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[OS] Les Quais. [TERMINÉ]

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Alexandre Kher
Alexandre Kher
Rescapé
Sam 13 Oct - 7:35
Alexandre Kher
Sur les bords des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, en nous souvenant de Sion.

La nuit s’installait doucement sur la ville, étendant son manteau noir par-delà les immeubles. Sur les quais de Seine, une silhouette se hâtait, seule, une lampe torche à la main. Cette personne ne devait pas se trouver là, pas du tout même. Sa vie, pourtant réglée comme du papier à musique avait connu un léger accroc, en ce jour. La seule chose qu’il pouvait faire était de courir, parce que le temps, lui, n’attend pas. Il ne savait pas exactement combien de distance il lui restait à parcourir mais le seul fait d’avoir un endroit où se rendre, le rendait vivant. Continuant sa folle course, rien ne comptait, même à en perdre haleine, il ne devait ralentir. Son champ de vision diminuait de minute en minute, et le seul faisceau de lumière ne l’aidait que de façon très limitée. Après plusieurs centaines de mètres, le jeune homme du s’arrêter un instant, essayant de reprendre son souffle. Il posa les mains sur ses genoux et se pencha en avant. 

Chaque respiration était un enfer, une sensation de brûlure se faisait ressentir dans ses poumons à chaque fois qu’il essayait de respirer. Le genre de moment où il aurait aimé n’avoir jamais commencé à fumer. Il faisait noir, maintenant. Au bout de quelques secondes de repos, il s’apprêtait à repartir, c’est alors qu’une voix l’invectiva quelques mètres au-dessus de lui. Il pointa sa lampe en direction de ladite voix. Il n’eût pas le temps de distinguer la personne que celle-ci lui ordonna de «reculer». Une fraction de seconde plus tard, quelque chose, ou plutôt quelqu’un vînt s’écraser à deux mètres de lui, non sans laisser échapper un cri de surprise et un «p’tain».  

L’ex-militaire eût enfin l’opportunité de braquer sa lampe sur la personne, qui venait tout de même de se jeter d’aux moins huit mètres. La personne en question était un jeune garçon, fin de l’adolescence. Il n’avait pas une carrure très importante et semblait plutôt maigre, pas étonnant malheureusement.  Alexandre lui tendit la main, il ne semblait pas blessé plus que ça.

- T’aurais pu te tuer en faisant ça. 
Tonna le brun en remettant le garçon sur pied, toujours étonné qu’il ne se soit pas fait plus mal que ça.

- Crois-moi, j’avais plus de chances de mourir là-haut. Si tu savais… Lui répondit le gamin.

Alexandre ne comprenait pas vraiment où son nouveau camarade voulait en venir, du moins, pas sur le moment. Alors qu’un petit silence s’installa, il fût bien vite interrompu par un bruit sourd qui fît sursauter le duo. En se retournant, quel ne fût pas leur surprise de voir un contaminé au sol, inerte, le crâne explosé sur les pavés. Ne demande pas pour qui sonne le glas… Alexandre pointa la lampe où se trouvait l’adolescent quelques secondes plus tôt. Des dizaines d’infectés étaient parqués contre la rambarde en métal, agitants les bras, grognant et faisant claquer leurs dents. Il sonne pour toi… Le duo eût un moment de stupeur avant d’avoir un mouvement de recul. Un infecté passa par-dessus, puis un autre, puis encore un autre et ainsi de suite. 

Si les premiers avaient été tués sur le coup, ils amortirent la chute des autres, les infectés commençaient à se relever les uns après les autres. Voilà ce que devait comprendre Alexandre par « si tu savais… » C’est l’heure de s’en aller. 
Sans demander son reste, Alexandre aida le jeune homme en lui prêtant appuie et tout les deux se mirent à continuer de longer les bords de scènes d’un pas rapide. Paris, de nuit, étant déjà un endroit peu accueillant, imaginez lorsqu’un groupe d’infectés à décidé de faire de vous sa proie.  

Le duo n’avait pas vraiment le choix après tout. Même s’ils essayaient de garder une distance respectable, les grognements se faisaient de plus en plus près, la mort aux trousses, la situation était plus que critique. La course-poursuite dura de nombreuses minutes, même si celles-ci semblaient être des heures pour deux habitants de Paris. Les deux jeunes hommes avaient réussi à mettre un peu de distance pour l’instant. 
Quand enfin une petite lueur d’espoir avait commencé à germer dans l’esprit de nos deux protagonistes, ils furent stoppés net. En arrivant sous un pont, deux d’infectés faisaient barrage.

- Je m’en occupe, c’est bon. Lança Alexandre.


Il se dégagea de son comparse et porta la dans son dos pour attraper le manche de sa machette. Malheureusement, il avait beau la chercher, il se rendit vite compte que celle-ci n’était pas là. Il avait dû l’oublier à sa planque précédente.

- J’ai oublié mon arme, on va avoir du mal à pass-

Il n’eût pas le temps de finir sa phrase qu’une détonation vînt briser le presque silence, il se couvrit alors l’oreille. Il détourna le regard pour voir une main frêle, tremblante, tenant un revolver dont le canon était encore fumant.

- Mais pourquoi tu as tiré ? Tu vas en attirer encore plus !


- Comme ça, on peut passer maintenant ! Répondit le garçon.


Ce qui à première vue était autant une bonne qu’une mauvaise idée, devint alors une très, très, très mauvaise idée. Alors que l’ado baissa son arme, deux mains l’agrippèrent. Un infecté caché sous le pont, venait de feindre sur lui. Malheureusement, le pauvre garçon ne pu rien faire quand celui-ci enfonça ses dents dans sa joue. Il hurla de douleur, repoussant la créature. Il tira une nouvelle fois. La balle pénétra la tête de l’infecté, le sang et la matière grise giclant hors de la boîte crânienne du zombie. La victime se retourna alors en direction d’Alexandre. Sa joue était devenue un trou béant dont un morceau de chair pendait encore lamentablement, les dents de celui-ci étant visibles à travers l’orifice.

- Mordu. Je suis mordu. IL M’A MORDU. Hurla le garçon en essayant de faire tenir son morceau de chair avec sa main. JE NE VEUX PAS DEVENIR COMME EUX. COMME EUX. PAS COMME EUX. PAS… Il enfonça le canon de son arme dans sa bouche et tira.

- NON ! Hurla l’ex-militaire.

Le seul réflexe qu’eût Alexandre fût de retenir le corps, inerte, l’arrière du crâne ayant explosé sous l’effet de la balle de revolver. C’était comme porter un sac de sable, un poids mort. Il balaya les alentours d’un regard. D’autres infectés avaient été attiré par les deux détonations et le premier groupe avait réussi à les rejoindre.

- Désolé… Il lâcha le corps. Etant encerclé entre les morts-vivants et la Seine.
Il soupira. Quel nuit… de merde.
Il prit son élan et se jeta dans la Seine.
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