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Respire. Tout va bien se passer. [Massial]

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Adeline Swindell
Adeline Swindell
Rescapé
Localisation : Dans son atelier
Mer 21 Fév - 10:12
Adeline Swindell
Ça faisait maintenant plus d'un mois que la mécano avait rejoint les humanistes. Elle avait quitté de le quartier des invités et avait désormais droit à sa chambre personnelle. Quel luxe. Elle s'y était installée, avait pu faire le compte sur ses affaires et ce n'était pas fameux. Bon ça devait bien arriver un jour ou l'autre.

C'était une journée calme, pas de grosse sortie prévue par les Humanistes. C'était une journée pluvieuse, la plupart des membres s'occupaient tranquillement à l'intérieur des bâtiments du château. Plus important c'était une journée où Adeline avait timidement réussi à se motiver pour aller à l'infirmerie en espérant y trouver le responsable du secteur médical, un certain Massial ? ou Jordan ? Elle n'avait pas très bien compris quel était son prénom ou son nom parmi tout ça.

C'était quelque chose qu'elle préférait garder pour elle mais elle n'avait plus beaucoup le choix. Elle peinait à s'en occuper seule et peut être pouvait-il l'aider.

Ainsi marchait elle d'un pas et d'un sourire moins vifs qu'à l'habitude, visiblement un peu intimidée. Et un peu tremblante en s'appuyant sur sa canne en bois de sa main gauche. Elle portait son habituelle salopette, son pull blanc à col roulé et manches longues, ses Doc Martens bordeaux et son unique gant à la main droite. Coriolis était sagement rangée dans la poche centrale de la salopette.

Arrivant devant l'infirmerie elle hésita, la porte était ouverte et elle n'entendait rien provenant de l'intérieur. Elle fit un pas en arrière. Elle ferma les yeux une seconde. Souffla. Elle fini par se décider et passer la porte, faisant le tour de la salle du regard d'un air désolé et un petit peu paniqué. Elle n'avait aucune idée de s'il serait là et, pire encore, n'avait aucune idée à quoi il pouvait bien ressembler.
Rien n'est aussi fiable qu'une très poignée d'engrenages bien huilés.
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Massial Jordan
Massial Jordan
Rescapé
Jeu 1 Mar - 21:47
Massial Jordan
Il pleuvait des cordes, aujourd’hui… Encore. Comme la veille, lors de son retour entre leurs murs. La journée avait démarré paisiblement dans la petite ruche que représentait le clan et devait théoriquement se poursuivre de la même façon. Ce qui était plutôt une bonne chose en soit.

Il n’y avait pas grand-chose de marquant au programme de cette journée. Diana était partie déjeuner depuis peu. Yseult ne prendrait sa permanence que dans quelques heures et l’infirmerie était presque déserte, hormis une récupératrice, ainsi qu’un adolescent en stage dans son secteur et maltraitant son propre patient – une compresse – avec un set de suture, depuis plusieurs minutes avec concentration, lèvre mordue, sourcils froncés.

Eteignant sa lampe stylo, plus que satisfait, le blond la rangea dans la poche de sa blouse après un dernier examen oculaire de la femme. Ça n’avait plus rien à voir avec ce que ça avait été.

« L’infection est bien enrayée, donc on ne va pas renouveler. »

Massial griffonna par la suite sur son porte document et le referma.

« Cependant, il y a un reste de sécheresse oculaire, qui devrait se réguler dans les prochains jours. Actuellement, je ne constate pas l’irritation persistante dont tu m’as fait part, mais associée à ce que tu me dis… ça ne m’étonne pas. En soirée, ajouté à la fatigue de fin de journée et à la variation de luminosité, ce manque pourrait occasionner la gêne décrite. »

« Ça veut dire que je n’ai plus qu’à m’armer de patience, maintenant ? »

Il referma un meuble après avoir tiré quelques dosettes de liquide d’une boite entamée.

« Ça veut dire qu’il va falloir patienter, mais qu’en attendant… »

« Du sérum physio… » commença à lire la patiente.

Tellement bête et basique. Généralement utilisé pour les jeunes enfants, il n’y avait rien de plus simple et inoffensif, rien de capable d’agresser son œil. En revanche, la composition restait proche des larmes et la soulagerait. Ça resterait très correct pour du provisoire.

« Tu pourras en mettre deux gouttes pour commencer. Ton œil a besoin d’être humidifié. Ce n’est pas le meilleur substitut lacrymal, mais ça fera largement l’affaire et te soulagera. »

Quelques minutes et quelques précisions plus tard, et après un rendez-vous donné pour la fin de semaine, il raccompagnait la récupératrice avant de revenir vers son stagiaire, bien heureux que la compresse servant de cobaye à ce dernier ne puisse réellement souffrir… Ni se plaindre.

« Tu… »

Il se tut, attentif, en ayant l’impression d’avoir entendu du bruit, puis plus rien. Pas d’autres pas. Pas de voix… Un tour de son imagination ? Difficile à dire ; l’endroit –
assez vaste – n’ayant plus grand-chose à voir avec la modeste infirmerie scolaire du lycée Voltaire.

« Je reviens. Recommence à côté. Essaie d’être plus régulier. »

Après un dernier regard désabusé à la charpie effectuée par le garçon, d’un pas dynamique et silencieux (la force de l’habitude), l’humaniste revint vers l’entrée de l’infirmerie, y trouvant – plantée là et l’air déboussolé – une jeune femme de sa tranche d’âge, semblant déjà prête à prendre la poudre d’escampette. Son regard accrocha aux cheveux de l’inconnue, qui lui firent brièvement penser à Flora, mais la ressemblance entre les deux femmes s’arrêtait là, aussi brusquement qu’elle commençait. Il s’arrêta également sur la canne, ce qui pouvait être une possible cause amenant jusqu’ici ce visage que le blond n’avait aperçu jusque là que de loin.

« Bonjour. Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? » se renseigna-t-il, forçant un léger sourire, alors que ses rangers l’amenaient à la rencontre de la femme en salopette.

Massial ne poussa pas plus loin le questionnement. Qu’elle vienne pour un problème, un renouvellement ou un simple renseignement, elle le lui dirait d’elle-même bien assez tôt… normalement. Il se pouvait également qu’elle préfère avoir affaire à une femme, mais dans ce cas, elle devrait patienter ou repasser, si elle se butait dans ce sens, comme ça lui était déjà arrivé.
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Adeline Swindell
Adeline Swindell
Rescapé
Localisation : Dans son atelier
Jeu 1 Mar - 23:00
Adeline Swindell
Remarquant le jeune blond qui vint à sa rencontre Adeline se figea. Elle eut presque un mouvement de recul paniqué. Elle baissa les yeux et serra son poing gauche tremblant autour de la poignée de sa canne pour se donner du courage. Quand il s'adressa à elle elle releva lentement les yeux. Tout son corps tremblait légèrement. Elle déglutit avant de prendre la parole, peu sûre d'elle. Il s'approchait toujours, se stoppant devant elle.

- Je… j'cherche Massial… Jordan.
On m'a dit que j'le trouv'rais ici…
Qu'il… pourrait m'renseigner.


Malgré sa panique évidente sa voix était douce.
Mais oh bon sang tout cela la mettait bien mal à l'aise… Et lui rappelait des souvenirs pas toujours très agréables. Elle avait pensé être débarrassée de tout ça. De pouvoir se débrouiller seule. Elle avait sans doute été naïve. Mais après tout si elle pouvait obtenir de l'aide ça pouvait ne pas être si mal, non ? Un peu de soutien ne serait pas de refus. Enfin… Elle ne savait pas encore si elle allait en obtenir, et toutes les choses qui pouvaient mal se passer, qui s'étaient déjà mal passées il y a bien longtemps, tournaient dans sa tête comme un de ces bons vieux vinyls rayés.

Pendant qu'elle avait dit ses trois phrases, une petite lumière était apparue dans sa tête, et dans ses yeux. C'était peut être lui le Massial ou le Jordan en question non ? Bon ça ne la rassurait pas pour autant, au contraire elle se sentait déjà bien bête et la situation n'allait pas en s'arrangeant. Vite pour brouiller tout ça, essayer de masquer sa confusion elle reprit la parole, bredouillant de nouveau.

- C'p'tête vous ?
C'est ça ?… C'vous ?
J'ai b'soin lui… enfin d'vous…
J'dois lui d'mander… vous d'mander…


Ça n'allait clairement pas en s'améliorant. Elle finit par se taire, un peu désespérée. D'un geste peu sûr de sa main gantée elle sortie une feuille pliée de sa poche. Elle était pas mal froissée, pliée en deux sur le milieu. Sans pouvoir la lire on distinguait qu'elle avait été imprimée, puis gribouillée. Quelqu'un a l'œil attentif pourrait y voir une vieille ordonnance. Elle ne lui tendait pas pour autant, et s'il n'était pas Massial Jordan ? Et si quelqu'un les entendait, les voyait ? Que ça puisse se répandre au sein du clan auquel elle venait tout juste de s'intégrer était sans doute la pire chose qu'elle pouvait imaginer sur le moment. Angoissée elle jetait des coups d'œil tout autour. Ça ne la rassurait pas.

- J'préférerais lui… vous… en causer…
En privé…
Rien n'est aussi fiable qu'une poignée d'engrenages bien huilés.
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Massial Jordan
Massial Jordan
Rescapé
Mer 7 Mar - 19:55
Massial Jordan
Attendant la réponse à son unique question, Massial s’immobilisa finalement un peu plus tôt qu’il ne comptait le faire en constatant la forte appréhension semblant s’être emparée de l’arrivante et préféra préserver son espace.

« Je… j'cherche Massial… Jordan. On m'a dit que j'le trouv'rais ici… Qu'il… pourrait m'renseigner. »

Ah. Visiblement, c’était pour lui… Mais dans quel état se mettait-elle… ? Que se passait-il au juste ? L’idée vint l’effleurer que quelqu’un avait très bien pu – encore – s’amuser à le faire passer pour une terreur auprès de la nouvelle et il retint un soupir à cette pensée. Très fin. Très drôle. Seulement, l’ancien solitaire n’eut rien le temps de répondre qu’elle enchainait, semblant avoir réalisé quelque chose… ou simplement que l’interlocuteur souhaité lui faisait déjà face.

« C'p'tête vous ? C'est ça ?… C'vous ? »

Peu expressif, seul un léger hochement de tête de sa part fit office de réponse.

« J'ai b'soin lui… enfin d'vous… J'dois lui d'mander… vous d'mander… »

La voyant s’empêtrer, le jeune responsable leva tranquillement les mains, paumes vers elle en une tentative silencieuse d’appaisement, en espérant la voir se détendre un peu.

« Quel genre de renseignement ? »

« J'préférerais lui… vous… en causer… En privé… »

L’infirmerie étant vidée de toute présence autre, à part son stagiaire, il hésita à l’entrainer encore un peu plus loin des oreilles de l'adolescent, afin de s’occuper des lieux, en même temps. L’état de stress de la nouvelle humaniste le poussa à balayer cette option.

« C’est bien moi » confirma-t-il à voix haute pour écarter définitivement ses doutes.

Il était vrai que son âge avait déjà laissé perplexe et que son profil ne collait pas forcément à ce qui pouvait être attendu, mais il fallait croire que les candidats ne se bousculaient pas au portillon pour prendre les rênes du secteur. Outre des connaissances, il fallait également des nerfs bien accrochés – entre autres – et c’était principalement pourquoi la gestion de ce secteur lui revenait, il semblait. Diana elle-même, qui le secondait pourtant à merveille et comblait certaines de ses lacunes, refusait cette place.

« On va passer dans le bureau, si tu préfères, et se tutoyer, si ça ne te fait rien. »

Aux vues de ses réactions, l’espace plus restreint la rassurerait peut-être. La précédant, le blond dépassa un mur recouvert de gribouillis dessins d’enfants, alla ouvrir la porte plus loin et l’invita à y entrer avant de tendre la main vers l’ordonnance froissée, alors qu’elle s’apprêtait à le dépasser.

« Je peux ? … Merci. »

Prenant le papier sans encore le regarder, il referma la porte et lui fit calmement signe qu’elle pouvait s’installer sur l’une des chaises présentes.

« Bien, avant de commencer : comment tu te fais appeler ? »
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Adeline Swindell
Adeline Swindell
Rescapé
Localisation : Dans son atelier
Mer 7 Mar - 21:27
Adeline Swindell
Ainsi c'était bien lui. Ça faisait ça de moins à se soucier mais finalement ne la rassurait pas particulièrement. Elle acquiesça timidement lorsqu'il parla d'aller dans le bureau et se tutoyer. Elle le suivit, la main toujours crispée sur la poignée de sa canne. Les jambes légèrement flageolantes, enfin plus que d'habitude où elle boitait juste.

Elle continuait de jeter des coups d'œil aux alentours, sans jamais oser regarder le médecin qui la guidait. Arrivée devant la porte alors que ce dernier l'invitait à entrer elle se figea un instant.

Ça fait bien longtemps, bien trop longtemps qu'elle n'était pas entrée dans un bureau de soignant. Elle était déjà allée dans la grande salle pour quelques blessures mais pas un bureau. Et ça remontait de sales souvenirs. Elle n'appréciait pas particulièrement les docteurs, et généralement ils ne l'appréciaient particulièrement pas. En tout cas ils la mettaient souvent mal à l'aise et ça semblait bien souvent les satisfaire.

Autant dire que la perspective de se retrouver seule avec un médecin dans une pièce fermait ne l’enchantait guère et ne remontait pas d'agréables souvenirs. Au moins avant, avec les pharmacies c'était facile, une carte vitale, une ordonnance, pas de questions. Enfin encore fallait-il avoir l'ordonnance. À peine eut-elle le temps d'y penser qu'elle ne l'avait d'ailleurs plus, l'ordonnance. Ce Massial venait de lui piquer alors qu'elle regardait avec appréhension la porte.

Elle se sentit alors obligée d'avancer, d'un pas peu assuré, à l'intérieur du bureau. Elle avait l'impression qu'un piège se resserrait autour d'elle, encore. Peut être était il différent ? Elle en doutait fort… La porte se referma derrière elle. Elle regarda le bureau, puis les chaises. S'assit dans une, la plus proche, visiblement peu emballée. Elle posa sa canne contre le bureau devant elle et croisa les jambes.

- Je… j'm'appelle Adeline…

Hésita t'elle d'une voix tremblotante comme si chaque mot sortant de sa bouche pouvait mener à une réprimande. Elle était habituellement bien plus coriace, elle n'hésitait pas à réponse même aux personnes qui pointaient une arme sur elle. Mais devant un médecin et surtout à ce sujet elle ne faisait plus la fière. C'est comme si sa vie en dépendait et en définitive, c'était peut être le cas.

Elle regardait ses genoux et de sa main droite elle jouait nerveusement avec son gant. Jetant parfois des coups d'œil par dessus le bureau, mais sans jamais regarder vers Massial. Elle était terriblement intimidée.

L'ordonnance que tenait le médecin avait été imprimée à l'ordinateur. Les noms du médecin, du patient et le tampon avaient été repassés au feutre noir pour qu'on ne puisse pas les lire. Les médicaments prescris étaient encore tout à fait lisibles et des commentaires et ajouts avaient été ajoutés au stylo rouge. La feuille était bien froissée mais malgré les années passées elle était en assez bon état finalement. À l'arrière on pouvait distinguer dans un coin un relevé de pharmacie et quelques notes de posologie au crayon de papier, quasi effacées donc.

ESTIMA ou progesterone
ANDROCUR ou cyproterone
ESTREVA ou œstrodose ou vivelledot

pour les substituts, bien adapter la posologie

Rien n'est aussi fiable qu'une poignée d'engrenages bien huilés.
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Massial Jordan
Massial Jordan
Rescapé
Mer 28 Mar - 0:19
Massial Jordan
He bien, quel entrain. Bon sang… A croire qu’il allait la bouffer.

« Je… j’m’appelle Adeline… »

Lissant grossièrement le papier, le ton de la jeune femme en détourna brièvement son attention. Perplexe, il retint un léger soupir.

« Adeline. Tu peux te détendre, tu sais… »

Baissant à nouveau les yeux sur l’ordonnance, ses sourcils se froncèrent légèrement devant les informations rendues volontairement invisibles, avant qu’il ne se concentre sur le reste… chassant cette étrangeté de son esprit.

« Tu suivais donc un traitement hormonal. »

Pas besoin de confirmation, c’était une constatation qu’il faisait à voix haute, certaines choses parlaient d’elles-mêmes, mais… Un traitement hormonal pour… ?

Tentant de rassembler ses connaissances concernant les différents éléments de l’ordonnance un par un, autre chose le titilla. Pourquoi. Pourquoi la crainte de sa patiente semblait si grande ? Alors qu’il réfléchissait, il aurait pu entendre une mouche voler dans la pièce habitée par un silence pesant. Lentement, son regard bleu nuit remonta vers la femme, la détaillant sans un mot avant de redescendre vers l’ordonnance.

Lourd silence. Silence tendu. Silence anxieux avant qu’un « oh » muet se dessine à moitié sur ses lèvres, alors que des pièces du puzzle semblaient vouloir s’imbriquer les unes avec les autres au fil de son raisonnement. Se pourrait-il que… ? Non. Si… ?

Au vu du traitement et de la peur semblant habiter son interlocutrice, l’hypothèse se profilant dans son esprit ne semblait pas si improbable. Pas totalement. La taille peu commune de sa patiente l’aiguillait également dans cette direction, mais il se pouvait également qu’il fasse totalement fausse route.

« Je t’écoute » fit-il finalement en croisant les doigts sur son bureau et en la fixant calmement, brisant le silence pesant durant lequel l’autre Humaniste s’appliquait à éviter scrupuleusement son regard.

N’avait-elle pas dit vouloir lui parler en privé ? Pour l’instant, on ne pouvait pas dire qu’elle avait été très loquace sur son cas… Ni qu’Adeline ait réellement cherché à l’orienter pendant le temps de sa réflexion, bien qu’il pensait tenir une piste sérieuse. Si elle souhaitait de l’aide, s’aider elle-même serait un bon début et, si elle intégrait cette donnée, cela signifiait de l’aider lui.
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Adeline Swindell
Adeline Swindell
Rescapé
Localisation : Dans son atelier
Mer 28 Mar - 16:13
Adeline Swindell
Se détendre ? Elle n'avait jamais pu. Pas à ce sujet. Pas avec un médecin. Elle serrait les dents en se rappelant comment elle était traitée avant d'en trouver un compétent… Elle ne voulait pas subir ça de nouveau. Doucement son poing droit commençait à se serrer aussi. Elle appréhendait le moment où il comprendrait. Ou celui où elle devrait finalement le dire. Elle regardait ses mains en soufflant.

- J'le suis toujours…

Fit elle remarquer, un peu hésitante, alors que le médecin analysait l'ordonnance. Elle continuait à serrer son poing, ça lui arrivait quand elle était angoissée. Et elle l'était, énormément. Son esprit fourmillait des mauvais souvenirs liés à tout ça. Le cadre médical n'arrangeait rien. Le silence non plus. Elle avait peur qu'il s'attende à ce qu'elle prenne la parole pour s'expliquer. Ne pouvait il pas deviner et continuer comme si de rien n'était ? Peut être… mais peu probable.

Ce qu'elle craignait arriva… "Je t'écoute" avait il dit. Elle paniquait. Elle tremblait. Lentement elle leva les yeux vers son interlocuteur. Dans son regard on pouvait lire une frayeur absolue. Comme si le médecin pouvait décider de son avenir. Et… c'était le cas. Comme ça avait été le cas auparavant avec d'autres médecins. Elle avait rarement eu l'impression d'avoir le contrôle de sa vie. Depuis la catastrophe ce fut un peu le cas. Elle se contentait de piller les pharmacies alentours. Mais celles de Paris étaient bien vides… Et elle ne pouvait compter que sur d'autres pour trouver ce dont elle avait besoin…

Un silence tendu s'installa de nouveau… Elle devait lui dire. Elle n'avait pas le choix. Elle avait besoin de ça, il était le seul qui pouvait l'aider. Et si elle ne lui disait pas… Elle n'aurait sans doute aucune aide… Elle essayait de se motiver, de trouver le courage à travers sa peur. Le silence était troublé par le bruit du poing qui continuait de se serrer, encore et encore. Un bruit métallique, légèrement étouffé par le gant. Un grincement désagréable. Le métal, les engrenages étaient sous pression et frottaient désagréablement. Elle continuait de trembler.

Elle ferma les yeux, des larmes commençaient à couler sur ses joues. Le bruit se faisait de plus en plus entendre. On pouvait s'attendre à voir céder les pièces sous peu. Elle soupira les dents toujours serrées. D'un geste agacé de la main gauche elle passa deux doigts sous le gant de sa main droite et une très brève manipulation plus tard la main gantée tomba lourdement sur le sol. Laissant visible au poignet droit d'Adeline qu'un moignon recouvert d'un mécanisme tout de métal où venait se clipser la machinerie maintenant au sol.

Cela eut deux effets, une diversion déjà. L'ordonnance n'était plus le centre d'attention pour quelques secondes au moins.
Et relâcher un peu de pression ensuite. Elle souffla pour se donner du courage et rouvrit les yeux. Son regard avait bien changé et était maintenant plein de détermination. Peu importe la réaction du médecin elle ne se laisserait pas faire. Elle se tenait prête.

- J'suis une femme trans. Voilà.
Et j'ai b'soin d'ça pour remplacer les hormones créées par mon corps. Si j'ai plus ça… J'serais plus moi. Et j'peux pas vivre en étant plus moi.


Elle serrait toujours les dents, elle était toujours tendue, mais l'angoisse s'était muée en énervement. Contre tout ce qu'elle avait du subir avant.

Et contre tout ce que la narratrice a pu subir sur le sujet, aussi. Elle exagère un peu son vécu mais sait qu'aujourd'hui encore c'est galère pour ses consœurs et ses confrères. Elle le voit, le vit au quotidien.

Vous pouvez considérez ça comme un coming out. En tout cas c'était mon intention ^^
En effet, la joueuse d'Ade est une femme trans aussi.

C'est le second forum où je le fais en RP et je dois dire que j'aime bien ça  <3
Ça contextualise un peu, non ?
J'espère en tout cas que ça sentait un peu le vécu… parce que même exagéré c'en est fortement inspiré.

Je referme cette parenthèse, et si vous me lisez, n'hésitez pas à venir me faire des retours en MP ou sur la CB ou sur discord. À ce sujet, ou aux sujets de mes RP, j'en serais ravie  <3

Rien n'est aussi fiable qu'une poignée d'engrenages bien huilés.
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Massial Jordan
Massial Jordan
Rescapé
Mar 10 Avr - 22:27
Massial Jordan
Le regard qu’elle leva vers lui le troubla. Ce regard… ça aurait pu être celui d’une femme sur laquelle son arme se braquait. Comme si d’une seconde à l’autre, au gré de son humeur, la tête de son interlocutrice pouvait sauter. En contrepartie, le silence demeura et s’étira, alors qu’il hésitait entre la laisser choisir ses mots ou avancer sa propre hypothèse.

Le silence… ou presque.

Un bruit étrange commença à capter son attention, créant une mince ligne entre ses sourcils blonds. Ça semblait dans la pièce. Bas. Grinçant. Désagréable. Il ne se rappelait plus les chaussures qu’elle portait, une plaque de métal frottait-elle contre un élément du bureau ? Ça ne collait pas. Malgré lui, son ouïe et son regard cherchèrent à localiser la source, ce dernier finissant par se poser brièvement sur le gant de la femme, avec un fond d’incompréhension et de méfiance.

S’apprêtant à se lever, les larmes de son interlocutrice le bloquèrent une seconde.
Quoi qu’elle tenait, ça semblait sur le point de céder. Et peut-être potentiellement la blesser.

« Adeline » appela-t-il avec plus de fermeté qu’il ne l’avait souhaité, tandis qu’il repoussait sa chaise.

C’est à ce moment que la main de sa patiente se débarrassa de l’objet en question… Ou plutôt que sa patiente se débarrassa de sa main. Ses yeux sombres s’écarquillèrent légèrement de stupeur à la vue de la main gantée tombée au sol.

Une prothèse… songea-t-il en relevant les yeux vers l’emplacement initial de cette dernière et l’ingénieux mécanisme fixé au poignet de la femme aux cheveux roses.

« J'suis une femme trans. Voilà » se décida-t-elle à lâcher au même moment, récupérant toute son attention.

C’était donc bien ça.

Lorsque leurs regards se croisèrent à nouveau… Adeline n’était plus la Adeline que Massial avait entraperçue jusque là. Et c’est pleine de mordant qu’elle lui expliqua ce qui avait déjà fait son chemin dans sa tête blonde. Elle lui expliqua de manière très simplifiée la nécessité de ce traitement, ajoutant qu’elle ne serait plus elle, qu’elle ne pouvait pas vivre sans être elle. Son ton, son attitude entière laissait entendre que ça n’arriverait pas, car la nouvelle humaniste n’accepterait pas, le mettant presque au défi d’oser avoir à y redire. Elle semblait prête à en découdre. Le membre du conseil ne sourcilla pas.

Terminant de contourner tout à fait le bureau, il ramassa le gant et son contenu d’un air neutre, se permettant un coup d’œil à l’intérieur sans y toucher davantage. Massial déposa finalement soigneusement la main mécanique sur son bureau, en face de sa propriétaire et s’empara d’une boite de mouchoirs présente au coin du meuble et qu’il présenta à sa nouvelle patiente.

« C’est regrettable, j’ai toujours eu le chic pour faire pleurer les filles. »

Un mince sourire accompagna cette légère plaisanterie, une manière détournée d’essayer de la rassurer un peu.

« Je te demande juste une seconde. »

Lui laissant la boite, le jeune homme ôta sa blouse qu’il alla suspendre à une patère et ajusta le pull un peu trop large, de manière à ce qu’il dissimule à nouveau son Glock. Une fois revenu vers Adeline, il se pencha pour se saisir d’un bloc note ayant connu de meilleurs jours, de l’ordonnance ainsi que d’un stylo et se cala avec nonchalance contre le bureau. Rattrapant la canne qu’il manqua de faire glisser, il la stabilisa tranquillement.

Un déclic se fit entendre lorsque la mine sortie, puis un bref silence, seulement hachuré par le son du grattement sur le papier, lorsqu’il commença à recopier les informations. Ainsi, l’étui où reposait son couteau de combat était devenu des plus visibles, mais quelque chose lui disait qu’il n’aurait jamais pire effet que le vêtement blanc. Relevant la tête vers elle, le blond la regarda dans les yeux.

« On va faire un premier point, pour commencer… Où tu en es dans tes réserves ? Qu’est-ce qu’il va te manquer sous peu et dans quels délais ? »
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Adeline Swindell
Adeline Swindell
Rescapé
Localisation : Dans son atelier
Lun 30 Avr - 11:43
Adeline Swindell
Elle regarda le médecin s'approcher, prête à se lever à tout moment, emplit d'une fureur pouvant éclater au moindre faux pas. Elle n'en fit rien. Se contenant de regarder la boîte de mouchoir qu'il lui approcha d'un air de défi.

Non elle ne prendrait pas de mouchoirs. Ce serait pour elle faire preuve de faiblesse et elle ne pouvait plus le faire. Elle ne s'en donnait plus le droit. Tout cela était derrière elle et elle devait avancer, coûte que coûte.

Quasi immobile elle continua de regarder Massial, de l'observer. Elle lui trouvait un air pédant. Un air de médecin. Et même si sans la blouse c'était un peu moins le cas, ça lui restait en travers de la gorge.

Il la regarda dans les yeux, le regard d'Adeline lui n'avait pas changé. Elle se détendit, un tout petit peu, lorsqu'il commença à lui poser des questions.

- Il m'en reste peu, de quoi tenir 1 mois tout au plus. L'anti-androgène j'en prends moins donc ma réserve est plus importante.

Elle jeta un coup d'œil à sa main détachée posée sur le bureau. Elle réfléchissait à ce qui serait le plus sage. Même si elle en avait très envie elle ne pourrait pas la remettre immédiatement, sa colère n'était pas retombée et elle risquait d'y mettre encore trop de pression. Elle pourrait toujours la prendre dans son autre main pour l'utiliser comme une arme, au cas où.

Cette perspective ne lui plaisait guère mais elle n'était toujours pas détendue, une rage certaine consumait son ventre, résultat d'années d'oppressions ancrées en elle.

Elle espérait qu'il pourrait l'aider mais en même temps tout ça la débectait. Elle essayait de prendre sur elle, de respirer doucement, elle rêvait enfin d'avoir ses médocs et de ne plus dépendre de médecins, de ne plus dépendre de personne pour ça, mais elle savait que c'était impossible. Elle devait passer par là.

C'est ce moment que choisit Coriolis pour sortir de sa cachette. Elle en avait sans doute marre, ou sentait peut être que sa créatrice avait besoin d'un coup de patte. Le plus naturellement du monde elle remonta de la poche centrale d'Adeline et descendit se poser sur ses genoux. Le cliquètement métallique de ses pattes accompagnant chacun de ses pas.

Elle était belle cette araignée, en tout cas la mécano la trouvait magnifique. Et elle n'était pas anodine. Elle baissa les yeux pour la regarder. Oui, elle n'était pas seule. Cette pensée l'apaisa un peu. Elle se mit alors à la caresser doucement. Tout ce que cet amas de mécanique représentait pour elle remonta dans son esprit. L'occupant, la calmant doucement.
Rien n'est aussi fiable qu'une poignée d'engrenages bien huilés.
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Massial Jordan
Massial Jordan
Rescapé
Lun 14 Mai - 21:05
Massial Jordan
« Il m'en reste peu, de quoi tenir 1 mois tout au plus. L'anti-androgène j'en prends moins donc ma réserve est plus importante. »

« Hm… »

Il lui semblait avoir de la progestérone, mais il consulterait les stocks avant de se prononcer et d’établir en quelle quantité. D’un autre côté, il était plus dubitatif concernant la présence d’oestrodose dans leur réserve. La bonne nouvelle était qu’il savait où il avait des chances de s’en fournir. La moins bonne était les risques liés à la zone.

Massial prit note mais, avant de poursuivre, regarda de nouveau l’humaniste face à lui. D’autres choses étaient à éclaircir. La méfiance et l’hostilité de sa patiente étaient palpables. Si le climat devait rester ainsi, il le resterait, mais les choses auraient au moins le mérite d’être claires entre eux.

Difficile de ne pas avoir remarqué son air de défis clairement affiché un peu plus tôt, et malgré un effort – certes, peut-être maladroit – de sa part pour tenter de se montrer plus accessible, son interlocutrice demeurait résolument fermée.

C’est au moment où Massial allait ouvrir la bouche que ses yeux accrochèrent une forme arachnide se déplaçant sur les vêtements de sa nouvelle patiente. Le jeune homme resta un instant silencieux, observant l’évolution de la créature mécanique, et le travail qu’elle avait dû représenter, puis se racla finalement la gorge lorsque ses priorités se rappelèrent à son bon souvenir.

« Je vais vérifier ce que nous avons à disposition et revenir vers toi sous peu. En revanche… »

Abaissant son stylo, il la regarda.

« Ecoute. Je ne te connais pas encore. J’ignore si tu as entendu des choses. Elles sont peut-être justifiées, peu importe. Peu importe aussi, si tu approuves ou désapprouves. Tu peux bloquer dessus. En tant qu’individus, on n’a pas forcément à s’apprécier. Par contre, de patient à soignant, notre intérêt est de savoir communiquer… Pour ton bien. Et, mon problème, là, c’est que je te sens fermée. Et… Je vais t’aider. Cette partie de ton dossier reste de toi à moi – parce qu’on va également constituer le reste – mais, concrètement, je ne vais pas avoir le temps de te brosser dans le sens du poil, te courir après pour savoir où tu en seras et te tirer les vers du nez. Je ne suis pas devin. Il va falloir que de toi-même, tu m’informes de tes besoins. » Il marqua une courte pause. « Même si je suis loin d’être irréprochable. Coupable. Sauf qu’ici, mon rôle, c’est de m’occuper de votre santé, dans le maximum de mes cordes. Je peux être brusque, parce que les conditions actuelles ne sont plus celles qu’on connaissait… parce que les temps le sont, mais… mon rôle, ce n’est pas de me battre contre vous, y a assez à faire ailleurs pour ça. Alors s’il y a la moindre chose qui nous empêche d’être constructifs et productifs : jugements, animosités, préjugés… que ça soit personnel ou que ça soit plus général, ça reste à la porte et libre à chacun de les reprendre en partant. On est clair ? »

C’est vrai, il était loin d’être parfait. Très loin. Il y avait probablement des tas de choses qu’on pourrait lui reprocher… Pourtant, il n’avait pas cherché le conflit, à la provoquer, à la rabaisser, ou fait quoique ce soit pour justifier un mécanisme de défense et encore moins d’avoir cherché ses larmes. Et une patiente se refermant comme une huitre ne l’arrangerait pas plus elle que lui. Il ne passerait pas toutes leurs rencontres à arrondir les angles au nom des mauvaises expériences passées de son interlocutrice ou pour x ou y autre raison n’étant pas de son fait.

Il n’était pas l’un des gros bavards du clan, mais lorsqu’il devait dire quelque chose, il le disait. A côté de ça, ses gestes ou paroles malheureuses, il les assumait et continuerait. Ils lui suffisaient. Il avait assez d’eux. Il n’endosserait pas ceux des autres.

« Si on est clair, je voudrais ton groupe sanguin. Savoir si tu possèdes des allergies connues, médicamenteuses ou non, et tes antécédents médicaux. »

Lentement, le jeune homme tira un formulaire vierge d’une pochette et son regard se posa pour la seconde fois sur l’araignée mécanique, non sans une certaine curiosité.
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Adeline Swindell
Adeline Swindell
Rescapé
Localisation : Dans son atelier
Mar 22 Mai - 17:47
Adeline Swindell
Elle avait fermé les yeux. Essayant d'oublier où elle était. Elle glissait ses doigts sur le métal froid de Coriolis, encore et encore. Que le temps passe. Que le médecin réponde.

Et il répondit. Il débita, encore et encore. Et Adeline se crispait de nouveau. Sa mâchoire se serrait de nouveau. Sa main agrippait l'araignée comme pour y chercher un apui. Elle attendit qu'il finisse. Bouillonnante, elle gardait les yeux fermés. Elle ne les rouvrit pas plus quand il eut fini. Très honnêtement elle ne voulait déjà plus le voir.

Elle laissa quelques secondes s'écouler. Le temps de reprendre ses esprits. De se calmer un peu, histoire de pas balancer la chose la plus précieuse qu'elle possédait sur quelqu'un qu'elle méprisait maintenant. Elle souffla encore. Et fini par prendre la parole. Pas paniquée, pas en colère, enfin pas trop, mais terriblement blasée. Elle pesait ses mots et parlait lentement.

- Z'êtes bien comme tous les autres. C'te froideur 'vec comme excuse l'efficacité ou aut' bêtise du genre.

Elle rouvrit les yeux et fixa Massial d'un regard froid et méprisant.

- J'vous connais à peine mais j'peux d'jà vous dire que communiquer comme vous dites bah c'pas vot' fort. Et c'pas une histoire d'conflit. C'une histoire d'empathie. D'traiter les autres 'vec un brin d'humanité. D'pas s'mettre à enguirlander une meuf pétrie d'angoisse pasqu'elle réagit pas comme vous voulez, qu'elle est pas «productive».
J'déteste ce mot. Qu'est-ce que ça r'présente hein ? On en est encore là, à être des machines comme dans l'ancien temps ? À d'voir produire c'est ça ?


Elle se tue quelques secondes, le temps de soulever et poser doucement l'araignée sur le bureau à côté de sa main.

- J'suis pas un énième problème à résoudre pour vot' p'tite caboche.
J'suis pas là pour être productive. J'suis là pour survivre et aider les autres à faire d'même.
Et traiter les gens décemment. Leur apporter du réconfort, ça fait partie d'ça. On en a b'soin maint'nant plus que jamais. Pour pas perdre notre humanité.


Elle se leva calmement, sans animosité et sans quitter le médecin des yeux. Elle s'approcha de lui d'un pas déterminée.

- J'croyais être venue chez les humanistes. P'tête pas tant qu'ça on dirait. J'me disais aussi qu'la promo qu'm'en avait fait Zoey était trop belle pour être vrai.

Elle s'arrêta juste devant lui. Elle lui prit le formulaire puis le stylo d'un geste sec avec sa seule main valide.

- On est clair ouais. Mais uniquement pasqu'au final, moi, j'ai pas l'choix.

Elle posa le formulaire sur la table et le remplit en vitesse. Ce n'était pas sa main directrice mais avec le temps elle avait plus ou moins appris à être ambidextre. Elle posa le stylo sur le formulaire et attrapa sa main mécanique pour la remettre en place.
Rien n'est aussi fiable qu'une poignée d'engrenages bien huilés.
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Massial Jordan
Massial Jordan
Rescapé
Jeu 27 Sep - 22:58
Massial Jordan
Un court silence se posa dans le bureau, un silence qu’il ne brisa pas… patientant, attendant en commençant à remplir le formulaire par le prénom de la nouvelle humaniste et relevant les yeux lorsque la voix de son interlocutrice s'éleva.

Et comment qu’Adeline se fit entendre.

L’efficacité, une bêtise ? Qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre, des fois… C’était – selon lui – la meilleure possibilité d’optimiser concrètement les chances de survie de chacun.
Froid, il n’était pas certain de l’… Si, sans doute l’était-il. Tout du moins distant. Soit. Il n’était pas sûr de posséder la bonne, mais une certaine distance permettait une meilleure objectivité.

En soutenant son regard chargé de mépris, l’homme blond ne sourcilla pas, l’écoutant toutefois, respectant le court silence qui marqua à nouveau la pièce avant qu’elle ne reprenne, comme sachant d’avance que tout n’était pas encore dit. Et elle reprit. Et ses paroles, cette incompréhension mutuelle – dans un premier temps – ne surent faire remonter qu’une chose ; le souvenir d’une lointaine lecture, lors de l’hospitalisation ayant suivi son accident de moto, plusieurs années plus tôt.

Entre
Ce que je pense
Ce que je veux dire
Ce que je crois dire
Ce que je dis
Ce que vous avez envie d’entendre
Ce que vous croyez entendre
Ce que vous entendez
Ce que vous avez envie de comprendre
Ce que vous croyez comprendre
Ce que vous comprenez

Il y a dix possibilités qu’on ait des difficultés à communiquer
Mais essayons quand même…

Bernard Werber



« Bien, je suppose que ça va mieux, maintenant que le sac a été vidé » répondit-il simplement, évitant de commenter le fait qu’à ses yeux il y avait toujours un choix, même si aucun n’était forcément bon. Cette façon détournée de ne pas assumer ce qu’on entreprenait ou ce pour quoi on tranchait le débectait.

Reprenant le formulaire, l’ancien solitaire le survola du regard, ainsi que les informations venues le noircir, s’arrêtant plus attentivement sur certaines. C’était étrange. C’était étrange comme beaucoup de choses glissaient sur lui, depuis ces dernières années. Comme énormément de choses glissaient… Trop peut-être, en gardant paradoxalement cette rage effroyable prête à lui bouillir le ventre, lors d’évènements précis. Il savait les mots à poser sur ce mécanisme et il se sentit… Qu’importe.

« Pour éclaircir les choses, le jour où j’aurais à t’enguirlander, ça ne sera pas la même chanson. »

Et ça ne sera une partie de plaisir pour aucun de nous deux.

Ce n’était pas pour ça qu’il avait accepté de prendre ce rôle sur ses épaules, mais c’en était parfois l’une des facettes.

Sa voix était claire, sans intonation particulière, énonçant un fait. A ses yeux, il n’avait fait que tenter de poser les choses à plat.

Au fond, et malgré une erreur d’interprétation, il n’avait exprimé qu’une chose pertinente : afin de pouvoir l’aider, son besoin d’informations devait primer sur le reste. Tout en parlant avec neutralité, Massial avait achevé la lecture du document, tandis que la nouvelle humaniste remettait sa prothèse en place.

« Mis à part ça, je t’entends. Je t’entends, même si je suis loin de partager ton avis et je ne crois pas qu’en débattre changera nos positions, ni que l’utilité en soit très grande, mais… »

Il se tut un instant, la regardant calmement en cherchant à poser ses mots, tout en les pesant.

« Il est question de survie. Voilà bien un point où nous nous accordons. Et, oui, pour moi, les résultats et l’efficacité ont la priorité sur le reste, aux vues des responsabilités que nous endossons derrière, des conséquences possibles, et du poids des vies que nous avons entre les mains. C’est le contraire que je trouverais inhumain. »

Seulement, évidemment…

Plus. Il fallait toujours plus. Ce n’étaient pas tant les mots de la jeune femme qui chatouillèrent la colère imperceptible sur ses traits, floue, lovée quelque part, au plus profond, aux crocs sans cesse rentrés, constamment tenue en bride. C’était la constatation à laquelle il en venait qui l’éveillait et le rebutait toujours autant.

Que croyaient-ils ? Que les chefs de secteurs étaient surhumains ? A toujours pouvoir prendre plus sur eux, même des charges émotionnelles ne leur appartenant pas ? Ils n'avaient pas leur lot ?

Le jeune chef de secteur rouvrit la bouche, mais se ravisa, balayant l’air d’un geste de la main comme pour effacer la suite de ses propos, marquant leur manque d’importance et reprit son stylo.

"Il y a dix possibilités qu’on ait des difficultés à communiquer
Mais essayons quand même…"


Mais parfois… A quoi bon ? Dans quel but ? N’avait-il pas déjà tenté un pas vers elle ? De l’angoisse ? Il n’y pouvait rien, si elle le positionnait en tant qu’ennemi en projetant il ne savait quel passé extérieur dans leur relation, se complaisant en victime.

Du venin à cracher, ça n’aurait pas été dur à trouver. Ils étaient juste là. Il savait à quel point ses mots pouvaient être percutants, comme un coup bien envoyé. Ce n’était pas le but. Cela n’apporterait rien, ni à l’un, ni à l’autre.

C’est le contraire que je trouverais inhumain.

N’était-ce pas dans son intérêt à elle qu’il pourrait être amené à se décarcasser ? Mais plus… Il fallait toujours plus.
Seulement, ce plus, il ne le destinait qu’aux plus vulnérables d’entre eux : les plus jeunes, en grande partie.
Cela n’était plus son fort de prendre les gens par la main. Il s’agissait de leur propre rôle.
128 membres, c’était exactement le nombre de personnes que comptait actuellement le clan, sans parler d’une poignée de solitaires leur étant rattachés et pouvant solliciter occasionnellement une aide médicale ou autre… Il fallait gérer les traitements constants ou ponctuels, les solutions pour ceux qu’on ne trouvait plus, les blessures… les soins basiques, les désagréments, les sorties à risque nécessitant quelqu’un du service, les stocks, grappiller un peu de la montagne de savoir qui s’était perdue, le transmettre…

[…] Je ne suis pas là pour être productive […]

Moi si. Productif. Efficace. Constructif. Instructif…

Et combatif…
Il n’osait imaginer les perspectives qui leur resteraient si Mariame avait suivi ce raisonnement avec les cultures, ni… Qu’importe.
Leur productivité, c’était leur moyen de construire, d’apporter, de donner plus, d’améliorer les rendements, la qualité de vie, les résultats… Le temps, c’était de potentiels résultats et qu'importe le domaine. Ces résultats les renforçaient. Le temps... il désirait le sien productif, et il n’en démordrait pas… C’était irréel de comparer ceci à l’ancien monde, ils ne tiraient aucun enrichissement personnel des affaires et échanges au sein du clan. Leur survie passait simplement par là.

L’ancien étudiant en médecine préférait être de ceux apportant une solution sur la table pour permettre à quelqu’un de rester droit et debout que rester là à lui tenir la main avec un regard d’apitoiement, alors qu’il pourrait agir. Ça, il le laissait à ceux préférant pleurer sur leur sort…

De l’empathie. Du réconfort… S’efforcer de maintenir un endroit sûr, avec une perspective d’avenir pour ses occupants, où la loi du plus fort ne dominait pas entre ces murs, de la protection, des habits décents, un lit, de la nourriture à parts égales qu’importe la position tenue, une instruction, des soins, avec une place sans distinction peu importe la condition physique et les capacités de chacun à subvenir à sa propre survie… Qu’attendait sincèrement de plus les gens tenant de tels propos ? Derrière son visage de marbre, il se retint d’exercer une pression qui aurait brisé l’objet présent dans sa main. Cette dernière ne laissa pas transparaitre la moindre crispation.

« La dernière posologie n’est plus lisible, si tu pouvais me la préciser… »

La notant, il jugea plus opportun de revenir à quelque chose de plus « constructif ». Ouh, le vilain mot. Un mot ayant tout l’intérêt du jeune homme, même si cet intérêt n’était pas partagé par son interlocutrice. Ce quelque chose : l’informer.

« Très bien. Derniers détails à mettre au point. Il me faudrait un lieu et une tranche horaire où je suis le plus susceptible de te trouver ou te contacter, lorsque j’aurais des choses à te transmettre. Deuxièmement, ce dossier va être joint aux autres. En cas de problème, il permettra à l’équipe de s’y référer, si ça s’avère nécessaire pour ta santé ou celle d’un autre. Notamment si nous avons besoin d’effectuer une transfusion lors de soins. A ce dossier sera ajoutée une note indiquant simplement que des informations complémentaires et d’ordre privé n’ont pas été laissées à disposition. Et là, c’est à toi de choisir comment on procède. Ce qui signifie que s’il m’arrive quelque chose, c’est très certainement Diana qui prendra la tête du secteur. Soit j’y indique de s’orienter directement vers ce complément de dossier ou bien de passer avant tout par toi. »
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