" Opposing sides. Your choices are.. The negative one and me. "
Come and join me.
- Vous.. Vous l’avez tué..? demanda un loup venu s’enquérir de la situation dans les cellules improvisées de l’Usine.
- Ne poses pas de questions stupides et nettoie moi ce bordel, j’ai encore beaucoup à faire. rétorqua Faïza en peinant à reprendre son souffle.
Debout dans la pièce sombre seulement éclairée d’une ampoule bon marché pendant du plafond, la machette aiguisée de l’algérienne était maculée de sang. L’interrogatoire était terminé mais une fois de plus Faïza fut sujette à un trop grand zèle et le prisonnier ne s’en sortit pas. Ses deux mains tranchées, de nombreuses plaies béantes sur son corps ruisselant de sang au même titre que des brûlures et des bleus, une oreille tranchée, la table éclaboussée d’hémoglobine suite aux fracas répétitifs du visage de l’homme contre son bois massif, deux dents jonchant le sol. Pour finir, sa gorge avait été sauvagement tranchée et sa tête était tournée d’une drôle de manière indiquant une nuque brisée. Une scène de carnage et non de simple torture faite dans le but de soutirer des informations, mais la femme avait eu ce qu’elle voulait, les informations. Le reste..
- Il ne s’en serait jamais sorti sans ses mains, de toutes façons, je lui ai rendu service. ajouta Faïza en dépassant le loup et croisant son regard horrifié.
Une prénommée Alyce, une jeune femme soit disant pleine de talents malgré son allure. Faïza ne l’avait jamais vue, n’avait jamais entendue parler d’elle auparavant, ni d’elle ni de ses services rendu contre paiement en capsules. Cet aspect là de sa vie ne l’avait guère intéressé, ou moins que d’autres. Avant que l’enfer ne s’abatte sur lui, le prisonnier avait pu révéler l’existence de cette femme. Il avait clamé qu’elle pourrait leur être utile, aux Loups, qu’ils pourraient la trouver, la piller et revenir avec un bon butin. Décrivant un contrat qu’il avait passé avec elle quelques mois plus tôt. Seulement, plutôt que d’avoir donné envie à Faïza de se faire les poches sur le compte du travail de cette Alyce, le désormais défunt lui avait donné envie de recruter une nouvelle louve. Pourquoi pas, après tout ? Plutôt que d’extorquer une personne vraisemblablement pleine de talent dans ce monde qui en manquait cruellement, pourquoi ne pas la rallier à sa cause ?
D’après l’homme, elle était présente dans un certain lieu régulièrement à une certaine heure. Chose que l’algérienne avait décidé de faire. Elle s’était nettoyée son visage ensanglanté, changée pour des vêtements plus propres. Le reste de son après midi s’était composé de repos, de repérage du lieu de rendez-vous d’Alyce et d’aiguisement de sa machette. Finalement, voyant la fin de journée approcher elle avait finalement quitté l’Usine prestement.
Le trajet s’était déroulé sans embuches, quelques infectés à esquiver et d’autres à éliminer pour progresser dans les rues du onzième arrondissement. Son regard se posa soudainement sur ce qui semblait bien être le sushi shop dont avait parlé le prisonnier. Le bâtiment juste à côté, avait-il dit. Faïza y pénétra précautionneusement, jamais à l’abri d’une embuscade, l’homme pouvait aussi bien avoir menti et l’avoir menée vers un piège, mais elle en doutait. Après tout, il aurait perdu au change, d’avoir décidé de la piéger après l’amputation de sa seconde main, il aurait pu le faire dès le premier doigt pour espérer survivre.
Pour le moment l’endroit était désert, la Bêta s’installa sur une chaise, coudes posés sur une table et machette bien en évidence posée dessus. Elle se voulait abordable, elle voulait seulement discuter avec cette fameuse Alyce. Sortant sa gourde, elle bu quelques gorgées. L’ennui finissant par la gagner, Faïza s’enquit de recommencer à aiguiser son arme méthodiquement, perturbant le silence du bâtiment du même bruit répétitif du métal de sa lame contre la pierre à aiguiser.
Le crépuscule. Un des meilleurs moments de la journée selon moi. Qu'est ce que j'ai fait de ma journée ? Rien de particulier. Je suis assise sur le toit de ma planque, en cherchant de potentielles amélioration pour mon arc. Je regarde encore l'horizon. Il va falloir que j'y aille. Un autre client peut m'attendre. Ou pas du tout. Ça va faire bientôt un mois que je n'ai vu personne à mon point de rendez vous. Je descend sans ménagement du toit par les escaliers quelque peu encombrés. Il faut être agile et souple pour traverser sans égratignure.
Je descend jusqu'au rez de chaussée, mon arc dans le dos, mes couteaux de chaque côté de ma ceinture, la capuche sur la tête. Ouais, je peux y aller.
En sortant du bâtiment abandonné, je commence ma marche vers le bar à sushi du coin. Dix minutes à pied. C'est le temps qu'il me faut pour arriver là bas. Mais j'avais un peu de retard puisque j'ai dû éviter une horde d'infectés. Ils étaient cinq et ils semblaient plus rapides que les autres. Je ne pouvais pas prendre le risque de me faire chasser par eux, ne sachant pas de quoi sont-ils capables.
J'ai continué ma marche jusqu'à mon lieu de rendez-vous, me posant toujours les mêmes questions. Est ce qu'il y aura quelqu'un ? Est ce que je vais me faire piéger ? Normalement non, puisque tout mes contrats ont été plutôt corrects, et mes clients sont satisfaits, malgré le fait que certains contrats ont été un peu plus longs que prévu. Bon, en ce moment, j'avoue avoir été en retard sur mon dernier contrat... Mais je me suis faite mordre ! J'ai eu un mal de crâne et de nombreux coups de fatigues en plus de courbatures ! Heureusement que j'étais immunisée... J'ai eu comme une sorte de petite grippe. Je n'imagine pas ma vie actuellement si je ne l'avais pas été. Je crois que je serais parmi la petite horde que j'ai croisé.
Bref, j'arrive enfin devant le lieu, les mains dans les poches mais toujours sur mes gardes. On est jamais trop prudents après tout... Mais avant de rentrer, quelque chose me bloque à l'entrée. Un son. Un son métallique. Comme si on frottait ou aiguisait une lame. Je garde mon arc à porté de main et de même pour mes flèches ainsi que mes couteaux.
Je décide d'entrer dans le sushi shop mais à mon premier coup d'œil, je suis un peu déçue, en ne voyant personne, et pourtant, le bruit retenti toujours. Mais en regardant plus attentivement, je vois une femme. Tiens ? Mon premier client du mois serait une femme ? Jusqu'à présent, ce n'était que des hommes. Je prend le temps de la détailler et de regarder si elle est armée, son style vestimentaire, l'expression de son visage... En fait, c'est elle qui aiguisait sa... Machette. On dirait presque que ça fait un petit moment qu'elle était là.
"- Bonsoir, je peux vous aider ?" je débute, toujours méfiante, en restant à une certaine distance de la femme. On ne sait jamais ! Elle peut très bien me sauter dessus et me tuer pour n'importe quelle raison !
" Opposing sides. Your choices are.. The negative one and me. "
Come and join me.
Faïza avait attendu là presque une heure déjà, attendre ainsi ne l’avait pas dérangée, même si elle s’était ennuyée puisqu’elle n’avait rien fait d’autre que d’aiguiser la lame de sa machette, rien de bien passionnant. Mais elle s’était occupée l’esprit en pensées. Sa vie, sa famille, la Meute, ses décisions, ses choix. Toutes les vies qu’elle avait ôtées. Elle n’éprouvait aucun remord, tout ce qu’elle avait fait elle l’avait fait pour le bien commun de son groupe, sa nouvelle famille. Elle s’était seulement interrogée sur elle-même quelques peu. Son comportement ne lui échappait pas et elle était loin de se trouver dans le déni. L’algérienne avait vu et encadrée bien assez d’adolescents avant la fin du monde pour reconnaître ce qu’il lui arrivait. Avec un degrés bien largement supérieur que ce à quoi elle avait pu être confrontée dans l’enseignement. Il n’y avait plus personne pour encadrer qui que ce soit. Au départ, ça lui était venu comme sur un coup de tête, user de la violence pour extorquer des informations. Avant tout ça, jamais elle n’y aurait songé, mais là, quelles contraintes l’attendaient au tournant ? Aucune. L’homme n’était plus aussi solidaire qu’auparavant. Il n’y avait plus le temps de faire pression tendrement. Du moins de son point de vue biaisé par la violence. Elle y avait goûté et.. Difficile d’y renoncer, il y avait une part d’addiction dans tout ça et elle le savait. Se contrôler était devenu difficile et cela pouvait entraîner des complications.
Un dernier coup de pierre à aiguiser sur sa lame, Faïza poussa un soupir inaudible, soufflant par le nez. Elle venait d’entendre quelqu’un pénétrer la pièce. Enfin. La louve releva les yeux pour voir une jeune femme. Fronçant les sourcils, elle était.. Oui, plutôt étonnée d’entendre quelqu’un prononcer les mots que celle qu’elle supposait être Alyce venait de prononcer. Très inattendu, trop aimable pour ce nouveau monde. Cela l’avait déboussolée l’espace d’un instant mais bien vite, la Bêta se reprit. Se redressant après avoir enfoncé sa pierre dans une de ses poches, laissant la machette posée sur la table, elle avait les genoux et le dos un peu engourdis. Faïza dominait son interlocutrice par la taille de plusieurs centimètres, elle le voyait malgré la distance entre elles. Son visage était neutre, elle esquissa un bref sourire en hochant de la tête en guise de salutations. L’algérienne fit un pas vers Alyce. La jaugeant comme elle pouvait, la jeune femme en face d’elle était un peu tendue, méfiante et à juste titre. Personne n’était de confiance ces jours-ci. Après quelques secondes de silence Faïza s’éclaircit la voix d’un raclement de gorge.
- Eh bien.. Alyce, c’est ça ? Je m’appelle Faïza, on m’a un peu parlé de vous et.. J’aurais imaginé quelqu’un de votre réputation un peu plus.. Vieille ? Passons.
Elle ne pouvait pas entrer tout de suite dans le vif du sujet, il lui fallait encore écouter Alyce, l’analyser essayer de grapiller quelques-uns de ses idéaux, ses convictions. Pour le moment elle évitait de donner un quelconque indice sur qui elle était et d’où elle venait.
- M’aider, donc ? en quelques sortes. Je suis venue pour parler un peu. Vous vivez seule dans Paris depuis longtemps, j’imagine. Vous devez avoir croisé beaucoup de monde.. Vous refusez vraisemblablement de vivre entourée et en communauté mais pourtant vous offrez vos talents contre de l’argent.. Quelque chose vous y pousse, sans vouloir être trop invasive.
Faïza gardait les mains dans son dos, se tenant bien droite. Son regard ne quittait pas celui de Alyce.
Mon prénom... Elle sait donc qui je suis. Un ancien client ? Pas satisfait ou veut reprendre son argent et veut donc me tuer ? Aucune idée, elle a une arme. Posée sur une table mais elle en a une. Faïza donc. Pas besoin de lui demander du coup. Et elle m'imaginait plus vieille ? Le monde est rempli de surprise comme on dit. "Quelqu'un de ma réputation"... C'est à dire ? J'ai l'air si douée que ça ? Ou alors pas du tout ? Je la trouve bien mystérieuse. Elle ne me dit pas ce qu'elle veut... Ou même ce qu'elle peut obtenir en échange d'un prix. J'avais l'air suspecte ? Oui, je me pose beaucoup de questions quand je veux. J'ai reculé d'un pas en voyant qu'elle avait avancé.
Je la regarde attentivement, observant chacun de ses mouvements, essayant de savoir si elle me veut du mal. Après tout, je gagne bien ma vie. Il peut lui venir à l'esprit l'idée d'avoir ma confiance et de m'attaquer pour me faire les poches, qui sait ? Elle seule.
Alors comme ça elle veut parler ? Juste parler ? Non. C'est bizarre. Il y a quelque chose derrière ces paroles. Une autre intention. Et elle semblait bien cacher son jeu. Dans le monde dans lequel nous vivons, je ne pense pas qu'il existe des personnes qui ne viennent que uniquement pour parler ou par envie.
Je l'écoute attentivement, en fronçant légèrement des sourcils. En une phrase, elle a définit mon mode de vie. J'en reste pas moins étonnée. Voir même bouche-bée. Mais comment peut elle savoir déjà autant de chose alors que je ne l'ai jamais croisé de ma vie ? Un client ? Je ne pense pas qu'il puisse donner autant d'informations. Pas sans un prix au moins. On ne vit pas dans un monde honnête après tout. Malgré tout, je n'ai pas pu me détacher de son regard. À vrai dire, elle ne révèle aucune information. Si elle était une cliente, elle m'aurait dit ce qu'elle cherchait. Au moins ça. Mais non, à la place elle veut une discussion. Ça peut se facturer ?
Je remarque cependant que c'est à mon tour de parler. Mais il faut que je sache des choses sur elle, puisqu'elle veut parler. J'eus un léger rire puis hausse des épaules tout en croisant les bras.
"- Ce que vous dites est vrai. Désolée de vous décevoir si je ne représente pas l'image qu'on donne de moi, mais mes services sont de bonne qualité." Répondis-je tout en continuant de l'observer, malgré mon regard quelque peu blasé, et ma voix plutôt calme avec une légère touche de provocation.
"- Mais je suis curieuse de savoir d'où vous tirez ces informations. Et si possible, votre vraie raison de vous adresser à moi. Vous cherchez quelque chose de particulier ?" Je veux vraiment savoir si c'est réellement le fait de parler qui l'intéresse. C'est étrange. Je continue de la détailler. Elle est grande et me dépasse facilement, et doit avoir un certain âge. La treintaine ? Possible. Ou plus.
" Opposing sides. Your choices are.. The negative one and me. "
Come and join me.
Voir Alyce reculer d’un pas alors qu’elle avait avancé avait montré à Faïza ce dont elle avait envie, une personne méfiante, clairement pas dupe pour un sous et ce malgré le fait que Faïza ne soit pas visiblement armée, sa machette étant restée derrière. C’était bien et elle n’en avait pas douté. Peu de gens survivaient en demeurant fondamentalement bons et altruistes. Le fait qu’Alyce offre ses service, travaille pour les autres, cela avait seulement éveillé les soupçons de l’algérienne. La jeune femme en face d’elle répondit d’une manière qui intrigua Faïza. Alyce semblait décontenancée et incrédule, après tout elles ne s’étaient jamais vues et elle arrivait comme une fleur, connaissant son nom, ses activités, prétendant connaître des choses sur elle. Difficile de ne pas l’être, malgré ça elle restait elle même visiblement, son ton n’était pas impressionné, elle n’avait pas plus peur que ça de Faïza. Cela démontrait une certaine confiance en elle et sur ses capacités.
Sans surprise, Alyce voulut ensuite savoir d’où son interlocutrice savait toutes ces choses. Naturellement l’intéressée ne pouvait pas répondre qu’elle avait taillé en pièces l’un de ses précédents clients juste parce qu’il avait franchi sans le savoir la ligne imaginaire du territoire des loups et que sous la torture, cet homme avait parlé d’elle pour chercher à se dédouaner de la mort inévitable qui l’attendait. La Bêta haussa les épaules, visage neutre. Elle se retourna volontairement lentement pour retourner s’asseoir sur sa chaise, d’un geste de main elle invita Alyce à au moins faire de même.
- D’où je tiens les informations n’est pas la question.. Après tout le bouche à oreille est sans doute ce qui a permis aux survivants du coin de vous faire gagner votre vie. Cela a seulement finis par m’atteindre moi. rétorqua-t-elle simplement, mentant de manière plausible.
Pour éviter de mettre la jeune fille mal à l’aise à l’idée de venir s’installer face à elle, Faïza poussa nonchalamment sa machette au manche jaunâtre plus loin sur la table, elle serait toujours à portée de main mais il lui faudrait tendre le bras. La louve inhala longuement par les narines, se redressant sur son siège bancal, les mains bien à plat sur la table. Il était peut-être temps de lui exposer les choses clairement. Elle n’était visiblement pas idiote et lui cacher la raison de sa venue serait contre-productive.. Seulement, elle voulait savoir d’autres petites choses, avant.
- Je comptais venir à la raison de ma venue mais en temps voulu. J’avais d’abord une ou deux dernières petites questions et ensuite je répondrais à la tienne.. Tu sais.. Je te tutoie, ça ne te dérange pas, j’espère ? Hm, bref. Tu sais qu’à la capitale il existe de nombreux groupes, aucun ne t’as jamais approchée ? Aucun ne te paraît plus abordable qu’un autre ?
Après tout, Alyce avait peut-être déjà eu des histoires avec certains groupes. Si jamais quelque chose lui était arrivé avec la Meute, ça serait compliqué d’aborder ce sujet là mais elle n’en était pas encore là.
Je la regarde s'éloigner pour aller s'asseoir, revenir à sa place. Je reste attentive sur ses explications. Du bouche à oreilles hein ? Pour autant d'informations ? J'ai du mal à la croire. Si c'est vraiment ce qu'elle dit, je pense que j'aurais déjà eu un ou deux clients entretemps... Elle ne me dit pas tout, ça se voit. Mais bon, je finis par ne plus y porter d'interêt à ce détail, jugeant que si ça peut me faire les poches, je serais prête à l'écouter mais je n'en reste pas moins méfiante. Je garde toujours cette idée du fait qu'il suffit d'un seul moment de faiblesse, un seul moment où je baisse ma garde, où je montre une faille pour me faire avoir. Je n'ai pas eu beaucoup d'amis à cause de ça, mais maintenant, c'est pas vraiment ce dont j'ai le plus besoin.
Elle me propose de venir m'asseoir à côté d'elle. Pour parler affaires ? Je décide de la rejoindre mais pas en m'asseyant à sa table. Je prend une chaise renversée parterre, enlève rapidement la poussière qu'il y avait dessus et la retourne pour avoir le dossier en face de moi pour pouvoir m'appuyer dessus, restant toujours à au moins un mètre et demi d'elle. En la voyant éloigner sa machette un peu plus loin d'elle, je fais de même en posant mon arc à côté de moi, toujours à porté de main, mais je garde mes lames sur moi. Comme ça, je serais prête à riposter en cas d'attaque.
En écoutant ce qu'elle dit, je confirme mes soupçons. Elle a bien une intention dans la tête. Elle n'est pas venue pour parler, non, il y avait une idée derrière ses paroles. Peut être une idée qui pourra m'être favorable ou alors, complètement l'inverse, une idée qui pourrait me piéger. Le fait qu'elle me tutoie ne me dérange pas vraiment, je ferais de même pour Faïza, je bouge de la tête de gauche à droite pour lui signifier que cela me convenait.
La discussion dérive vers les différents groupes qui existe dans la capitale. J'avoue avoir penché vers l'un d'entre eux, mais en voyant comment il fonctionne, j'ai préféré ne pas me mêler à cette histoire de groupe et pour éviter d'être mêlée à une potentielle guerre avec un autre groupe. J'aime bien être dans mon coin mais en proposant mes services contre de l'argent. Mon frère a fait de même et est parti faire sa vie de son côté, seulement que lui.. Il vole ou propose un marché. Parfois il m'offre ce qu'il n'arrive pas à vendre, mais que j'arrive à faire avec un bon prix. Il en est presque jaloux. Bref !
"- Et bien... Je n'ai pas eu de préférence pour chacun d'entre eux. Et non, aucun d'eux ne m'a approché à part quelques membres mais pour les affaires." Je lui explique tout en regardant un peu le plafond, sans pour autant la quitter de mon champs de vision, pour me souvenir de certains client qui m'avaient dit leur clan, mais j'avoue que je m'en fichais du moment que le contrat était réglé.
Je redresse à nouveau mon regard vers elle, gardant ma voix calme et sérieuse, et croise mes bras sur le dossier le chaise, pour lui poser à mon tour des questions.
"- Maintenant que j'ai répondu à tes questions, dis moi la vraie raison de ta venue ici. Je ne pense pas que tu sois réellement venue ici pour parler si tu connais mes services. Si tu étais une cliente, je pense que tu m'aurais déja parler de ce que tu cherches, ou du moins nous aurions parlé d'affaires. Et à la place de ça tu veux obtenir des infos me concernant. Alors qu'est ce que tu fais réellement ici ?" Ma voix reste toujours aussi calme, mon regard ne quittant pas le sien, curieuse de connaître ses réelles intentions.
Faïza prit note, écoutant attentivement Alyce lui répondre. Visiblement, personne ne lui avait proposé qu’elle ne les rejoigne ce qui arrangeait un peu la louve. Il n’y aurait pas d’hésitation entre deux propositions l’une pouvant être plus alléchante que l’autre. Elle connaissait seulement vaguement quelques membres d’une quelconque faction mais c’était sans importance. La question lui vint alors de savoir si l’homme qu’elle avait interrogé ce jour faisait partie d’une faction ou s’il était solitaire. Vu sa dégaine, c’était très certainement soit un solitaire soit un membre de la Citadelle, soit habitant du bidonville. Les Élitistes étaient plus coriaces sans nul doute, les militaires se reconnaissaient très facilement eux aussi. De toute manière, personne ne saurait sans doutes ce qu’il serait advenu de ce type là. Faïza s’en fichait éperdument, étant déjà passé à autre chose, à la suite. La suite étant Alyce.
Sa position encore un peu en retrait par rapport à la Bêta plaisait à cette dernière qui se sentait relativement crainte par son interlocutrice. Il y avait un certain sens de la prudence et de la préservation, mais là où l’algérienne se permettait de se montrer avec plus de désinvolture, Alyce n’arrivait vraisemblablement pas à cerner Faïza et à trouver son calme. D’une certaine manière elle se disait qu’elle avait l’avantage pendant cette conversation mais se doutait que ce n’était pas forcément le cas et que si cette jeune fille était bien comme on la lui avait vendue, elle n’était pas qu’une simple biche effarouchée par la première inconnue qui lui tombait dessus. Des durs, elle en avait forcément déjà vu, après tout ce temps passé dans une Paris en ruines, rares étaient les faibles.
Le regard de Alyce en disait notamment long sur ce qu’elle ressentait vraiment au fond d’elle, elle n’avait pas peur. Pas plus que ça, du moins. Sa prise de parole assurée acheva de la convaincre sur ce point et justement, Alyce ne serait certainement pas simple à convaincre. Accablée devant les faits, Faïza ne pouvait plus nier qu’elle avait un intérêt à être venue rencontrer Alyce simplement pour discuter. Elle posa ses mains bien à plat sur la table et inspira en se redressant sur son siège, épaules légèrement en arrière, torse tout autant bombé. Faïza était douée d’une notable prestance, probablement grâce à sa taille, même assise, c’était la posture qu’elle employait il y avait longtemps de ça lors de réunions avec des parents d’élèves pour remettre les choses au clair. Ensuite, cette posture devint celle qui annonçait à ses prisonniers qu’ils allaient devoir coopérer s’ils voulaient vivre.
Et encore.
Mais aujourd’hui, c’était une posture annonçant le sérieux et l’importance de sa proposition. Elle joignit ses mains et pliant les coudes, le regard ancré dans celui de la plus jeune femme face à elle.
- Je ne suis pas une cliente, en effet. Ce sont seulement les descriptions que l’on m’a faite à ton propos qui m’ont faite venir à ta rencontre. Vois tu j’aurais aimé pouvoir te demander ce que tu pensais spécifiquement de ceux qui se font appeler les loups de la Meute avant de te révéler que j’en faisais partie mais.. Voilà. elle marqua une courte pause, cherchant à observer la réaction de Alyce face à cette information avant de reprendre la parole.
- J’ai le sentiment que nous avons besoin de membres aussi complets que toi dans leurs capacités. Et puis.. Je ne voudrais pas jouer les annonciatrices de mauvaises augures mais agir seule, vivre seule, travailler seule.. Dans ce monde, à force, tu dois bien te douter que ça te portera préjudice ? Si tu te faisais capturer demain, blesser ou pire, qui viendrait te venger ? Je doute que l’un de tes clients ne soit assez loyal pour ça. Après tout l’un d’eux a même.. Hm. Personne ne serait là pour toi, Alyce. Je sais que ça te convient, pour l’instant, que tu te sens capable de survivre seule puisque tu l’es. A n’en point douter, tu l’es et tu l’a fait jusqu’ici. Tu dois aimer ce sentiment de solitude, au fond. De n’avoir personne d’autre à couvrir que toi-même et de ne devoir compter que sur quelqu’un de confiance, toi. Je peux comprendre.. C’est pourquoi j’ai pensé que malgré ça, la Meute pourrait te convenir. Nous ne sommes pas.. Vraiment, un groupe. Les loups sont des individus à part entière et même si nous coexistons et que nous nous entraidons, il y a bon nombre de loups solitaires qui ne vivent même pas forcément au sein de l’Usine. Je suis influente dans la Meute. Tu aurais directement une place de choix parmi nous. J’ai le sentiment que ta chance en solo finira par tourner comme elle le fait toujours. Et ce serait un réel gâchis que de te laisser disparaître dans le néant ma jeune amie.
Faïza termina ainsi son argumentaire en faveur de la Meute. Elle souhaitait que Alyce ne soit pas fermée à la proposition, qu’elle accepte dans le meilleur des cas et qu’elle y réfléchisse au moins dans le pire.
Je la regarde se positionner pour qu'elle puisse me répondre. J'espère pouvoir avoir les idées claires d'ici la fin de la soirée. La voilà qu'elle commence à parler, je l'écoute attentivement, pour ne perdre aucun détail de ce qu'elle dit. Je suis satisfaite en la voyant confirmer mes soupçons, et mais je fronce légèrement des sourcils en l'entendant dire qu'elle vient de la Meute. Il ne me semble qu'aucun des clients que j'ai eu venaient de la meute. Faïza, quand à elle, ne marque aucun signe de déstabilisation. Elle semble avoir confiance en elle.
J'ai entendu des choses venant de ce groupe au bidonville, ou même pendant que ne me baladais aux marchés de la Citadelle. Ils fonctionnent comme une vraie meute de loups. Mais de ce que j'ai entendu, ce n'est rien de jovial. Je plisse doucement des yeux, cherchant où elle veut en venir en me disant cela. Mais je savais que je n'allais pas tarder à le savoir. Je continue donc de l'écouter en silence. J'aurais pu partir au moment elle m'avait annoncé qu'elle n'était pas une cliente. Cela aurait dû me désintéresser d'elle puisqu'elle ne m'apporte rien qui me permette de survivre. Mais pour une quelconque raison, je suis restée immobile, à l'observer et à l'écouter.
Je suis quelque peu flattée par les compliments qu'elle me cite mais je reste quand même perplexe. Par la suite de ses explications, un sourire commence à prendre place légèrement sur mes lèvres. J'ai l'air si désespérée que ça ? Je vois qu'elle n'en sait pas plus que ça sur moi. Faïza ne connait que la business de ma vie. Ce qui d'un côté me réjouit car je commençais à croire qu'elle savait tout de moi. Je continue de l'écouter, toujours le sourire de satisfaction aux lèvres.
Et voilà la fameuse raison. Elle veut que je me joigne à elle, à son groupe. Et comme argument, elle a de l'influence qui lui permet de me faire accéder à n'importe quelle place au sein du groupe qui n'en ai pas vraiment un comme elle me l'a dit. Il y a certains point sur lesquels elle n'a pas vraiment tort. J'aime bien travailler en solo, et c'est vrai que j'ai survécu jusqu'à maintenant sans presque aucune encombre. Presque. Mais je ne suis pas d'accord sur un point : que la Meute me convient. Et je compte bien lui faire entendre. Je n'ai pas vraiment besoin de réfléchir sur ça.
Je redresse légèrement tout en fixant la femme qui se trouve en face de moi, le sourire collé au visage. Je laisse traîner ma réponse pendant quelques secondes de silence, voir même pendant plus d'une minute.
"- Donc, tu veux que je rejoigne la Meute, c'est ça ? Je suis désolée de devoir refuser. Je sais, je n'ai pas pris le temps de réfléchir à ta proposition. J'ai déjà entendu quelques rumeurs sur la Meute. Je sais plus ou moins comment elle fonctionne, et la hiérarchie ne me plait pas vraiment. Mais cela ne m'empêchera pas de faire affaires avec un...Loup. Mais le fait que quelqu'un puisse prendre ta place par un combat auquel tu es obligé d'accepter et où tu as des chances de perdre pour ensuite prendre la place de ton adversaire alors que tu n'as rien demander ne m'enchante pas. Je comprend que c'est la loi du plus fort chez vous. Après tout, c'est comme ça que marche une meute de loups n'est ce pas ? J'ai choisi d'être une Solitaire parce que je l'ai décidé, parce que je veux agir librement sans avoir les répercutions de reste du groupe. Je fais une pause, guettant tout type de réaction. Mais j'avoue que je n'ai pas bien maîtrisé mon ton cette fois. Ma voix s'était faite plus provocante qu'avant, mais je n'ai pas pu m'en empêcher.
"- Personne pour me venger dis-tu ? Je ne suis pas de ton avis. Et je ne parle pas de mes clients. Il est vrai que j'aime cette sensation de solitude car dans ce monde, je ne peux faire confiance qu'à deux personne : moi et une autre qui sera prête à me venger si elle apprenait ma mort, elle s'en rendrait compte même si quelque chose m'arrivait. J'ai autant confiance en elle que cette personne en moi. Et je ne vois pas ce que je pourrais y gagner de plus en te rejoignant par rapport à ce que je gagne en ce moment. Dis-je tout en restant méfiante, il se peut que ma réponse ne lui plaise pas et qu'elle décide de devenir agressive. Qui sait ?
" Step right up and see, the possibilities, We have everything you wanted.. "
Come and join me.
C’est assez inconsciemment que Faïza se renfrogna dès le refus de Alyce. Elle ne s’était pas préparée a autant de fermeté dans sa décision, surtout pas un refus aussi rapide et catégorique. Elle se mit à froncer les sourcils durement. Sur le coup elle se dit que ce n’était qu’une mauvaise fixation sur la Meute, le clan en lui-même.. Ce qui au final semblait être le cas, mais aussi une décision due aux convictions de Alyce. L’histoire de la hiérarchie n’était pas du tout à son goût, peut-être que la jeune fille aimait être sa propre patronne et n’avoir absolument personne au dessus d’elle. Cela contrariait irrémédiablement Faïza mais cette dernière ne se démontait pas, pas déjà. Il lui restait à écouter et chercher ce qui pourrait faire office de compromis même si les choses semblaient mal parties. Ce qui gênait d’autant plus la louve était sans nul doute le ton de Alyce. Elle qui avait une sainte horreur de ce genre de comportement à son égard à quelques exceptions faites. Quelqu’un qui ne faisait pas partie de sa famille, la Meute, n’avait strictement aucun droit de lui parler ainsi. Son sang ne fit qu’un tour, se mettant à doucement bouillir dans ses veines, ses doigts se crispèrent les uns aux autres à un tel point que ses articulations blanchirent un peu. Seul son visage demeurait neutre pour le moment.
Alyce n’en démordait toujours pas. Et l’agacement de Faïza s’intensifia au plus profond de son être à cause d’une information qu’elle n’avait pas obtenu lors de son interrogatoire. Une personne. Il existait donc bel et bien une personne proche de cette fille, une personne qui veillait sur elle, dans l’ombre ? Peut-être était-elle déjà là, derrière, tapie dans l’ombre à observer. Une sorte d’associé non répertorié dont Alyce se cachait bien de parler. Après tout, quoi de mieux que de faire semblant de travailler seul ? Attirer les brigands insouciants et les plumer grâce à un acolyte. Faïza se contenta alors d’acquiescer, faisant une moue approbatrice avec ça. Elle avait le sentiment de ne plus avoir grand chose à dire, plus grand chose d’utile. C’était vrai, qu’offrait la Meute de plus que ce qu’elle prétendait avoir ? Pas grand chose si ce n’est un nombre conséquent et, peut-être, un armement supérieur qu’un arc et quelques lames. Là encore, rien de bien transcendant, quelqu’un d'entraîné et de compétent pouvait faire des ravages avec une simple lame de rasoir, plus que n’importe quel attardé armé d’une mitrailleuse. Quoique.
En plus de ça, elle savait comment fonctionnait plus ou moins son clan et connaissait cette fameuse règle du plus fort.
Une chose intriguait forcément Faïza, à juste titre.
- Je vois, je vois.. Et qui est donc cette personne ? Un partenaire, un acolyte ? Personne ne m’a parlé d’une tierce personne travaillant à tes côtés. J’aurais tort de penser que cette personne te suit dans l’ombre sans se mêler de tes affaires, que tes clients n’ont pas connaissance de son existence..? Parce que.. Comme je l’ai dis, on ne m’a pas parlée de lui et je dois t’avouer savoir me montrer assez persuasive lorsqu’il s’agit d’obtenir les informations que je veux. Si l’on ne m’en a pas parlé, c’est qu’on était pas au courant. Ce monsieur X est-il proche d’ici ? Il ne voudrait pas.. Donner son avis sur la Meute, ma proposition peut très bien s’élargir à deux personnes, je te l’assure. Je n’oserai pas séparer un duo travaillant aussi bien qu’on me le prétend. lâcha-t-elle.
Son ton était certes plus sec qu’auparavant mais toujours neutre. On pouvait peut-être sentir son agacement dans ses paroles.
Mon sourire commence à s'élargir petit à petit. Visiblement, je crois que je commence à devenir maître de la situation. Faïza semble contrariée, ou plutôt agacée. Soit c'est ma réponse qui ne lui a pas plu, soit il y a autre chose. Je l'observe en silence pour voir ses mimiques. Oui, elle est agacée. Son corps, ou du moins quelques petits détails comme ses mains, le montrait. J'avoue que je prend un malin plaisir à la voir comme ça mais cela révèle qu'elle peut également être terrifiante, avec son air neutre. Mais pas au point de me faire peur. Un détail qui me rend curieuse : par quel moyen a-t-elle obtenu les information ? En payant ? Ou par d'autres moyens ?
Je reste toujours à ma place, tout en continuant d'observer la femme. Lorsqu'elle me demande qui est cette fameuse personne, je continue de lui sourire. Mais pas bêtement, c'était un sourire quelque peu provocateur. Évidement que personne ne le connait comme travaillant à mes côtes. Mon frère a d'autres choses de prévues, d'autres affaires à régler. Mais, il est plus fort et plus futé que moi. Il dit veiller sur moi, par n'importe quel moyen, mais je ne sais même pas s'il est dans le secteur. Logiquement, il s'amuse à la Citadelle. Allez savoir ce qu'il fait exactement. Parfois, je me demande qui est réellement l'aîné dans la famille.
Bref, pour revenir à Faïza, je dois admettre que lui, ça ne le dérangerait pas du moment qu'il n'a pas de problème. Mais ça, je ne peux pas lui dire. Et puis, nous ne sommes pas un duo puisque chacun travaille de son côté. Mon frère serait capable de vouloir m'y entraîner. Or, ce n'est pas ce que je veux. Je continue de regarder Faïza, et ne peux m'empêcher d'avoir un léger rire de deux ou trois secondes.
"- Tu as l'air bien embêtée par cette révélation, je me trompe ? Ton informateur n'a pas dû tout te dire sur moi, n'est ce pas ? Je n'ai pas pu m'empêcher de continuer de sourire, même si cela l'énervera peut être plus.
"- Et puis... Pourquoi est ce que je devrais te dire qui est cette personne ? Qui ne me dit pas que tu ne me feras pas de chantage avec ? Tout ce que je peux te dire c'est que c'est la seule personne en qui j'ai confiance. Je débute tout en regardant sur le côté en reprenant mon air blasé. À vrai dire, je vois mon frère toute les fins de semaines et nous passons deux ou trois jours ensembles. Il vient dans la planque quand il veut et si jamais je ne suis pas là, j'utilise un papier que je laisse à l'entrée avec les mots "Absente = Taff" car oui, je reste la plupart du temps cloîtrée dans la planque, et si je sors c'est soit pour aller voir mon frère qui lui dort n'importe où, soit car j'ai un contrat sur le dos. Je ne peux pas dire qu'il n'est certainement pas ici. Je vais laisser planer le doute.
"- Je ne peux pas dire si cette personne est présente ou pas, car peut être qu'elle souhaite restée discrète et anonyme. Sinon elle se manifestera d'elle même. je reprend tout en regardant de l'autre côté de la pièce, vers une zone sombre, pour voir si Faïza est dupe et pour voir si elle croira que quelqu'un est ici. Je croise les bras sur le dossier de la chaise pour y poser mon menton, continuant de guetter chacune de ses réactions. En fait, il n'y a personne ici à part Faïza et moi. Enfin, je pense...
" Is it sick of me, to want you crying on your knees ? "
Come and join me.
Plus les choses allaient et plus Faïza sentait que l’on lui manquait immanquablement de respect. Chose qu’elle méprisait au plus haut point, prenant tout sur elle pour le moment, c’est lorsque la plus jeune des deux se mit à rire que Faïza sentit que la cause était perdue. Qu’on lui rit au nez, c’était quelque chose qu’elle détestait tout autant que le reste. Malgré toute les envies de lui faire regretter cela Faïza écouta Alyce répliquer une fois encore. Elle visait évidemment juste, même si dans le fond savoir qu’il y avait deux personnes plutôt qu’une n’était pas un si grand mal. Quant à elle, elle devait se méprendre sur la manière dont son interlocutrice avait obtenu autant de données sur elle. La Bêta se demandait seulement si elle devrait finir par lui dire la véritable manière dont elle avait su tout ça. Le refus de vouloir révéler l’identité de l’acolyte anonyme de Alyce ne surprit nullement Faïza. Peu importait qui il était, mais il était normal qu’elle préserve ce qui semblait être un atout pour elle.
D’autant plus si c’était la seule personne en qui Alyce pouvait avoir confiance, selon ses dires. Une personne très proche, famille, ami d’avant la fin du monde, une personne avec qui elle avait fait équipe après l’apocalypse. Tout était possible dans le fond. La plus jeune reprit ensuite une posture plus neutre, moins agaçante qu’auparavant. Cela aidait à calmer un minimum l’algérienne au sang chaud, mais le mal était fait et elle avait le plus grand mal à se dire qu’il fallait laisser passer ce genre de chose. Aux derniers mots d’Alyce, Faïza commença à se sentir observée de partout sans en avoir pour autant la certitude. Comment être sûre après tout ? Elle qui était venue seule, avait-elle fait une erreur ? Elle ne le pensait pas, elle ne pensait pas non plus qu’elle serait attaquée par derrière par qui que ce soit, elle n’avait rien de valeur sur elle, même visiblement, son sac n’était pas large, sa machette était basique. Le seul prétexte pour se faire attaquer par surprise pouvait possiblement être son appartenance à la Meute, elle avait en plus de ça admit être une Bêta, haut placée dans le clan. L’évincer pouvait avoir des airs d’accomplissement. Certains auraient peut-être choisit ce moment pour tenter leur chance.. Mais vraisemblablement par Alyce. Elle ne semblait intéressée que par son travail et ses revenus, pas par des quelconques guerres entre clans quels qu’ils soient.
Sans vraiment de craintes, seulement pour en avoir le coeur net, la louve pivota sur son siège pour regarder autour d’elle. La pièce, le bâtiment, même, devait être désert. Tout était si calme, rien n’avait bougé à son sens. Alyce cherchait à jouer sur les nerfs de Faïza, à la déstabiliser. Elle se retourna vers la jeune fille, esquissa un demi sourire, malgré son comportement plus qu’irrespectueux elle se devait de reconnaître qu’elle avait du cran, cette petite. Plus que beaucoup.
- Eh bien eh bien.. répéta Faïza en se reculant un peu sur son siège pour s’étirer, je doute que nous puissions arriver à un accord. Tes motivations semblent trop incohérentes avec le mode de vie de la Meute, hm.. C’est vraiment dommage, je vois en toi quelqu’un de compétent, tu t’y serais peut-être plu, qui sait ? Ton arrogance t’aurait menée loin en même temps qu’elle t’aurait apporté des ennuis, j’aurais aimé voir ça.
L’algérienne se redressa alors totalement, quittant son siège, récupérant sa machette du bout des doigts et laissant la lame affûtée glisser sur la table, d’un geste lent et ample Faïza présenta le bout de cette lame devant le visage de Alyce, à quelques centimètres d’elle.
- Je n’ai juste pas du tout aimé la manière dont tu t’es adressée à moi. Je t’ai parlée avec respect, j’aurais au moins apprécié que tu fasses de même. Je vais mettre ça sur le compte de ton jeune âge, espérant que si jamais nous nous recroisons un jour, cela ne se reproduise pas. Dis moi, as-tu seulement déjà tué un homme auparavant ? Un véritable homme, pas l’une de ces créatures qui rôdent dans les rues. As-tu seulement idée de ce que les gens sont capables de faire de nos jours ? J’espère que c’est le cas, parce que ton attitude suffisante ne te sauvera pas toujours, crois moi. Ma patience est extrêmement limitée.
Elle finit par baisser son arme, lentement, attendant une réponse. D’une manière détournée, elle avait réussi à poser l’une des questions qu’elle aurait aimé poser avant qu’Alyce ne demande à savoir les vraies raisons de sa venue.
Je me rend compte que j'ai fait une erreur. C'est vrai que je n'aurais pas dû lui parler sur ce ton. Peut être que des excuses s'imposent mais j'ai horreur de ça. Avouer ses fautes. Assumer d'avoir tort. Il est vrai que j'aurais dû me contenir et continuer à lui parler normalement. Mais c'était plus fort que moi. À la rigueur, j'aurais pu parler avec froideur, ou simplement éviter de dire mes pensées à voix hautes. Je pense que si j'avais prononcé une phrase de plus avec ce ton, je crois que j'aurais sa lame sous la gorge. Ou même la gorge tranchée.
Je me lève à mon tour, après l'avoir regardé en silence, regrettant amèrement de lui avoir parler avec un ton pareil. Faïza a raison, elle s'est adressé à moi avec respect, sans m'avoir offensée, et moi je lui parle comme une ados qui fait sa crise. Mais la provocation est devenue naturelle pour moi. Car en ce moment, mes derniers clients ne m'ont fait que des remarques sexistes du genre, vu que je suis une fille, je n'ai aucun talents, je ne suis pas à la hauteur de ce que font les hommes et bla bla bla.
Je respire un bon coup et reprend un périmètre de sécurité, mon arc en main, en allant m'adosser au mur que se trouve derrière moi tout en aillant mon air blasé mais pourtant intéressé. Je soupire en réfléchissant que ce mois allait être aussi pourri que le précédent. Pas un client en vu, depuis un moment et la seule personne qui vient me voir est une femme pour m'inciter à rejoindre son clan.
"- Désolée de t'avoir offensé avec ma manière de parler, ce n'était pas voulu. C'est devenu une habitude chez moi." Ça y est, c'est dit. Je regarde à nouveau sur le côté pour réfléchir à la question qu'elle m'avait posé, les mains dans les poches. Est ce que j'ai déjà tué quelqu'un autre qu'un infecté ?
J'essaye de remonter dans mes souvenirs. Il y a bien une personne, un crétin de client qui m'avait arnaqué une fois. Il y a quelques mois, prochent d'un an, j'ai eu un contrat qui a failli me coûter la vie. J'ai mis plus de deux semaines à trouver sa connerie, et le jour où je la ramène, je me suis faite piéger par les brigands et mon client qui voulaient me dépouiller. Je me souviens les avoir frappé un nombre incalculable de fois mais je les ai laissé pour mort vu qu'ils ne bougeaient plus. Après je ne sais pas ce qu'ils sont devenus. Peut être ont-ils étaient attrapés par des zombies ? Ou bien ils se sont enfuis. Aucune idée mais je ne les ai plus revu après.
"- Je sais de quoi les gens sont capables de faire aujourd'hui. Ils sont capables de piéger d'autres personnes pour les voler et les arnaquer, sans se soucier de les tuer." Je répondais en me rendant compte que je me suis visée moi-même en disant cela. Bravo Alyce ! Tu es devenue très douée pour citer tes propres problèmes sans t'en rendre compte. J'espère qu'elle ne fera pas le rapprochement entre moi et ce genre de problème.
"- Et pour répondre à ta question, je ne sais pas. J'ai bien tabasser deux ou trois personnes mais je ne sais pas s'ils étaient encore en vie ou bien s'ils le sont toujours. Et je ne pense pas que la Meute soit faite pour quelqu'un comme moi." Je lui répond de la manière la plus neutre possible pour éviter d'avoir à faire face un diable qui serait prêt à tuer. Mais... Je pense que si elle me demande ça, c'est qu'elle a peut être tué quelqu'un, ou même plusieurs personnes, qui sait ? Après tout, je ne sais pas de quoi elle est capable en réalité mais j'aimerais éviter que mon prénom soit inscrit sur sa liste noire.
A la grande surprise de Faïza, mais à un soulagement certain, Alyce s’excusa de son comportement arrogant. Elle n’avait pas l’air de faire semblant, mais même si elle ne l’avait pas pensé cela aurait suffit à la louve. C’était un bon début, reconnaître ses torts. Cela lui permit de se décrisper un peu, reprendre son calme et ne plus être sur les nerfs comme elle l’avait été jusque-là. Ensuite vient un lourd travail de mémoire, cela pouvait impliquer deux scénarios possibles aux yeux de l’algérienne. Soit elle n’avait jamais tué personne de sa vie, auquel cas elle cherchait juste pour faire comme si. Soit elle avait tué tant de monde qu’elle ne savait par où commencer. Cela semblait peu probable vu le temps que ça prenait, puis Alyce n’avait pas une tête de tueuse de sang froid, plutôt le genre à laisser vivre. Faïza voyait ça comme un défaut, pour elle, afin d’éviter toute contrariété mieux valait se débarrasser de ses ennemis dès l’instant où ils étaient faibles.
Au lieu de ça Alyce choisit de parler premièrement des gens, de ce qui semblaient êtres se propres mésaventures. Faïza ne pouvait aucunement se reconnaître dans ses dires, elle ne se faisait pas arnaquer ni voler puisqu’elle ne prodiguait aucun service, pas même au sein de la Meute, elle n’était pas du tout commerçante au contraire de son interlocutrice, d’une certaine manière. Elle ne releva pas. Elle lui avait déjà dit ce qu’elle pensait et n’aimait pas se répéter. Le seul moyen pour elle de ne plus être sujette à ce genre de vols serait bien de rejoindre la Meute, là, elle aurait tout un clan derrière elle et pourrait continuer, les risques largement amoindris. Après tout la Meute avait une belle petite réputation dans la capitale. Peu de gens voulaient les croiser dans les ruines. Faïza s’était contentée d’acquiescer sans dire un mot de trop. Vint ensuite la réponse attendue. Comme Faïza l’avait imaginée, Alyce n’était pas une tueuse de sang froid. La Bêta se demandait seulement si l’idée même de tuer était dans son esprit, si elle n’y voyait aucune autre alternative, irait-elle jusqu’à tuer ? Peut-être, peut-être pas. Elle ne serait pas celle qui le découvrirait, elle voulait la voir vivante et n’avait pas envie de se battre contre elle jusqu’à ce que mort s’en suive.
Comme elle s’était excusée et qu’elle avait fait preuve d’une certaine honnêteté avec elle, Faïza se dit qu’avant de partir il serait juste de lui annoncer la vérité. Elle s’éclaircit la voix avant de parler, reculant d’un petit pas pour rétablir une distance rassurante pour Alyce, qu’elle ne soit plus à portée de son arme, en tout cas.
- Je m’en doutais un peu, tu n’as pas le visage ni l’attitude d’une tueuse de sang froid.. C’est tout à ton honneur, même si c’est un mode de vie devenu dangereux. dit-elle, marquant ensuite une courte pause, J’ai tué un homme ce matin même. Il était entré sur notre territoire, des loups l’ont capturés et je me suis occupée personnellement de son interrogatoire. C’est comme ça que nous fonctionnons. C’est lui qui m’a parlé de toi, un des hommes qui t’a demandé service. Il n’avait rien à nous offrir, pas de cache d’arme, de nourriture, pas de planque, pas de petit groupe dont nous n’avions pas connaissance. Je l’ai tué et ce soir je dormirai sur mes deux oreilles. Demain matin je n’aurais pas de mal à me regarder dans le miroir.
Elle haussa les épaules avec désinvolture avant de ranger sa machette dans son fourreau à sa ceinture.
- Fais très attention aux personnes avec qui tu fais affaire. Par chance pour toi, après notre entrevue, même si tu ne décides pas de nous rejoindre tu n’auras jamais aucun problème avec les miens.
C’était le moins qu’elle pouvait faire, et qui sait, peut-être changerait-elle un jour d’avis. Autant que la petite reste joignable si jamais cela arrivait.
Je regarde le sol, sans qu'aucunes expressions ne décrivent mes émotions. Bon je ne ressens rien actuellement. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'elle a encore raison. Tuer n'est pas dans mes habitudes. Mais je me demande si un jour je serais mener à ôter la vie de quelqu'un, autre qu'un infecté. Aucune idée en fait. J'ai bien conscience que c'est un mode de vie dangereux, et c'est pour ça que ce serait bien d'être dans un groupe. Mais comme je l'avais dit, je ne suis pas faite pour vivre et travailler avec d'autres personnes. Tout simplement parce que j'aime bien ma vie actuelle, même si parfois, elle m'attire des ennuis...
Je regarde Faïza, qui range son arme et qui semble même s'éloigner, sûrement prête à partir et quitter ce lieu pour rejoindre les siens. Peut être que ce fut notre seule rencontre ? Ou peut être pas ? Qui sait ? Nos chemins se recroiseront peut être...
Je m'apprêtais à me redresser pour pouvoir quitter mon lieu de rendez vous lorsque la louve décida de parler, ce qui m'arrêta dans mon élan. Je l'écoute, et me rend compte que j'ai bien failli repartir sans ma tête ce soir. Faïza est terrible. Capable de tuer contre des informations, sans regrets et semble l'assumer totalement. J'éprouve alors une certaine admiration pour elle, mais à la fois du dégoût car elle peut prendre la vie de quelqu'un et repartir comme si ne rien n'était. De quel droit ? C'est ce qui m'arriverait si jamais venais sur le territoire des loups ? Rien que d'y penser, j'en ai de légères sueurs froides...
Je la regarde sans un mot, l'arc sur le dos, écoutant ses conseils auxquels je connaissais déjà. Je fais toujours très attention, car je me méfi toujours avec qui je fais des contrats, ainsi les demandes des clients. La seule personne avec qui je baisse ma garde, c'est mon frère. D'ailleurs, je devrais peut être lui dire au moins qui est cette fameuse personne qui veille sur moi. Après tout, elle a été honnête, même si ça a pris du temps sur ce détail, et m'a révélé comment elle a entendu parler de moi. Un ancien client. De plusieurs mois. Est-ce l'arnaqueur de l'autre fois ? Possible. Et puis, va savoir quand est ce que nous nous reverrons, peut être jamais !
Mais je reste quand même déçue qu'elle ne sera pas ma cliente du mois et que je ne pourrais pas me faire les poches. Mais je suis aussi contente de savoir que je n'aurais pas avoir à faire à toute la Meute ! Je soupire puis laisse échaper un rire. Pas provocateur comme tout à l'heure, rien à voir même, mais plutôt rassuré et sans ironie.
"- Heureuse de l'apprendre Faïza, je suppose que notre discussion touche à sa fin. À moins que tu as envie de faire affaires avec moi, je serais toute ouïe." Je lui parle en lui adressant un sourire, léger, mais honnête. Mais qu'elle ne croit pas que j'ai baissé ma garde ! Il en faudra plus pour ça.
"- Oh et je tenais à te dire que la seule personne en qui j'ai confiance dans ce monde, c'est mon frère. Et il n'est pas mon "acolyte". Je ne faisais que le protéger en le rendant anonyme. Heureuse d'avoir pu discuter avec toi." Sur ces dernières paroles, j'ai pu en conclure que nous irions chacune continuer notre vie de notre côté, et retourner à notre vastes occupations. Je partirais après elle, j'attendrai cinq ou dix minutes pour retourner dans ma planque et continuer à profiter du calme et du paysage du crépuscules.
Comme Alyce l’avait devinée, l’heure de la séparation approchait à grands pas. Elle était vraisemblablement soulagée d’avoir la bénédiction de la Meute pour ses activités futures. C’était vrai que d’avoir le clan des pillards sanguinaires, des tueurs de sang froid comme alliés devait être rassurant. Même si le terme alliés était un peu fort, Faïza considérait plutôt la Meute comme neutre envers Alyce. C’était déjà une belle assurance. La plus jeune annonça ensuite que si Faïza le souhaitait elle pouvait toujours demander à faire affaires avec elle. Cette proposition pleine de cran laissa l’algérienne avec un de ses rares sourire aux lèvres. Les affaires étaient décidément les affaires pour Alyce et rien ne semblait pouvoir l’en éloigner. En plus de ça, Faïza se surprit elle-même à chercher si elle n’avait pas tout de même un service quelconque à lui demander. Un objet qu’elle aurait voulu récupérer dans son ancienne habitation hors de Paris mais.. Rien ne lui venait à l’esprit. Il y aurait bien des albums photo, des objets personnels, n’importe quoi pour lui rappeler ces temps révolus mais elle avait bel et bien laissé tout ça derrière elle.
N’ayant pas le temps d’y penser totalement, Alyce reprit la parole sans laisser à Faïza le temps de répondre. Elle lui avoua en fait que la personne qui l’aidait et qui veillait plus ou moins sur elle n’était autre qu’un frère. C’était assez logique que ça soit un membre de sa famille au final, mais des liens entre des inconnus pouvaient aussi se créer par bien des manières. N’importe qui aurait sans doutes pu l’être dans le fond. La louve appréciait naturellement l’information acquise et l’honnêteté de Alyce. Leur rencontre ne laisserait pas un souvenir amer de défaite à Faïza, même si Alyce ne rejoignait pas la Meute elle n’était pas devenue hostile et osait jusqu’à partager quelques secrets avec la Bêta. C’était déjà pas mal, et cette dernière se félicitait grandement de ne pas avoir eu à recourir à la violence la plus extrême pour obtenir ces informations. Cela lui changeait un peu.
- D’accord, ton frère, donc.. C’était soit ça, soit un amant très proche et très fidèle j’imagine. C’est bien, c’est mieux que d’être seule dans ce monde. Quant à ta proposition.. J’apprécie, merci, mais.. Il n’y a rien dont j’ai besoin qui me rappellera ce que j’ai pu vivre par le passé. Même si les albums, les bijoux, les diplômes y sont sans doutes encore, plus rien ne me raccroche à cette époque. C’est se faire du mal pour rien. A mon sens. Néanmoins si je croise un loup qui serait nostalgique et désireux de retrouver un effet personnel je lui dirais de te rencontrer. De même si l’un d’eux veux juste récupérer quelque chose sans se salir les mains. Je suis certaine qu’il y en a, à l’Usine. expliqua Faïza avec calme.
Elle se dirigea ensuite vers la sortie, ralentissant seulement à l’approche de l’encadrement de la porte de la pièce.
- J’espère que j’aurais le plaisir de te revoir un jour, Alyce. Ne va pas te faire tuer bêtement, on aura toujours besoin de toi, si jamais tu changes d’avis. conclut-elle sans se retourner
Elle quitta ensuite le bâtiment et se mit en quête de retourner à l’Usine, seule.
Accueil
