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Jaques l’Éventreur..? | Sarrah

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Zoey Bourne
Zoey Bourne
Rescapé
Localisation : Peut-être un peu paumée, tiens..
Dim 18 Fév - 21:52
Zoey Bourne




Avec
Sarrah


Jaques l’Éventreur..?

C'est probablement le truc le plus mémorable qui ne lui soit arrivé durant son séjour à la Citadelle. Long, le séjour, mais bon. C'est au moins dans le Hall of Fame des événements notables de sa florissante carrière de prostituée.

Zoey était au New Born, comme d'habitude. L'ambiance y était presque toujours la même. Malgré les lumières allumées on pourrait croire qu'il y faisait toujours nuit. Le fait qu'il soit situé dans un souterrain n'aidait pas vraiment.. Les gens étaient tous comme tout droit sortis d'un film portant sur la mafia italienne. Ou alors d'un western, les types louches assis dans le saloon, la fumée embrumant la majorité de la salle, l'alcool fort. C'était une ambiance curieuse à supporter pour ceux qui y travaillaient. Rares étaient les bagarres qui y éclataient à cause de la sécurité bien présente entre ces murs, mais les menaces et les règlement de comptes devaient aller bon train. Les seules personnes à peu près à l'abris de tout problèmes étaient les filles, les prostituées, au final. C'était du moins ce que Zoey pensait.  

Elle n'avait aucune idée de ce qui se tramait. Pas même l'ombre d'un doute. Elle s'adonnait à ses activités habituelles, cherchant à séduire, à attirer les hommes vers elle. La jeune femme avait apprit à repérer ceux qui avaient de l'argent, ceux qui buvaient beaucoup, ceux qui étaient bien habillés, ceux qui étaient armés d'autre chose qu'une planche avec deux clous plantés dedans. L'expérience commençait à venir, tranquillement. Elle parvenait à ses fins et effleurait l'espoir d'un jour pouvoir quitter ce trou à rat.

Son potentiel futur client remplissait la plupart de ses critères. Portant une tenue légèrement sale, mais plus soignée que la moyenne. Mais il avait du mérite, garder un costume deux pièces blanc en aussi bon état relevait du miracle. Ses cheveux étaient ordonnés, elle n'avait pas remarqué d'arme sur lui mais le type fumait un cigare.

Il n'y avait plus énormément de cigares en circulation.

Putain, ce que ça devait coûter cher de nos jours.

Zoey l'avait approché, lui avait apporté quelque chose à boire qu'elle avait payé de sa poche. Elle savait qu'elle pourrait largement rembourser cet achat par la suite et s'assurait quelque part d'attirer l'attention de ce type. Extrêmement peu vêtue, l'air sûre d'elle, moins coincée que certaines autres, jeune, avenante, Zoey avait tout ce qu'il fallait pour l'intéresser. Il devait l'être, à la manière dont ce porc la regardait, elle l'avait comprit.

- Peut-être qu'après ça on va pouvoir aller faire plus amples connaissances, qu'est-ce que vous en dites ? lui dit-elle pleine d'assurance en portant sa main sur la cuisse de l'homme sous la table.

Le regard qu'il lui porta était encourageant, l'air de vouloir lui dire qu'il aimait son style. Elle commençait à le connaître, ce regard.

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Sarrah
Sarrah
Survivant
Jeu 22 Fév - 23:32
Sarrah

ft.Sarrah

ft. Zoey Bourne

Jack l’Éventreur ... ?



“Te souviens-tu de Zoey Bourne ?”



Quelques secondes de réflexion à peine nécessaires : comment oublier ce petit bout de brin de femme ?

Et ?

Big Boss me lance un regard perçant depuis l’arrière de son bureau avant de reprendre la lecture de son rapport comme si de rien n’était. Quel vieux grincheux à aimer les sorties théâtrales. Ah, ça, tu aimes te donner en spectacle. Et ça commence à me faire grincer des dents si tu savais. Je garde les mains derrière le dos, reste bien droite, pour ne pas laisser transparaître mon agacement. Enfin, il reprend, braquant ses yeux d’un bleu intense dans les miens.

L’affaire Jack l'Éventreur, ça fait quoi ? Bien un an et demi qu’elle a été bouclée, exact ?

Exact.

Cette prostituée a joué un grand rôle dans sa résolution.

Nouvelle pause. Ce n’est pas une question. Je ne soulignerais pas l’évidence. Tout était dans le rapport. Un sacré merdier qui donnait envie de passer l’arme à gauche tant il était glauque et sanglant.

Elle est morte.

J’accuse le coup, avant de me reprendre. Une de plus à disparaître...

Un corps ?

Non, mais il finira sans doute par émerger quelque part. Cela fait une semaine que personne ne l’a vu. Et en parlant de ça, je…


Je n’écoute plus. Zoey… Bon dieu, dans quoi t’es tu encore fourrée ?






Tout a commencé à la levée d’un jour pluvieux.




Les longs couloirs de la Citadelle étaient curieusement vides et silencieux. Seuls quelques braves rats faisaient de rares apparitions. C’était presque irréel. Une telle concentration d’être humain engendrait un bruit quasi-constant. On finissait par s’y habituer et se retrouver dénoué de lui, rendait le calme étrangement douloureux.

Mes pas sur le bitume claquaient trop fortement à mon goût et des gouttes d’eau malignes s’aventuraient dans l'encolure de mon sous-pull noir. À chaque ligne froide qu'elles traçaient sous mes vêtements, des frissons parcouraient mon corps. Un temps pourri comme je les aime. Vive les galeries en ruines de ce coin-ci. Par moment, on pouvait distinguer le ciel gris et sombre dans les interstices du plafond. On n’était plus très loin de la sortie d’une des bouches de métro. Qu’y avait-il de si urgent pour que Big Boss m’envoie là-bas ? Personne n’osait vivre aussi loin du centre névralgique de la Citadelle et des galeries souterraines. Je me stoppe. Observe le ciment devenu nu par les éléments et le passage du temps. Observe et suis du regard les formes inscrites sur lui. Chérissions-nous la sécurité relative des sous-sols sombres ou l'impression fugace d'être invisible pour le monde de la surface ?

Un garde me fait signe de continuer d’avancer, je ne dois plus être très loin.

Des traces de sang. Des traces de doigts qui courent sur les murs. Du bout des miens, je les effleure jusqu’à ce qu’une traînée de sang apparaisse sur le sol.

Elle a rampé jusque-là.” Déclara simplement Mad Doc en me montrant où le propriétaire de tout ce sang avait fini par se stopper. Ou plutôt la devrais je dire.

L’odeur était intenable.

Une charogne. Une carcasse désossée et laissée pourrir à ciel ouvert. Telle est l'image qui est apparue dans ma tête dès mes premières inspirations. La même odeur que les zombies exsudaient. Par automatisme, je me mets à respirer par la bouche avant qu'une violente nausée ne fasse son apparition. Trop tard pour un des hommes m'accompagnant.

Je rejoignais en quelques enjambées le Doc de la sécurité qui tenait plus du scientifique psychopathe que d’un généraliste patient et doux. Pour faire clair, sa spécialité était davantage la torture et les expériences douteuses que de rafistoler les vivants. Il était chétif et malingre, sa blouse d’un blanc sale trop grande pour lui. Probablement âgé d’une soixantaine d’années, il vous fixait de derrière ses lunettes d’un œil froid et terne. Son expression ne s'éclairait que lorsqu’il se trouvait en face d’un mystère ou d’une bizarrerie à résoudre. Ou d’un massacre comme c’était le cas-là.

Une femme. Les bras en croix. Le visage immaculé et figé dans une expression de souffrance et de terreur absolue. Ses paumes, elles aussi, sont tournées vers le ciel. Le reste n’était qu’une bouillie rougeâtre. Des bouts de chairs et d'intestins s'étendaient un peu partout en corolle autour d’une plaie courant du haut de son buste jusqu’à l’aine.

Doc avait suivi mon examen silencieux : “Charmant, n’est-ce pas ? Une évocation de la Vierge sans doute. Remise au goût du jour.” Il ricana avant de reprendre. “Tu vois la plaie : un seul coup. Il faut avoir une sacrée force pour faire ça.

Elle en est morte sur le coup ?

Sans autopsie, rien de précis, mais franchement même si ce n’est pas le cas, elle n’aurait pas survécu longtemps.

Quand la pratiqueras-tu ?

Il me sourit, content de lui.



“Je ne pense pas en avoir besoin. Retournons à mon labo. Tu comprendras.”  






“Voilà ma dernière pensionnaire.”




D’un geste ample, il hotte le drap blanc qui recouvrait un corps sur une table métallique.

Ma mâchoire se contracta immédiatement à la vue du cadavre sous mes yeux.

Bordel.

On lui a retiré l’utérus. Une partie de son vagin et de sa vessie également.

Mais comment pouvait-il faire et dire ça d’une manière aussi détachée celui-là ?

Il avait nettoyé le corps tout en prenant soin de conserver les tripes sorties et trouvées sur la scène du crime. Il les avait déposées sur des plateaux sur les tables à coté. Bien entendu, il avait étiqueté l'ensemble de sorte que même une néophyte comme moi savait à quoi ces tas de chairs correspondaient.

Un trou béant. Une enveloppe vide. Je m’appuie sur la table et ferme quelques instants les yeux.

Putain.

Il les a pris. Tout le reste est là autour de toi, mais pas ces organes.

Comme celle de tout à l’heure ?

Et comme deux autres avant elle. Nous avons affaire à un récidiviste.

Putain. De quand date le premier meurtre ?

Deux semaines.” A la vue de ma mine étonnée, il ajoute : “Tout a été passé sous silence pour éviter une panique généralisée. Ca concerne le NewBorn.

Pas étonnant alors… Les Jumelles ne l’auraient pas toléré.

Un tueur en série à la Citadelle…

Une première. Un aficionado de Jack l’Éventreur à n’en point douter. Fait intéressant à noter : les deux premières victimes ont été égorgées, pour ne pas dire décapitées. Le reste non. Se détache-t-il de son modèle où a t’il était dérangé ?“ Plongé dans ses pensées, il réfléchissait. “Un calculateur. Un client probablement connu depuis un moment. C’est une mise en scène. Il se sert des galeries comme d’un labyrinthe où il perd et poursuit ses victimes. Il…

Attends une minute : comment peut-il les attirer aussi loin de la Citadelle ? Elles étaient en service quand elles sont mortes ?

Un homme ou une femme charismatique, séduisant, rassurant probablement. Impressionnant même. Très intelligent avec un, je ne sais quoi d’hypnotique, de magnétique. Je ne sais pas. De grandes connaissances en anatomie sont nécessaires pour extraire de manière aussi précise les organes. Ainsi qu'une grande force et maîtrise. Quelqu'un de cultivé, amateur de classiques littéraires. Un mélange assez étonnant et rare de nos jours… Presque.. Oui un genre de fossiles de la vieille époque.” Il se tut quelques secondes. “Les Jumelles ont fait une description assez proche de toutes ces filles : des personnes relativement influençables, certaines accro à des drogues, d’autres alcooliques. Toutes avaient terminé leur journée. Peut-être qu’on leur a promis quelque chose : l’amour véritable, la richesse, une porte de sortie, de la came…

Ou peut-être qu’il ou elle les approche durant leur service. Les choisit à ce moment-là, attend qu’elles aient terminé et… Et s’en occupe. Peut-être même qu’il les enlève, les amène sur son terrain de jeu.” Les traces de mains ensanglantées sur les murs, l’expression de terreur sur les visages. “Ils les chassent.

Aucun signe de lutte, pas de contusions.

Elles ont pu être droguées ?

Possible voir probable. Impossible à vérifier, je manque de moyens.” Ses gestes deviennent brusques, exprimant toute sa frustration. “ Je manque des bons réactifs et puis dans tous les cas, le plus urgent est d’identifier notre Jack 2.0.


“Et de le neutraliser. Bien compris.”






Foutu tenue de serveur.




Le col de la chemise m’enserrait le cou et la cravate m’étouffait.

Le tissu me grattait et devoir sourire rendait ma mâchoire douloureuse. Sans parler de cette perruque grotesque aux cheveux noirs dont la frange tombait sur mon nez. Ma silhouette androgyne me rendait quelconque, mais à quel prix… Je rêvais de pouvoir arracher ces fripes, les brûler et prendre une bonne douche.

En plus de ça, depuis les trois jours où j’étais là, je n’avais rien perçu d’inhabituel. Rien qui ne changeait de d’habitude. Les autres gardes sous mes ordres n’avaient rien vu à l’extérieur… Pas de disparition, pas de nouvelle découverte d’un corps. Jack jouait-il avec nous ou attendait-il que nous relâchions la pression ? Mystère.

Je soupirais discrètement.

Une nouvelle commande arriva. Une jeune femme aux cheveux bleus. Teint pâle. Hétéroclite. Tenue affriolante et colorée. Elle attirait l’œil et se mouvait telle un félin en chasse dans la pièce. Aguerrie dans ses gestes. Appliquée même. Son regard volait d’une tête à une autre. Soupesait. Décortiquait. Elle demanda deux verres, les paya sans faire attention à moi. Visiblement, elle avait déjà trouvé sa proie. Je lui tendais les deux verres et elle fila sans demander son reste. Droite vers un homme, sans hésitation, lascive dans son déhanché. Je ricanais doucement.

Elle aborda un homme discret qui était là depuis le début de la soirée. Je la vis minauder et jouer de son charme avant de s’installer à ses côtés. Les distinguant mal et ayant besoin de faire un nouveau tour de salle, je me lançais dans un nettoyage en règle des tables vides et un ramassage des verres achevés. Après quelques passages, je me dirigeais enfin vers la table de la femme aux cheveux bleus. Elle babillait tranquillement, mettant plus ou moins en avant son décolleté sous le nez de sa cible, le touchant, l’effleurant même de ci-delà. Il la dévorait des yeux. Leur discussion semblait aller bon train. Dans un ou deux verres, le poisson serait ferré, j’en étais persuadée.

Il sortait du lot celui-là avec son cigare au bec et son semblant de costume propre.

Probablement pour ça qu’elle l’avait choisi. Je me rapprochais de leur table, ramassais prestement les deux verres vides et allais nettoyer la tablée voisine. Ce qui me permit d’écouter partiellement leur conversation. Il tentait de la convaincre de sortir un peu du bâtiment. Cela me mit immédiatement la puce à l’oreille. Toi, je t’ai dans le collimateur. J’allais de nouveau me rendre derrière le comptoir lorsque que la femme bleutée me fit signe, commandant deux autres verres.


“Après ce verre-là, on s’en va.” Exigea l’homme à sa compagne.







Enfin ! Le couple était sorti. Je les suivais discrètement ne sachant trop où ça allait me mener.




La jeune femme ne semblait pas très satisfaite de la tournure des événements.

Normalement, tout moment passé avec une prostituée devait se faire au sein du NewBorn évitant ainsi les problèmes de mauvais payeur. Ce qu’ils faisaient là était contraire aux règles établies par les Jumelles ce que devait savoir cette femme. Mais l’homme passait outre, l’entrainant toujours plus loin dans les galeries. Il faisait de plus en plus sombre et je les distinguais mal. Il fallait que j’intervienne, j'avais un mauvais pressentiment. L’homme me donna raison lorsqu’il fit un geste brusque vers la jeune femme. Ni une ni deux, je me précipitais sur le couple pour m’apercevoir qu’il avait poussé la jeune femme contre un mur. Celle-ci commençait à se débattre. Une de ses mains, plongée dans une poche, il s’était saisi de quelque chose et n’allait pas tarder à s’en servir. D’un coup de pied à l’arrière de ses genoux, je le fis chuter. Sans perdre une minute, je fis mine de lui faire une clef de nuque.

Lâche ça ou je te tue.” Il fit mine de se dégager, mais ma prise était solide et je resserrais un peu plus l’étau. Il rua d’autant plus jusqu'à être finalement sonné. “Dernière fois, retire ta main.

Mollement, il sortit sa main en signe de soumission. Sans attendre, je me redressai et lui lançai un coup de pied en pleine tête pour l'assommer. La femme me fixait.

Je suis un garde.” Fis-je en lui montrant mon insigne. “Tu vas bien ?” Continuais-je avant de fouiller les poches de l’homme évanoui. Un simple couteau et minuscule. “Fais chier.

Ma boule au ventre grandit. Un sentiment d’urgence s’empara de moi : ce ne pouvait être lui. Pas la bonne arme. Pas la même manière de procéder. J’arrachais ma perruque de rage et m’épongeais le front.

Il faut qu’on retourne vite au NewBorn. Je répondrai aux questions que tu as probablement là-bas.



Ne disait-on pas que “L’intuition est une vue du cœur dans les ténèbres” et la mienne me poussait à courir au Newborn, car quelque chose allait arriver.”



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Zoey Bourne
Zoey Bourne
Rescapé
Localisation : Peut-être un peu paumée, tiens..
Lun 26 Fév - 2:09
Zoey Bourne




Avec
Sarrah


Jaques l’Éventreur..?

- Après ce verre là, on s'en va. avait déclaré le type d'un ton au final assez sec.

Zoey ne l'avait pas relevé. Remarqué, oui, mais relevé, non. Elle n'en avait pas le droit, une fille du Newborn se devait de ne pas contrarier les clients. A la fois pour elle-même et pour le bar et ses recettes. Puis celui-là, c'était un putain de gros poisson et Zoey le sentait. Elle hocha la tête, toujours aussi souriante, aussi entreprenante avec lui mais en vérité, ce n'était pas tout à fait comme ça que ça aurait dû se passer. Le Newborn disposait de chambres, tout était prévu pour ne pas laisser les clients partir les poches pleines et les couilles vides. S'il n'avait été qu'un énième plouc, elle aurait insisté pour qu'ils rejoignent une chambre du bordel, faignant le désir profond de passer aux choses sérieuses au plus vite, le charmant comme elle faisait au moins dix fois par jours. Seulement, ce type semblait être un dominant, de ceux qui ne supportent pas le refus. Il devait faire partie d'une sorte de gang, une grosse tête de son cartel post-apocalyptique.

Alors pour respecter ça et s'assurer paiement, Zoey ne dit rien. Elle le suivi même après son verre. Le seul problème, c'est qu'au bout de deux minutes de marche, Zoey commençait à ne plus connaître les tunnels. C'était légèrement inquiétant, douteux ? Peut-être l'emmenait-il dans les quartiers secrets de cet hypothétique gang de gangsters des tunnels(*) ? Bizarrement, elle n'y croyait pas. Elle avait raison, mais ces doutes lui parvinrent juste un peu trop tard, en quelques secondes avant qu'elle ne puisse lever le petit doigt pour réagir, Zoey se vit plaquer au mur, une main à la gorge. Impuissante, ce type là était plus grand, plus large, plus fort.

Sa pauvre main sur le poignet de gars ne changèrent pas grand chose. Sa gorge entravée, elle ne pouvait même pas l'implorer. Un clic se fit entendre, le son caractéristique d'un couteau rétractable. La panique la gagnait, elle commençait à se secouer à droite à gauche mais ne se voyait pas en sortir indemne, jusqu'à ce qu'un ombre jaillisse derrière l'homme et que ce dernier ne chute. La prostituée se laissa tomber contre la paroi sale et moisie du tunnel pour reprendre bruyamment son souffle. En même temps, une inconnue sortie de nulle part venait de maîtriser le type. Bon sang, c'était moins une, pensa-t-elle.

Un grand coup porté à l'agresseur et il était K.O, Zoey était soulagée. La fille était un garde grimée en serveuse. Elle se disait bien qu'elle n'avait encore jamais vu cette serveuse avant.. Enfin bon.

- Putain d'sa race.. Ouais, j'vais bien, il m'a pas abîmée.. rétorqua Zoey.

Elle était à deux doigts de lui demander si elle avait une marque visible à la gorge, mais la garde reprit la parole pour lui dire de la suivre. Zoey n'eut pas le temps de réaliser, il fallait obéir. Elle prit une seconde pour asséner un puissant coup de bottine dans les testicules de l'homme évanoui avant de détaler à la suite de son sauveur. Rejoignant le Newborn ensemble après des zig-zag dans le dédale des tunnels souterrains, l'ambiance du bordel lui avait presque manqué. Elle la trouvait désormais chaleureuse, après qu'elle eut manqué de mourir quelques instants plus tôt.

La garde avait l'air.. Angoissée, nerveuse plutôt. La prostituée ne comprenait pas les enjeux, pourquoi était-elle là et déguisée ? Pourquoi surveillait-elle le Newborn ? Pourquoi le fait d'avoir empêché l'autre fils de pute de l'écorcher vive n'avait pas eu l'air de la satisfaire tant que ça ? Elle posa la main sur l'épaule de la garde.

- C'est quoi l'délire oh ? L'autre enculé je veux pas le revoir dans le coin hein ! Vous allez le coffrer et lui péter les rotules j'espère ? Enfin je sais que je suis qu'une pute, c'est pas le haut de la hiérarchie mais ce serait sympa de pas le laisser en liberté l'autre bâtard là-bas. Non ? Enfin.. merci quand-même, au fait. Le timing était on point, j'ai kiffé.. Tu cherches quoi au juste ?

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Sarrah
Sarrah
Survivant
Jeu 8 Mar - 1:38
Sarrah

ft.Sarrah

ft. Zoey Bourne

Jack l’Éventreur ... ?



“Un verre de ton meilleur scotch. “




Le barman m’observe étrangement depuis l’arrière de son comptoir.

Un événement à fêter ?

Un décès. “ Son sourire s’évanouit aussi sec et il m’apporte ma commande sans ajouter un mot ce qui me convient parfaitement. “A ton souvenir Zoey et à tes jolis coups de pied. “ Je lève mon verre vers le plafond en signe de salut, puis le sirote tout doucement.

Quelqu’un de cher ?

Décidément, il est d’humeur causante celui-là. Mon regard se durcit : ce n’est pas mon cas.


“Peut-être. Ressers moi. “







Une main sur mon épaule, la femme aux cheveux bleus semble bien trop proche de moi.



Je la regarde droit dans les yeux, enlève sa main de mon épaule et lui répond du tac au tac : “ Il n’ira nul part. Tenter d’obtenir une prestation d’une prostituée gratuitement est une grosse infraction. Qui n’est pas du ressort des gardes.” Je hausse des épaules avant de poursuivre calmement. “Les Jumelles vont s’en occuper. Tu leur appartiens et les connais mieux que moi, donc je suppose que tu sais ce qui l’attend.

Je sortis une corde d’une de mes poches et me dirigeais vers l’homme au sol avant de l’attacher solidement aux poignets. La femme continuait de m’observer en silence attendant que je réponde à sa dernière question. Retournant l’homme sur le dos, je m’installais sur son ventre et commençais à lui administrer de solides baffes pour le réveiller.

Ne me remercie pas.” L’homme remue et ouvre enfin les yeux. “Je ne cherche rien. Je traque. Une fois que nous serons au New Born, je t’en dirais davantage.” Achevais-je sans émotion.

Je sors de sous ma chemise une chaîne à laquelle est accrochée un sifflet que j’utilise immédiatement. La femme m’observe en silence, ses yeux brillants d'une lueur familière. Elle réfléchissait. Intensément. Elle allait m'être utile. Il me fallait quelqu'un qui connaisse parfaitement les habitudes des prostituées du New Born, mais aussi de ses propriétaires. Et je mettrais ma main à couper que cette fille en savait beaucoup. Plus que son attitude désinvolte et enthousiaste ne laissait présager. Au bout de quelques minutes, deux gardes apparurent. Je leur indiquais l'homme solidement ficelé d'un geste et leur dis de le livrer aux hommes de main des Jumelles.

Alors qu'ils s'emparaient du colis à livrer, j'entraînais à ma suite la jeune femme bleue dans une course rapide à travers le dédale des galeries. Quand nous fument arriver devant le New Born, je me retournais rapidement vers elle lui barrant la route.

Comment tu t'appelles ? “ Elle me répondit sans hésiter et je lui donnais le mien. “ Avant qu'on entre et qu'on ne parle aux Jumelles, promets moi de te taire. Garde le silence. Elles vont sans doute vouloir te punir pour avoir accepté de prendre le risque de sortir de cette bâtisse sans leur autorisation. Ça aussi je pense que tu le sais. J'ai besoin de quelqu'un comme toi qui a l'air d'en avoir dans le ciboulot et qui connait les autres prostituées. Patiente encore un peu et je t'expliquerai tout en te laissant cette fois-ci vraiment le choix. Attends juste qu'on sorte de là. Ok ?

Ah ! Te voilà enfin garde. L'as-tu neutralisé ? “ L'aînée des Jumelles vient de passer le seuil de l'entrée du bordel. Son regard froid nous jauge Zoey et moi.

Non. Juste neutralisé un de vos clients récalcitrants. Il va vous être bientôt livré avec les compliments de Big Boss.

Elle hausse un de ses sourcils distingués et finalement jette un œil à Zoey.

Comment se fait-il que tu te sois retrouvé dans cette situation toi ? Qu’en est-il du règlement ? As-tu besoin qu’on te les rappelle ? “ Acheva t'elle, menaçante.

Elle c’est retrouvée dans cette situation parce que je lui ai demandé. Vous conviendrez qu’elle a de la jugeote et une maîtrise, hum, sauvage, de son corps qui électrise les gros bonnets. C’est assez rare par les temps qui courent et je pense qu’elle serait très utile pour débusquer ce fou furieux.

Tu aurais dû nous demander.

J’aurais dû, oui, mais les circonstances ont fait que je n’ai pas pu. Elle n’est pas abîmée, l’homme qui vous sera apporté est riche et à votre merci. Vous arriverez à faire un gros bénéfice sans rien faire je n’en doute pas. N’est-ce pas ? “ Terminais-je en me retournant vers Zoey.

Cette dernière hocha de la tête et expliqua les raisons de son choix porté sur cet homme.

Comme vous le voyez, certains éléments concordent avec la description de ce dingue, mais c’était une fausse piste. Je vais changer mon angle d’attaque et j’aurais besoin de son aide. Acceptez-vous qu’elle m’accompagne encore un peu ?

L'aînée des Jumelles haussa des épaules et d’un geste méprisant de la main nous fait signe de nous en aller avant de rentrer dans son bastion.

Bon alors. Par où commencer ? Comme je te le disais, je traque quelqu’un. Peut-être as-tu -

Agent Sarrah, Agent Sarrah ! Il faut que vous veniez tout de suite !

Quoi encore ?” Fis-je exaspérer.

Un nouveau corps a été découvert.” Lâcha, essoufflé le garde.

Je jetais un coup d’œil à Zoey avant de dire au garde : “Montre nous le chemin.

J’attrapais le bras de Zoey et l'entraînais à ma suite.


“Tu voulais savoir ce que je cherchais, alors vient. Parfois, rien ne vaut la réalité pour exprimer tout un discours.”







La puanteur était atroce, le sang recouvrait tout.




Le visage livide et épouvanté de la jeune femme assassinée fixait de ses yeux exorbités le plafond en ruine. Encore une fois. Son corps est dénudé jusqu’à son torse, mais sa pudeur est intacte : le reste n’étant que charpie. Comble de l’horreur, on lui avait extirpé de l’abdomen ses intestins qu’on avait enroulés comme une guirlande autour de son cou. Les bras en croix, paumes tournées vers le ciel comme pour le précédent corps.

Tu la connais ? “ Demandais-je sans émotion à Zoey avant de laisser le silence reprendre ses droits.

Je me rapprochais du corps, cherchant à savoir si comme les autres on leur avait extirpée l’utérus, mais ce n’était qu’un trou informe. Pourquoi aller regarder de toute manière ? Je n'avais aucune compétence médicale… Putain, mais qu’est ce que je foutais là ? Qu’est-ce que je faisais là à constater les dégâts ? Qu’est-ce que je foutais là ?

J’étais bien plus douée pour l’action que pour la réflexion. Être un limier n’était absolument pas dans mes compétences. Bordel. Je serrais les poings. Le regard de la victime suintait la terreur. On aurait dit qu’elle était encore en vie, simplement pétrifié par une gorgone. Seul la fine pellicule trouble qui commençait à se former trahissait son véritable état. J’approchais ma main et recouvrais ses yeux avant de les fermer doucement. La peau n’était pas encore rigide, le crime avait été commis très peu de temps avant sa découverte.

Il prenait des risques. Devenait aussi de plus en plus violent en témoignait cet immonde collier autour de la nuque de la victime. Nous narguait-il ? Etait-ce un défis fait à la Citadelle ?

Oh que oui. Il se foutait de notre gueule. Réclamait une reconnaissance publique. Sous les yeux et le nez de la garde. Sous mon nez. Bordel !

Toi, tu vas voir. Je vais t’attraper. Je vais t’attraper.” Ma voix tremble de colère. Se froisse. Se casse.

Une boule dure et intense se forme dans mon ventre. Ma fureur explose. Mes lèvres se retroussent sur mes dents. Mes poings sont si serrés que mes phalanges en blanchissent. Je fixe le sol. Je sais d’expérience que dans cet état-là, un rien peut me faire exploser.

Une présence.

Éloigne-toi tout de suite.” Persiflais-je venimeuse.

Bordel. Je vais le buter. Je vais t’étriper sale chien.

Je fais la promesse de te trouver.” Murmurais-je, toute ma rage contenue dans cette simple phrase.

Un grognement sortit de mes entrailles et d’un coup je me précipitais sur le mur le plus proche de moi. Fermant les yeux, je concentrais toute cette colère dans mes poings et martelais violemment le béton en face de moi. La douleur fit très vite son apparition. Aussi familière que la colère qui se trouvait toujours en moi depuis mon plus jeune âge. De vieilles compagnes de route qui m’avaient forgé autant que détruit. Ma peau s'abîme. Le sang coule. Se mêle à celui du sol. Forge ma détermination à trouver cet immonde bâtard. La pression dans mes tempes s’abaisse. Mon souffle se régularise. Mes tremblements s’estompent.

Comprends-tu Zoey ? Comprends-tu ce que je recherche ? Ou plutôt qui ?” Commençais-je, tournant le dos à la jeune femme qui s’était rapprochée en silence. “Cet immonde bâtard s’en prend à tes collègues depuis quelque temps. Il se pense être la réincarnation de Jack l’Éventreur et comme lui commence à prendre la grosse tête. Il connaît visiblement parfaitement l’histoire de ce meurtrier ce qui suggère une grande culture. Le péquenaud du coin ne connaît pas autant de détails de cette histoire et maintenant que le monde est en ruine, il est difficile d’apprendre. Il possède probablement de grandes connaissances médicales : je pense que c’est la même chose pour cette femme, certains de ses organes ont dû être prélevé. Son utérus, son vagin. Regarde-moi cette bouillie... “ Je frappe une fois de plus violemment le mur. “ Au nez et à la barbe de la garde… Encore une fois… Bordel !” J’étouffe. Je transpire dans cette foutue chemise. “Si je suis grimée ainsi, c’est pour essayer de savoir comment ce bâtard s’y prend pour choisir ses victimes. Je pensais… Je pensais que le client qui s’en est pris à toi pouvait être lui. “ Je défais la cravate et la laisse tomber au sol. “Mais c’était trop évident, j’ai foncé tête baissée.

Je me tais quelques instants. Eric aurait eu honte de mes paroles. Aurait eu honte de ce que je sous-entendais.

Je ne te mentirai pas. Je n’enjoliverai rien. Ton sauvetage est un accident. Je me suis trompée.

Ma colère remonte. Je tente de déboutonner la chemise, mais les coutures s’arrachent. Tant pis. Je finis de détruire le reste des boutons et enlève enfin cette satanée pièce de tissu rêche. La fraîcheur des lieux me fiche la chair de poule, mais je ne suis jamais mieux qu’avec ce crop-top. J’ébouriffe mes cheveux et me retourne vers la femme aux cheveux bleus.

Maintenant, je peux te le demander : peux-tu m’aider à trouver cet enculé et à l’éliminer ? Tu connais bien mieux que moi les autres prostituées. Peut-être que si on avertissait celles qui ne sont pas de service, qu’on leur posait des questions, on finirait par trouver une piste. “ Je regarde la femme morte quelques instants. “Je ne me souviens pas l’avoir vu celle-ci au cours des derniers jours par exemple. Oui, commencer par retrouver celles qui ne sont pas venues travailler, qui sont en congé serait un bon début. Peut-être pourrions nous éviter… Éviter que ça ne recommence une fois de plus. Qu’en penses tu ?

Je fixais en silence dans les yeux Zoey attendant sa réponse. Je ne lui propose pas de récompense. Ni ne la menace. Je ne veux pas l’influencer. Elle prend un risque. Ca pourrait très mal finir. A elle de faire son choix.  


Le sentiment d’urgence réapparaît : de nouveau à la croisée des chemins, tout me paraît incertain.



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Zoey Bourne
Zoey Bourne
Rescapé
Localisation : Peut-être un peu paumée, tiens..
Dim 18 Mar - 14:27
Zoey Bourne




Avec
Sarrah


Jacques l'Éventreur..?

Eh bien Zoey n’était de toute façon pas prête de la remercier. Bon.. En fait, si, un peu. La garde venait tout de même de lui sauver la peau, mais elle avait une drôle d’attitude, du genre que la prostituée ne pouvait pas expliquer. Elle avait pourtant réussi à boucler ce connard, alors pourquoi est-ce qu’elle ne semblait toujours pas satisfaite de son coup, pire, elle avait limite l’air frustrée que Zoey soit en bonne santé. Elle ne savait pas encore à quel point elle se méprenait.

La gardienne demanda son nom à Zoey qui répondit sans attendre, même si elle ne connaissait toujours pas celui de la gardienne. L’entendre dire qu’elles allaient devoir parler aux Jumelles ne lui avait pas fait très plaisir, mais c’était normal aussi, après ce qu’il venait de se produire. Hochant la tête à plusieurs reprises, oh que oui elles allaient vouloir la punir pour ça, et oh que oui elle en avait dans le ciboulot, même si elle ne voyait toujours pas pourquoi ça serait utile.

En tout cas, elle écarquilla les yeux en voyant l’une des patronnes rappliquer immédiatement après. Elles, Zoey ne les aimait pas spécialement, peut-être juste parce que c’étaient les patronnes.. Et qu’elles prenaient un peu Zoey et les autres filles du New Born comme de petits portes-monnaie ambulants. Le pire, c’est que c’était à juste titre, elles n’étaient pas tendres, mais elle avait vu pire, vraiment. Seulement là, Zoey blémissait légèrement, pas très bronzée de base, elle aurait pu devenir transparente, la bleue avait un peu merdé sur ce coup là. Son seul succès avait été de ne pas se manger une seconde cicatrice. Heureusement pour elle, en plus du fait que Zoey était peut-être l’une des plus conciliantes des putes, sinon la plus conciliante. Elle était douée, rapportait pas mal d’argent, surtout qu’elle en gardait toujours un peu pour elle, trop peu pour que ça ne soit remarquable, préparant lentement mais sûrement sa fuite de la Citadelle.

Zoey pensait honnêtement que sans la garde, elle se serait retrouvée dans de sales draps. Déjà par rapport à l’autre dégénéré, mais aussi aux Jumelles qui partaient carrément dans un interrogatoire. Ce n’était pas son premier et ce ne serait peut-être pas non plus le dernier, mais grâce à l’autre, elle n’eut presque pas besoin de se justifier elle-même. Son court éclat de rire en entendant le terme “ sauvage maîtrise de son corps “ ne plut pas particulièrement aux Jumelles, et Zoey se tut instantanément, mais tout de même. Elle avait croisé les bras et réfléchissait un peu à tout ça, puis elle constata que plus personne ne parlait et que tout le monde la regardait.

- Hein ? Ah, oui ! Le mec avait des fringues presque aussi propres que les vôtres, et je vous jure qu’il avait un cigare. Pas un vieux joint bien roulé, non, un vrai cigare stylé. J’avais moyennement envie de le contrarier, ‘savez, genre. Je me suis dis que je pourrais le fidéliser ? Enfin, voilà, turns out que le mec c’était un enculé.. Oups ? avait-elle expliqué, sans filtre, comme à son habitude.

Puis, la garde parla d’un autre dingue. Zoey était toujours autant dans le flou. Chose qui commençait vaguement à l’agacer, mais elle n’en dit rien, pas devant la Jumelle. Jumelle qui disposa peu de temps après pour retourner dans son trou à.. Compter des capsules ou avoir un trip inceste avec sa soeur, un truc du genre, Zoey ne s’était jamais demandée.

Peu de temps après, alors que la garde allait enfin lui révéler, un autre type rappliqua et au moins, prononça son nom, Sarrah. Amen, pensa Zoey, enfin un nom à poser sur elle. Bref, il fallait apparemment déjà se remettre à courir. Parfait. Zoey adorait ça, courir, surtout lorsqu’elle pouvait gagner des capsules et plus vite dégager de la Citadelle, surtout alors qu’elle était vêtue comme une pute.. Ah, non en fait, ça, ça ne la gênait pas. Au final ça lui faisait même de la pub.

- Oh là putain c’est quoi c’bordel.. marmonna la prostituée, Ou est passée sa putain de.. Putain elle a un trou béant à la place de la te-cha, bordel c’est pas des Raclures qui font ça. commenta-t-elle avec dégoût, et une légère pointe de crainte dans la voix.

Clairement, ça, elle ne s’y attendait pas. Elle avait vu des choses horribles, elle avait vu des camarades de fac se faire dévorer là haut dans le nord de la France, elle avait vu des hommes et des femmes criblés de balles par des militaires pensant qu’ils étaient infectés, des gens percutés par des camions, des gens brûlés au millième degré, des membres arrachés, gens mutilés, évidemment les gens dévorés par les Raclures. Mais ça, là, c’était sûrement pire que tout le reste. Heureusement qu’elle avait vu assez de choses atroces par le passé pour ne pas avoir à vomir, même si l’odeur était particulièrement repoussante. Zoey n’en croyait pas ses yeux.

Sarrah aussi avait l’air hors d’elle, mais pas de la même manière. Comme si elle s’en voulait de ne pas être arrivée à temps. Le pire était que l’autre morte avait l’air encore en vie, elle venait tout juste d’y passer et ça avait dû être horrible.

Zoey se pencha un peu au dessus de la fille juste avant que Sarrah ne lui ferme les yeux à tout jamais. Les mains sur les cuisses, penchée en avant, ses cheveux frolaient la victime.

- Ouais, elle était en vie hier matin. Chaude comme la braise, j’aurais pas dis non pour m’la taper aussi, merde.. C’est horrible. Elle s’appelait Raphaëlle, elle.. Elle était cool, en vrai.

Zoey poussa un soupir attristé, cela faisait longtemps que Zoey n’avait pas perdu quelqu’un. De son côté, Sarrah était en train de bouillir et suivant son conseil, Zoey préféra s’éloigner un peu. Elle n’avait toujours pas envie de se faire trucider. Puis, elle se met à défoncer le mur à coups de points. La prostituée préfère ne rien dire, même si elle n’en pense pas moins, vu comme elle frappe, sa colère se retournerait peut-être contre elle. S’ensuivit un monologue que Zoey se contenta d’écouter dans un premier temps. Evidemment, Zoey n’avait pas envie que ça recommence, autant sur elle que sur quiconque. Enfin elle comprit pourquoi elle pouvait être un atout pour Sarrah. Tout de suite, la bleue se mit à réfléchir.

- Y a, eumh.. Fanny, Rose et.. Une arabe dont j’arrive jamais à retenir le nom, qui bossaient pas aujourd’hui. Je parle régulièrement avec les deux premières, y a deux trois jours t’as Fanny qui m’a parlée d’un type bizarre qui avait voulu se la faire, mais qui était parti précipitamment sans raison apparente. On peut aller la voir, et les autres aussi. Si tu veux.. Si tu me laisses juste deux minutes pour aller enfiler autre chose je tarde pas chef, bouge pas ! Ou alors, rejoins moi au New Born, enfin, voilà quoi. Ah ! Et.. Panse tes mains, t’as l’air d’une psycho là !

Elle partit tout d’abord à reculons puis s’en alla droit vers le New Born. Elle voulait aussi surtout ne plus avoir la vue de ce cadavre horrible, elle rejoignit ce qui servait de vestiaire aux filles, vide, et se changea à vive allure. Retrouvant un short en jean, un vrai t-shirt rosâtre légèrement crasseux et des baskets sales, mais confortables. Quittant aussi vite l’endroit, elle retrouva Sarrah. Le prochain objectif était sans nul doutes Fanny et les autres filles si jamais la piste qu’avait évoqué Zoey ne donnait rien.

Fanny ne vivait pas très loin, sachant que la Citadelle n’était de toute façon pas non plus immense, du moins pas sa partie habitable. Zoey fut soulagée de constater que son amie était en vie et chez elle. Elle ouvrit la porte de sa petite chambre miteuse et moisie. Fanny était une fille à peine plus vieille que Zoey, une belle rouquine au teint pâle, juste ce qu’il fallait de tâches de rousseurs et tout juste ce qu’il fallait là où il fallait, niveau proportions. Elles étaient devenues des prostituées à peu près en même temps, ce qui avait favorisé leur bonne entente alors que les plus anciennes cherchaient à leur mettre des bâtons dans les roues. Au final, il leur était même arrivé plusieurs fois de prendre du bon temps ensemble. Fanny était peut-être ce qui s’approchait plus d’une meilleure amie pour elle, et elle savait aussi que Zoey cherchait à quitter l’endroit, l’une des seules à savoir.

Fanny eut l’air surprise de voir Zoey avec une inconnue.

- Euuuh, oui ? Oh, salut, c’est qui elle ? Une petite nouvelle, eh ma biche on peut te montrer deux trois tr- pensa comprendre Fanny.

- C’est une garde, crétine. Non écoute, c’est sérieux faut qu’elle te cause, c’est hyper important. Raph’ est.. Morte. Y a un mec qui tue des putes et ça me plaît moyen. Tu te rappelles du type bizarre dont tu m’a parlé l’autre jour ? Il était bizarre comment, genre, prêt à t’arracher la chatte ou pas ? l’interrompit Zoey.

La prostituée numéro deux écarquilla les yeux, le temps de comprendre et de prendre toutes les informations en compte. Tout ça faisait beaucoup pour elle, Fanny était un peu une petite nature, elle avait peur de l’extérieur. Dans un premier temps, elle laissa les deux femmes entrer dans son antre misérable et ferma la porte, elles étaient un peu à l’étroit là dedans mais bon, au moins il n’y avait pas d’oreilles indiscrètes.

- Je.. Sais pas ? Le mec était.. Il avait une drôle de tronche mais ils ont tous des sales gueules ici. Ils ont tous tué des dizaines de zombies dehors, parfois même des gens, ils sont tous cinglés ! Je sais pas si celui là l’était plus que les autres.. Ce que je sais c’est qu’il était genre, pressé, et il a vu un truc, je sais pas quoi, mais ça l’a fait partie en trombe et il est pas revenu de la journée. Du moins, je l’ai pas vue.. Raphaëlle est morte, sérieux ?

- Ouais.. Et si ça se trouve, ton gars t’aurait fait la même chose, c’pour ça, ‘nous faudrait genre, des infos sur lui.. Tu l’avais déjà vu avant ?

Fanny gonfla les joues et leva les yeux au plafond, comme à chaque fois qu’elle cherchait intensément.

- Ooooouiii..? Il est pas régulier, c’était la première fois qu’il m’abordait mais euh, ouais, je l’ai vu une ou deux fois. Il passe partout tu sais, le genre de mec qui bossait dans un bureau carré avant, genre dans une boîte de merde et qui aimait pas son taf. Un peu grand, fin, cheveux noirs, il a une jolie montre en or, sûrement du toc, au cadran pété et il porte toujours son pardessus bleu marine rempli de poches. Je.. Pense pas qu’il ai des cicatrices ou quoi sur la gueule, par contre il passe son temps à se mordre les lèvres, elles sont toutes niquées. décrivit la rousse plutôt correctement.

Zoey se tourna vers Sarrah en haussant les épaules.

- T’as des questions à lui poser ou un truc du genre ?



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HRP:
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Sarrah
Sarrah
Survivant
Dim 25 Mar - 17:10
Sarrah

ft.Sarrah

ft. Zoey Bourne

Jack l’Éventreur ... ?



Sa réaction ne se fit pas attendre.




Son front plissé soulignait l'intense réflexion à laquelle elle était soumise. Bien vite, elle commença à éclaircir ses pensées et je sus que j'avais fait le bon choix à lui proposer de m'aider. Quand elle évoqua l'étrange rencontre qu'avait faite sa collègue, je ne pus qu'acquiescer à sa proposition d'aller lui rendre visite. Oui, c'était un bon début. Enfin quelque chose. Même si ça ne menait à rien, j'avais enfin l'impression de tenir une piste. D'avoir enfin quelque chose de tangible à vérifier. Et non plus d'attendre qu'une nouvelle horreur ne se produise.

Oui, on va commencer par aller voir cette Fanny. Excellent. Je te rejoins au New Born.” Je regardais mes phalanges abîmées en ricanant. “Ce monde est complètement fou. Tout ce cirque est dingue. Au moins je ne fais pas tâche avec l'ensemble.” Fis-je sardonique.

Zoey partit rapidement de la scène de crime, évitant de jeter un nouveau coup d'œil au cadavre. Ça devait être dur de voir l'une de ses camarades finir ainsi… Au fond, les prostituées exerçaient toutes un travail. Un métier. Leur corps étant leur outil pour exercer. Le plus vieux métier du monde comme on disait. Elles en restaient humaines et malgré les mauvais traitements qu'elles devaient subir la plupart du temps, aucune ne devait s'attendre à finir ainsi. À mourir. Contemplant le dos de Zoey, je ne pus m'empêcher de me demander ce qui l'avait poussé à en devenir une. Elle semblait bien jeune. Intelligente. Douée d'une certaine volonté de caractère et arrivant dans des situations extrêmes à garder le contrôle. Tout le monde n'en était pas capable. Même maintenant. Même avec toutes les horreurs dont chaque survivant avait pu être témoin. Certaines personnes ne s’habituaient jamais. Ne le pouvait. Exprimaient immédiatement leur incompréhension, leur dégoût, leur peur. En faisant des crises de panique, en pleurant, en vomissant même. Mais elle rien. Une profonde gêne certes, un choc de plus. Pourtant, elle parvient à réagir, à réfléchir, à prendre du recul. Une personne douée d'une bonne capacité d'adaptation.

Tout un chacun pouvait l'avoir remarqué : dans les situations dangereuses, il y a deux types de personnes. Celles qui agissent et réagissent et celles qui restent prostrée sur elles-mêmes et qui subissent. Visiblement, elle faisait partie de la première catégorie et ça m'arrangeait. Je restais persuadée que le pire restait à venir… Il allait s'en prendre à une autre femme et ça pouvait tout à fait être la collègue de Zoey… Fanny… Il fallait que je me bouge.

Et une pensionnaire de plus ! Tu me gâtes garde. Bon, je suppose que l'autopsie n'apportera rien de plus, mais …. La science reste la science. “ Mad Doc glousse de manière malsaine, savourant le spectacle sanguinolent de la mise en scène macabre.

Occupe-toi plutôt des vivants. Elle, elle ne bougera plus. Rafistole moi. On a peut-être une piste.

Il soupire, mais ouvre sa sacoche, s'approche de moi, positionne mes mains, paumes vers le sol et se met à l'ouvrage.

On ?

Une collègue à cette femme m'aide. “ Déclarais-je en désignant du menton la victime avant de faire la grimace, le sentant me triturer les plaies.

Il hocha de la tête avant de reprendre :
Tu as une piste. Ta mine déterminée le prouve. Fais attention aux détails. C'est ça qui fait la différence. Tu as sans doute affaire à un homme très instable. Différent. Il faut que tu dresses un profil. Un portrait du tueur. Le premier que je t'ai donné n'est peut-être pas bon. Autant le refaire.“ Je le fixais avec des yeux ronds. “Tout cela ne te dit rien n’est-ce pas ? En criminologie, c’est ce que la police faisait. Tenter d’appréhender la manière de percevoir le monde, la manière de penser et de réagir du coupable.

Qui es-tu donc Doc ? Qui étais-tu donc ? “ Lui demandais-je en l’observant d’un œil neuf. “Tu sais, moi, je n’y comprends rien. Je n’ai jamais fait ça. C’est du charabia. Tu as vu ce que ce type est en train de faire, et ce, en toute impunité ? Je n’ai jamais été confrontée à ça. Je ne sais pas comment l’appréhender comme tu dis et je ne suis pas sûre de vouloir le faire. Tout ce que je veux, c'est l'arrêter. C’est tout.

Il éclate de rire.

Ca n’a plus d’importance. Ce que je suis maintenant l’est davantage. Je suis convaincu que tu comprends plus que tu ne veux l’avouer. Tu n’es pas une cervelle vide, garde, depuis le temps que tu viens me voir, je m’en suis rendu compte. “ Mon visage se ferme à ses paroles. “Tout ce qu’il te manque, c’est de prendre les rênes. Les rênes de ta propre vie au lieu de te laisser porter, ballotter au gré des aléas.” Je détourne les yeux de lui. Il soupire. “Soit, reprenons tous les éléments que nous avons. Primo, il s’agit d’un homme. Un passionné de Jack l'Éventreur qui le prend pour modèle et tente de reproduire ses crimes, sa méthode. Ca nous donne de précieuses informations : c’est quelqu’un de cultivé, qui connaît tous les détails de cette affaire, mais je parierais que ça soit le cas pour tous les criminels célèbres de l'histoire.

Pourquoi choisir ce Jack ?

Je pense que la configuration de la Citadelle l’a poussé à prendre ce criminel comme modèle. Des galeries étriquées qui s’étendent un peu partout, dans toutes les directions. La concentration en êtres humains lui offre du challenge, un défi : exécuter ses meurtres sans se faire prendre au nez et à la barbe de tous. L’excitation, tu comprends. Le sentiment de toute-puissance. D’impunité. Il connaît très bien le fonctionnement de la Citadelle, les rondes des gardes, comment vont réagir les pontes, le Conseil. Il se joue de nous. Il a une longueur d’avance.

S’il est si intelligent pourquoi prendre un modèle alors ?

Il cherche son propre style. Son propre rituel vois-tu. D’ailleurs, on sent qu’il est en train d’en dévier.” Je haussais un sourcil en signe d’interrogation. “Tu vois son joli collier, la position dans laquelle elle se trouve. Presque comme si elle était transfigurée en une sorte de divinité.

La vierge des cathos ?

Oui sans doute ou comme une sainte matrone, ou une vision alambiquée de ce qu’est la femme, la mère génitrice. Tu sais, j’ai le sentiment qu’il s’en prend aux prostituées pour les punir. Pour déclarer à la face du monde que ce ne sont pas des femmes, des mères, qu’elles ne sont pas pures. Les mutilations qu’il leur faire subir en leur enlevant leurs organes génitaux vissent sans doute à leur enlever ce statut de femme. Ce ne sont que des choses, des choses malsaines. Peut-être est-ce sa mission : les purifier.

C’est complètement dément…

C’est un fou, ne te méprend pas. Il rationalise tout ça pour justifier ses actes et ainsi éviter de perdre totalement les pédales. C’est probablement un sociopathe ou à tendance de.” Devant mon air perdu, il reprend calmement : “C’est un autre type de personnalité antisociale, à ne pas confondre avec un psychopathe. Ce sont des impulsifs, sans conscience de la morale, du bien et du mal. Au contraire des psychopathes, ils sont plus désordonnés, pouvant ressentir des remords. Leurs rapports sociaux ne sont pas satisfaisants. Ce sont des menteurs, des voleurs, des personnes incapables de se projeter dans l’avenir. Il a probablement eu un rapport difficile avec les femmes : une mère maltraitante peut-être elle-même une pute, une petite-amie qui le trahit… C’est un homme qui doit paraître timide, effacé et qui montre son pouvoir sur les femmes qu’à travers ces meurtres. Quelqu’un qu’on ne remarque pas, mais qui est là.

Ca colle avec ce que la collègue de Zoey lui a raconté…

Fonce.

Sans demander mon reste, je pars en courant rejoindre Zoey. À peine arrivais-je qu’elle sortit du New Born habillée de manière plus neutre et fonctionnelle.


“Commençons par aller voir cette Fanny. Ce dont elle a été témoin colle au profil de ce dingue apparemment…”







Euuuh, oui ? Oh, salut, c’est qui elle ? Une petite nouvelle, eh ma biche, on peut te montrer deux trois tr-”




Je regardais interloquer la jeune femme qui venait de nous ouvrir la porte. Zoey prit immédiatement les choses en main en l’interrompant et me présenta avant d’expliquer les raisons de notre venue. Finalement, Fanny nous expliqua les circonstances de sa rencontre avec cet homme. Ca correspondait assez bien au profil donné par Mad Doc. Cette jeune femme avait une bonne mémoire et donna même quelques éléments de description qui ne pourrait que nous aider.

T’as des questions à lui poser ou un truc du genre ?” Finis par me demander Zoey.

Merci pour tout ces éléments. Ça va bien nous aider et ça correspond au profil du meurtrier. Par contre, j’aurais besoin que tu me redises mot pour mot ce que ce type t’as dit ? Est-ce qu’il a parlé de lui ? A-t-il parlé de revenir te voir ou a-t'il parlé d’une autre fille ? De plus, tu dis qu’il est parti en trombe, tu es sûre de ne pas avoir repéré ce qui l’a fait décamper ainsi ?” Achevais-je de lui demander en jetant des coups d’œil tout autour. “Je ne sais pas, un voisin qui passait par là ? Une patrouille de garde ? Cela peut-être quelque chose d’incroyablement banale pour toi, mais de surprenant pour lui. “ Je la laissais tranquillement répondre avant de clôturer cette conversation : “Merci, vraiment, pour toutes ses informations. Reste calfeutrée chez toi et n’ouvre ta porte à personne. Je vais prévenir les gardes pour que quelqu’un soit posté en permanence devant chez-toi afin d’assurer ta sécurité.

J’alliais le geste à la parole en utilisant mon sifflet. Quelques minutes plus tard, deux gardes apparurent et je leur donnais des ordres en leur donnant des éléments de description. Zoey se tenait près de sa collègue, la tenant par les épaules et tentant sans doute de la rassurer. Au bout d’un moment, Zoey croisa mon regard et je lui fis signe de me rejoindre.

Je n'ai pas forcément voulu le dire devant ta collègue, mais pour qu’il sache où elle habite, il a dû la prendre en filature. Comment était Raphaëlle niveau caractère ? Lui ressemble t’elle ? Je veux dire, elle n’est pas de la même trempe que toi. Elle semble prendre peur facilement, non ? Elle a l’air aussi très douce et gentille. Pas quelqu’un de caractériel… Facile à aborder aussi ? “ Zoey réfléchit quelques secondes avant de me répondre, puis j’ajoutais pensive : “S’il a pris peur aussi facilement, la vue des gardes postés devant chez elle devrait le dissuader de tenter quoique ce soit… Il prendrait de trop grand risque et pour le moment, il ne s’en est pris qu’à des proies faciles. Est-ce que dans le reste des filles de repos, une en particulier te fait penser à Raphaëlle et à Fanny ? “ Je commençais à faire les cent pas, perdu dans ma réflexion. “Il a sans doute déjà pris en filature les autres filles. Il a passé du temps à les observer pour choisir laquelle serait la prochaine… Son rythme s’accélère donc il ne va pas tarder à repasser à l’action. Fanny l’a échappé belle, je pense qu’il ne les aborde qu’une fois lorsqu’il est sur de son choix… Alors ? “ Demandais-je à Zoey.


Elle me sortit un nom et sans même se concerter nous nous élançâmes à travers les galeries de la Citadelle.



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Zoey Bourne
Zoey Bourne
Rescapé
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Lun 2 Avr - 23:48
Zoey Bourne




Avec
Sarrah


Jacques l'Éventreur..?

Eeeeeet Sarrah se mit à bombarder la pauvre Fanny toute ébranlée et soucieuse de questions. Bon, elle avait quand-même bien remercié la belle rousse pour les quelques petites choses qu’elle avait déjà pu leur énoncer à l’aide de ses simples souvenirs à froids. Lorsque la garde lui demanda d’essayer de lui dire mot pour mot ce qu’avait pu dire cet homme louche le jour où ils s’étaient vus, Zoey pu voir Fanny gonfler les joues une nouvelles fois pour chercher au plus profond de sa mémoire. Ce n’était pas une mince affaire, la pauvre rouquine ne pouvait pas se souvenir de tout ce qu’il se passait dans ses journées de travail. Surtout qu’à part avoir été une anecdote amusante pour Zoey et d’autres filles, sa rencontre avec ce blaireau ne l’avait pas marquée plus que ça. le travail de mémoire qu’on lui demandait de faire était énorme et elle avait très peur de ne pas pouvoir les aider. Alors elle se concentra longuement en cherchant des réponses à toutes les questions de la garde. Fanny en ferma même les yeux. Zoey ne faisait qu’attendre en croisant les bras, c’était loin d’être une journée banale. Autant pour Fanny que pour Zoey, même pour Sarrah ça ne devait pas être banal, encore heureux d’ailleurs. Finalement Fanny ouvrit les yeux mais fronça les sourcils.

- Il était.. Il était genre, hum.. Moi il m’a paru comme étant un mec coincé du cul, en fait.. Genre, on aurait presque dit qu’il voulait me draguer mais qu’il était pas serein. Il m’a touché les cheveux vite fait et tout, j’me souviens vraiment plus de tout, je suis désolée mais.. Par contre, maintenant je me rappelle qu’il m’a demandée si j’étais fière de ce que je faisais. Sur le moment j’ai dis que bof, t’sais ? Mais du coup.. finit-elle par déclarer. Elle hésita encore quelques secondes, cherchant à se remémorer la scène, sans doutes, C’est quand il a vu.. J’me trompe peut-être et si ça se trouve c’est pas à cause de ça mais, juste après qu’il soit parti bah, ça a juste commencé à être l’heure de pointe au bordel. Il s’est juste mit à y avoir plein de clients, ça lui a peut-être pas plu..? Moi j’ai remarqué que ça en tout cas.. Puis juste après j’ai eu les autres hommes à m’occuper donc, euh, bah.. Voilà..

Sarrah ne se fit pas prier pour la remercier de nouveau. Fanny sourit timidement, elle aurait sans aucun doute aimé pouvoir faire mieux que ça mais bon. La rouquine hocha vivement la tête, inquiète pour sa vie mais aussi pour la garde et son amie, Zoey. Elle ne comptait pas le moins du monde sortir de chez elle après ce qu’il venait de se savoir, mais elle demeurait étonnée que Zoey ne soit de paire avec Sarrah, elle craignait de perdre Zoey d’une horrible manière. La garde usa de son sifflet pour appeler d’autres gros bras en renforts et Zoey resta auprès de Fanny pendant ce temps. Assise l’une contre l’autre, la bleue tenait la main de la rousse qui tremblait légèrement.

- Pourquoi tu dois aller avec elle..? J’aimerais bien que tu restes avec moi, j’ai.. Un peu peur. Et s’il s’attaques aux filles du New Born, pourquoi tu te met en fer de lance comme ça..? Moi, j’aime pas trop, tu vas finir par te faire tuer avec tes conneries Zo’.. lui dit-elle à mi-voix, rompant le silence.

- T’as pas vu celle qui m’accompagne ? ‘Fin, que j’accompagne, c’est une belle gosse t’inquiète. Si je reste près d’elle je crois que je m’en sortirai. Il m’arrivera rien, il m’arrive jamais rien ! Fais juste comme elle demande, reste à l’abris. Je reviendrais te voir dès qu’on aura plus besoin de moi !

Fanny porta un regard peiné à sa collègue mais lui sourit tout de même, elle avait confiance en elle mais ne cesserait pas d’avoir peur avant de la revoir saine et sauve et que ce tueur de prostituées soit mort ou derrière les barreaux.

- T’as intérêt ! Je fais comment moi, sans toi ?

Zoey se mit à rire. Fanny savait qu’elle comptait partir de la Citadelle, elle savait qu’il y avait une espèce de double-sens à cette question. Zoey ne sut quoi répondre, sur le moment. Son rire était amer, elle avait un peu honte, mais il fallait qu’elle parte. Autant qu’il fallait rester, pour Fanny. Tout était si compliqué, mais la décision de la bleue était prise, dès qu’elle le pourrait, elle partirait.

- J’suis désolée, eh, les gardes arrivent. Prend bien soin de tes fesses ma belle ! dit Zoey en se redressant.

- Ouais.. Toi aussi, s’il te plait..

Leurs mains mirent un certain temps à se détacher l’une de l’autre, Zoey leva un pouce approbateur avant de s’en retourner vers Sarrah. Dépassant les gardes, voyant la porte du petit taudis de Fanny se refermer. Elle poussa un soupir, ça ne lui faisait vraiment pas envie, pas mal de pression sur ses épaules. Et pas qu’à cause de ce connard tueur de putes.

Sarrah lui adressa la parole, la ramenant à la réalité. Elle écarquilla les yeux, un peu surprise.

- Raph’ était.. Ouais, c’était une gentille dans l’fond.. Fanny c’est un sacré cas, elle flippe très fort pour tout. Elle a pas mal de succès auprès des mecs parce que c’est un peu une soumise je crois. Pas une étoile de mer, hein, enfin les détails je pense que tu t’en fous.. Euuuuh. Ouais. Il fait flipper ce mec, j’espère qu’il m’a pas suivie, moi !

Elle croisa les bras, elle se mit à réfléchir à son tour. Qui ressemblait à Fanny et Raphaëlle ? Qui était gentil, parmis les filles du bordel ? Il y avait pas mal de filles colériques, un peu mauvaises, dominatrices. Il y avait celles qui ressemblaient à Zoey, un peu décalées, c’était dur de toutes les connaîtres aussi. Mais si on ne pensait qu’à celles de repos en ce jour, celles dont ZOey avait parlé plus tôt, il y en avait bien une.

- On a bien Rose, elle est pas aussi peace que Fanny mais c’est l’une des mignonnes, une petite blondinette. Je me demande comment font les mecs pour avoir envie de la baiser elle, elle ressemble à un bébé ! Enfin bref. Mieux vaut aller voir, si ce que tu dis est vrai il est peut-être déjà vers chez elle.. Je sais à peu près où elle vit, suis moi ma bibiche !

Les deux femmes partirent droit vers chez Rose. Même pas le temps de discutailler avec Sarrah, il fallait vraiment faire vite. Rose et Zoey n’était pas vraiment amies, mais en même temps, personne ne détestait Rose, vraiment personne. Elle était tellement adorable comme gamine. Elle avait 23 ans mais semblait vraiment en faire 18, chose qui faisait son certain succès. C’était un poil glauque d’ailleurs.

Rose vivait dans l’un des quartiers un peu tranquilles des galeries. Un truc assez récent, au final. Cela ne rassurait pas forcément Zoey, il n’y avait pas trop de monde par là bas, si e bâtard jouait bien son coup, et il avait l’air assez bon joueur, il pouvait largement aller et venir sans se faire voir par un quelconque témoin oculaire. Zoey pesta intérieurement. Elle n’avait pas envie de voir toutes les putes sympa se faire trucider ce soir !

Les deux femmes mirent entre cinq et dix longues minutes à rejoindre l’endroit approximatif où résidait Rose.

- Bon bon bon.. Me semble qu’elle vit dans ce coin là. Enfin non j’en suis sûre mais où exactement, c’est là que c’est chaud sa mère. On a qu’à faire du porte à porte style témoin de Jéhovah ? On part chacune d’un côté et la première qui trouve Rose.. Est contente ? J’sais pas ?

Zoey haussa vaguement es épaules en marchant à reculons dans l’une des directions. Mine de rien, elle n’avait pas tant que ça envie de se séparer trop longtemps de Sarrah, surtout après avoir en partie promis à Fanny qu’elle resterait bien proche d’elle. Enfin bon, ce qu’elle ne saurait pas ne pourrait pas lui faire de mal comme on dit, hein ? Zoey s’avança tranquillement, comme en pleine balade champêtre dans le large dédale des habitations. ‘endroit n’était pas très animé et pour cause, tout n’était pas encore habité. Rose avait eu l’occasion de venir ici il y avait peu de temps, à force de travail acharné. Elle pourrait être riche, cette fille là, mais les Jumelles prenaient tellement sur ce qu’elle gagnait qu’elle restait leur esclave. Zoey soupirait en pensant à cela, si un jour on apprenait qu’elle dérobait un peu de la recette de ses journées pour son compte personnel.. Heureusement qu’elle ne s’achetait jamais rien qui pouvait paraître suspect. La bleue comptait obtenir arme et tout le bordel adéquat pour survivre le jour J, juste avant de partir. De cette manière, rien n’aurait le temps de remonter aux Jumelles, et lorsque cela serait le cas, elle devrait être déjà loin.

En tout cas, elle marcha, arpenta les couloirs pendant un certain temps. Elle frappa à certaines portes, demanda si Rose vivait dans le coin. Dans les pires des cas elle devait décrire la jeune fille. Mais plus elle allait, plus on lui disait que c’était un peu plus loin, elle était sur la bonne piste et cela la ravissait grandement. Au bout d’un moment, un homme ricana en lui disant bien la connaître “ si vous voyez ce que je veux dire “ ajouta-t-il. Et décrivit son habitation, une porte faîte de tôle verdâtre, un peu pourrie. Cela était amplement suffisant pour trouver.

Plus tard, la prostituée tomba sur une porte faite de tôle verdâtre, cela aurait pu la soulager mais celle-ci était grande ouverte, d’une manière un peu trop sinistre au goût de Zoey.

- Oh putain de putain d’merde..

Zoey n’attendit pas une seconde avant d’entrer. Elle se précipita à l’intérieur. Affolée par la crainte qu’il ne soit trop tard.. Crainte plus que fondée. Zoey pénétra la chambre et appela Rose, mais elle n’entendit rien. Elle jura en passant une main sur son front. L’endroit ressemblait un peu à une scène de ménage. Le peu de mobilier était sans dessus dessous. Zoey avait peur. Elle n’osa toucher à rien et sortit à moitié de l’habitation de Rose.

- Saaaaaarraaaaaaah !! Ramène toi c’est critique là ! beugla-t-elle, peu lui importaient les voisins. Son coeur tambourinait dans sa poitrine, la peur au ventre.

Elle espérait juste qu’il n’était pas déjà trop tard..


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Sarrah
Sarrah
Survivant
Ven 20 Avr - 0:45
Sarrah

ft.Sarrah

ft. Zoey Bourne

Jack l’Éventreur ... ?




“ Saaaaaarraaaaaaah !!”




Un cri. Qui résonnait sur les murs bétonnés des souterrains. Un cri qui contenait une crainte immense, une funeste prémonition. Je m’oriente comme je peux dans ce dédale et me précipite vers la source de cet appel éperdu dans la pénombre. Zoey. Bordel. Mes foulées s’allongent. Sans m’en soucier, je bouscule plusieurs personnes qui ne cessent de jeter des coups d’œil craintifs autour d’eux. Mais la menace est ailleurs… Elle ne les atteindra pas. Pas eux. La cible, ce ne sont pas eux.

La peur. Elles grignotent chaque parcelle de leur corps. La mienne rampe sur le mien, s’insinue partout : dans tout ce que je vois, dans tout ce que je perçois. Métamorphosant chaque chose sur son passage, elle m'empêche de respirer, enserre mon cœur et affole le moindre de mes mouvements.

J’ai peur. Peur de ce qui pourrait arriver, de ce qui est déjà arrivé sans doute. J’ai peur. Peur de faillir à ma promesse, de faillir à mon devoir. J’ai peur. Si peur que d’autres visages, d’autres pupilles s'ancrent en moi. J’ai peur de toucher du doigt l'innommable. Peur des horreurs cachées dans l’esprit de l’homme. De cette part de ténèbres que tout un chacun a, de cette part lâchée par des êtres malades. Fou. J’ai si peur de mes semblables. De ce qu’ils sont devenus. De ce que je pourrais peut-être finir par être, qui sait ?

Parce que toute cette folie fait écho à quelque chose en moi qui se tapit dans l’ombre de ma tête. Qui me murmure dans mes pires moments des promesses de mort, de souffrance, d’agonie. Qui me murmure que je devrais me laisser aller, que je ne vaut pas mieux. Que si j’avais été plus forte, plus dure, tout ce en quoi je croyais, tout ce en quoi j'espérais, aurait pu perdurer. Qu’Eric serait encore à mes côtés. Oh, la tentatrice. Oh, la voix insidieuse. Oh, qu’elle jubilait. Qu’elle s’agitait en voyant le massacre perpétré. Si seulement j’étais plus intelligente, plus réactive, peut-être que cet homme serait mort à l’heure qu’il est ? Comme toujours. Comme toujours me chuchotait-elle. Si je lui laissais le contrôle, si je me laissais guider par elle, plus rien ne m’atteindrait, plus rien ne surviendrait que je n’aurais pas souhaité. Qu’importe la morale cartésienne, le bien, le mal, il suffisait juste de savoir frapper juste, frapper là où la douleur serait insoutenable. Frapper physiquement, frapper moralement, frapper les esprits et les craintes. Frapper. Sauvagement.

Mon visage se transforme en rictus. Mon cœur brûle. Mes poings s’ouvrent et se referment au rythme de mes pas. J’aimerais tant crier. M’arracher la peau, m’ouvrir le ventre. Sortir ce doute, ce vacillement. La boîte de pandore est ouverte. Une porte au fond de mon être s’est ouverte et je suis sur son seuil. Les images sanguinolentes des dernières scènes de crime me reviennent en mémoire. Ces visages, si immaculés. Ces yeux, si vivants et pourtant définitivement éteints. La porte est ouverte et je suis sur son seuil. J’ai si peur.

Ramène-toi, c’est critique là !

Je me raccroche à cette voix. Je m’accroche à elle. J’avale les mètres. Je suis tout près. Personne ici. Pas de passants ou de voisins apeurés. Personne. Ils se terrent, ils se cachent, ils savent. Ils savent que quelque chose est arrivée. J’aspire plus d’air. J’essaye de la faire taire. De faire taire cette voix.

Enfin. L’encadrement d’une grande porte se dessine dans l’obscurité tremblotante de ce coin de galerie. La silhouette de Zoey dans l’embrasure est aussi mouvante qu’un mirage. Une porte grande ouverte où j’y entends un souffle. Hachuré. Le crissement de pas sur du verre brisé. La femme bleue lève ses yeux vers moi. Son corps tendu. Elle a vu quelque chose. Sa main pâle tranche sur la poignée de la porte. Finalement, elle me désigne du menton la chambre de la prostituée. Sans hésiter, j’y entre, couteau brandis devant moi.

Tout est sans dessus dessous. Ma tension est maximale. De rares meubles jonchent la pièce. La vaisselle est en morceaux. Quelqu’un a enfoncé un couteau dans la table. Des gouttes de sang perlent au sol. Je suis cette piste dans le silence pesant de cet exigu logement. Au bout, il y a une seconde porte. Faite de brique et d'broc. Un rajout récent. Je retiens ma respiration, me rapproche inexorablement. La porte est entrebâillée. D’un geste brusque, je l’ouvre et me précipite à l’intérieur. Une personne. Étendu. Des mèches dorées jurent avec les teintes vermeilles du sol et des murs. Tout porte à croire qu’elle est morte. Pourtant un léger souffle fait doucement se gonfler son torse. J’esquisse un pas vers elle avant de distinguer une trappe au sol. À peine visible, elle est légèrement ouverte. Tombant à genoux près d’elle, je l’ouvre. Un conduit. Les entrailles de la Citadelle. Comment n’y ai-je pas pensé ?

Bordel, non !

J’essaye de distinguer quoique ce soit dans la noirceur opaque. Un trou béant dans le sol. L’air y semble plus chaud. Plus lourd. Un frisson me prend. Est-ce une porte menant aux Enfers ? Je déglutis bruyamment, incapable de me détacher de ce puits nébuleux. Un râle pourtant, m’en détourne. La femme-enfant. Je me glisse à ses côtés sans me soucier de la mare de sang qui s’étend autour d’elle. Si belle. Les larmes glissent sur ses joues rondes, sur ces lèvres rubis, mais, déjà, son teint est d'albâtre. Annonciateur d’une fin imminente. Délicatement, ma main caresse son front. Doucement, je la saisis sous les aisselles pour la rapprocher de moi et que mes cuisses lui servent de coussins. Elle me fixe. Une terreur primale se lisant dans ses yeux. Elle sent la mort arriver.

Petit corps fracassé. Petit corps… Ma respiration se fissure. Se coupe. Son torse nu, laisse voir les trous béants des coups de poignard qu’elle a reçu. Mon regard s’y perd tout autant que ma raison. Les marques sur son cou… Ses ongles cassés.

Zoey.” Ma voie n’est qu’un murmure qui brise le silence des lieux. “Zoey.” Fis-je un peu plus fort. “Je suis désolée.” Ma voix s’éteint.

Du bout des doigts, je continue de caresser les traits de la prénommée Rose. Cette dernière me fixe toujours. Son corps frissonne par moment, se contracte involontairement. Sa respiration sifflante m’horrifie. Un coup dans l’un de ses poumons en est sans doute la cause. Des bulles de sang se forment à la commissure de ses lèvres et je vois son être se débattre pour chercher de l’air. De plus en plus difficilement. Elle souffre et la voir ainsi, assister à une agonie, à la sienne, c’en est trop pour moi. J’assiste, complètement déconnectée à la fin d'une nouvelle victime et je suis incapable d'en détacher les yeux.

Je suis si désolée. Si désolée.

J'entends les pas de Zoey dans mon dos. J'entends son hoquet de stupeur. J'entends aussi son départ précipité de la pièce. Et nous sommes de nouveau seules. Dans le silence pesant, ponctué de sifflements, de nos respirations rauques. J'ai échoué. Et le poids de la responsabilité s'abat comme une enclume sur mes épaules. Le dos voûté, visage baissé vers la jeune femme, je me sens m’affaisser. Bientôt s'en suivra la culpabilité. Mordante. Déchirante. Bientôt.

Tout est fini.

Ses yeux se vident.

La vie s'en va.

Tout est fini.

Un dernier spasme, une dernière bulle sur ses lèvres qui éclate.

Un affaissement soudain.

Tout est fini.

Et je reste là. Sans plus faire un geste. Sans oser respirer.

Ses traits s'ancrent en moi. Sa fin s'est ancrée en moi.

Tout est fini.

Les morts se ressemblent. Celle-ci, je l'ai déjà contemplé. Ailleurs. Avant. Avant la fin du monde. Une que j'avais causée.

Ses yeux m’observent toujours. Je les referme, lui couvre le corps avec ce que je trouve et m’avance chancelante dans l’autre pièce pour voir comment va Zoey. Courbée au-dessus de la table, elle semble avoir grand mal à rester debout. Je me stoppe retenant mon souffle. Avancer et faire face ? Attendre et observer ?

Zoey.” Commençais-je d’une voix rauque. “Zoey. Je-je. Je n'ai pas les mots. Je n’en ai plus.” Courte pause avant de reprendre. “Il est parti par un conduit sous cette portion de galerie. Je vais le rattraper. Avant qu’il ne soit hors de ma portée. Oui, hors de ma portée…” Avant qu’il n’arrive dans un territoire où la juridiction des gardes n’avait pas cours… Vraiment plus… “Honnêtement, je comprendrai si tu veux t’arrêter ici. T’es pas obligée de vivre tout ça, de voir tout ça.. Tu n’es pas obligée de me suivre.” Nouveau silence pesant.

Je baisse la tête, observant le sol, les débris épars. Je n’étais pas sûre de pouvoir la protéger une fois dans ces tunnels. C’était presque de la folie que de suivre cet enculé là-dessous. Je ne connaissais pas Zoey, elle ne m’était aucunement liée, elle pouvait tout aussi bien choisir de rebrousser chemin. Car dès lors que nous descendrions, il n’y aurait plus de marche arrière possible sans avoir réglé le compte de ce type. Elle avait pas à vivre tout ça. Pas à voir toutes ses collègues finir ainsi… Que deviendrait son ami, Fanny, si elle ne revenait pas ? Si elle revenait changée ? Je ne pouvais pas faire machine arrière, lâcher l’affaire, j’en avais fait la promesse. Mais elle… Elle était libre. Une autre pensée coupable me vint alors : m’étais-je ne serait-ce qu’intéresser à elle en tant que personne ? Non. Limité à l’utilité qu’elle avait pour m’aider dans ma traque. Qu’est-ce que je foutais… Je n’étais pas un client, quelqu’un qui la considérait comme un simple bout de viande bonne à se vider dessus. Bon dieu. Je me pris la tête entre les mains, voulant cesser toute cette cacophonie dans mon esprit. Calme toi bordel. CALME TOI.

Silence. Je me redresse droite. Rouvre mes yeux. L’arrêter. Quelqu’en soit le prix. Quelqu’en soit le prix. Reste forte. Reste droite. Tu ne peux pas craquer maintenant. Pas ici, pas maintenant. Rebondir. Toujours. Avancer. Toujours. Une fois que tu auras atteint ton objectif, tu pourras. Tant qu’il me restera un souffle, je continuerais. Blinde toi. Tu t’émousses trop. Durcis toi. Et avance. Une nouvelle étincelle brille dans mes yeux, réchauffe mon cœur. Je me mouve enfin, cherchant à trouver un moyen d’éclairer le tunnel dans lequel j’allais descendre. Nous allions descendre. Peut-être.



Trouvant ce que je cherchais, je me retournais vers Zoey qui m’observait en silence.




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Zoey Bourne
Zoey Bourne
Rescapé
Localisation : Peut-être un peu paumée, tiens..
Mar 24 Avr - 0:54
Zoey Bourne




Avec
Sarrah


Jacques l'Éventreur..?

Le fait que Sarrah s’excuse subitement après être entrée dans une pièce adjacente n’avait rien évoqué de bon à Zoey. Elle avait ressenti le plus grand mal du monde à déglutir avant de finalement se décider à approcher. Jamais elle n’aurait imaginé que Rose était là, à peine de l’autre côté d’un semblant de porte. Elle n’avait pas voulue entrer, pas voulue toucher quoi que ce soit, elle n’avait rien entendu. Elle ne s’était pas doutée un seul instant..

Passant à peine le pas de la porte son regard était tombé sur la scène du carnage. Cette fois-ci seulement contrairement au corps de Raphaëlle, celui de Rose n’était pas froid et ne semblait pas juste vivant. Il l’était, Rose l’était. leur regards se croisèrent une fraction de seconde, tout juste assez pour que Zoey ne comprenne. La pauvre petite, la bleue ne l’avait jamais vraiment portée dans son coeur mais.. Quand-même, qui méritait ça ? Portant une main à sa bouche et faisant immédiatement demi-tour, elle ne pouvait pas supporter ça. Pas vivante, c’était difficile à admettre et ce même pour elle mais.. Elle préférait la voir morte, pas agonisante, ça faisait trop mal. Elle ne cessait de se dire que ça aurait totalement pu être elle. Ou pire, Fanny. Zoey retint un haut-le-coeur qui aurait très bien pu se terminer en vomissement. Restant plusieurs longues secondes penchées en avant, mains sur les genoux, presque recroquevillée sur elle même. Jamais elle ne s’était sentie autant.. Elle-même. Craintive, impuissante, incroyablement faible et inutile. La jeune femme frappa répétitivement son front par deux fois de la paume de sa main pour se ressaisir. Rose était morte, et ça la faisait sacrément chier. Bizarrement elle s’était imaginée arrivant juste temps pour la sauver, la serrer dans ses bras en lui disant que tout irait bien, regarder Sarrah péter la gueule de quiconque était le tueur et le voir se faire coffrer.

Mais non. Après le haut-le-coeur, Zoey réprima des larmes. Sarrah ne tarda pas à faire son apparition dans la pièce et la prostituée se redressa mollement, séchant ce qui commençait à perler au coin de son oeil. Sarrah, ça l’avait impactée elle aussi, normal, après tout. Elle semblait si désabusée en cet instant, tout aussi misérablement inutile que Zoey. Dans un sens, ça la réconfortait un peu. Une seconde elle se demanda comment est-ce qu’elle était avant la fin du monde, mais elle n’avait guère le temps de s’en soucier davantage. Le désarroi de Sarrah ne perdura pas longtemps. La garde avait les idées bien claires et savait ce qu’elle voulait.

- Un.. Conduit..? Euuuh.. La prostituée avait cligné des yeux, l’information montait lentement, bien assez vite elle retrouva son calme et recommença à jouer son rôle, Nan, bien sûr que nan j’vais pas juste laisser tomber comme ça j’veux dire.. Raph’, Rose.. Ce mec là en bas il.. J’peux pas ne pas continuer. Puis, merde ! Même toi tu peux pas y aller seule, t’es plus balèze que moi mais.. ‘Fin, si j’peux aider, t’sais. Je veux vraiment venir, j’en ai besoin. J’te suis, ce mec va plus tuer personne, sur la tête de ma mère qu’il va plus effleurer le moindre cheveux d’aucune putain de pute c’est mort. avait-elle annoncé avec toute la confiance qu’elle avait en elle.

Sans plus attendre Zoey dépassa Sarrah, entra dans la chambre, elle vit Rose, ce qu’il en restait, sous un drap. Au moins elle n’avait pas à voir le carnage une nouvelle fois. Elle soupira, baissa la tête, la trappe. Elle menait vers un gouffre, ça l’inquiétait mais il fallait bien y aller.

- Quand faut y aller, putain..

Elle s’aida des barres faisant office d’échelle pour rejoindre le conduit, prête à s’y engouffrer, n’attendant plus que Sarrah pour qu’elle prodigue la lumière.


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Sarrah
Sarrah
Survivant
Lun 23 Juil - 19:16
Sarrah

ft.Sarrah

ft. Zoey Bourne

Jack l’Éventreur ... ?




“Pourquoi est-ce toujours les meilleurs qui disparaissent les premiers…”




Le barman m’observe tristement en continuant d’astiquer le verre entre ses mains. Le chuintement produit par son travail est le seul venant perturber la quiétude du lieu. Il est bien tard, si tard que le jour ne tardera pas à poindre. La pièce est plongée dans une semi-pénombre, seul le comptoir reste illuminé par la bougie se consumant lentement. Nous sommes seuls. Depuis longtemps déjà, les habitués de l’Underground ont quitté un à un le bar. Mais je persiste et reste. Et lui ne dit rien, ne fait rien pour me déloger. Il m’observe et me ressert en gardant toujours le silence. Douce attention. Mon verre est à moitié vide, mais les reflets du liquide qu’il contient m’hypnotise. M’emprisonne. M’aspire. Me ramène des années en arrière, à la conclusion de cette fameuse affaire… À sa fin amère. À un sourire. À ma rage. À mon impuissance, empêtrée dans les intrigues de la Citadelle.

Pourquoi les pires continuent-ils de prospérer comme si de rien n’était ? Comme si rien n’avait changé ? Pourquoi faut-il toujours qu’il y ait une classe dominante ? Fait chier ! Putain !



Silence persistant. Je finis mon verre, maudissant mon état soûl et pathétique.








Les bruits d’une cavalcade dans les ténèbres.




Ils semblent si proches, mais leurs échos nous trompent. J’allonge encore ma foulée, trébuchant parfois, Zoey sur les talons. L’espoir de coincer définitivement cet enculé me donnait des ailes, surpassant la crainte de tomber dans un trou à rat. Oh, combien aurait-il mieux valu que je me précipite moins ? Oh, combien… Les signes sur les murs étaient pourtant là. Bien visibles. Les marques, les sigles, mais rien n’y fit. Je ne ralentis pas l’allure, persuadée de toucher au but.

L’odeur d’égout, de saletés, de vermine, de moisissures se fit de plus en plus forte. J’entendais le souffle hachuré de Zoey avec cette impression fugace que nous courrions à travers ce dédale depuis plusieurs heures. Bientôt, nous fûmes obligées de ralentir : de l’eau s’infiltrait partout et nous pataugions dans une immonde mélasse. J’étais en sueur. L’air lourd et immobile n’aidait pas.

Plus vite ! Il va nous échapper !” Grognais-je.

En effet, le bruit de la course de notre Jack semblait faiblir, s'évaser. Dans la précipitation de cette course-poursuite, je n'avais absolument pas fait attention aux multiples embranchements que nous avions emprunté. Si nous perdions Jack, nous serions définitivement égarées dans ce dédale. Labyrinthe qui m'étonnait par sa grandeur et son état de décrépitude avancée… Les fissures qui couraient sur les parois autour de nous semblaient de plus en plus grandes au fur et à mesure de notre progression. À un tel point qu'il était miraculeux que nous n'ayons pas encore rencontré de portions effondrées…

Là encore, les bases de la Citadelle étaient des plus précaires. Un jour, lointain ou non, ces galeries finiraient par s'effondrer et il était facile d'imaginer que ce qui se trouvait au-dessus s'affaisserait et chuterait. Une vraie termitière… La prudence et le pragmatisme voudraient que des efforts soient faits pour entretenir ces vieux conduits, mais il était visible que ce n'était pas le cas. Que tout ici était à l'abandon. Même les fantômes de la Citadelle, ceux qui vivaient dans les tunnels perpétuellement plongés dans le noir, ne venaient pas ici.

Peut-être était-ce dû à la présence de ces dessins, de plus en plus grands, de plus en plus menaçants… À moins que l'odeur pestilentielle, les moisissures et la pataugeoire de cette portion ne les aient dissuadés…

Zoey m'agrippa soudainement le bras, un doigt sur les lèvres, elle me fit signe de tendre l'oreille : on distinguait dans le lointain des bruits de percussion. Je fronçais des sourcils, indécise.

On nage en plein délire…

Guettant quelques instants de plus les échos de cette mélopée métallique, je finis par dire à ma jeune compagne qu'il fallait que nous repartions. Nous courûmes encore un bon moment avant de finalement déboucher sur un grand espace souterrain. Un ancien chantier peut-être au vu des machines abandonnées. Promenant ma lampe de torche dans les ténèbres de ce puit, je ne pus m'empêcher de pousser un sifflement ébahis. Une énorme foreuse prenait une place conséquente du lieu, entourée de pelleteuses, de gravats.

J’ouvris de grands yeux : il était logique qu’au fil des décennies, la ville de Paris est souhaitée agrandir et étendre son réseau de métros. Mais avoir sous les yeux le reste d’un de ces titanesques chantiers m'impressionnaient. Non pour l’exploit technique qui était indéniable, mais pour l’audace de forer ainsi les bases de la ville. Juste au-dessus, elle n’avait aussi cessé de se densifier, de s’ériger toujours plus haut vers le ciel. Avait-on pensé à ce qu’il se passerait dans cent ans ? À ce qui se passerait en cas d'effondrement ? En cas de séisme ?

Plic, ploc. Plic, ploc, ploc, plic. Je levais les yeux et le faisceau lumineux vers la voûte du tunnel tout en m’avançant dans cette caverne incongrue.

Bordel de merde.

L’eau s’infiltrait de partout. Ce que nous avions pris pour une mélodie créée par la main de l’homme n’était en réalité que la preuve de son outrecuidance, de son orgueil. L’eau passait à travers une myriade de petites fissures et les gouttes en tombant en cascade sur les nombreux objets métalliques formaient un chœur de percussions. L’écho était fantastique. Toute la pièce résonnait, le bruit se répercutait en tous sens. C’en était hypnotique. J’aurais pu trouver cela beau, m’extasier devant ce spectacle. J’aurais pu. Mais mes yeux ne pouvaient se détacher de ce plafond sérieusement endommagé. De tout ce que ça pouvait impliquer dans l’avenir. J’avais peur. Très peur d’un coup pour les années à venir.

Nous n’avions plus les moyens pour entretenir les infrastructures de cette taille. L’apocalypse avait détruit ce que nous avions de plus précieux : le savoir. La maîtrise des sciences, des domaines de cette dernière. Nous l’avions perdu. Les personnes expertes dans le bâtiment étaient très rares, les outils pour stabiliser, renforcer ce type de structures étaient inutilisables avec nos moyens actuels. C’était juste trop grand, trop étendu…

Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.

Zoey poussa un cri de surprise, manquant de tomber dans l’eau qui nous arrivait à mi-mollet. Je me tournais brutalement vers l’homme qui théâtralement nous surplombait, juché sur la carcasse rouillée d’un conteneur. Il n’était qu’à une vingtaine de mètres de nous, mais sa tranquille assurance m’alertait. Couteau sorti, en garde, me reculant jusqu’à sentir le souffle de Zoey sur ma nuque, je ne quittais pas des yeux cette silhouette sombre.

Dos à dos.” Lui soufflais-je.

Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers.” Reprit-il d’une voix profonde. “ D’empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siècles avec leurs dieux et leurs lois, leurs académies et leurs sciences pures et appliquées, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques.

Les bras écartés, il semblait vouloir embrasser le monde, embraser une assemblée invisible. Il s’avance d’un pas et son visage se retrouve illuminé par ma lampe. Réel ou non, ses yeux luisent faiblement, accentuant la ferveur malsaine de ses traits. Il est en plein délire. Et quel délire ! Il en frissonne, il trépigne, s’agite en tous sens et par à-coup brusque comme si son corps parvenait à peine à contenir son esprit malade. Un fou. Un psychopathe. Effrayant. Puis à la fin de sa tirade, il s’arrête. Le concerto métallique reprend le dessus sans pour autant masquer les clapotements suspects provenant du fond de la galerie.

Zoey. D’autres arrivent…” Chuchotais-je.

Un mouvement brusque de la part du dingue attire mon attention. Il a sauté au bas de son perchoir et s’approche de nous d’un pas magistral. Je fronce du nez. Une odeur de charogne plus violente que celle de la pourriture ambiante me saute à la gorge et pour cause : il est couvert de sang. Plus ou moins séché. Des morceaux indéfinissables sont accrochés à sa cape d’un noir feutré. Peu de doutes subsistent : il s’agit probablement de notre Jack.

Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose.” Il s’approche encore. Mon cœur bat à toute vitesse. “Nous apercevions à travers l’épaisseur de l’histoire, les fantômes d’immenses navires qui furent chargés de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, après tout, n’étaient pas notre affaire.” Nouvelle pause théâtrale. Il s’arrête cette fois. En deux enjambées, je pourrais l'abattre. En deux enjambées son - ” Élam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence même. Mais France, Angleterre, Russie. .. Ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom.

Sa voix se fait tonitruante. Le souffle de ma comparse se hachure. Qu’a t’elle vu ou entendu ? Une envie irrépressible de lancer un regard sur les côtés me prend. Je serre les dents. Ne pas se déconcentrer.

Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie.

Il achève sa déclame en hurlant et comme pour un signal, de multiples lumières illuminent la pièce en même temps, nous inondant de leurs lueurs éclatantes. Nous aveuglant. Plissant les yeux, réaffirmant ma prise sur le manche de ma lame, je ne pipe mot, mais je n’en mène pas large. On est piégées. Encerclée. Sentant Zoey se plaquer encore plus contre moi, je lui serrais brièvement la main, dans un geste plus symbolique qu’utile. Nous étions faites comme des rats.

Vous aussi vous l’avez senti, n’est-ce pas ? Vous l’avez senties en arrivant ici, toute la fragilité de notre civilisation, de l’espèce humaine ?” Il désigne le plafond, les machines abandonnées autour de nous dans de larges gestes des mains. “Nous qui nous nous croyions si forts, si avancés technologiquement, immortels presque, nous ne sommes finalement rien. Des insectes. Des pêcheurs qui se sont crus des Dieux. Qui ont voulu égaler Dieu. Le surpasser. Et regardez : tout s’effrite, tout rouille, tout moisi, se décompose. Notre civilisation et ses merveilles ne sont qu’un château de cartes, un château de dupes. “ Comme un professeur expliquant à des élèves difficiles, il reprend plus fermement. “Et dans vingt ans et dans trente ans, que restera t’il de tout cela ? Restera-t-il encore des survivants ? “ Il éclate de rire. “Seul Dieu apportera le salut aux pénitents ! Seul Dieu permettra à ceux qui le mérite de trouver la rédemption.” Je jette de brefs regards autour de nous : aucune des personnes présentes ici ne semblent être pour le moment menaçante. Étrange. “Ne voyez-vous pas que je ne suis que l’objet de Dieu. Ne voyez-vous pas la mission sacrée qu’il m’a ordonné de mener ?

La ferme !” Hurlais-je, excédée. “Vous n’êtes qu’un cinglé parmi tant d’autres ! Un meurtrier ! Au nom de quoi ces femmes devaient-elles mourir ? Au nom de vos croyances ? Au nom de votre soi-disant sacro-sainte mission ? Dieu, exister ? Foutaises ! C’est votre folie qui prend des aspects divins et qui vous berne !

Il éclata de rire avant de lancer au tout-venant : “Que voilà une brebis égarée ! C'est-elle, elle aussi, laissée berner par une de ses démones, une de ses putes, hein !

Il pointa Zoey d'un doigt dédaigneux et cette dernière ne se laissa pas faire en lui sortant une volée d'insultes toutes plus fleuries les unes que les autres.

Vous allez payer pour ce que vous avez fait.” Achevais-je.

Il éclata de rire.

Moi ? Payez ? Mais savez-vous au moins où vous êtes ? Savez-vous qui je suis ? Qui nous sommes ?

J'avançais de deux pas pour lui clouer définitivement le bec lorsqu'une femme se détacha du cercle et s'interposa.

Il suffit.” Elle me fixa droit dans les yeux d'un regard noir et insondable. “ Pas un pas de plus, où c'en est fini de vous.

Je crachais à ses pieds en guise de réponse. Sans se démonter, elle reprit :

Vous n'êtes plus dans un territoire sous juridiction du service de sécurité de la Citadelle. Vous devriez pourtant le savoir. Bienvenu dans le monde souterrain. Shade vous envois ses salutations et vous présente son frère, Matthews.

Je fermais les yeux de dépit et de colère avant de commencer à m'esclaffer devant la cruauté de la situation. Shade… Merde !

Vous protégez un psychopathe. Il a littéralement mis en pièces plusieurs jeunes femmes qui n'avaient rien demandé, qui se contentaient de survivre. Ces crimes ne peuvent rester impunis ! Il doit payer pour tout ce sang versé !

Et nous le ferons. Attiser les hostilités entre le Conseil et le monde souterrain n'est pas dans les objectifs de Shade, bien au contraire. Il payera. Mais ce ne sera pas par vous. Ni aucune personne des galeries supérieures. Vos supérieurs seront mis au courant bien entendus. Félicitations, Jack a été mis hors d'état de nuire grâce à vous. Un de mes subalternes vous raccompagnera à la surface. Bonne fin de journée, Mesdames.

La femme se tait, un léger sourire aux lèvres avant de se détourner et de donner l'ordre à ses hommes de partir. Les multiples ombres filent et disparaissent au grès des nombreux petits conduits sur toutes les parois de la salle. Le bien nommé Matthews nous fixe quelques instants avant de sortir de sous sa cape un bocal. Très doucement, il le pose au sol, réajuste sa position et avec un sourire s'éloigne de quelques pas avant de lâcher en guise d'adieux :

Un petit souvenir pour que vous vous rappeliez toujours de ce qui rôde dans le noir.

Zoey s'approche du bocal, le saisit et dans un hurlement le lâche.



Les échos du rire de Jack se répercutent sur toutes les parois, content de son effet, mais il est déjà loin et hors de notre portée.




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Zoey Bourne
Zoey Bourne
Rescapé
Localisation : Peut-être un peu paumée, tiens..
Dim 29 Juil - 10:07
Zoey Bourne




Avec
Sarrah


Jacques l'Éventreur..?



A chaque pas de plus qu’elle faisait dans ces conduis plus souterrains encore que ceux qu’elle connaissait habituellement, Zoey se demandait ce qu’elle fichait là. Bien sûr, elle avait envie que les autres filles arrêtent de crever et que l’autre malade soit mis hors d’état de nuire mais.. La peur la rongeait, elles n’étaient que deux, Sarrah et elle. Zoey n’était pas particulièrement une combattante, depuis le début de l’apocalypse elle n’avait même rien fait du tout toute seule pour survivre. D’abord la police à son université du nord, puis l’armée, armée qu’elle avait suivi jusqu’ici à Paris avant de manquer au moins mille fois d’y passer avant de tomber sur l’embryon de groupe qui plus tard devenait la Citadelle. Endroit duquel elle n’a pas bougé depuis. Même si elle compte en partir.. Encore fallait-il en sortir, et survivre à cette journée, tiens. Sarrah avait la rage, quant à elle, Zoey n’avait pas l’impression qu’elles auraient pu courir plus vite avec toute la bonne volonté du monde.

Au moins, l’autre n’était pas très très loin devant, semblait-il, seulement Zoey ne savait pas avec certitude, il pouvait très bien être vraiment loin de là et elles ne suivaient que la résonance de ses pas. Aussi, plus elles évoluaient et plus l’endroit avait l’air de partir en lambeaux. Zoey n’osait même pas courir trop près des murs, de peur de les faire s’effondrer sur elles par accident, c’était bien sûr un peu exagéré mais tout de même. Alors que la bleue suivait du regard une longue faille dans le mur d’un regard suspicieux, elle commença à remarquer d’autres choses. Elle pensa tout d’abord à des messages, des écritures, mais non, pas que. Il s’agissaient de dessins, de sortes de marquages peut-être ? Certaines choses étaient très macabres. Cet enfoiré de tueur avait eu le temps de faire tout ça ? Il devait avoir un sacré passif, une place dans un asile lui aurait été chaudement recommandée si le monde n’était pas parti en vrille. Impossible qu’un mec pareil ne le soit devenu qu’à cause de la fin du monde. Connard.

Soudain, la prostituée se mit à tiquer, fronçant les sourcils et tendant l’oreille. Des dizaines de.. Coups, sourds, comme si quelqu’un frappait sur un tambour, sauf qu’en fait il étaient beaucoup à frapper.

Et s’ils étaient plusieurs, à massacrer de la pute, là-bas ? Au lieu de se retrouver à deux contre un, elles risquaient de voir un invité surprise, ou plusieurs.. Zoey ne voulait pas du tout de ça, et comme Sarrah, aveuglée par sa colère et sa rage de vaincre du moment ne semblait pas avoir remarqué ce qui se profilait à l’horizon, Zoey tendit de bras pour choper le siens, lui faisant signe de se taire, d’écouter.

Après quelques instants de flottement, Sarrah jugea bon qu’il vaudrait sans doute mieux déguerpir,cette idée plaisait à Zoey mais elle signifiait aussi d’abandonner la poursuite, mine de rien, ce n’était pas une bonne solution non plus.. Sur le long terme, ça pourrait lui nuire à elle, ou à Fanny, ou n’importe qui d’autre. Se retrouvant dans une sorte d’immense cave pleine de véhicules d’excavation et de travaux souterrains, Zoey comprit qu’il s’agissait d’un vieux chantier.

- Rah cet endroit pue la merde. Il va nous tomber dessus dès qu’un rat va péter de travers, on ferait mieux de tirer t’as rais-.. commença-t-elle, interrompue par l’éclat de voix d’une tierce personne.

Probablement celui que Zoey pensait avoir perdu, ayant filé, profitant du bruit de toutes ces gouttes pour prendre l’un des tunnels sans risquer d’être suivi.

Il était juste là, perché comme un petit enculé sur un camion d’enculé, avec sa tronche d’enculé et sa dégaine de fils de pute. Zoey l’observait avec mépris, mais en vérité elle avait très peur. Il avait l’air trop calme pour un connard sans plan, ça voulait dire qu’il en avait un, d’après elle. Sarrah devait l’avoir deviné, demandant à son équipière du jour de se mettre dos à elle, histoire de voir tout ce qui se trouvait autour d’elles. Zoey s’exécuta, gardant la tête tournée pour voir d’un oeil l’autre malade.

Ce dernier se mit à déblatérer longtemps. La bleue n’en revenait pas, enfin, il n’avait pas forcément tort, des civilisations avaient disparues, c’était indéniable. Quand Sarrah lui annonça cependant que d’autres arrivaient, Zoey écarquilla les yeux et observa les environs.

- Huh..? Ah !

Le choc sourd suivi du splash fit sursauter Zoey, une fois de plus. Elle se tourna encore à moitié pour voir, c’était le type qui venait de sauter de son camion.

So odeur pestilentielle prend la prostituée aux tripes. Elle n’ose même pas regarder son état de plus près. Cette fois, elle ne pouvait plus rester sans le voir complètement, pivotant à demi, préférant largement avoir le temps de bouger, au cas où.. Zoey ne l’écoute plus que d’une oreille. Une part de ce qu’il dit reste vrai, ça ne justifie pas le faire de trucider qui que ce soit. Elle décide quand-même de jeter quelques coups d’oeil à droite et à gauche de temps à autres. Pour ne rien manquer.

C’est justement en faisant ça qu’elle remarque des ombres, des silhouettes en train de se mouvoir un peu partout autour d’elles dans les tunnels.

- Ah putain.. lâcha-t-elle à mi-voix, terrifiée. Raclures ? Complices ? Dans les deux cas, c’était la merde.

L’autre suceur beugle derrière, et c’est là que les lumières s’allument toutes d’un seul coup. C’est comme dans un film, Zoey recule d’un pas et bute contre Sarrah, cette dernière lui prend la main. Pour le coup, ça semble être la fin.

Il ne faut pas plus longtemps à Sarrah pour s’énerver, à son tour. Mais l’autre ne se laisse pas abattre et c’est même Zoey qu’il va accuser. Même si elle avait un peu deviné qu’il avait un problème avec les prostituées comme elle, la bleue n’hésita pas à se retourner vers lui, le pointant du doigt en retour.

- Espèce d’énorme fils de pute ! Pour quoi est-ce que tu te prends ? Un sauveur ? Ta daronne t’a pas laissé jouer aux billes quand t’étais petit c’est pour ça que t’as un problème avec les filles ? Tu ressembles à une version low-cost libanaise de Zoro, sale bâtard, le rectum des zombies dehors est plus sain que ce qu’il se passe dans ta tête ! T’es rien !

Elle laissait surtout sa rage sortir pour ne pas montrer à quel point elle avait peur. Pour le coup, elle n’avait aucun moyen de se défendre et n’en mènerait pas bien large s’il venait s’attaquer à elles là tout de suite. Zoey aurait pu reprendre, elle aurait voulu, même, ça lui aurait fait du bien, mais entre temps Sarrah avait répondu et l’homme à son tour. Cependant, quelqu’un encore reprit la parole. Une femme, cette fois.

Elle se mit à parler, à dire de la merde, certes, mais de la merde réconfortante, en quelques sortes. Au moins elles n’allaient pas mourir, mais.. L’autre n’allait pas être écartelé sur place purement et simplement ? Personne n’allait l’enculer à sec avec l’une des foreuses du chantier ici présent ? La bleue bouillonne. Peu à peu, les gens s’en vont, de son côté le meurtrier décide de laisser un bocal, pas convaincue, Zoey s’en approche pour le prendre, trop curieuse, elle l’ouvre pour regarder à l’intérieur et cette fois, l’odeur est pire encore que celle du tueur. Des viscères, des entrailles, certainement pas très fraîches. Dans cette masse informe, elle distingue ce qui doit bien être un coeur humain. C’en est trop et elle le lâche. Reculant de plusieurs pas, son contenu se déverse dans l’eau croupie.

C’en est trop.

- Vous êtes tous des sous-merdes ! Amusez vous bien à vivre dans votre trou comme des clochards ! Profitez tant que ça dure, avant que tout ne s’écroules sur vos gueules, là votre conseil va vous être utile hein ? Et vos surnoms de tantouzes aussi ! Faites les beaux ! Fils d’incestes !

Zoey reprend son souffle, les autres semblent s’en ficher royalement, tant mieux, dans le fond. Ca fait du bien, c’est la première fois que Zoey agresse verbalement quelqu’un, se rebelle, depuis longtemps. Elle ne peut jamais insulter les clients, rarement les résidents de la Citadelle. Elle doit faire de l’argent, vider un peu son sac lui a fait le plus grand bien.

- J’ai vraiment besoin de me casser de ces tunnels de merde.. annonce-t-elle, à double sens.


Il faut partir d’ici, mais elle veut surtout quitter la Citadelle, le plus vite possible. Son regard se porte sur Sarrah. La fin de l’histoire doit avoir un goût sacrément amer pour elle aussi, et surtout. Ne pas avoir pu attraper le tueur à proprement parler, ne pas pouvoir le punir.. Zoey pense à Rose, à Raphaëlle, et aux autres.

- T’as fait tout ce que t’as pu, c’est.. T’as rien à te reprocher. On a sûrement sauvé du monde, enfin, toi, j’ai pas fais grand chose. On ferait.. On ferait mieux de filer !

Pour joindre le geste à la parole, Zoey prit les devants, ne voulant pas rester une minute de plus dans ce trou. Elle n’avait plus envie que d’une chose, aller retrouver Fanny pour lui dire que tout était réglé.

Et puis, le bon côté des choses. La disparitions de ces filles allait faire augmenter les affaires de Zoey, accélérant donc sa sortie..


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