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| | Lun 8 Jan - 1:54 Malo Gassaurang
Quelques heures après être revenu de manger, Malo se passa les mains sur le visage, inspirant lentement pour se donner la force de sortir à nouveau de sa chambre. Il avait toujours eu du mal avec les relations humaines. Alors quelle ironie de le retrouver chez les Humanistes, non ?
Lui-même se demandait, d’une certaine manière, ce qu’il faisait ici. Enfin, il le savait : il était venu pour Alice. Mais quelle était sa légitimité dans ce groupe ? Il se rendait utile car il ne cherchait pas à être un fardeau, mais il ne faisait pas de zèle pour autant. Il s’arrangeait pour se ne pas se montrer, pour se faire oublier. Il ne s’investissait pas outre mesure. Comment s’investir dans un groupe où on ne se sent ni à l’aise ni en confiance ?
Et ce sentiment n’était pas nouveau. Déjà qu’à son arrivée au lycée Voltaire, il ne s’était pas vraiment montré en public, ça avait été pire depuis l’« incident » dramatique qui avait précipité le déménagement du groupe. Les Humanistes s’étaient montrés imprudents. Le lycée Voltaire, ce lieu qui aurait dû être un havre de paix, un îlot de tranquillité coupé du monde hostile, avait-il seulement été un jour un endroit sécurisé ? Est-ce que l’accès au lycée n’aurait-il pas dû être plus limité ? Malo avait pu y entrer facilement, grâce à Alice. Manipuler quelqu’un pour en faire autant n’était sans doute pas difficile pour quelqu’un de mal intentionné et de déterminé. Les Humanistes auraient dû se méfier davantage : une telle duperie était pourtant tellement flagrante.
Enfin… C’était sans doute facile de dire ça maintenant, mais Malo non plus n’avait rien vu venir. D’un autre côté, il était arrivé à peine un moins avant les premiers infiltrés et avait passé quasiment tout son temps dans son coin ou avec Alice. Il n’avait pas eu beaucoup de contact avec les autres Humanistes. Mais, sincèrement, la situation aurait-elle été différente s’il avait fait davantage d’efforts pour se lier à la communauté, s’il n’avait pas passé le plus clair de son temps en tête à tête avec lui-même ou avec Alice ? Ne se serait-il pas fait berner, lui aussi ? N’était-ce pas prétentieux de penser le contraire ? Ou alors ne se serait-il pas méfié de tout le monde, tant et si bien que les vrais coupables auraient été noyés dans la masse des suspects ?
Et puis, son implication aurait-elle vraiment pu changer quelque chose à la situation ? Il ne faisait pas partie des membres du conseil, contrairement à son statut d’officier à l’époque où il avait une fonction importante dans sa guilde. A cette époque-là, il avait du pouvoir, et il savait l’utiliser. Les Swordae ne risquaient pas de se faire infiltrer par des ennemis. Même si les risques étaient bien moins grands. Qu’est-ce qu’il regrettait cette époque bénie où ses plus gros soucis étaient la gestion des missions de guilde et la création de sites web pour des gens qui avaient autant de compétences esthétiques que des gamines de 2 ans à qui on offre une palette de peinture…
Quand l’annonce du déménagement avait été faite, Malo y avait trouvé des avantages. Le château offrait une meilleure sécurité, un meilleur rendement, davantage de cultures. A vrai dire, il aurait validé l’idée, s’il avait eu son mot à dire. Mais malgré son potentiel, le château offrait-il vraiment une meilleure sécurité ? Si les Humanistes refaisaient la même erreur, ses beaux murs et ses grands espaces ne seraient pas forcément efficaces contre un nouveau problème interne… Toute menace était-elle réellement écartée ? N’y avait-il pas encore, caché au sein du groupe, un ennemi tapi dans l’ombre, un agent double qui faisait preuve de la plus grande discrétion ? Qui pouvait garantir le contraire ? Et puis quitter le bâtiment pour traverser la ville infestée de zombies n’avait pas été une perspective des plus attirantes.
Alors, face à ce sentiment d’insécurité étouffant, il s’était encore plus renfermé sur lui-même. Il avait cherché à se faire discret durant la longue marche pour rejoindre le château, il s’était installé sans faire d’histoire. Il s’était fait oublier. Encore plus qu’avant. Mais il était tellement discret au quotidien qu’il était dur de voir que le pauvre Malo n’était plus que l’ombre de lui-même. Il ne semblait pas avoir changé outre mesure. Dans les premiers temps, son attitude un peu plus distante avait pu être mise sur le compte du traumatisme d’avoir été présent au lycée au moment des faits. Et puis, ça n’avait jamais été un grand bavard, il n’avait jamais noué de forte amitié au sein du clan. Personne n’était réellement là pour se soucier particulièrement de lui. A part Alice. Si bien qu’à force de ne sortir de sa chambre que par nécessité et aux heures les plus calmes, certains avaient même dû finir par oublier qu’il était au château…
N’aurait-il pas mieux fait de ne pas suivre le groupe ? Il aurait pu retourner à la Citadelle. Alice avait craint qu’il le fasse mais, même s’il y avait des attaches, il n’aimait pas cet endroit. D’un autre côté, aimait-il vraiment le clan des Humanistes ? Pourrait-il s’y sentir en sécurité un jour ? Pourrait-il vraiment s’y investir autant qu’il le devrait ? Quelques années plus tôt, il n’aurait pas toléré un tel manque d’investissement de la part d’un des membres de sa guilde. Il était parfaitement conscient qu’il devait faire plus d’efforts, mais il estimait qu’il en faisait déjà beaucoup. Plus exactement, en faire davantage lui semblait insurmontable. Pourtant, il ne pouvait pas se contenter d’être un fantôme hantant silencieusement ces murs, se montrant pour le repas aux heures les moins animées, faisant sa part du travail dans les zones les moins peuplées… Alice lui avait déjà dit, elle avait voulu lui faire comprendre que son attitude ne l’aidait pas à se faire intégrer, elle avait essayé de l’aider. Mais ça n’avait fait que le faire culpabiliser davantage. S’ouvrir aux autres était encore bien trop difficile pour lui, alors qu’il était en proie à un tel sentiment de mal-être, de stress permanent.
Malo soupira, entrouvrit la porte, s’assura que le couloir était tranquille à défaut d’être totalement désert et sortit de sa chambre avec l’air le plus neutre possible, portant le plus naturellement possible son sac en bandoulière. Evitant de croiser le regard des autres Humanistes, détournant le regard quand il sentait qu’on le fixait, il rejoignit le bâtiment militaire. Il savait qu’à cette heure, il n’y avait quasiment personne. Sa présence n’était pas un secret d’état, mais il ne voulait pas crier sur les toits qu’il avait une arme. Il l’avait achetée à la Citadelle, peu après l’incident au lycée. Dans de telles circonstances, sortir pour se rendre à la Citadelle et se procurer de quoi se protéger ne lui avait pas semblé tellement plus dangereux que d’évoluer dans le bâtiment ouvert à tous les dangers. Et ça lui avait permis de se procurer une carabine de chasse démontable à un prix tout à fait correct. Les contacts à la Citadelle, c’est toujours utile.
Il entra dans l’armurerie après un regard alentour et ferma la porte derrière lui, rassuré d’être seul. Lentement il ouvrir son sac et sortit les pièces de sa Browning BLR take down. Dans sa chambre, il n’avait pas tout le matériel pour entretenir cette arme comme il se doit, tandis qu’ici, il y avait tout et même plus ! Alors il s’installa tranquillement et se mit au travail, fredonnant tout bas un air issu d’un de ses jeux vidéo préférés. Pas assez fort pour être entendu du couloir. A peine audible pour quelqu’un dans la pièce et suffisamment proche de lui.
Rapidement perdu dans ses pensées, il en vint à ne plus vraiment voir le temps passer… |
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| | | Lun 22 Jan - 1:40 Massial Jordan Ses yeux s’ouvrirent sur l’obscurité de la chambre. Boum Boum.. Boum Boum.. Boum Boum..Avalant difficilement sa salive, le jeune homme blond referma brièvement les yeux, sa respiration s’apaisant progressivement ainsi que son rythme cardiaque avant qu’il ne jette un regard à son poignet. 1h21. Il avait dû s’assoupir peu après la fin de la ronde d’Hayden. Une heure plus tôt, plus ou moins. Un froissement de draps provenant du lit de son cousin et Calypso se serra un peu plus contre Massial, alors que Melodie se remit à lui mâchouiller le doigt de plus belle dans son sommeil. Nichée contre son torse et son bras, voilà qu’elle recommençait à inonder copieusement sa manche, plus baveuse qu’un escargot. Diagnostique ? Elle faisait ses dents. Joie.Voilà cinq jours qu’Aimie avait pris la poudre d’escampette sans moyen de lui remettre la main dessus – ce qui n’était pas faute d’avoir essayé – et, deux jours plus tard, le bout d’humain se mettait à avoir les chicots qui travaillent. En somme, voilà trois jours que la petite créature réclamait des paires de bras avec mauvaise humeur. Et que… manque de chance… les siens semblaient de ses grands favoris en l’absence de ceux de sa mère adoptive. Peut-être était-ce dû aux premiers jours de sa petite vie où la jeune femme et lui s’étaient relayés auprès du nouveau né avec inquiétude mais, actuellement, cela l’arrangeait assez peu. Le déménagement avait été une réussite. Cependant, même si ce qui était urgent avait été effectué avec succès, il restait pas mal de pain sur la planche. Les yeux fermés, alors que ses doigts fins enroulaient et déroulaient distraitement l’une des boucles dorées de la petite, impossible de reconstituer le songe désagréable l’ayant tiré de ce cours repos. Il tenta alors de se rendormir. En vain. Malgré lui, l’esprit du jeune homme se mit à calculer. Il calculait la durée du traitement de Richard, la posologie d’Antoine… ressassait le départ d’Aimie, tentait en vain de faire le vide dans son esprit, repensait au résultat positif du placebo et aux constances d’Henriette, à l’avancée des travaux, mais ne dormait pas. Et c’était là que le bas blessait. Deux heures de sommeil sur deux jours, ça devenait léger. Pourtant, il restait opérationnel durant les divers travaux et activités de la journée. Question d’habitude. Faire le vide… Il devait faire le vide… Son esprit se focalisa sur les respirations des endormis, lâchant progressivement prise. 2h04. Quelqu’un éternua dans une salle voisine. La main de l’humaniste remonta la couverture sur les épaules de sa protégée. - Et lentement, il sentit le sommeil revenir le chercher...:
_____________________________ Hôpital Saint Antoine, Paris, ??/12/2021 Sa main serra un peu plus fort son portable à l’entente de cette voix familière qui résonnait étrangement de l’autre côté du téléphone, de la peine qu’elle semblait avoir à retrouver son souffle entre deux quintes.« […] Je voulais entendre ta voix une dernière fois. Dans quelques heures, je n’aurais plus toute ma tête […] »Peu importe combien de fois il avait essayé de rappeler. Jamais personne n’avait décroché._____________________________ Paris, ??/??/2022 Un bruit sourd avait succédé au coup de feu ayant soudainement éclaté.« Jimmy ?! »Les pas de Georges le talonnaient dans les escaliers, mais il fut le premier à pousser la porte, se figeant l’instant d’après devant le corps affaissé de son oncle, la tête contre le bureau.« Non ! NON ! NON NON NON NON !!! »Il s’était figé, demeurant sans réaction en sentant son cousin le bousculer et la porte heurter le mur sous l’impulsion du brun. Le cerveau du futur humaniste avait déconnecté. Un instant, le temps semblait s’être arrêté. Les cris de Georges sonnaient atténués. L’agitation naissante le laissa stoïque. Le regard fixe. Hébété. Tout ça ne pouvait être vrai. Quelqu’un – il ne savait plus qui – l’attrapa par les épaules, tenta de le détourner. Malgré tout cette image ne le quitterait jamais. Les éclaboussures sur le sol. Le bras ballant de Jimmy, au bout duquel pendait son desert eagle. Ce corps inerte. Le sang se répandant, inondant la surface vernie du meuble et gouttant paresseusement sur le tapis._____________________________ Paris, ??/11/2021 Le service des urgences ne désemplissait pas.« On ne pourra pas prendre en charge tout le monde. Est-ce que vous comprenez ? Il va falloir faire des choix. Que vous fassiez des choix. »_____________________________ Paris, ??/12/2021 TapTapTapTapTap
Le souffle court, le bruit frénétique de ses chaussures sur le bitume lui sembla résonner dans la luminosité déclinante et ricocher sur les murs des bâtisses l’entourant. Il n’avait aucun besoin de se retourner, pour savoir que les premières silhouettes redoutées venaient de passer l’angle. Redoutables. Infatigables. Les bruits de leur course et de leurs plaintes se répercutant à sa poursuite._____________________________ Paris, ??/??/???? « Tireur embusqué !! »La panique qui avait soulevé la foule… C’est la seule chose qui lui revenait clairement.__________________________________________ Paris, ??/01/2022 Se redressant, il chancela en se retournant tout en empêchant Calypso de glisser de son dos, ses yeux s’agrandirent de crainte devant les décombres tandis que les sirènes continuaient de hurler.« ERIC ! SARRAH ! »Une nouvelle explosion ébranla le sol et les immeubles. A travers le rideau de poussière, une voix lui parvint étouffée de l’autre côté des gravats. Un soupir de soulagement chassa l’air de ses poumons. Ils étaient vivants._____________________________ Paris, ??/??/2022 « Vous avez tué cet homme ?! C’est vous qui avez fait ça ?! »Les mains d’Hayden agrippèrent sauvagement son col, animées par une détresse et une incompréhension poignante.« Est-ce que Georges et toi avez tué cet homme ?! »« Oui. »_____________________________ Paris, fin 2022 Cette main émaciée par les mois passés, jamais il ne l’aurait soupçonné de posséder autant de force. Pourtant, elle agrippait son bras avec une telle puissance. Le désespoir. Il comprit que c’était le désespoir qui donnait à Kelly la force de s’accrocher ainsi à lui.« Je t’en prie. Continue de la protéger. Je t’en prie. Dis-le. Dis que tu le feras. »Elle brûlait. Malgré tous ses efforts, la fièvre flambait dans le corps de la quarantenaire. La toux avait commencé depuis plusieurs heures, confirmant le pire. Elle n’était pas immunisée.« Promets que tu la protègeras. Tu protègeras Calypso. »Une supplique dans ce moment de lucidité.« Promets. »« … Je le ferai … » Une autre demande informulée planait entre eux. Lentement, Massial tira une chaise auprès du lit de la souffrante, puis il effleura le manche de son couteau et il hocha légèrement la tête. Ça aussi… Il le ferait. Sa main serra la sienne.« Repose-toi. »_____________________________ Paris, ??/02/2024 « Courez ! »Il sentit la panique monter en lui. En contrebas, Nina et Eliott ne passeraient pas tous les deux. La marée de corps allait se refermer sur eux.« Ne vous retournez pas ! »Son pistolet s’était levé pour couvrir leur retraite et déjà il tirait. Un premier tir. Un premier infecté s’écroula. Un second tir. Un second infecté. Troisième tir… Quatrième tir. Et dans sa tête… Une certitude : ils ne passeraient pas tous les deux. Déjà il le savait. Un choix allait devoir être fait._____________________________ Paris, ??/??/???? Certains pièges s’étaient déclenchés et… alors qu’ils revenaient, les sacs à dos plein… Du sang, du sang, il y avait du sang partout. Partout où se posait son regard sur l’entrée de leur refuge._____________________________ Boum Boum.. Boum Boum.. Boum Boum..2h26. Son regard sombre s’ouvrit de nouveau, les limbes du sommeil se dissipant à nouveau brusquement. Boum Boum… Boum Boum…Il inspira soudainement comme si son corps se souvenait brutalement de comment faire et de la nécessité de cette action. Au château. Il était au château. Ils étaient au château. Il n’avait que ça à se souvenir actuellement. Cependant, sur le tableau noir que représentait la chambre plongée dans les ténèbres, même éveillé les souvenirs continuèrent de danser, presque palpables. Lancinants. Fais chier…Même en gardant les yeux grands ouverts, ils refusaient de se dissiper. Il avait besoin d’air. Se redressant lentement, la croix en argent d’Eliott glissa lourdement contre sa peau et il serra presque douloureusement le pendentif à travers son t-shirt avant de s’extirper du lit avec précaution. « Down » souffla-t-il en voyant la tête de leur chien se redresser avec intérêt, pendant qu’il s’emparait silencieusement de quelques autres affaires, dont la lame glissée sous son oreiller et qu’il rangea dans l’étui resté fixé à sa cuisse. Les bras chargés et sur le point de refermer la porte, le jeune homme leva les yeux au ciel et capitula devant l’air de leur compagnon à quatre pattes. Cette bestiole aurait pu faire de la pub pour la SPA. D’un simple signe de la main, Massial fit comprendre à l’animal de ne pas bouger et prit le temps d’enfiler ses chaussures dans le couloir, de ceindre la ceinture portant son holster et le glock allant avec, puis de le dissimuler sous le pull attrapé à l’aveuglette. Et maintenant… ? Il pourrait se rendre à l’infirmerie, prendre la permanence de Diana et se plonger dans le travail. Il se pouvait aussi qu’elle décide de rester… C’était une femme remarquable, qui le secondait à la perfection, depuis son arrivée mais, ce soir, il ne désirait pas sa compagnie, ni son attention. Fermant les yeux et inspirant profondément, un coup de museau le tira des sombres réminiscences menaçant de le happer de nouveau. « Tu as raison, allez, viens, mon grand… »2h34. C’est l’heure qu’affichait le cadran de sa montre lorsqu’il poussa la porte de l’armurerie, après avoir salué un garde faisant sa ronde. L’armurerie du clan. Elle n’avait pas grand-chose à voir avec celle de son enfance, mais… Sans aucun doute, c’est le lieu qu’aurait occupé Jimmy, s’il avait… S’il avait survécu.Oui, Jimmy aurait pris cette zone en main avec son expérience et des idées dont lui seul avait le secret. Massial pouvait sans mal l’imaginer s’affairer dans la pièce silencieuse et une bouffée d’affection – bien vite étouffée – s’attaqua à son cœur endurci. D’un geste, il retint le chien d’Hayden d’aller voir l’autre occupant des lieux. C’était l’une des dernières personnes qu’il s’attendait à croiser ici, encore plus à une telle heure. L’ami d’Alice.Malo ne semblait pas avoir remarqué leur présence ou, si c’était le cas, rien ne le laissait paraître. C’était un garçon effacé, qu’il n’avait pratiquement jamais entendu. Jusqu’à maintenant, Massial ne savait même pas dans quel secteur l’autre jeune homme blond avait finalement trouvé sa place ou avait simplement échoué, un peu au hasard. Après le déménagement, Massial s’était un peu désintéressé de ce garçon et des préoccupations d’Alice à son sujet… Ils avaient été occupés dernièrement. Très occupés, même s’il se souvenait assez peu de l’avoir croisé à s’affairer activement. Cependant… Au moins, Malo semblait savoir ce qu’il faisait avec cette carabine à levier de sous garde entre les mains. Un instant, Massial l’observa attentivement avant d’ouvrir un casier métallique et de sortir la sacoche contenant les armes blanches en attente de réparation. La posant sur le coffret renfermant diverses pièces de défuntes armes, il embarqua également une caisse à outils avant de déposer le tout de l’autre côté de l’établi, avec sa lampe. « Salut. »L’ancien solitaire jeta un regard à la carabine entre les mains de son interlocuteur avant de déplier la sacoche. Il en tira un premier couteau. Couteau de chasse pliant. Leopard. Manche bois et laiton. Ouverture assistée… Mécanisme grippé.Sans doute une trouvaille récente dans les ruines, inutile actuellement. L’état général de l’arme était assez mauvais, mais pas irrécupérable. Ce qui était certain, c’est qu’elle avait dû perdre son utilité depuis longtemps… La déposant, il entama le diagnostique d’un second couteau, de taille beaucoup plus modeste. Sur celui-ci, il y avait du jeu entre le manche et la lame, annihilant la fiabilité de l’arme. « C’est une bonne chose que David ait trouvé une personne supplémentaire pour aider ici » lâcha-t-il finalement après quelques minutes, en démontant son premier patient, sans préciser qu’Alice devait également être rassurée. |
| | | Sam 3 Fév - 17:23 Malo Gassaurang
Sa carabine retrouvait doucement sa jeunesse. Malo était méticuleux, attentionné, doux, patient… Il bichonnait cette arme, un peu comme il aurait pris soin de son PC quelques années plus tôt. A vrai dire il ne s’était jamais aussi bien occupé des armes de son père. Par moment, son esprit vagabondait un peu, s’éloignant de ce Paris apocalyptique. Il revoyait avec nostalgie ce qu’il avait souvent qualifié comme étant les pires années de sa vie. Il repensait à son père, avec qui il avait passé tellement d’heures à pêcher ou à chasser. Il n’aimait pas la chasse, il n’avait jamais aimé ça, mais il voyait dans ses moments de silence la fuite idéale loin des amies de sa mère, trop expansives, trop démonstratives… Et puis, ça lui permettait de profiter un peu de la présence de son père, malgré tout, quand celui-ci n’était pas ivre. Pour autant, Malo n’avait rien contre ses parents. Il avait grandi dans une famille aimante, bien que maladroite et constituée d’individualités trop différentes pour que l’ensemble soit cohérent… Alors qu’il prenait soin de son arme, il entendait les conseils de son père, comme un lointain écho du passé. Il sentait encore les mains sèches et calleuses de son père se poser sur les siennes pour guider ses mouvements. Marcel Gassaurang aurait tellement aimé que son fils partage réellement ses passions ; mais il avait rapidement dû comprendre que ça ne serait jamais vraiment le cas, même si Malo appliquait patiemment les consignes. Il avait longtemps fait tout ce que ses parents lui disaient de faire, espérant que cela suffise à protéger sa famille des disputes, des conflits. Qu’est-ce qu’il avait été naïf… Une silhouette derrière la végétation. Le poids de la carabine dans ses mains. La force de la poigne de son père dont les doigts enserraient son épaule. Un murmure, à peine un souffle dans le silence du petit matin.
« Vas-y… concentre-toi… »
Une détonation. Un râle poignant. Un jeune cervidé s’écroulant au sol, le regard éteint. Malo avait donné la mort.
Ce n’était pas la première fois qu’il tirait, loin de là, mais jusqu’à présent son père ne l’avait fait tirer que sur des objets. Pas sur des animaux vivants !L’enfant en était resté tétanisé pendant ce qui lui avait semblé une éternité. Mais son père en avait été tellement fier... Par contre, sa mère avait hurlé quand il s’en était vanté auprès d’elle, tellement heureux que son fils ait tué son premier chevreuil. Et une dispute avait éclaté au sein de la famille, laissant l’enfant s’enfermer encore plus dans ses tourments.
Les années avaient passé. L’eau avait coulé sous les ponts depuis le temps. Mais pourtant, Malo n’avait pas pu oublier ce qu’il avait ressenti à cet instant. Ces moments étaient gravés dans sa mémoire pour toujours. Le jeune homme secoua mentalement la tête pour les éloigner, plongeant encore plus loin dans ses souvenirs. Il revoyait sourire fier et maladroit de son père quand il lui avait mis une arme dans les mains pour la première fois. Malo n’était alors qu’un enfant aux yeux écarquillés, tenant sans trop savoir comment cet instrument de mort trop lourd et trop grand pour lui, mais son père l’imaginait déjà en fier chasseur, perpétuant les traditions familiales.
« Bientôt, elle sera à toi. » avait-il dit dans un murmure ému.
A cet instant, l’enfant aurait préféré se terrer à l’autre bout du monde ; mais il s’était contenté de forcer un petit sourire à l’intention de son père tandis qu’il le délivrait de son fardeau en rangeant la carabine.
Jamais il n’aurait pensé que l’enseignement de son père lui aurait servi un jour. Pourtant, c’était grâce à lui qu’il était là, qu’il pouvait se sentir en sécurité en ce lieu. C’était grâce à ces connaissances que, pendant quelques instants, il n’avait pas été écrasé sous le poids de l’horreur que le monde vivait depuis trop longtemps. Dans un geste machinal, il assembla son arme en silence, la fixant d’un air légèrement absent, sans entendre la porte s’ouvrir. Sa carabine était aussi rutilante que possible, impeccable. Un léger sourire, à peine visible, étirait doucement ses lèvres. Malo manqua de sursauter quand Massial le salua. Perdu dans ses pensées, il ne l’avait pas entendu arriver. Il répondit d’un simple signe de tête, sans pour autant quitter son interlocuteur du regard. Qu’est-ce qu’il faisait là ?! Ce n’était pas une heure pour venir s’occuper des armes à l’armurerie ! D’ailleurs, c’était bien pour ça que Malo était venu dans la nuit. Pour être seul et tranquille. Pour ne croiser personne. C’était raté. Mais pourquoi donc Massial était-il venu ici ? Etait-ce Alice qui l’avait envoyé ? Ou peut-être voulait-il être seul, lui aussi ? En tout cas, il ne semblait pas spécialement dérangé par la présence de quelqu’un d’autre en ce lieu. Il s’installait déjà dans son coin, pour se mettre au travail. Massial était rudement investi dans la vie du clan. Le jour à l’infirmerie, la nuit à l’armurerie, sans oublier ses sorties et le reste ! Mais au fond, ça n’étonnait pas Malo ; Alice n’avait toujours dit que du bien de son ancien voisin. Et Wolf aussi. Et le peu qu’avait pu constater Malo – essentiellement par micro interposé – n’avait fait que confirmer cette idée ; même si d’une certaine manière, Massial était aussi stressant. Impressionnant, dans les deux sens du terme. Après avoir rapidement parcouru la pièce du regard, Malo reporta son attention sur son arme et commença à la démonter, quand Massial reprit la parole, s’adressant inévitablement à lui. Pourquoi les gens avaient-ils ce besoin de parler quand ils étaient réunis dans une même pièce ? Malo releva les yeux vers Massial, abandonnant à nouveau sa carabine, qui devra attendre quelques instants avant de regagner son sac. Il ne pouvait pas partir maintenant, comme un voleur… La surprise marqua nettement le visage du jeune homme blond. Massial pensait vraiment que Malo travaillait à l’armurerie ? N’importe qui aurait sûrement ri en l’imaginant travailler dans le secteur de la sécurité : il était loin d’avoir la carrure, la volonté et la force nécessaires. A vrai dire, ça ne lui avait même jamais effleuré l’esprit, qu’il aurait pu travailler ici. A Alice non plus, mais ce n’était pas surprenant ; elle ne connaissait au fond pas grand-chose de l’enfance de Malo… Malo hésita un instant sur la réponse à formuler. « Je ne travaille pas ici. » était trop sec et amènerait trop de questions sur sa présence en ces lieux, sur ses compétences et sur ses raisons de ne pas en faire profiter le groupe. Conflit et tensions en vue dans un futur immédiat. Se contenter d’un simple « oui… » évasif aurait pu être une solution intéressante. Cette réponse laisserait entendre qu’il travaillait ici sans pour autant le faire réellement mentir, car tout serait laissé à l’interprétation de son interlocuteur. Mais cette réponse aurait des conséquences négatives par la suite si Massial en parlait avec David. Conflits et malaises en vue dans un futur plus lointain. Evidemment, Malo pourrait toujours prétendre ne pas avoir compris que Massial pensait qu’il travaillait ici, mais il n’avait pas envie de s’enliser dans ce genre de situation. D’autant plus qu’il s’agissait de Massial, et pas du premier abruti venu… Par contre, l’autre avantage, non négligeable, de cette réponse était le fait que ce manque d’approfondissement ferait probablement retomber la conversation. Ou alors, Massial lui poserait des questions pour savoir depuis quand il travaillait ici, ce qui l’y avait poussé… et ça le forcerait à admettre qu’il n’y travaillait pas. On en revenait donc au premier cas. - C’est pour l’aider que tu es venu ici à cette heure ?Éluder les sous-entendus de la remarque de Massial. Troisième solution. Il ne répondait pas vraiment mais après tout il n’y avait pas non plus de question… Par contre ça risquait de relancer un peu trop la conversation. Enfin, il verrait comment la situation évoluerait…. |
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| | | Jeu 1 Mar - 21:59 Massial Jordan S’évertuant à déplier le grand couteau de chasse, c’est le silence de l’autre humaniste qui lui fit lever les yeux de la tâche en cours.
« C’est pour l’aider que tu es venu ici à cette heure ? »
« En quelque sorte… »
Ce n’était pas tout à fait vrai. Ce n’était pas tout à fait faux non plus. Il fallait qu’il s’occupe. Et autant le faire utilement. La nuit, entre ces murs, ses options variaient généralement entre la salle d’entrainement, l’infirmerie ou – comme cette nuit – la partie accessible de l’armurerie. Pinçant les lèvres, le jeune homme força péniblement la lame contre l’établi jusqu’à ce qu’elle s’ouvre complètement, indifférent à l’énième marque qui resterait sur le bois brut.
« Tu es spécialisé dans les carabines à levier ou tu touches également au reste ? »
Question pratique avant tout, afin de déterminer sur quoi Massial devrait se concentrer lors de ses futurs passages et ce qu’il ferait mieux de déléguer pour une efficacité optimale. Pourtant, en y réfléchissant, c’était tout de même curieux qu’Alice ne se soit pas empressée de venir lui annoncer la nouvelle… Quoiqu’il était vrai, que l’ancien solitaire n’était pas l’oreille la plus attentive qui existe pour les bavardages. Il n’était plus vraiment le garçon agréable et ouvert qu’il avait été pour elle… Oh, elle n’avait pas besoin de le rabâcher. Il n’était pas dur de le réaliser. A chaque fois qu’elle le voyait, elle revoyait celui qu’il n’était plus, celui qu’il ne serait plus jamais… Pourtant…
Pourtant, c’était comme si, elle, elle n’avait pas changé. Comme si la brune était restée celle qu’elle avait toujours été. Souriante. Vivante. Insouciante. Il savait que c’était faux ; que ça ne pouvait être totalement vrai ; qu’ils portaient tous en eux les traces des dernières années. Malo et Alice étaient restés proches, eux… Il en vint à se demander de quoi pouvaient être faits leurs échanges et leurs préoccupations. Les comprendrait-il, lui ? Il n’en était pas certain. Est-ce que l’ancien informaticien gérait mieux que lui ? Est-ce que Malo avait les mots justes avec elle ? Probablement. Massial l’espérait.
Remarque, ça serait difficile de faire pire.
Les siens n’étaient jamais les bons.
Peu importe… Il ne voulait pas y penser. Si seulement son cerveau pouvait trouver le bouton off, ce soir. Heureusement, il quitterait à nouveau bientôt ces murs. L’adrénaline était un bon remède aux maux le rongeant, tuant temporairement les symptômes latents. |
| | | Mer 18 Avr - 17:59 Malo Gassaurang
A entendre sa réponse aussi évasive celles de l’ancien informaticien, Massial ne semblait pas vraiment vouloir justifier sa présence ici. Pas plus que Malo en tout cas. Les deux grands bavards étaient réunis ! Le silence retombait.
Au final, Malo trouvait que ce n’était pas si mal. Pas besoin de s’étendre sur les raisons de leur présence ici. Et de manière générale, pas besoin de parler si Massial ne le voulait pas non plus. Ce silence, voulu des deux côtés, c’était ce qu’il y avait de plus simple pour laisser retomber la conversation. Pas comme avec Alice qui aurait pu repartir sur tout et n’importe quoi à partir de n’importe quelle réponse (ou absence de réponse). Quelle bavarde, celle-là ! Malo l’appréciait beaucoup – elle était un peu comme une sœur pour lui, une sœur qui en sait un peu trop et dont il connait également beaucoup de choses – mais il ne pouvait nier son côté pipelette. Et cet aspect de la personnalité de la miss, s’il le sauvait parfois ou lui évitant d’avoir à parler lors de leurs conversations, avait aussi ses inconvénients…
Malo termina de ranger ce qu’il avait à ranger. La pièce n’était plus animée que par des légers bruits métalliques témoignant de la présence et de l’activité des deux jeunes hommes. Des cliquetis, des frottements. Rien de plus. Malo allait pouvoir s’en aller. Retourner dans sa chambre, s’isoler à nouveau. Mais c’était sans tenir compte du fait que tout me monde – même Massial – était plus enclin à parler que lui. Malo leva les yeux vers son interlocuteur.
- … Spécialisé…. ?
Il marqua une légère pause, retenant un soupir et reporta son attention sur sa carabine. Ca allait trop loin. Éluder des questions, presser la fin d’une conversation, d’accord. Mais mentir ouvertement ? Non. Et puis, pas à Massial. Et pas seulement parce qu’il était impressionnant, ce gaillard !
- Je.. je sais m’occuper de mes armes… ça ne va pas plus loin.
Massial comprendrait probablement toute la portée de cette réponse. La raison de la présence de Malo à l’armurerie. Le fait que l’arme soit à lui. Le voile serait levé sur sa supercherie. Enfin, supercherie… le mot était un peu grand. Malo n’avait fait que venir ici en cachette, laisser croire ce qu’il voulait à Massial et éluder les questions, sans pour autant mentir.
Mais l’ancien informaticien n’osait pas relever les yeux vers son interlocuteur. Son manque de confiance en lui était presque palpable. Massial verrait-il qu’il ne concernait pas seulement les rapports humains ? L’informaticien se dévalorisait ; il aurait très certainement pu se débrouiller avec d’autres armes, quitte à devoir se renseigner un peu dessus en amont pour s’assurer de ne pas faire de bourde. Les armes étaient loin d’être sa passion, mais il avec vécu avec durant toute son enfance, après tout… Sinon, comment aurait-il prendre soin de cette carabine et comment se serait-il senti en sécurité avec cet engin de mort entre les mains ? Il n’avait pas vraiment le profil d’un gars qui aime les armes à feu…
Malo se leva, terminant de ranger sa carabine dans son sac. Il l’avait soigneusement démontée, avec une apparente facilité, pour pouvoir la ramener le plus discrètement possible jusqu’à sa chambre. Finalement, il leva les yeux vers Massial, un peu tendu sans trop chercher à le montrer. Il ne s’était écoulé d’une poignée de seconde mais cet instant lui avait semblé durer une éternité.
- Je… vais te laisser terminer ce que tu as à faire. Désolé…
Désolé d’être venu ici ? Désolé d’être un boulet inutile ? Désolé de n’avoir pas été sincère dès le début ? Désolé de fuir, une fois encore ? Désolé d’être là, alors que tant d’autres personnes le méritaient sans doute plus que lui ? Juste désolé… sans doute d’un peu tout ça à la fois. |
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| | | Mar 15 Mai - 21:08 Massial Jordan Oui, « spécialisé ». Qui avait-il de compliqué dans sa question ?
« Je.. je sais m’occuper de mes armes… ça ne va pas plus loin. »
Le geste de l’humaniste aux cheveux longs se suspendit une seconde avant qu’il n’applique du solvant antirouille sur l’éponge usée jusqu’à la corde qu’il venait de ramasser sur les étagères derrière lui.
Ses armes…
Ça n’allait pas plus loin ? Oh si. Et pourquoi ça serait tout ? Pourquoi ça n’irait pas plus loin, alors qu’il y avait des modèles similaires, à peu de choses près ? Parce qu’il l’avait décidé ? Parce qu’il ne pouvait pas ? Parce qu’il ne savait pas ? … Ou… parce qu’il ne voulait pas ?
En face, Malo ne semblait pas des plus à l’aise. Massial n’avait même pas besoin de le regarder pour le percevoir. Et peut-être bien qu’il avait raison de ne pas l’être, au final. Tout en commençant à frotter énergiquement la lame, l’ancien motard ne sourcilla pas en entendant l’autre homme se lever pour se préparer à partir.
« Je… vais te laisser terminer ce que tu as à faire. Désolé… »
Une chose était sûre, c’est qu’à travers un micro, il l’avait entendu plus affirmé… Autrefois.
C’était loin, maintenant…
« Assis toi. »
Attrapant le second couteau, le jeune responsable du secteur médical le posa avec un bruit sec devant la place que l’ami d’Alice venait de quitter… ou tentait de quitter. Arrêtant temporairement de décaper, il leva les yeux vers son interlocuteur. Après tout, Malo ne venait-il pas de dire qu’il savait s’occuper de ses armes ? Peut-être saurait-il régler le jeu présent.
« Assis toi, s’il te plait, et accorde-moi quelques minutes. Ou va te coucher et je te souhaite une bonne fin de nuit, mais je veux le nom de ton chef de secteur avant… »
Et si Malo refusait, l’ancien solitaire saurait bien le trouver par lui-même.
Silence volontaire ? Incertitude ? Secondes de réflexion ? Massial recommença son décapage avant de briser à nouveau le court silence, d’un ton aussi neutre que précédemment.
« C’est à toi de décider. Je lui poserai plus ou moins les questions que j’aurais à te poser, comme… Quel poste occupes-tu ? Y a-t-il possibilité de te dégager du temps ? A-t-il déjà parlé de toi à David ou Ace ? Ou encore… […] »
Il n’aimait pas particulièrement passer par un intermédiaire, mais si c’était le choix de Malo, il ferait ainsi. De toute manière, il n’allait pas l’asseoir de force pour l’interroger. Bien que… Bien qu’il était assez curieux de découvrir à quelle tâche l’ancien informaticien avait été affecté, soit plus importante que celle-ci, qui le garde entre les murs, mais soit si prenante que Massial ne l’y croise quasiment jamais et qui ne lui laisse pas une heure disponible à consacrer pour aider à l’entretien des armes, malgré des connaissances visiblement présentes.
Levant à nouveau calmement les yeux vers son interlocuteur, son regard se darda dans le sien. Imperturbable. Jonas aurait probablement ricané. Quelqu’un d’autre aurait pu lui rappeler qu’il pouvait parfois mettre mal à l’aise. Il n’en avait… pas toujours conscience.
« […] Sait-il ? » |
| | | Sam 14 Juil - 23:18 Malo Gassaurang
Quand l’ordre de se rassoir tomba, Malo se figea. Dire qu’il était mal à l’aise serait un euphémisme. Mais mieux valait ne pas dire que son stress était à son paroxysme, car la situation pouvait encore empirer.
La tête légèrement baissée, la respiration presque inexistante, Malo se contenta de relever légèrement les yeux pour pouvoir observer les faits et gestes de Massial. Son regard se fixa sur le couteau que l’ancien voisin de Wolfy venait de saisir. Le claquement sec de l’arme déposée devant lui le fit presque sursauter. Le blondinet à lunettes n’en menait pas large. Il releva lentement les yeux vers Massial.
Massial réitéra sa demande. Malo hésita. Rester parler avec Massial ou partir en lui disant le nom de son chef de secteur ? S’il avait vraiment eu le choix, Malo serait surement déjà loin d’ici. En fait, il aurait largement préféré être loin d’ici : Il aurait mieux fait de ne pas venir du tout ! Mais il ne pouvait pas partir maintenant. Ca ne ferait que retarder les ennuis et empirer la situation, car ça impliquait de mettre beaucoup de choses sur le tapis. Il ne voulait pas mentir et il ne pouvait pas se cacher derrière des non-dits. Il devrait donc dire la vérité. Il aurait donc à donner des explications, à justifier l’injustifiable.
Mais quelle explication donner au fait qu’il n’était rattaché à aucun secteur ? Dire qu’il n’avait pas confiance en ses capacités, qu’il ne savait pas vers quoi se tourner, qu’il n’osait pas s’impliquer... Même si c’était sans doute un mélange de tout ça et de plein d’autres choses et même si on pouvait sans doute deviner ce qui se passait dans sa tête en le connaissant un peu, ce n’était pas quelque chose de facile à dire. Et puis, Massial comprendrait-il vraiment ? Lui-même avait du mal à accepter sa propre attitude, sans pour autant se sentir capable de se donner les moyens de changer. Ce qui ne l’aidait pas à aller de l’avant.
Malo n’aimait pas la position dans laquelle il était. Les mots de Massial résonnaient dans sa tête : « c’est à toi de décider ». Malo n’aimait pas cette expression. Il n’aimait pas ce choix qui n’en était pas un. Quelle que soit la voie empruntée, dans un cas comme dans l’autre, ça risquait d’être long et pénible.
Malo soupira légèrement lorsque la dernière question de Massial tomba, sèche et tranchante comme un coup de poignard. Il obéit mécaniquement à l’ordre initial, se rasseyant sur son siège. Il fallait qu’il assume.
Les questions étaient posées. C’était à lui de répondre. Mais le regard de Massial n’aidait vraiment pas ! Les souvenirs – les sensations, les angoisses plus exactement – de son enfance remontaient. Il se sentait comme le gamin harcelé par ses camarades qu’il était autrefois. Dire que c’était lui l’aîné, dire qu’il était un vrai dragon du temps béni de l’apogée de la guide Swordae... Ce temps là était bien loin maintenant. C’était une époque révolue qui trouvait sa place dans les rêves. C’était comme ces quelques années n’avaient été qu’une parenthèse dans sa vie. Comme si elles n’avaient jamais existé. Et les effacer niait son épanouissement et le raccrochait plus fermement à un passé lourd de brimades et d’angoisses.
- Je... j’ai du temps... Je peux en avoir.
Malo déglutit légèrement, respirant lentement pour calmer – sans trop de succès – son cœur que le stress faisait s’emballer. Il se passa la langue sur les lèvres, pour inconsciemment gagner un instant supplémentaire.
Massial ne se satisferait pas de ce bout de réponse. Malo devait devancer les questions. Eviter d’en subir des plus difficiles encore. Eviter d’agacer davantage son interlocuteur. Mais bon, même s’il avait du temps libre – ou du moins du temps qu’il pouvait occuper pour aider un autre secteur – pouvait-il vraiment travailler ici ? Lui, dans le domaine de la sécurité ?! Lui, s’occuper des armes ? Veiller à la sécurité des autres ? Il était à peine capable de se défendre lui-même ! Son manque de confiance en lui était flagrant dans son regard, dans son attitude.
- Je... je veux bien aider à l’armurerie, mais je n’ai pas grand-chose à apporter au secteur de la sécurité...
Oui, il était sérieux. Les armes à feu, ça n’avait jamais été sa vocation, il ne s’était jamais vraiment renseigné dessus. Pas assez pour en faire son métier. Pas assez pour que son existence soit définie par ces compétences. Et ses petites connaissances étaient reléguées à l’ordre d’un vague souvenir d’enfance. Des choses qu’il savait parce qu’il les avait apprises il y a longtemps, tellement longtemps qu’elles en étaient devenues naturelles. Tellement naturelles qu’il n’y faisait pas attention, qu’il n’en voyait pas l’importance. Comme ces collégiens qui parlent anglais à la maison et qui ne voient pas en quoi ça peut être compliqué pour leurs camarades de classe découvrant cette matière.
Un bras replié contre son ventre dans une position de victime, se passant la main dans les cheveux de l’autre bras, Malo n’en menait pas large et redoublait d’effort pour limiter le stress et calmer sa respiration.
Pourquoi était-il venu à l’armurerie ce soir ? Pourquoi avait-il rejoint les Humanistes ? Pourquoi était-il ici, alors que tant d’autres avaient péri ?
La douleur s’ajoutait à l’angoisse. Il ferma brièvement les yeux puis les releva vers Massial. Perdu, il demanda, dans un murmure :
- Tu crois vraiment que je peux avoir ma place ici ?
Ici, à l’armurerie ? Ou ici, chez les Humanistes ? Lui-même ne savait pas trop. Un peu des deux, sans doute. Mais Massial n’avait probablement pas idée des tourments de son aîné... |
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| | | Ven 28 Sep - 23:00 Massial Jordan Malo avait du temps.
C’était bien ce qui lui semblait.
Silence. Pendant un instant, Massial cru que l’autre humaniste allait s’y enfermer et il soupira en son for intérieur. On aurait également dit que si Malo en avait eu la possibilité, là, tout de suite, il aurait fusionné avec sa chaise afin de disparaître.
Inutile de répéter les questions. Il apparaissait clairement que David ou Ace n’avaient jamais eu le jeune homme sous la main.
« Je... je veux bien aider à l’armurerie, mais je n’ai pas grand-chose à apporter au secteur de la sécurité... »
Pas grand-chose à apporter ? Peut-être était-ce la fatigue de cette heure tardive, l’irritabilité de ce genre de réveil, mais derrière ses traits inexpressifs, le plus jeune des deux hommes sentit son sang s’échauffer et une soudaine envie de secouer son interlocuteur qu’il refreina.
« Arrête de… »
Il se tut face à l’attitude de l’autre humaniste et derrière l’agacement se sentit soudainement très las. Baissant les yeux sur l’arme qu’il tenait, il recommença à en frotter la lame. Tout ce qu’ils vivaient, ils n’auraient jamais dû avoir à y être confrontés, mais c’était ainsi. Il exécrait cette passivité dans laquelle se complaisaient ou se planquaient certains, se laissant porter… par d’autres.
« Arrête de te cacher derrière des excuses » souffla-t-il finalement.
Posant ce qui lui occupait les mains, Massial dévisagea l’ami d’Alice.
« Malo, on est sur Paris… ça ne pèse pas lourd les gens qui ont eu des armes entre les mains avant l’épidémie. Toi, tu sais. Tu as appris les bons gestes, là où d’autres ont improvisé leur apprentissage, tâtonnent, bidouillent, et se gourent. Ce n’est probablement pas parfait, mais si tout le monde se cachait derrière ça… où crois-tu qu’on serait ? »
Il s’agissait d’une question qui n’en était pas vraiment une. Il en avait une liste longue comme le bras, de gens s’étant essayé à des domaines n’étant pas du tout les leurs professionnellement avant tout ça ou aux connaissances incomplètes… Pourtant, il fallait bien en faire quelque chose. Il fallait bien essayer pour améliorer ensuite. Ceux ayant simplement confié leur survie à d’autres sans y contribuer ne pouvaient comprendre.
Malo ferma les yeux, mais son cadet garda les siens rivés sur lui.
« Tu crois vraiment que je peux avoir ma place ici ? »
Le doute mal géré – pareil à la peur – ça clouait un homme. Ça le gâchait, l’enfermant dans l’indécision et l’inaction perpétuelle, entretenant d’autres doutes et devenant une spirale ne pouvant que le voir régresser. Le pire était toujours ce qui paralysait.
Le silence plana quelques secondes, le temps pour le plus jeune des deux adultes d’analyser sous quel sens devait être prise cette question, mais au fond… peu importait. La réponse restait la même, à ses yeux :
« Je crois que c’est avant tout à toi de le savoir. »
Tandis qu’il détaillait son interlocuteur et son attitude générale, les sourcils de Massial se froncèrent légèrement avant qu’il ne secoue négativement la tête et fasse calmement signe à l’autre homme de se redresser et de lui faire totalement face.
« Privilégie une respiration abdominale. »
Sans un mot, décomptant mentalement les secondes, il lui fit signe de tenir l’inspiration, faisant de même pour l’expiration.
« Et recommence. »
Voilà… Et on recommence.
Lui laissant quelques secondes, il récupéra l’arme ayant eu son attention un peu plus tôt, s’attaquant grossièrement aux pièces suivantes.
« Oui, je crois que tu peux avoir ta place ici. Si tu le veux, mais quand on veut, il faut s’en donner les moyens. »
Il suspendit son travail pour la seconde fois, prenant le temps de capter le regard de son interlocuteur avant de poursuivre :
« Fais des choix Malo, fais tes choix, ou d’autres les feront pour toi. »
Et personne ne pourrait mieux les faire à sa place. Il ouvrit la bouche… … Et la referma. Ravalant des paroles à la tournure pouvant être perçue comme trop acide. Un soupir passa finalement ses lèvres et l’une de ses mains se perdit sur sa nuque.
« Demande-toi ce que tu veux. Et sois honnête avec toi-même. Sais pourquoi tu fais les choses et… »
C’était sans doute le meilleur conseil que le jeune responsable pouvait donner, s’il fallait en donner un, le meilleur carburant. Les objectifs donnaient une direction. De la volonté.
Ensuite…
« Ose. »
Sinon tout ça resterait à l’état embryonnaire. Il fallait savoir se donner le coup de pied au cul. Sortir de ses zones de confort pour en étendre les limites et gagner en assurance. Ça s’appelait aussi grandir. Ce que certains ne faisaient jamais réellement et qui n’était pas toujours une question d’âge.
« Trompe-toi, s’il faut… Accorde-toi le droit d’essayer et le droit à l’erreur. Elle vaut souvent mieux que la passivité. »
Evidemment, il y avait erreur et erreur, mais… Quand d’autres restaient immobiles, une action – et parfois même une erreur – permettaient de progresser et de rectifier, là où les premiers restaient au point mort.
Devant l’air interloqué de l’autre jeune homme, Massial surprit un fin sourire étirer ses lèvres et ses bras se croisèrent sur l’établi, son regard se braquant dans les yeux verts face aux siens.
« Ce n’est pas confortable, je te l’accorde, mais… Tu sais… Chaque jour, nous avons 10% du clan qui concentre un nombre incalculable d’erreurs. Paradoxalement, leur capacité d’apprentissage et de progression est exponentielle. Je parle de la classe d’Alice. » Il marqua une courte pause. « A bien y réfléchir, le reste ne fonctionne pas si différemment. Si ? »
Et, où en seraient-ils, s’ils n’étaient pas passés par là ?
Combien de fois les gamins tombaient pour apprendre à marcher ? Combien de ratures pour écrire ? Combien de questions nécessaires pour tout et rien ? Il ne savait pas à partir de quel âge, on finissait par se sentir au dessus de tout ça ou l’on se braquait au moindre échec, incertitude, et pourtant… Le geste parfait du premier coup, ça n’existait pas. Ça pouvait même ne jamais arriver, mais ça se perfectionnait et il valait mieux un résultat imparfait que pas de résultat du tout.
Essaie, tombe, relève-toi, corrige… N’est-ce pas ça aussi la vie ?
« Quoique tu fasses, ici ou ailleurs, arrêtes de longer les murs. Prends la place à laquelle tu as le droit. Occupes la. Et dis merde même, quand il faut. » |
| | | Sam 29 Sep - 22:33 Malo Gassaurang
Malo aimait le calme et le silence. Plus exactement, il n’aimait pas avoir à parler avec des gens ou devoir être en présence d’autres personnes. Mais là, en cet instant, le silence était pesant depuis qu’il avait formulé ses doutes. Le silence avait plané à peine quelques secondes, mais elles avaient semblé durer une éternité. Une éternité durant laquelle le doute et l’angoisse se mêlaient de manière plus oppressante que jamais.
Les paroles de Massial résonnaient encore dans sa tête comme un écho. « Arrête de te cacher derrière des excuses ». Etait-ce ce qu’il faisait, se cacher derrière des excuses ? Malo se sentit mal tout à coup. Evidemment qu’il se cachait. Fuir et se cacher, il l’avait toujours fait. Fuir ses camarades de classe et se cacher derrière un ordinateur. Fuir les infectés et se cacher derrière les murs épais du château. Ou fuir les gens de son propre clan et se cacher dans sa chambre... Mais il ne se cachait pas derrière des excuses, du moins il n’en avait pas l’impression. Il ne mentait pas en prétendant ne pas pouvoir être utile au clan. Il ne servait pas des fausses excuses à tout va pour s’éviter corvées et services. Il ne se sentait réellement utile et efficace que derrière un ordinateur. Mais Internet n’était plus qu’un lointain souvenir. Sa vie virtuelle, qu’il s’était construite et dans laquelle il avait pu s’épanouir, avait été anéantie. Maintenant, il n’était plus rien. Malo se sentait réellement inutile. Il ne voyait pas comment un informaticien comme lui pouvait être utile dans un monde où l’informatique n’avait plus une place aussi importante qu’avant l’épidémie.
Pourtant, il pouvait être utile. Massial le lui avait fait comprendre. Mais il fallait que cette idée s’ancre plus fermement dans la tête de Malo. Et surtout il fallait qu’il renoue avec une époque qu’il avait cherché à éloigner. Ses compétences par lesquelles il avait toujours refusé de se définir pouvaient être utiles au clan. Etait-il vraiment prêt pour ça ? Etait-il vraiment capable de s’investir dans ce domaine dont il n’avait que des connaissances incomplètes ? Sa place était-elle vraiment ici ?
« Je crois que c’est avant tout à toi de le savoir. »
Le silence fut brisé par une réponse qui renvoyait l’ancien informaticien encore plus loin dans ses doutes et ses questions. Evidemment que c’était à lui de savoir où était sa place. C’était à lui de la trouver, lui seul était capable de savoir ce dont il avait besoin… Mais en était-il seulement capable ? S’investir auprès des Humanistes lui semblait être une tâche insurmontable. Il fallait trop se mêler aux gens, se lier avec les autres ; et il n’avait pas suffisamment confiance en lui pour ça. Il ne se sentait pas à sa place au château. Il y était venu pour suivre Alice mais cet endroit impliquait tellement d’autres choses auxquelles il n’avait pas pensé en revoyant la sœur de son meilleur ami. Il s’était tellement de fois posé des questions à ce sujet, depuis son arrivée. Et encore plus au moment du déménagement vers le château. Il avait failli partir. Mais il était toujours là. Et puis, partir pour aller où ? Retourner dans les galeries du métro ? Errer seul ? Non, au final, ce lieu était le plus sécurisant même si Malo avait du mal à accorder sa confiance à tout le monde. Il se dégoutait lui-même, mais il se sentait tellement faible...
Malo baissa les yeux. Pourquoi avait-il posé cette question..?
C’est quand Massial lui fit signe de se redresser que Malo se rendit compte que sa respiration s’était un peu accélérée. Machinalement, l’ancien informaticien se contenta d’obéir, faisant face au médecin du clan, inspirant et expirant lentement. Le ventre de Malo se gonflait et se dégonflait doucement. Son stress diminuait progressivement. Le regard qu’il adressa à Massial était finalement plus calme. Etrangement, l’attitude, la présence, les paroles de Massial le rassuraient.
Massial lui conseillait d’oser, de se bouger. De ne pas rester passif. Il fallait qu’il fasse ses propres choix et qu’il se donne les moyens d’agir, d’atteindre ses objectifs. Malo en était conscient. Dans un monde virtuel, il en était même capable. Mais dans la vraie vie, était-ce aussi simple ? Il ne s’accordait aucun droit à l’erreur. Il avait été suffisamment blessé par les autres durant sa vie pour leur donner d’autres raisons de recommencer. Ne pas tendre le bâton pour se faire battre…
Pourtant, les erreurs sont formatrices. C’était en échouant plusieurs fois qu’il finissait par trouver la stratégie parfaite pour vaincre les boss de ses raids et donjons en tout genre. Mais une fois la stratégie établie, alors il n’y avait plus de place pour l’erreur ou l’approximation. Une telle exigence était-elle trop grande ? Pour la vie virtuelle, sans doute pas. Les personnages sont programmés pour répondre à certaines commandes ; il n’y a pas de place à l’imprévu, tout peut être calculé. Mais dans la vraie vie, rien ne pouvait être aussi réglé. Il était impossible de prendre en compte tout les paramètres...
Malo baissa la tête. Il reconnaissait que les erreurs des enfants leur permettaient de grandir, qu’elles étaient une étape incontournable pour progresser. Mais déjà, enfant, il avait énormément de mal avec les erreurs notamment à cause des moqueries de ses camarades. Alors, à son âge, pouvait-il encore s’en permettre ? Et surtout, serait-il capable d’assumer les conséquences, le regard des autres ? Pourtant, il ne pouvait pas se permettre non plus de vivoter dans un semblant de confort artificiel.
« Quoi que tu fasses, ici ou ailleurs, arrête de longer les murs. Prends la place à laquelle tu as le droit. Occupe-la. Et dis merde même, quand il faut. »
Serait-il capable de s’affirmer ? Avait-il le droit à une quelconque place, alors qu’il ne faisait rien de particulier pour le clan ? La place qu’il avait déjà lui suffisait amplement, et il n’aurait pas été contre le fait d’avoir encore moins d’attention. Alors s’opposer aux autres, non, clairement pas. C’était inconcevable.
Malo hocha légèrement la tête, sans conviction. Même s’il avait rejoint le clan, il ne se sentait pas légitime ici, mais il ne se sentait pas non plus capable de se donner les moyens de l’être davantage. Alice était prête à l’aider, elle avait déjà essayé, mais les doutes de Malo formaient un mur encore trop épais pour qu’elle puisse lui prendre la main et l’entraîner vers les autres. Elle s’y était heurtée plus d’une fois. Mais pourtant, ce n’était pas elle de le faire. C’était à lui de briser ces chaînes invisibles qui le retenaient, qui le paralysaient. En était-il seulement capable ? Ah, il était bien loin du dragon sûr de lui, aboyant ses ordres et ses critiques.
Mais qui n’aurait pas changé, en vivant une telle situation ? Les uns s’enfermaient sur eux-mêmes, les autres se montraient encore plus enjoués pour faire oublier la terrible situation à leurs proches. Tout le monde évoluait. Malo avait plutôt l’impression d’avoir régressé quand son monde s’était effondré. Il avait été dévasté, et rien ne permettait de le reconstruire. Pourtant, il fallait qu’il se ressaisisse.
- Merci… lâcha-t-il finalement après un moment de silence pensif.
Massial était quelqu’un de bien. Malo comprenait mieux maintenant comment Alice avait pu se laisser séduire par son charmant voisin. Il ne put retenir un léger sourire en se rappelant de l’état de la jeune fille quand elle avait compris qu’elle avait peut-être une chance de lui plaire… Dommage que ça n’ait pas marché entre eux.
Il chassa ses souvenirs et se remit au travail, saisissant le couteau que Massial avait mis devant lui un moment plus tôt. Régler le jeu de l’arme n’était pas très compliqué en théorie. Son père lui avait expliqué comment faire lorsqu’il était enfant, et il avait même réutilisé ses connaissances sur l’arme d’Alice. Si Wolfy avait su un jour que ce couteau sortirait de sa vitrine et servirait à défendre sa sœur…
Plus sereinement, il alla chercher les outils dont il pourrait avoir besoin, contournant le chien qui avait accompagné Massial, puis il retourna à sa place. Appliqué et minutieux, le jeune homme s’évertuait à rendre une nouvelle jeunesse à l’arme qui lui avait été confiée.
Serait-ce ça, sa nouvelle voie ? Sa nouvelle vie ? Est-ce que ça serait si dérangeant, au fond ?
Après tout, Malo devait faire quelque chose et c’était très certainement ici qu’il serait le plus utile. Il n’allait pas s’occuper des mômes ou des plantes : ni les uns ni les autres n’auraient grandi correctement sous sa garde. Il n’allait pas non plus monter la garde : il faisait un bien piètre combattant, contrairement à ses personnages qui ne lui étaient plus d’aucune utilité. Le travail à l’armurerie lui permettrait de se rendre vraiment utile sans pour autant avoir à s’exposer et à bavarder avec tout le monde. Ce n’était pas le lieu de passage incontournable du château !
Le silence plana à nouveau, jusqu’à ce que Malo se lève une nouvelle fois et dépose l’arme devant Massial, dans un léger claquement métallique. Travail terminé.
- Tu... veux que je m’en occupe ? demanda-t-il en désignant du regard les armes qui attendaient les bons soins de Massial. Tu ne vas pas avoir beaucoup de temps à dormir avant d’aller à l’infirmerie…
Même s’il ne sortait pas beaucoup, Malo connaissait visiblement assez bien les horaires et les fonctions d’un certain nombre de personnes. Pas aussi bien qu’Alice, évidemment, et pas forcément de manière aussi personnelle… mais il s’était quand même renseigné sur les allées et venues dans les différents secteurs, ne serait-ce que pour savoir à quel moment la voie était libre. |
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| | | Sam 4 Mai - 19:36 Massial Jordan Il n’était pas sûr d’aimer ce rôle, mais Malo lui avait posé une question et, pour y répondre, il estimait que ce qui avait été dit devait l’être. Malo en ferait ce qu’il voudrait, mais les changements venaient avant tout de déclics personnels. S’il désirait rester, il devrait en effectuer.
« Merci… »
Un regard indéchiffrable se posa sur l’ami d’Alice.
« Je t’en prie » souffla-t-il finalement en réponse et le silence reprit ses droits, seulement piqué par les bruits de leurs activités respectives, et pourtant moins lourd.
En fin de compte, l’ancien informaticien avait décidé de rester et le second humaniste en éprouva une certaine satisfaction.
« Tu... veux que je m’en occupe ? Tu ne vas pas avoir beaucoup de temps à dormir avant d’aller à l’infirmerie… »
Levant les yeux de l’arme enfin démontée, ceux-ci allèrent de l’autre arme à l’autre blond avec un léger étonnement marqué sur ses traits fatigués. La cause en était moins le résultat ou l’offre que la conclusion accompagnant la dernière phrase. Malo semblait avoir travaillé assidument à sa stratégie d’évitement.
Ça en faisait une sacrée dose d’énergie gaspillée, juste pour pouvoir circuler en rase-mottes. Et c’était d’un ridicule… S’en rendait-il compte ?
« Si tu souhaites continuer à te refaire la main… »
Poussant la sacoche devant son aîné pour l’inviter à se servir, si Malo le désirait. Massial s’appliqua ensuite à donner une seconde jeunesse aux diverses pièces métalliques de son patient du moment.
« … mais dormir n’entre pas dans mes projets immédiats. »
Dormir. Bien que Malo venait de mettre le doigt sur l’évidence, le jeune chef du secteur médical répugnait à regagner sa chambre et les fantômes qui y stagnaient. Même la présence de Mélodie – pourtant de chaire et d’os – le renvoyait à d’autres préoccupations, avec le départ d’Aimie en première ligne.
Allait-elle bien, au moins ?
Par cette action irréfléchie, en plus de se mettre en danger, elle avait pris le risque de fragiliser l’ensemble du clan, sans même s'en apercevoir, il en était certain. Pour l’instant, rien ne semblait avoir été remis en cause… Personne n’avait encore mentionné le coup de canif que ça représentait dans la confiance qui lui avait été donnée. Dans la confiance qui leur était donnée. Malgré les apparences, le groupe souffrait encore de la scission et de nombreuses choses avaient encore besoin d’être consolidées. Ce bol d’air impromptu se révélait des plus inopportuns.
A cette pensée, Massial se retint de se passer les mains sur le visage.
L'autre vérité était simple ; il était mort d'inquiétude.
Il savait que le poids était lourd. Aimie avait sans doute souffert de la pression plus que quiconque ; puisque cette idée – salvatrice – ils la lui devaient. Pourtant, le projet avait été mené à bien et, plus que jamais, ils devaient continuer à se montrer fiables et faire bloc. Le conseil avait gagné beaucoup plus de pouvoir récemment, ses membres passant sans transition de conseillers à décideurs au sein du clan, et il était absolument nécessaire que leur autorité persiste intacte, pour le moment. Beaucoup demeuraient marqués par le déménagement, ainsi que son élément déclencheur et les humanistes avaient besoin de constance… De cette façon – et ce même si Mariame était contre, dans la foulée, peut-être même récupèreraient-ils les récalcitrants toujours au lycée. Ces derniers pèseraient eux-mêmes leurs intérêts avec le recul, si le reste suivait.
Il faut que ça suive.
Il n’y avait aucune autre option acceptable. Pour ça, le conseil devait se montrer inébranlable et assuré, afin d’être rassurant en retour. Or, cette façon de disparaître dont avait usé la blonde démontrait tout le contraire, imposant aux autres membres de devoir prendre la charge de cette connerie en supplément. Mais pouvait-il seulement la blâmer tout à fait ? Oui. Et Non. Qu’Aimie le veuille ou non, le rôle qu’elle avait endossé et son ancienneté faisait de la fuyarde récidiviste l’une des personnes les plus importantes du clan. David devrait l'en faire prendre conscience en urgence, dés sa réapparition. Son choix avait été le pire de tous. La pire de toutes ses fugues.
Sauf, qu’au fond, il savait ce que ça faisait de se sentir dépassé et écrasé par le poids de toutes ces vies. Ils n’étaient pas infaillibles, mais devaient en avoir l’air.
Les gens ne voulaient pas voir ce que la jeune femme avait montré. Comme si cet étrange exercice d'équilibriste était naturel: savoir être humain, mais pas trop, tout à la fois. Pas trop de failles. Surtout pas trop de failles. Des réponses, mais pas trop de questions. Et surtout pas de question sans réponse.
Cette conclusion le rendait mélancolique de moments autrement plus périlleux, mais entouré très différemment.
« Te séquestrer jusqu’à l’aube n’en fait pas non plus partie… »
… mais… Oui, Malo devinait probablement juste, il y avait un mais.
« … mais ça serait bénéfique qu’on fasse le point, dans la journée ou demain. »
La journée serait chargée, mais il aurait toujours moyen de se rendre disponible quelques minutes, si Malo se décidait à passer, tant qu’il évitait de préférence les plages horaires réservées aux consultations organisées d’avance et l’heure de secourisme, calée quelque part au milieu de l'amas de choses à faire. Georges lui aurait sans doute rappelé de battre le fer tant qu’il est encore chaud, mais Massial avait l’impression que laisser l’autre homme mettre ses idées au clair serait plus constructif pour la suite. De toute façon, Malo avait tout intérêt à revenir vers lui de lui-même. |
| | | Lun 6 Mai - 0:48 Malo Gassaurang
Malo regarda la sacoche d’armes poussée devant lui. Non, il ne souhaitait pas « continuer à se refaire la main ». S’occuper d’armes ne faisait pas partie de ses objectifs et des choses qu’il aimait faire même si une partie de lui-même ne pouvait s’empêcher de se sentir rassurée lorsqu’il le faisait en laissant son esprit s’évader. Il avait appris à le faire et, en soit, ça ne l’aurait pas dérangé de le faire occasionnellement pour rendre service à Massial. Ou peut-être même un peu plus, il ne savait pas encore. Mais en même temps, ça le renvoyait en partie à une image de lui-même et aux souvenirs d’un passé qu’il cherchait à fuir. Il ne pouvait pas dire qu’il avait eu une enfance difficile ; il était loin de ces enfants qui ont été battus par leurs parents ou qui ont vécu des drames familiaux. Mais pour autant, il n’était pas à envier. Si ses parents l’aimaient, ils étaient maladroits dans les relations familiales et Malo avait très mal vécu son enfance, se sentant étranger dans sa propre famille, dans sa propre vie. Et puis, s’il avait proposé à Massial de le remplacer, ce n’était pas pour qu’ils restent là tous les deux. L’ancien voisin de Wolf n’y gagnerait pas en temps de sommeil. Même si à deux le travail avancerait plus vite, ils n’auraient pas terminé de s’occuper de toutes les armes cette nuit. Et quand bien même ils parviendraient à vider entièrement cette sacoche, il y aurait toujours quelque chose d’autre à faire. Il y avait toujours des choses à faire. Pour finir, il fallait reconnaitre qu’il y avait tout un gouffre entre rester ici avec Massial et retrouver sa solitude rassurante à laquelle il aspirait, surtout après un moment aussi stressant. Il avait envie – il avait besoin – de s’isoler. Et s’il pouvait rendre service en même temps, c’était encore mieux. S’isoler ici ou dans sa chambre, ça ne changeait pas grand-chose pour lui, tant qu’il était tranquille et qu’il se sentait un minimum en sécurité. Il hésita. Pourtant, il n’avait pas besoin d’hésiter. D’autant plus qu’une porte de sortie était ouverte en grand : Massial ne comptait pas forcément le garder ici toute la nuit. Il le lui avait dit clairement. Un panneau clignotant avec écrit « FUITE ICI » en lettre capitales de deux mètres de haut n’aurait pas été plus voyant. C’était presque trop simple, alors évidemment, il y avait un « mais ». Un « mais » que redoutait l’ancien informaticien d’ailleurs. Massial voulait « faire le point ». Faire le point… L’ancien patron de l’informaticien utilisait beaucoup cette expression lui aussi. Trop, peut-être. Si bien que Malo en venait à la redouter. Faire le point pour voir où en était le projet sur lequel Malo travaillait, faire le point pour comprendre s’il était possible d’accéder aux demandes des clients, faire le point pour voir comment maximiser les gains, faire le point… à chaque fois, cela consistait en une pénible entrevue où Malo devait expliquer le plus simplement possible des choses pourtant évidentes pour lui, pour finalement se plier à la volonté de quelqu’un qui, bien qu’il soit totalement incompétent dans le domaine, avait tout pouvoir décisionnel. Evidemment, ici, les choses étaient différentes. Il n’était pas question d’argent. Et puis comparer Massial et son ancien patron n’aurait pas été juste. Même si Malo était assez intimidé par Massial, il le respectait et reconnaissait ses compétences. Malo aurait sans doute bien besoin de mettre ses idées au clair, de penser à tête reposée avant d’aller faire le point avec Massial. Ses nerfs avaient suffisamment été mis à rude épreuve cette nuit ! Il était encore assez retourné par la conversation qui venait d’avoir lieu ; sans doute trop pour pouvoir réfléchir de manière constructive. Et puis, il fallait que les idées mûrissent. Heureusement que Massial ne lui avait pas imposé de le faire tout de suite. Amèrement, Malo fut forcé de constater qu’il n’était pas aussi bienveillant envers tous les membres de sa guilde lorsqu’il était officier et qu’il convoquait ceux qui commettaient des erreurs. Une sérieuse remise en question se profilait. En définitive, ce « mais » que redoutait Malo était un « mais » qui n’avait aucune raison de l’empêcher de partir afin de regagner sa chambre pour la fin de la nuit, puisqu’il concernait le jour suivant et nécessitait un moment d’introspection. Et puis, prévoir une prochaine conversation, un autre jour, n’était-ce pas une façon de clore la présente entrevue ? Il n’avait qu’à donner son accord pour ce point. Il lui suffisait de dire qu’il viendrait et tout serait terminé. Il pourrait s’en aller. Malo hocha légèrement la tête sans grande conviction. Il acceptait de faire le point. Il l’acceptait d’un simple signe de tête qui aurait probablement pu être pris pour une manière d’éluder le sujet, mais il n’allait pas sauter de joie à cette perspective, tout de même. Faire le point avec Massial serait certainement un très mauvais moment à passer. Pourtant, il tiendrait parole. De toute façon, avait-il vraiment le choix ? Il ne pouvait pas passer son temps à fuir. En plus, ce genre de fuite ne lui correspondait pas : il mettait plutôt en œuvre des stratégies d’évitement, pour ne pas se retrouver confronté à l’éventualité d’une entrevue avec quelqu’un. Là, l’entrevue était déjà fixée. Et puis, le chef du secteur médical comptait dégager du temps pour lui dans son emploi du temps chargé, il ne pouvait pas refuser... Et peut-être qu’une part de lui-même acceptait de reconnaitre qu’il en avait besoin. Qu’il avait besoin de prendre confiance en lui. Qu’il avait besoin de se remettre en question. Qu’il avait besoin de ça pour changer et ne pas se contenter d’apporter son aide par petite touche en évitant au maximum de s’impliquer dans la vie du clan. Les paroles de Massial avaient commencé à remuer certaines choses, en tout cas. Même si ce n’était pas très agréable. Finalement, il compléta sa réponse par un simple mot : - ... D’accord...Ainsi, Malo aurait pu se lever et couper court à cette conversation. Il aurait pu regagner sa chambre pour se préparer à cette difficile conversation qui aurait lieu. Pourtant, il ne le fit pas. Il se servit dans la sacoche, se mettant silencieusement au travail. Une nuit (ou du moins ce qu’il en restait) d’insomnie s’annonçait. Alors autant rester ici et se rendre utile, non ? Le silence retombait, apportant une part de sérénité mais également l’écho de questions difficiles à prévoir. Des souvenirs confus et des idées dérangeantes se mêlaient dans la tête de l’ancien informaticien. Nettoyer la lame qu’il avait attrapée était un geste machinal qui lui permettait de se calmer, reléguant ce pêle-mêle mental au second plan. Du moins tant que les souvenirs de son enfance ne revenaient pas de plein fouet. Il avait 7 ans. Il aimait regarder les poules et les pintades picorer et attraper les vers qui dépassaient d’une motte de terre. Sa mère qui râlait de devoir nettoyer son pantalon boueux et les traces de pas qu’il laissait dans l’entrée à chaque fois qu’il revenait du terrain plein de gadoue. Son père qui la calmait en lui disant qu’il fallait bien que « le petit s’amuse ». Les images ensoleillées faisaient immédiatement place à la triste réalité. Son père égorgeant un chapon pour Noël. Le sang qui gicle. Son père lui proposant l’arme pour qu’il participe à cette tradition. Le sang sur la lame.
Malo secoua mentalement la tête en réalisant qu’il avait interrompu son travail, et il recommença à frotter, un peu plus fort, pour faire disparaitre la rouille. Comme s’il cherchait à essuyer ce sang qui n’était pourtant qu’un vestige du passé. Mettant de côté la lame qui était finalement bien plus atteinte que ce qu’elle semblait de prime abord, il jeta un coup d’œil à Massial, avant d’attraper une autre arme. - ... Comment tu fais pour tenir, pour tout gérer ?La question était tombée. Malo était sincèrement impressionné par la résistance et la force de Massial. S’occuper du secteur médical, intervenir dans le secteur de la défense... Et cela même au détriment de ses heures de sommeil. Il en faisait vraiment beaucoup ; peut-être même trop. Comment faisait-il pour tenir, pour supporter ? Cette question était peut-être une façon de laisser Massial évoquer ses soucis sans vraiment lui demander de le faire ? Dans un sens, Malo sentait bien que quelque chose n’allait pas. Alice l’avait perçu et lui en parlait constamment. Et rien que le fait qu’il ne compte pas dormir, malgré la lourde charge de travail qui l’attendait, était peut-être un signe... Manquer quelques heures de sommeil, ça se fait quand on est sous pression, quand on a un ultimatum, quand un danger est particulièrement présent, quand une mission spécifique nous retient. Mais là ? Quelle urgence à s’occuper des armes de cette sacoche ? Ou peut-être était-ce juste le poids normal des responsabilités. Malo avait connu ça, dans un autre domaine. Si à l’époque, cette vie virtuelle et sa guilde lui semblaient capitales, aujourd’hui ça n’était pas vraiment comparable. Mais ça donnait quand même un petit aperçu de ce que devait vivre Massial. Mais dans le cas présent, avec des vraies vies en jeu. L’ancien informaticien n’aurait certainement pas eu les épaules pour faire la moitié de ce que devait faire Massial. Massial verrait ce qu’il voudrait dans cette question : de l’admiration envers lui ancrant plus profondément les doutes de Malo envers ses propres compétences ou une façon détournée de l’inviter à parler de ses soucis sans le faire réellement ? C’était probablement un mélange de tout ça. En tout cas, ce n’était pas une question sans intérêt pour relancer la conversation ; ça ne correspondait pas vraiment au profil du blond amateur de silence ! Pour autant, Malo n’était pas insistant dans son interrogation. A le voir, il s’occupait davantage des armes que de son interlocuteur, lui laissant la possibilité de répondre ou non. |
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