Mais j'eu à peine fait quelques pas que je vidais mes tripes contre un mur... Le reste fut très flou, mais je crois avoir marché longtemps et que je me suis perdu. Je crois que je me suis endormi contre un mur, comme une loque.

***


Quelques heures plus tard.

Ma tête me vrille comme si j'avais une perceuse tournant à plein régime. Il y avait une flaque fétide à proximité de moi. J'avais soif et je me sentais misérable, ça faisait longtemps que je n'avais pas picole autant. Je cherche à me lever comme je peux, mais je me rend compte qu'il y a une raison pour que je sois réveillé. Une paire de pieds se tient juste devant mes yeux, quand je lève le regard, je tombe sur un imper' noire et un visage impassible un peu plus haut.

Mon cerveaux tournant au ralentit, je ne réagis pas tout de suite. J'ai un vague sourire et je murmure doucement:

• ...Salut, comment ça va ?

Aucune réponse, je crois avoir compris qu'elle n'était pas bavarde la miss. Mais elle me veut quoi au juste ? Je ne comprends pas pourquoi elle me regarde comme ça... puis je me souviens que dans l'underground elle semblait remontée contre moi. Je tente de m'assoir contre le mur où je dormais. Annaelle se baisse et plaque un couteau contre mon torse. J'ai tellement mal à la tête que je ne cherche même pas à bouger le couteau. Bah j'imagine qu'elle ne veut pas me tuer, après tout, elle est là pour faire régner la justice. Mes yeux fatigués croisent les yeux presque mystiques de la garde.

• Je... Je peux t'aider ?

Elle me regarde d'un air profond avant de me demander:

• Sarrah, tu attends quoi d'elle ?

Ma seule réponse fut un sourcil se soulevant brièvement.

• J'ai entendus ce qu'elle disait. Répond.

• Heu, je l'aime bien c'est tout. Je crois qu'on à réussit à se comprendre elle et moi. Je veux juste apprendre à la connaitre un peu plus.

Elle ne répondit pas tout de suite, d'abord l'imper' se leva et me toisa avant de lancer un lapidaire:

• N'attends pas trop d'elle.

Ensuite, sans rien ajouter de plus, elle tourna les talons, me laissant avec un mal de crâne infernal et une journée bien merdique en perspective. Elle avait visiblement fait des conclusions sur mes actions envers Sarrah mais moi j’avais trop mal pour réfléchir à ça. Je me redressais péniblement, il fallait que je rejoigne Téméraire. Il n’allait pas tarder à s’inquiéter le bougre, en plus il fallait que je dorme. De nombreuses choses m’attendaient dans les jours à venir… Je ne voulais pas y réfléchir aujourd’hui… j’y réfléchirais demain. Demain, quand je n’aurais plus mal à la tête…




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